Beule a écrit : ↑2 août 21, 12:17
vic a écrit : ↑1 août 21, 23:12
et surtout le "truc" le plus inattendu, dérangé et dérangeant, tendre et cruel vu depuis longtemps qui atterri donc directement en film du mois (faute aussi de vrai chef d'oeuvre ces temps-ci.)
the love and adventures of kuroki taro (azuma morisaki, 1977)
Étrange coïncidence, c'est pour moi aussi la belle surprise du mois dernier. Demi-surprise à dire vrai, puisque Morisaki m'avait déjà chauffé à blanc il y a quelques semaines avec
Nuclear Gypsies ; d'où l'envie de défriche et la révélation de cet épatant
Kuroki Taro. Mû par des préoccupations socio-écologiques que l'on pourrait qualifier d'avant-garde,
Nuclear Gypsies s'avère un film plus ouvertement contestataire et alarmiste. Mais son caractère rageux est tempéré de la même façon qu'ici par un sens de l'absurde et du contre-pied désarmant. On y retrouve cette patine de tendresse immodérée pour les personnages de laissés-pour-compte que viennent perturber quelques saillies régulièrement cruelles et/ou désopilantes, qui font tout le sel de
Kuroki Taro. Et le couple formé par Mitsuko Baishô (l'actrice fétiche de Morisaki semble-t-il) et Yoshio Harada est irrésistible. Impossible aussi de ne pas penser au
Affreux, sales et méchants de Scola. Si tu ne le connais pas encore, je te le recommande chaudement.
Coïncidence? Coïncidence? Vous avez dit coïncidence ? Comme c'est étrange ...

Nan, voyant, la semaine dernière, la date fatidique du 31 arriver sans avoir de vrai prétendant à me mettre sous la dent, je suis, très paresseusement, allé éplucher ta liste et je suis tombé sur ce film en libre accès sur youtube.
[It's free, go check it out, you'll!!]
Et ça m'a bien retourner les sangs, étant à la fois réjouis, déconcerté, effaré tant par l'humour noir et l'absurde fatalité (si ça a un sens) des péripéties que par le ton totalement libre (voir libertaire ou anarchisant) du cinéaste qui fait fi de tout sens habituel de genre, de classification ou même de narration telle qu'on la connait dans le cinéma japonais. C'est grisant mais effarant, on s'attend presque par moment à une panade totale, pour les personnages mais aussi l'histoire ou le film lui-même. Et c'est porté, comme tu le dis, par cette tendresse immodérée pour les laissées-pour-compte qui achève d'emporter sans conteste mon adhésion.
Au jeu des comparaison, l'ouverture m'a immédiatement fait penser à la franchise/fraicheur de Jean Rouch (et m'a aussitôt happé dans l'univers du film) et peut-être, à posteriori, y a-t-il quelque chose du mélange si particulier et personnel de tendresse et de mélancolie propre à mon Yoji Yamada chéri, quelque part, tout au fond, derrière le joyeux foutoir, pour ainsi dire, de Morisaki qui contraste totalement avec la belle narration limpide, posée et "classique" de Yamada.
Je me réjouis de retrouver Mitsuko Baishô dans ses autres films (la voir ici était un éclair de familiarité bienvenue au milieu de la "tempête émotionnelle"). Et je suis très amateur de Yoshio Harada, surtout depuis
Ryoma Ansatsu évidemment, mais aussi très récemment pour le très bon
Preparation for the Festival.
Je vais ... euh, consulté mes fournisseurs habituels pour le reste de la filmo de Morisaki et ce
Nuclear Gypsies dont le titre seul est, pour moi, un aimant irrésistible.
Et donc, merci pour mon film du mois !
