Deux semaines après son ouverture, la censure frappe déjà sur ce topic. Chez Mattel/Warner, on ne rigole pas
Deux choses ont donc disparu de ces pages :
Une photo récupérée via Facebook, un des montages du "Barbenheimer" avec Barbie saluant un champignon atomique rose. Visiblement, ce genre d'humour est moyennement apprécié au Japon, encore moins à l'heure des commémorations des bombardements sur Hiroshima et Nagasaki :
https://www.lemonde.fr/culture/article/ ... _3246.html
(pas grave, elle est facile à récupérer

)
Une vidéo postée sur YouTube montrant les réactions du public dans la salle pendant une séance. Le public crie et applaudit en voyant apparaître le logo Warner tout rose à l'écran. C'est bon enfant, ce n'est que le logo de Warner, c'est filmé au téléphone depuis le fond de la salle donc ce n'est pas vraiment de l'UHD. Mais Warner veille au grain : vidéo supprimée suite à une réclamation du studio pour atteinte aux droits d'auteur.
Pas touche à la poupée.
Ouf Je Respire a écrit : ↑2 août 23, 16:03
Concentre-toi sur l'écran, déjà.
J'ai essayé de suivre ton conseil, mais c'est pas évident...
Enfin réussi à voir
Barbie dans une salle ni trop pleine ni trop rose, et c'est un film étonnant.
Pas très subtil quand il traite des états d'âme de sa poupée en appelant le vrai monde à la rescousse pour parler patriarcat et charge mentale, c'est son point faible. D'autant que ce féminisme de façade ne fait pas illusion. C'est le cahier des charges du fabricant qui veut nous prouver que son produit phare n'est pas ringard mais révolutionnaire et inspirant depuis sa création, tout ça dans l'espoir de relancer les ventes.
On pourrait reprocher à Greta Gerwig de jouer le jeu, de rester dans les clous au lieu de les tordre et de les détourner. Bah... si elle s'y était attaquée frontalement, au mieux le film serait retourné dans l'enfer des projets en développement, au pire on aurait embauché une autre réalisatrice plus conciliante à sa place. Gerwig avait de nettement moins gros sabots avec
Les Filles du Docteur March, il est vrai.
Alors oui, elle se permet d'égratigner les grands patrons de Mattel, mais ce n'est pas au vitriol donc c'est bon pour leur image (vous voyez, ils savent faire preuve d'auto-dérision), et Will Ferrell est parfait dans l'exercice.
(En plus on convoque la créatrice des poupées Barbie, c'est bien la preuve qu'on reste respectueux.)
Alors oui, elle fait dire à une ado tout le mal qu'elle pense de ce jouet stéréotypé et du consumérisme. Mais comme à la fin l'ado change d'avis, ça renforce le projet : dé-ringardiser la poupée et prouver qu'elle est un vecteur d'émancipation féminine (= ACHETEZ NOS POUPÉES

).
Bref, Greta Gerwig joue le jeu de son employeur.
Et c'est justement ce qui contrebalance l'exercice : Greta Gerwig
joue. Elle s'amuse, elle joue à la poupée, elle teste les limites sans les dépasser mais elle les teste quand même. Elle le fait avec autant d'humour et d'intelligence que de gourmandise, pour un résultat régulièrement épatant.
Entre le monde de Barbieland factice mais plein de vraies trouvailles, entre des morceaux de comédie musicale réjouissants (la bataille des Ken), avec un humour qui joue sur plusieurs registres (premier degré, sous-entendus, distanciation, dérapages poétiques ou absurdes), avec un sens du rythme qui empêche de trouver le temps trop long (même si la partie dans le monde réel est un ventre mou), Gerwig prend un plaisir visible et communicatif dans l'exercice, dans lequel elle se montre parfaitement à l'aise.
La poupée avec laquelle elle joue n'est pas la poupée docteur ou la poupée exploratrice, Greta Gerwig joue avec une Barbie réalisatrice. Son jouet est un produit Mattel, la collection complète des accessoires est fournie par Warner, elle ne cherche pas à les casser comme une sale gosse, elle s'amuse beaucoup... et moi aussi. En clair, j'ai passé un très bon moment devant ce surprenant
Barbie, projet pourtant hautement improbable et peu enthousiasmant à la base. Décidément, j'apprécie beaucoup cette réalisatrice.
Et j'apprécie aussi beaucoup Margot Robbie, pour la deuxième fois en deux films après
Babylon. Ça commence à faire beaucoup.
(la dernière réplique du film est grandiose

)
S'il faut conclure sur une note, ce sera un 7,5/10. Le seul point vraiment négatif (davantage que son enrobage féministe), c'est que son succès va fatalement conduire à mettre une suite en chantier... Et je n'ai pas très envie de voir Greta Gerwig enchaîner les
Barbie comme un James Cameron enchaîné à ses
Avatar...
(prenez le mot "enchaîné" dans le sens que vous voudrez)
PS Si vous attendiez un caméo de Timothée Chalamet, désolé, il n'y a pas de scène post-générique.