Je comprends tes réticences, Memento, sans les partager au contraire.

Ce qui me régale dans ce film, c'est à la fois son côté mélo à faire chialer les chaumières, avec en toile de fond un sujet assez brûlant à l'époque de sa réalisation : la guerre d'Algérie. Demy donne l'impression de ne pas y toucher, or c'est un thème dont il était quasiment interdit de parler.
En ce qui concerne justement la trivialité des paroles (chanter des trucs sur l'essence à servir) c'est également toute la modernité du projet de Demy/Legrand. L'effet est d'autant plus saisissant qu'il s'agit d'ailleurs des toutes premières phrases lachées. Quant aux chorégraphies, elles existent d'une certaine manière puisque chaque déplacement d'acteur et de caméra est forcément rigoureusement minuté et calibré pour coller exactement à la partition. Et ça, c'est un boulot qui est peut-être discret à l'écran mais qui, quand on y pense, ne peut qu'impressionner.
Et puis bon, quand Legrand déchaîne ses violons au milieu et à la fin du film, chez moi les vannes s'ouvrent (en vérité, rien que le superbe générique, pour le coup la seule vraie chorégraphie du film, me colle des frissons).
Maintenant face aux Demoiselles de Rochefort, je ressens les mêmes émotions mais puissance 10.
