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Blow Out

Après avoir réédité le 25 juillet dernier Pulsions, Mission ressort mercredi prochain en copie neuve Blow Out, considéré par beaucoup (dont l'auteur de ces lignes) comme le chef d'oeuvre de Brian De Palma.

En attendant la chronique complète du film qui sera publiée sur notre site à l'occasion de sa sortie en BR et DVD chez Carlotta le 21 novembre, en voici une rapide présentation par Ronny Chester :

Jack Terry est un ingénieur du son travaillant pour des films de série B et Z. Un soir qu'il enregistre des sons en dehors de la ville, il est témoin d'un accident. Une voiture tombe d'un pont dans une rivière. Il parvient à secourir une femme de la noyade. Mais son compagnon, un politicien d'avenir, y perd la vie. Suite à leur interrogatoire par la police, ils se séparent. Plus tard, Jack découvre, grâce à un son enregistré et à une reconstitution ingénieuse de la scène, que l'accident n'en était pas un. En mettant à jour une conspiration, il devient une proie et ne peut plus faire confiance à personne, sinon à la jolie rescapée. Un couple improbable va se former et devoir échapper à une menace aussi terrible que souterraine.

Blow Out est sans aucun doute l'un des plus fabuleux thrillers de Brian De Palma. Les thèmes forts propres au cinéaste sont traités avec une efficacité impressionnante : le cinéma comme révélateur d'une vérité sournoise (après l'univers de Hitchcock, c'est au tour du Blow Up de Michelangelo Antonioni de servir de matrice à son entreprise de reconstruction et de révélation), la vision d'une Amérique décadente et paranoïaque (le fantôme des frères Kennedy plane toujours), la virtuosité technique mise au service d'un drame intime bouleversant. On décrit le cinéaste comme un artiste ludique et vicieux, un explorateur de nos perversions, un apôtre du mauvais goût, un manipulateur malicieux, un révélateur de nos secrets inavoués, un exhibitionniste, un esthète du voyeurisme, un formaliste du crime sexuel, un vieux roublard confortablement engoncé dans un méta cinéma jouissif… tout cela est à la fois vrai et faux.

Mais ce que dévoile par-dessus tout la filmographie de Brian De Palma, c'est un romantique désespéré que dissimulent mal un cynisme trop facilement affiché et des accès délirants d'humour noir. De Phantom of the Paradise à L'Impasse, d'Obsession au Dahlia noir, de Carrie à Snake Eyes, De Palma nous parle de personnages inadaptés au monde, en recherche d'accomplissement personnel et d'amour, qui hésitent entre s'affranchir d'une réalité inique, violente et aliénante et l'accepter avec le risque (avéré) de s'y perdre. C'est dans la noirceur la plus extrême qu'ils se débattent pour trouver l'échappatoire, en quête d'émotions véritables absentes d'une société qui met en avant le mensonge et la manipulation. En décryptant les mécanismes de cette manipulation d'envergure, ces personnages se brûlent les ailes et se retrouvent livrés à eux-mêmes quand ils ne sont pas tout simplement morts.

Les films de Brian De Palma, pour la plupart, sont une suite de tragédies personnelles qui tirent leur fatalité de cette marche du monde forcée qui broie les individus. Blow Out est peut-être le film qui symbolise plus que tout autre cette quête de l'impossible et son échec à la fois tragique et beau. La longue avant-dernière scène du film, une course poursuite contre le temps qui oppose la destinée funeste d'un couple aux célébrations heureuses et officielles d'une ville prend une dimension opératique, et représente peut-être ce que l'artiste a filmé de plus émouvant. Et la dernière scène du film (impossible de la décrire pour ceux qui ne l'ont pas vue) est plus qu'un pied de nez noir et cynique, c'est tout le désespoir et la lucidité d'un homme qui s'exprime, un véritable cri au premier comme au second degré. Servi par une musique sombre et lyrique de Pino Donaggio, avec ses cordes déchirantes, et par une interprétation de premier plan (John Travolta dans l'un de ses meilleurs rôles, Nancy Allen, John Lithgow, Dennis Franz), Blow Out dépasse son statut de thriller intelligent et génial pour atteindre la plénitude d'une œuvre charnière dans la carrière d'un artiste.

PULSIONS

Distributeur : MISSION
Date de sortie : 15 août 2012

La Page du distributeur

Par Olivier Bitoun - le 13 août 2012

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