La charge des Tuniques Bleues (The last Frontier) de Anthony Mann
Tourné juste après le fameux quinté avec James Stewart, ce western a été renié par Anthony Mann et Philip Yordan, ce dernier avouant avoir complètement raté son scénario. Les critiques et le public américain le boudèrent aussi. En France en revanche, on en fit un chef-d'oeuvre à l'égal des autres de ses westerns. Une nouvelle fois, exagération des deux côtés, la politique des auteurs ayant l'air d'avoir germé en France bien avant la Nouvelle Vague.
Car je suis bien obligé d'avouer que la déception est très grande quand on sait à quel niveau d'excellence était arrivé le cinéaste avec
L'homme de la plaine juste avant. L'idée de départ était passionnante qui opposait l'homme sauvage, un trappeur frustre, rude... à la civilisation représentée par les codes rigides et les uniformes de la Cavalerie. Ce sont donc les Guerres Indiennes vus par le regard de Victor Mature qui voit en l'armée la représentation des hommes civilisés.
Mais l'acteur est peu convaincant, comme ne le sont non plus le terne Guy Madison et Anne Bancroft qui n'a que peu l'occasion ici de mettre ses talents en avant. Le script est effectivement moyennement bien écrit, n'arrivant pas vraiment à nous passionner ni pour l'intrigue ni pour les personnages. Quand au scope, bien utilisé, pas autant que pour
Man of Laramie cependant, comporte de superbes travellings ascendant sur le fort et de beaux mouvements de caméras bien amples sur une belle forêt automnale.
Quand à la Charge promise, le clou du film, il est on ne peut plus décevant, on dirait que Mann ne s'est pas senti concerné. L'histoire d'amour entre Bancroft et Mature est on ne peut plus improbable et la fin (imposée par le studio), on ne peut plus ridicule.
A côté de ça, on ne s'ennuie quand même pas, des paysages très bien filmés, un Robert Preston plutôt bon mais beaucoup moins subtil que Henry Fonda dans un rôle similaire dans
Fort Apache... Bon western quand même que j'aimerais redécouvrir dans une copie pimpante.
Pourtant, grosse déception d'autant plus que Mann et Yordan ne s'attachent pas vraiment non plus sur la vie du Fort comme pouvait le faire Ford ou Wood (
Embuscade) et les soldats sont entièrement anonymes.
Qui pourrait m'expliquer ce que lui trouve de si génial des personnes que je repecte fortement comme Lourcelles et Viviani ? Qui pense comme eux ?
VHS Geoffrey Firmin
