Do the Right Thing
Spike Lee nous montre avec Do the Right Thing que le melting-pot américain est un mensonge, que l’entente et l’écoute entre minorités ne sont qu’un leurre, que le moindre faux pas peut réveiller d’un coup les animosités, les conflits culturels et religieux. Ce constat terrible, Spike Lee ne nous l’inflige pas, il nous le propose sous la forme d’une comédie enlevée, portée par la tchatche de Mister Senor Love Daddy, le DJ interprété par Samuel Jackson. Do the Right Thing est l’un des chefs-d’oeuvre de Spike Lee, ce Spike Lee que l’on aime, celui qui ne cède pas à la tentation d’imposer par la force un regard moralisateur et docte au détriment de la légèreté ou de l’implication émotionnelle. Du coup, Do the Right Thing est le film le plus politiquement efficace de son auteur, car s’il assène quelques vérités qui font du bien à entendre, celles-ci passent par un récit accrocheur qui s’interdit tout didactisme et manichéisme, ce qui en multiplie l’efficacité et la portée. La mise en scène déjoue aussi les attentes. Si la caméra très mobile correspond aux dogmes d’un certain "cinéma vérité", à priori en accord avec le sujet, le cinéaste par l’utilisation de couleurs éclatantes, artificielles, s’éloigne radicalement de cette facilité. Do the Right Thing est déconcertant à plus d’un titre. C'est un film aux propos graves énoncés sur un ton humoristique, une oeuvre tout en complexité à l’image des deux citations de Malcolm X et Martin Luther King qui viennent clore le film et dont les messages se contredisent. Un film indispensable à retrouver en salle ce mercredi.
DANS LES SALLES
do the right thing
UN FILM DE spike lee (1989)
DISTRIBUTEUR : SPLENDOR FILMS
DATE DE SORTIE : 15 AOÛT 2018
Brooklyn, un été plus étouffant qu’à l’accoutumée. Sal (Danny Aiello) tient un restaurant italien dans ce quartier majoritairement black. C’est une grande gueule, un râleur, mais tout le monde, ou presque, l’apprécie. Mookie (Spike Lee) livre ses pizzas et se fait traiter d’incapable par sa sœur. Quant à Buggin Out (Giancarlo Esposito), il essaye d’organiser un boycott du restaurant, reprochant à Sal d’orner ses murs de posters de stars italo-américaines au lieu de glorifier les défenseurs de la cause black. Dans ce quartier où l’on s’engueule, se charrie, la chaleur soudain échauffe les esprits. Des représentants des différentes communautés viennent déverser leurs litanies hargneuses devant la caméra, comme si le fragile équilibre communautaire atteignait un point de rupture avec la hausse du thermomètre. Et effectivement, un évènement imprévu va venir mettre le feu aux poudres, et les engueulades joviales vont céder la place à une guerre ouverte entre les habitants. ... (Lire la suite)