MARS 2025
FILM DU MOIS:
Adolescence, de Philip Barantini (2025) 10/10 - Cette mini-série en 4 parties est aussi admirable dans son écriture que dans son découpage et sa direction d'acteurs. Très riche thématiquement, et pourtant d'une tension de tous les instants, parfois déstabilisant, parfois effrayant ou drole, une création assez fabuleuse, à ne pas rater si l'on a Netflix.
FILMS DECOUVERTS:
La chimera, de Alice Rohrwacher (2023) 7,5/10 - Un chasseur de trésors étrusque connait une crise de foi qui le pousse à changer sa façon d'être. Un film au rythme étrangement inégal.
A Real Pain, de Jesse Eisenberg (2024) 7,5/10 - Un voyage organisé pour visiter le camp dont leur grand-mère fut rescapée est l'occasion pour deux cousins de réévaluer leur relation. Juste et pertinent, souvent touchant.
The Monkey, d'Osgood Perkins (2025) 7/10 - Dans la veine de Destination Finale, un jeu de massacre bourré de morts ludiques et délirantes causées par un jouet diabolique en forme de singe mécanique. Très ado et rigolo.
No Home Movie, de Chantal Akerman (2015) 7/10 - Akerman monte des films montrant sa mère, ainsi qu'elle-même, dans l'intimité, une sorte de portrait post-mortem, qui révèle beaucoup plus qu'il n'y parait au premier regard, même si le film travaille l'attention du spectateur.
The Witcher: Sirens of the Deep, de Kang Hei Chul (2025) 2/10 - Aucune vision, aucun respect de l'univers, mise en scène ratée, animation médiocre (visages, figurants, effets de feu et d'eau, rien ne va), et le scénario est une enfilade de clichés aux rebords sales... A fuir en se pinçant le nez.
N'attendez pas trop de la fin du monde /
Nu astepta prea mult de la sfârsitul lumii, de Radu Jude (2023) 8/10 - Une assistance de production parcourt les rues de Bucarest à la recherche de La victime d'accident du travail qu'elle pourra proposer pour un film d'entreprise sur la sécurité. Humour noir, récits entremêlés, foisonnement des discours pour un film sacrément malin. Un vrai plaisir à suivre.
Le barattage /
Manthan, de Shyam Benegal (1976) 8/10 - Un film très didactique sur l'installation d'une coopérative laitière en Inde rurale, très inspiré par le récit réel de la coopérative Amul. Une curiosité et un film fort sympathique, aussi clair que fluide, même si l'ensemble (surtout l'intrigue amoureuse) est un peu naïve...
Ma grand-mère /
Chemi bebia, de Kote Mikaberidze (1929) 8,5/10 - Une comédie mordante et d'une folle imagination, qui déploie une multitude d'artifices dans un récit enflammé contre la paresse des bureaucrates. Tantôt on rit, tantôt on est épaté par l'ingiénosité du film. Une redécouverte s'impose.
The Gorge, de Scott Derrickson (2025) 7,5/10 - Un bon divertissement, qui puise dans l'imaginaire SF gothique un motif visuellement inspiré qui peut être déployé dans un film du dimanche soir, avec casting glamour et intrigue sans grande surprise. Très sympathique, et quelques moments visuellement remarquables.
Festival /
Chukje, d'Im Kwon-Taek (1996) 9/10 - Le vieux maître raconte l'enterrement par un écrivain de sa mère, occasion d'un retour au pays natal et d'un récit autour des traditions funéraires coréennes. Le récit est fluide, les personnages bien tracés, et une émotion constante imprègne le film, qui m'a beaucoup ému.
En rade, d'Alberto Cavalcanti (1927) 4/10 - Très influencé par Epstein, Cavalcanti suit un trio de personnages dans un port, s'attache à une forme plutôt qu'au fond, et finit par construire un film qui fonctionne mieux en mode expérimental que narratif. Indifférence profonde.
The Widow /
Mimangin, de Nam-ok Park (1955) 6/10 - Premier film coréen réalisé par une femme, dont il reste un film incomplet (manque la dernière bobine), le film s'attache au parcours d'une veuve de la guerre de Corée, seule avec sa fille. L'analyse sociale est remarquable, la grammaire filmique plus rudimentaire. Mais le film est intéressant.
I saw the TV glow, de Jane Schoenbrun (2024) 6/10 - Ambiance ouatée et style visuel très original pour un film à l'intrigue floue, autour d'une série des années 90, dans l'esprit d'un Buffy contre les vampires. Nous vend-on l'expérience millennial ? En tout cas, le résultat est intéressant, mais me semble un peu inabouti.
The Watermelon Woman, de Cheryl Dunye (1996) 7/10 - Un documenteur intéressant, qui souligne l'invisibilisation des homosexuels et des noirs dans les représentations classiques des années 20 et 30, par la recherche fictive autour d'une actrice qui aurait joué dans des films pour public "de couleur". Intéressant.
Miracle à l'italienne /
Per grazia ricevuta, de Nino Manfredi (1971) 7,5/10 - Un récit de vie autour d'un garçon hésitant entre la foi et ses aspirations plus charnelles... Drole, tendre et pertinent. Un film très réussi.
Le roman de Jim, d'Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu (2024) 7,5/10 - Si le déroulé du film parait parfois un peu forcé, en dépit d'une structure narrative solide, le jeu des comédiens le rend crédible et assure l'émotion.
All we imagine as light, de Payal Kapadia (2024) 8,5/10 - Un superbe premier film, très travaillé visuellement, qui ne sacrifie aucun de ses personnages ou de ses situations, nouant de façon élégante trois parcours de femmes très différentes, mais proche pour quelques jours. Franchement recommandé.
Motherland /
Never let go, d'Alexandre Aja (2024) 4/10 - Film d'horreur (?) centré sur 3 personnes en huis-clos, et un postulat si saugrenu que l'enjeu du film devient vite la santé mentale de celle qui le défend. Las, le film refuse de trancher, et on se demande à la fin si le fou n'est pas Alexandre Aja lui même, avec sa manie absurde du twist de dernier plan...
What you wish for, de Nicholas Tomnay (2023) 7/10 - Si le film ne bouleverse pas par la nouveauté de ses concept et son discours critique antiriche, il n'insiste pas vraiment dessus et reste fluide et bien tenu, et du coup distrayant. Au final un visionnage très sympa.
Àma Gloria, de Marie Amachoukeli-Barsacq (2023) 4/10 - Si ce récit d'attachement entre un jeune enfant et sa nounou capverdienne est bien construit, le film en est gaché par son abus du plan rapproché, écrasant alors tout, visage, expressions, sentiments, sous l'omniprésence d'un regard scrutateur et mal dosé. Dispositif de mise en scène à revoir complètement.
Megalopolis, de Francis Ford Coppola (2024) 9,5/10 - Une espèce de film somme, qui traverse toute l'oeuvre d'un cinéaste que j'adore. Dont chaque plan déborde d'idées, de style, d'intensité. Le tout fait-il film ? Indéniablement, le fil directeur est ténu et demande une adhésion au spectateur. Comme dans
One from the Heart et tellement d'autres, le film privilégie l'artificiel sur le réaliste, et rien ne fait vrai, on est dans un monde de cinéma, d'images, de concepts. Mais quel monde !! Je me suis régalé de bout en bout devant un film unique, qui m'a surpris, ému, agacé, tout à la fois. Remarquable.
Laapataa Ladies, de Kiran Rao (2023) 7,5/10 - Une excellente comédie, qui puise dans la réalité sociale de l'Inde pour construire un récit feel-good intelligent et positif. Le postulat de départ, la confusion de deux épouses voilées par deux maris dans un train, est drole, bien amenée, et amène à des situations très intéressantes. Je recommande fortement.
Venom: the last Dance, de Kelly Marcel (2024) 2/10 - A l'absence de scénario s'ajoute l'incongruité des situations, et un récit gratuit, posé dès le préambule du film. Tom Hardy n'est clairement pas un bon scénariste.
Eight Taels of Gold /
Ba liang jin, de Mabel Cheung (1989) 9/10 - Le retour au pays d'un chinois parti faire fortune aux USA, sa découverte d'une Chine maoiste, le tout emballé dans un récit romantique poignant et un cadrage aussi précis qu'ambitieux. L'interprétation est aussi impeccable, ce film est une très belle découverte pour moi.
Septembre sans attendre /
Volveréis, de Jonás Trueba (2024) 7/10 - Ils se séparent, ils vont faire une fête pour marquer le coup. Bon, ça parle énormément, c'est vraiment très bavard, sans que personne ne comprenne, d'ici la fin du film, ni pourquoi ils se séparent, ni pourquoi ils en font une fête. Tout cela est assez vain à mes yeux...
Ibelin, de Benjamin Ree (2024) 8/10 - Remarquable documentaire, et une très belle introductions aux problématiques du virtuel, de son sens et de ses enjeux (une problématique qui n'a pas fini de se développer, je pense). Le film est sobre, précis, et son sujet (un type handicapé dont la vie virtuelle était remarquable) est très fort. Une très belle découverte.
His three daughters, d'Azazel Jacobs (2023) 7/10 - Un remarquable trio d'actrices en huis-clos. Le script a parfois la main lourde, mais c'est très très bien joué, et certaines séquences sont très fortes. Je n'aime pas du tout la dernière séquence, en revanche, très gratuite et assez facile.
Mickey 17, de Bong Joon-Ho (2025) 8,5/10 - Un film truculent et picaresque, fable morale servie par des comédiens qui s'amusent énormément. Admirablement mis en scène, le film m'a beaucoup plu.
Sleeping with other people, de Leslye Headland (2015) 5/10 - Malgré quelques saillies sympathiques, et un casting réussi (Alison Brie est charmante, Jason Sudeikis spirituel, même si un peu bavard), le film m'est passé au dessus de la tête. On y suit des gens qui ne parlent et ne pensent qu'au sexe, pour découvrir, à la fin, qu'il y a aussi autre chose dans l'amour. Mettons que je ne suis pas le coeur de cible...
L'indomptable feu du printemps /
This Is Not a Burial, It's a Resurrection, de Lemohang Jeremiah Mosese (2019) 6/10 - Mention spéciale au traducteur du titre, ivrogne notoire qui vient de perdre son badge de sobriété... Une belle oeuvre, un peu trop lente à mon gout, mais aux plans posés et admirablement équilibrés. Un sujet fort original, une vraie curiosité.
La Vie invisible d'Eurídice Gusmão /
A Vida Invisível, de Karim Hainouz (2019) 7/10 - Le récit des parcours de vie de deux soeurs séparées "pour leur bien" par des hommes peu attentifs à leur véritable bien-être. Une approche subtilement féministe pour un récit émouvant et juste, sans véritable vilain...
Luxure, de Max Pecas (1976) 6/10 - Une épouse rejetée retourne à l'auberge des premiers amours, et découvre de nouveaux partenaires de jeu... Ce n'est pas du grand cinéma, mais la bonne humeur suinte de partout, et le film reste fort distrayant.
Wonder, de Stephen Chbosky (2017) 6,5/10 - Feel-good movie familial, dans lequel un enfant défiguré, fils de Julia Roberts et Owen Wilson, doit entrer à l'école et se confronter aux autres. Le film est didactique, bourré de bons sentiments, mais plutôt bien écrit et pas idiot. Un sympathique divertissement un peu naïf.
Agak Laen, de Muhadkly Acho (2024) 4/10 - La mort d'accidentelle d'un homme dans un train fantôme, dont les responsables de l'attraction n'osent pas déclarer la mort, transforme le lieu en espace réellement hanté, et en succès grace aux réseaux sociaux. L'enquête policière se resserre, les amitiés se remettent en cause, et le fantôme continue à faire un carton... Dommage que ça soit mal joué et mis en scène, et aussi peu fin dans le traitement.
Cemetery of Splendor /
Rak ti Khon Kaen, de Apichatpong Weerasethakul (2015) 7,5/10 - Dans un hopital improvisé dans une ancienne école, elle-même batie sur un antique cimetière, une bénévole s'occupe de soldats frappés d'une étrange catalepsie. Un film envoutant, où tout est stratifié, où le surnaturel se cache partout. De magnifiques cadrages ajoutent à l'atmosphère singulière du film.
Ma vie ma gueule, de Sophie Fillières (2024) 6,5/10 - Agnes Jaoui incarne un personnage fantasque, en grande confusion, dont la poésie enrichit le monde tout en creusant l'écart avec elle. Une comédie singulière et sympathique.
Imaginary, de Jeff Wadlow (2024) 7/10 - Un film d'horreur ancré dans l'imaginaire enfantin, mieux construit que je ne m'y attendais, pas révolutionnaire mais pas désagréable non plus.
Vox Lux, de Brady Corbet (2018) 7,5/10 - Ce récit d'ascension au sommet d'une pop star est remarquable. Si l'on peut regretter que le film aborde trop de sujets qu'il n'exploite pas vraiment, le jeu formel est souvent très réussi, et certaines séquences sont très fortes. J'aime beaucoup les 30 premières minutes du film, surtout.
Hundreds of Beavers,de Mike Cheslik (2022) 8,5/10 - Du cartoon filmé, à la mise en scène et au récit très inventif, construit à base de théorèmes simples, comme un univers mathématique absurde et insensé. J'ai adoré cette folie et cette forme unique.
Spellbound, de Vicky Jenson (2024) 7,5/10 - Je suis aussi peu emballé par le charac design du film qu'épaté par le concept. Après tout peu de films d'animation abordent le divorce avec cette maturité (les parents de l'héroïne sont devenus des monstres, qu'elle ne reconnait pas). Le film manque peut-être un chouia de péripéties, mais je suis tout à fait séduit par la proposition.
Magma, de Cyprien Vial (2024) 4/10 - Un film catastrophe (?) bourré de bonne idées (se concentrer sur la gestion du risque, éviter les clichés, ancrer le film en guadeloupe), mais très mal agencées. Le récit semble détaché du réel, du temps, de la géographie, il tend vers l'abstraction, et ne porte pas la moindre tension. Résultat, ça ronflait sec dans la salle...
The Alto Knights, de Barry Levinson (2025) 6/10 - Evènement rare dans une salle du quartier latin : les gens à l'écran sont plus vieux que ceux dans la salle. C'est un film de mafia peu original et redondant, qui offre à Robert de Niro l'occasion de cabotiner et à Levinson de mettre en scène, c'est un petit plaisir cinéphile que je ne boude pas.
Air, de Ben Affleck (2023) 8,5/10 - Film qui joue ludiquement la nostalgie des années 80, mais offre surtout une leçon magistrale de rythme, sur un sujet qui ne m'intéresse pas spécialement, et dont l'issue est connue à l'avance. Montage impeccable, écriture maitrisée, mise en scène efficace, chapeau !
Speak no evil, de James Watkins (2024) 7,5/10 - Remake honnête de l'original, le casting, notamment, fonctionne très bien, et la mise en scène est bien fluide. Mais quand on a vu l'original, on le préfèrera largement pour sa noirceur et pour les "avertissements" appuyés que la version américaine glisse dans le film, qui atténuent la violence du récit.
Nickel boys, de RaMell Ross (2024) 7/10 - Récit ultra-classique, malgré tout bien fichu, de prison pour jeunes noirs, dure, violente et arbitraire, qui a pour lui d'être ancré dans le réel et dans l'histoire récente du pays. Donc on peut s'indigner aux cotés du réalisateur de l'existence de cet endroit odieux, sans forcément s'émerveiller de son film.
Eat the night, de Caroline Poggi & Jonathan Vinel (2024) 7/10 - Le film met en parallèle la disparition d'un MMORPG et la situation criminelle d'un jeune dealer et de son amant. Le film manque parfois de tension, de structure, mais l'originalité du ton et des thèmes en font un film qu'on regarde avec un indéniable plaisir.
FILMS REVUS:
Bienvenue à Gattaca, d'Andrew Niccol (1997) 8/10 - Je revois avec plaisir ce film, aux thèmes désormais bien inscrits dans l'inconscient contemporain (transhumanisme et eugénisme en tête). La BO de Nyman, le charisme d'un casting de premier ordre, et le déroulé lent d'un récit humaniste très émouvant.
Films des mois précédent
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Decembre 2024 = Les Espions, de Henri-Georges Clouzot (1957)
Janvier 2025= La mise à mort du cerf sacré, de Yorgos Lanthimos (2017)
Février 2025 = The Brutalist, de Brady Corbet (2024)