Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier, 1956)
Un peu déçu tant j'avais lu des critiques élogieuses. C'est un bon film entendons-nous bien, le pessimisme de Duvivier fait toujours recette chez moi et j'adore toujours autant Gabin. Je ne reproche rien à la mise en scène, au scénario (quoiqu'il ne me paraitrait pas complètement délirant de parler de misogynie caractérisée: il n'y a pas un personnage féminin avec un rôle un minimum positif - ce qui est le cas de la quasi totalité de ses films, je le sais bien) . J'ai juste un gros problème au niveau du rythme. Il m'a semblé durer des heures alors que c'est pourtant d'habitude ce qui me plait le plus chez le réalisateur, la narration. Bref un sentiment mi-figue, mi-raisin. Le vide est-il à moitié plein ou à moitié vide ?
Dernière modification par Père Jules le 28 juin 11, 10:53, modifié 1 fois.
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier, 1956)
Un de mes Duvivier préféré, du fait essentiellement de l'ambiance nocturne des halles autour du restaurant.Père Jules a écrit :Un peu déçu tant j'avais lu des critiques élogieuses. C'est un bon film entendons-nous bien, le pessimisme de Duvivier fait toujours recette chez moi et j'adore toujours autant Gabin. Je ne reproche rien à la mise en scène, au scénario (quoiqu'il ne me paraitrait pas complètement délirant de parler de misogynie caractérisée - il n'y a pas un personnage féminin avec un rôle un minimum positif) . J'ai juste un gros problème au niveau du rythme. Il m'a semblé durer des heures alors que c'est pourtant d'habitude ce qui me plait le plus chez le réalisateur, la narration. Bref un sentiment mi-figue, mi-raisin. Le vide est-il à moitié plein ou à moitié vide ?
Ce qui me gène de plus en plus après chaque revisionnement, c'est le personnage naïf à l'extrême de Gérard Blain, qui par moment, surjoue de façon un peu trop voyante.
- Watkinssien
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Plus je revois le film, plus je l'aime. C'est une oeuvre typique de la noirceur du cinéaste, avec une mise en scène extrêmement contrôlée, totalement brillante.
Le découpage est d'une élaboration remarquable et l'interprétation est au diapason...
Le découpage est d'une élaboration remarquable et l'interprétation est au diapason...
Dernière modification par Watkinssien le 19 oct. 15, 12:42, modifié 1 fois.

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- Père Jules
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Bon et bien il semblerait que je sois passé à côté.
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Découvert hier soir et dans l'ensemble beaucoup aimé.
J'ai d'abord été charmée par l'atmosphère bien rendue des Halles, par les petites touches d'humour au cours des scènes au restaurant : entre les clients et Gabin, ça donne une ambiance fort truculente assez délectable, même si ça devient un peu répétitif par moment.
Egalement bien sûr la partie dramatique, tout aussi convainquante, que ce soit au niveau des acteurs ou de l'histoire, soutenue de plus par la belle et efficace mise en scène de Duvivier.
Cependant je suis d'accord avec ces deux points :
J'ai d'abord été charmée par l'atmosphère bien rendue des Halles, par les petites touches d'humour au cours des scènes au restaurant : entre les clients et Gabin, ça donne une ambiance fort truculente assez délectable, même si ça devient un peu répétitif par moment.
Egalement bien sûr la partie dramatique, tout aussi convainquante, que ce soit au niveau des acteurs ou de l'histoire, soutenue de plus par la belle et efficace mise en scène de Duvivier.
Cependant je suis d'accord avec ces deux points :
J'ai aussi ressenti cela, ce n'est pas que je m'ennuyais vraiment, parce que le film parvient à maintenir une tension et une attention constante à l'histoire, mais bizarrement j'ai eu l'impression qu'il durait beaucoup plus longtemps que sa durée effective.Père Jules a écrit :J'ai juste un gros problème au niveau du rythme. Il m'a semblé durer des heures
Et donc ça rejoint en fait l'impression de Nestor. Je trouve en effet la première partie, l'exposition, meilleure que la suite, où ça devient plus banal, plus attendu (mais aussi parce qu'on est relativement habitué à ce genre de scénario 'diabolique'). Mais la fin tragique offre un sursaut intéressant et très abrupt.Nestor Almendros a écrit :Les 45 premières minutes, la mise en place des personnages et de l'intrigue, sont passionnantes.
A mi-parcours, le rythme s'avère moins soutenu puis redémarre ensuite vers une fin tragique d'où suinte presque une folie palpable, une sorte d'explosion de violence psychologique assez moderne dans le ressenti.
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Vu il y a quelques jours, le film m'a fait une bonne impression..
Le travail d'exposition de l'intrigue est très réussi; belle évocation des anciennes halles et le réalisateur a vite fait de nous attacher à la relation entre le restaurateur (Gabin) et son fils spirituel (Blain)- la bonhomie naturelle du premier et la fraîcheur du second aide bien.
Cela ne rend que plus dur de voir Delorme semer la discorde sur son passage.. On ne peut pas dire que j'ai pris du plaisir à voir ce film. On voit arriver la tragédie, c'est âpre, dur, à part les scènes de restaurants, et la fin est réussie, à une exception:
Le travail d'exposition de l'intrigue est très réussi; belle évocation des anciennes halles et le réalisateur a vite fait de nous attacher à la relation entre le restaurateur (Gabin) et son fils spirituel (Blain)- la bonhomie naturelle du premier et la fraîcheur du second aide bien.
Cela ne rend que plus dur de voir Delorme semer la discorde sur son passage.. On ne peut pas dire que j'ai pris du plaisir à voir ce film. On voit arriver la tragédie, c'est âpre, dur, à part les scènes de restaurants, et la fin est réussie, à une exception:
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- Jeremy Fox
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Ressortie salle du film et chronique signée Olivier Bitoun.Après Panique et La Belle équipe, voici donc le troisième film du cinéaste à retrouver le chemin des salles dans une copie restaurée. Et rendez-vous la semaine prochaine pour le dernier titre de ce cycle, l'admirable Fin du Jour...
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Chronique très intéressante pour ce film remarquable, véritable chef-d’œuvre longtemps oublié ou tout au moins mis de côté. Du grand Duvivier, du grand Gabin, du grand cinéma quoi !

- Jeremy Fox
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Sacrée découverte, à la fois pour le film et le cinéma de Duvivier.
Gabin un peu à contre emploi dans ce rôle en retenu de bon gars manipulé par une gamine, Danièle Delorme, magnifique actrice que j'ai découvert il y a peu de temps dans le 7ème Juré, qui campe un personnage abjecte qui parvient quand même à être touchant (lorsqu'elle commet l'irréparable, quelle scène!) et puis Lucienne Bogaert en junkie à côté de ses pompes assez terrifiante, c'est quelque chose. Je serais plus réservé sur Blain que je n'ai pas trouvé mauvais au début, mais je pense surtout que c'est l'arc narratif qui lui est réservé qui me paraît un peu ingrât, clairement pas ce qui fonctionne le mieux dans le film.
Tout ce petit monde évolue dans les halles Parisienne reconstituées en studio, à tomber par terre, avec la mise en scène de Duvivier qui n'en perds pas une miette. L'ouverture du film au petit matin, la chaussée maculée, Gabin qui ouvre son bistrot, la découverte du microcosme, le décors est posé, les personnages croqués en trois plan et cette ambiance étrange, renforcé encore par les allers retours du film entre les halles et l'hôtel de pécheur embrumé, enveloppe le spectateur en quelques minutes. Scénaristiquement on sait assez vite où le film nous emmène, ce qui n'empêche pas la tension et le malaise de fonctionner, on passe son temps à vouloir baffer Delorme et puis au détour d'une scène (la première avec sa mère), une maigre empathie parvient à naître. Même si la mysoginie de Duvivier (que je découvre en lisant ce topic, donc je me permet d'en faire une généralité), laisse peu de chance à cette pointe de compassion de grandir (disons que ce n'est pas Jean Simmons dans Angel Face). Et puis sur la durée, même si Gabin et Blain sont des gentils gaillards, il ne les ménages pas vraiment non plus (Gabin qui fait des courbettes devant la bourgeoise, Blain rapide à condamner son meilleur ami).
Il y a vraiment un savoir faire, une puissance qui émane du film, sans avoir l'air d'y toucher, avec ce montage resserré, sa très belle photo, la limpidité de son intrigue et son économie qui force le respect et qui a de quoi fasciner. C'est du grand cinéma noir, un plaisir comparable à la découverte d'un Clouzot, Dassin ou Becker.
Gabin un peu à contre emploi dans ce rôle en retenu de bon gars manipulé par une gamine, Danièle Delorme, magnifique actrice que j'ai découvert il y a peu de temps dans le 7ème Juré, qui campe un personnage abjecte qui parvient quand même à être touchant (lorsqu'elle commet l'irréparable, quelle scène!) et puis Lucienne Bogaert en junkie à côté de ses pompes assez terrifiante, c'est quelque chose. Je serais plus réservé sur Blain que je n'ai pas trouvé mauvais au début, mais je pense surtout que c'est l'arc narratif qui lui est réservé qui me paraît un peu ingrât, clairement pas ce qui fonctionne le mieux dans le film.
Tout ce petit monde évolue dans les halles Parisienne reconstituées en studio, à tomber par terre, avec la mise en scène de Duvivier qui n'en perds pas une miette. L'ouverture du film au petit matin, la chaussée maculée, Gabin qui ouvre son bistrot, la découverte du microcosme, le décors est posé, les personnages croqués en trois plan et cette ambiance étrange, renforcé encore par les allers retours du film entre les halles et l'hôtel de pécheur embrumé, enveloppe le spectateur en quelques minutes. Scénaristiquement on sait assez vite où le film nous emmène, ce qui n'empêche pas la tension et le malaise de fonctionner, on passe son temps à vouloir baffer Delorme et puis au détour d'une scène (la première avec sa mère), une maigre empathie parvient à naître. Même si la mysoginie de Duvivier (que je découvre en lisant ce topic, donc je me permet d'en faire une généralité), laisse peu de chance à cette pointe de compassion de grandir (disons que ce n'est pas Jean Simmons dans Angel Face). Et puis sur la durée, même si Gabin et Blain sont des gentils gaillards, il ne les ménages pas vraiment non plus (Gabin qui fait des courbettes devant la bourgeoise, Blain rapide à condamner son meilleur ami).
Il y a vraiment un savoir faire, une puissance qui émane du film, sans avoir l'air d'y toucher, avec ce montage resserré, sa très belle photo, la limpidité de son intrigue et son économie qui force le respect et qui a de quoi fasciner. C'est du grand cinéma noir, un plaisir comparable à la découverte d'un Clouzot, Dassin ou Becker.
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Désolé de parasiter ton message par une si petite remarque.
Il y a quand même une erreur de casting dans ce film...
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Tout à fait d'accord. La fin n'est pas crédible avec cet acteur.Commissaire Juve a écrit :Désolé de parasiter ton message par une si petite remarque.
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Supfiction a écrit :Tout à fait d'accord. La fin n'est pas crédible avec cet acteur.Commissaire Juve a écrit :Désolé de parasiter ton message par une si petite remarque.
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Tu as raison, j'ai aussi trouvé le choix du chien un peu étrange quand on voit son rôle au final. Disons que l'énergie et la tension de la scène m'aura fait passer la pilule.Commissaire Juve a écrit :Désolé de parasiter ton message par une si petite remarque.
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Re: Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)
Johnny Doe a écrit :Tu as raison, j'ai aussi trouvé le choix du chien un peu étrange quand on voit son rôle au final. Disons que l'énergie et la tension de la scène m'aura fait passer la pilule.Commissaire Juve a écrit :Désolé de parasiter ton message par une si petite remarque.
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Une déception pour ma part, le personnage joué par Danièle Delorme est vraiment trop noir et sans nuance (et fait échos il est vrai à une Jean Simmons dans Un si doux visage). Bien sûr il y a la belle mise en scène de Duvivier avec ses plans travaillés et sa photo impeccable mais c'est au service d'une histoire vraiment peu intéressante et rectiligne. Et il n'y a pas ici la saveur des dialogues qui parfois compensaient les faiblesses de scénario.
A la décharge du film, on a tellement vu ce genre d'histoires depuis, notamment dans les films américains des années 90 que le visionnage en souffre à posteriori. Gabin est, chose rare, plutôt négligé dans ce film, passant un peu au second plan derrière celui de l'actrice. Reste le plaisir de le voir entre deux âges, ainsi que Gerard Blain.
Quant à la fin... c'est quand même limite ridicule, j'ai été obligé de me repasser la scène pour être sûr d'avoir compris. L'acteur qui joue César est très bien pour les scènes d'amour et d'amitié mais ..
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