Moui enfin... Papus c'est quand même quelqu'un qui revend son blu-ray de
Essential Killing et qui s'est permis de critiquer
Mon Voisin Totoro, le film le plus tichoux du monde de l'univers. Alors son avis, hein...
(en plus il n'a toujours pas posté son Top 100 édition 2024)
Je ferai davantage confiance à cet éminent classikien :
tchi-tcha l'éminent classikien a écrit : ↑11 avr. 23, 23:30
Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan (Martin Bourboulon) 4,5/10
Un film populaire à grand spectacle qui se donne les moyens de ses ambitions... et qui tient
beaucoup à ce que ces moyens se voient. Tout y est donc d'abord au service des décors et des costumes, au détriment hélas du souffle et de l'aventure. Les qualités d'écriture viennent de Dumas, c'est digeste grâce à ses comédiens, mais c'est assez pauvre en cinéma dans ses idées de mise en scène (la gestion de l'action et de ses chorégraphies est particulièrement frustrante), ça manque de couleurs (sans en devenir illisible pour autant, bon sang ce que c'est sombre), ça n'a jamais réussi à m'impliquer. Et c'est surtout dépourvu de panache, pourtant la première chose que j'aurais aimé voir chez ces mousquetaires.
Pour ne rien arranger, je trouve Eva Green insupportable (avec elle c'est tout ou rien, ici c'est rien du tout), ce qui me rend moyennement impatient de découvrir la seconde partie l'hiver prochain.
Parfois, au détour d'une réplique ou d'une situation, on se rappelle que le bouquin de Dumas était quand même une horlogerie admirable, pour faire passer toutes ces coïncidences improbables à force d'accumulation (D'Artagnan qui débarque à peine de sa campagne et qui tombe toujours au bon moment sur tous les principaux protagonistes) et pour rendre digeste à grands coups d'action échevelée ce complot assez opaque pour qui ne serait pas féru d'histoire de France. Oui, parfois, au détour d'une réplique ou d'une situation ça fait une étincelle, mais pas assez pour enflammer une brindille et encore moins pour donner du souffle au film.
Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan est typiquement un projet de producteur, qui sait ce que doit être un grand film populaire. Et comme Martin Bourboulon n'est pas Christophe Gans (il n'est que le réalisateur de
Papa ou Maman), il applique le cahier des charges et c'est tout. Il s'en tire honorablement, il n'a rien à se reprocher, c'est un technicien compétent à l'aise avec cette grosse machine où la logistique est aussi imposante que le budget, ses images correspondent parfaitement à ce qu'on lui a demandé :
- des plans longs et fluides qui glissent doucement sur les paysages et les décors pour en étaler la richesse (c'est autre chose que
Vaincre ou Mourir entièrement tourné au village du Puy du Fou), avec si besoin une légère plongée ou contre-plongée pour appuyer la grandeur des bâtiments ou le poids des costumes,
- une caméra portée qui se colle à D'Artagnan pour plonger le spectateur au cœur de l'action,
- une photo sombre parce que c'est un film moderne et qu'on n'est plus au temps des Charlots mousquetaires ou du Technicolor.
Sauf que c'est beaucoup trop systématique. Si les décors et les costumes sont mis en valeur, on voit assez peu de cinéma là-dedans, le résultat manque de vie, de mouvement et de couleurs. C'est surtout ça qui m'a manqué, en fait, l'absence de couleurs. La bande-annonce ne mentait pas, on est bien dans des tonalités très sombres, ici même un arc-en-ciel serait fait de nuances de gris.
Attention, sombre ne signifie pas qu'on ne voit rien, hein. Ça reste lisible, ce n'est pas de la bouillie, mais c'est juste... sombre, sombre de jour comme de nuit, à Paris ou ailleurs, partout et tout le temps sombre, sombre, sombre, sombre.
Sur l'action, je serai moins sévère que Papus :
Papus a écrit : ↑11 avr. 23, 16:12
...je me demande vraiment comment vous avez fait pour réussir à comprendre ces scènes d'action (...) toujours sur le mode du faux traveling fébrile avec une caméra qui veut accompagner le mouvement (
sans qu'on puisse saisir son point de départ ni sa finalité) rappelant un peu The Raid mais sans une once de sa maîtrise et de sa fraîcheur.
(...) Pour un film de cape et d'épée ça la fout carrément mal. Y a aucun découpage digne de ce nom, aucun grand angle permettant d'apprécier un peu de posture, les prises se veulent beaucoup trop proches des personnages avec des plans ultra rapprochés dont j'ai eu grande peine à comprendre l'intérêt.
Ce n'est pas faux, on peine à saisir leur trajectoire, mais je suis plus proche de Wulfa :
Wulfa a écrit : ↑19 mars 23, 21:34
...certaines scènes de combat à la fois démesurées dans leur chorégraphie et
brouillonnes dans leur suivi.
Il y a
UNE idée de mise en scène et une seule : rester collé à D'Artagnan caméra à l'épaule, qui tremble avec lui, qui se fait bousculer avec lui, qui tombe avec lui... mais qui ne fait rien ressentir parce que tout le travail autour est balayé. Ne pas céder au surdécoupage est une chose, mais là ça ne sert à rien que les comédiens se soient entrainés à l'escrime, peu importe que des chorégraphes et cascadeurs aient travaillé sur les scènes, la caméra passe à côté. Le triple duel est particulièrement rageant : on passe d'un mousquetaire à l'autre mais c'est toujours le bordel et on ne sait jamais qui fait quoi ni qui déboule d'où. Dans le genre, même le vrai/faux plan séquence du premier
Avengers de Joss Whedon est plus réussi, lui au moins donne au spectateur des repères. Ici, au lieu de me plonger dans l'action, ça me laisse sur le carreau, je m'en fous.
(Quand je pense que la seconde partie est plus riche en action et en batailles, je ne suis pas rassuré.)
Je ne parlerai pas de l'interprétation, parce que je n'ai pas grand chose de mal à en dire (pas même de Louis Garrel ou de Vincent Cassel). Ils prennent du plaisir à jouer, c'est en très grande partie grâce à eux si le film respire malgré tout.
N'en déplaise aux critiques du Monde et des Inrocks qui se réjouissent de la place faite aux femmes dans cette adaptation moderne, c'est plutôt sur la partie féminine que j'ai des réserves. Réserves mineures sur Lyna Khoudri (sa voix me gratte un peu à l'oreille), réserves majeures sur Eva Green en grande méchante machiavélique dont je trouve le surjeu insupportable. Heureusement, elle fait une chute mortelle (je spoile rien, tout le monde connait le livre), on ne la verra donc pas dans la suite.
(Comment ça, la seconde partie s'intitule
Milady ? Ah ben zut, je ne suis pas rassuré...)
Un mot sur Pio Marmaï, puisque certains s'inquiètent dans le topic dédié à la version de George Sidney :
villag a écrit : ↑3 avr. 23, 10:29
Je ne sais pas ce que vaut ou vaudra la très prochaine adaptation de ce roman, mais quand on me dit que dans ce film , Porthos assume sa bisexualité....! ça y est , le woke vient encore de frapper ....!
Non non, les cuisiniers asiatiques n'ont pas encore frappé :
Michel2 a écrit : ↑10 avr. 23, 01:14
Quant au wokisme supposé du film de Martin Bourboulon, il n'existe que dans l'imagination des fans de mauvaise cuisine thailandaise qui veulent voir de la cuisson au woke dans tous les films. La bisexualité de Porthos, qui n'est pas historiquement absurde comme d'autres l'ont déjà fait remarquer, n'est là que pour exprimer le sympathique appétit de vivre du personnage, pas pour porter un étendard. Elle n'occupe d'ailleurs que très peu de place dans le film : un bref échange entre D'Artagnan, Porthos et Aramis, et un amusant travelling où on découvre Porthos au lit avec ses deux conquêtes de la veille.
Voilà, c'est tout. On aurait pu nous montrer Porthos reprenant trois fois du sanglier, à la place on a un petit travelling rigolo où on le découvre endormi en charmante compagnie, féminine d'un côté d'abord, masculine de l'autre ensuite. À la séance, la salle était bien remplie, et le public a pris la scène avec le sourire (voire en riant de bon cœur) pour ce qu'elle est, une façon amusante de nous faire comprendre que c'est un bon vivant. Je rappelle que je suis angevin d'adoption, qu'Angers est plutôt une ville moyenne catho-bourgeoise, mais la bisexualité de Porthos n'a pas l'air d'avoir choqué grand monde.
Ce qui me choquerait, moi, ce n'est pas ce qu'on fait de Porthos (un bisexuel) mais ce qu'on n'en fait pas. Cette première partie s'intitule
D'Artagnan donc on sait qui en est le héros. Il est épaulé par Aramis durant la première heure puis reçoit l'aide d'Athos ensuite, mais Porthos lui a vraiment un rôle très secondaire dans tout ça.
Papus a écrit : ↑11 avr. 23, 16:12
... pour moi c'est un raté complet.
Pas d'accord. Le film n'est pas un chef d'œuvre, ce n'est même pas un grand film, son grand spectacle m'a laissé de marbre, n'a pas réussi à m'emporter, j'ai trouvé que ça manquait de souffle et de panache, j'ai trouvé la gestion de l'action frustrante et l'interprétation d'Eva Green calamiteuse, je préfère largement
La Fille de D'Artagnan qui se bonifie à chaque révision malgré une Sophie Marceau qui y reste pénible... mais ça n'en fait pas un ratage pour autant.
À côté du dernier
Astérix il y a quelques semaines, c'est le jour et la nuit au niveau des réactions du public. Je l'ai vu en soirée dans un multiplexe bien garni, spectateurs jeunes et moins jeunes, venus en couple ou en groupe, et j'ai assisté à un phénomène plutôt rare : des "Oh !" frustrés ont jailli au moment du cliffhanger final (bah, c'est un film en deux parties, ils auraient dû s'en douter), et les gens parlaient dès qu'ils ont commencé à se lever lorsque la lumière s'est rallumée. Ils avaient envie d'en parler, d'échanger dès qu'ils se levaient.
C'est quelque chose que je vois rarement. Dans le meilleur des cas, ça discute un peu du film sur le quai du tramway, mais là je peux te dire que c'était très positif, à des années lumière du malheureux
Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu. Donc en tant que spectacle populaire visant à faire revenir le grand public au cinéma, à mon avis c'est tout sauf raté.
Jeremy Fox a écrit : ↑11 avr. 23, 15:24
Il me semble avoir lu ce WE que les deux scénaristes de ce film seront aussi aux manettes d'une nouvelle adaptation du
Comte de Monte Cristo avec Pierre Niney dans le rôle d'Edmond Dantes. Bref, on n'en a pas fini avec Dumas.
Et merde... Malheureusement cette annonce n'était pas un des (excellents) canulars de shubby du premier avril, même
AlloCiné dit qu'on va bouffer du DCU, un Dumas Cinematic Universe :
"Notre film suivra le point de vue d’Edmond Dantès, le premier super-héros français, qui passe de la lumière à l’ombre, et devient l’incarnation du vengeur masqué", poursuivent les scénaristes et réalisateurs dans le communiqué annonçant le lancement du projet. "Nous avons la chance de travailler avec une équipe extraordinaire, et d’avoir à nos côtés Pierre Niney, qui sera un Monte-Cristo comme vous ne l’avez jamais vu."
Je veux mourir (si possible avant sa sortie).