Film du mois de juin 2021
Films (Re)découverts
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Falling de Viggo Mortersen
7,5
Un film d’une grande délicatesse malgré les invectives brutales d’un père sombrant dans la sénilité. Face à lui, le fils qui incarne un monde qu’il ne comprend pas et rejette en bloc. Un affrontement père/fils qui symbolise une Amérique fracturée.
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Je veux vivre - I want to live de Robert Wise (1958)
7
Trois ans après son exécution, Robert Wise, s’empare de l’histoire de Barbara Graham pour réaliser un film à charge contre la peine de mort, le journalisme à sensation, l’exercice de la justice et les méthodes policières.
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Mandibules de Quentin Dupieux (2021) –
6,5
Un road-movie à trois balles à bord d’une Mercédès pourrie en compagnie d’un duo à la marge. Une note d’imaginaire et le fantastique bricolé de Dupieux proposent une alternative à notre monde formaté.
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Le convoi sauvage –Man in the Wilderness de Richard Sarafian (1971)
8,5
Sarafian réalise, à mes yeux, un petit chef-d'oeuvre. L'immersion dans la nature, les plans subjectifs, la progression du personnage de Zach ( Richard Harris), la caractérisation des tribus indiennes... et le bateau du capitaine Henry tiré par vingt mules concourent à nous immerger dans une aventure fascinante.
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Lisa et le diable de Mario Bava (1972) -
6
Entre cauchemar et séduction gothique, Bava se révèle ici, un maître orfèvre de l’utilisation du décor et de l’espace.
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The father de Florian Zeller (2020) –
7,5
Le naufrage douloureux de la vieillesse. Un voyage qu’on entreprend seul jusqu’à la dissolution. Le cinéaste nous immerge dans un monde qui bascule progressivement en brouillant les repères spatio-temporels et nous égare dans les méandres embrumés des souvenirs. Anthony Hopkins et Olivia Colman sont poignants.
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Le bonheur de Marcel L’Herbier (1935) –
7
Je redoutais un banal mélo saveur guimauve. J’ai découvert une œuvre intelligente et d’une grande maîtrise formelle. L’amour improbable et condamné entre l’anar et la star se joue le temps d’une mise en abyme du cinéma très réussie. Charles Boyer, limite mutique quand l’exaltation politique ne le saisit pas, est littéralement envoutant aux côtés de Gaby Morlay. Michel Simon, l’impresario homosexuel, en fait des tonnes et Paulette Dubost ravit par la fraîcheur de son jeu.
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Nightfall de Jacques Tourneur (1956)
7
La noirceur n’est pas l’apanage des ruelles sombres et des entrepôts de la cité. Pour preuve un défilé de mode en plein jour et les paysages enneigés du Wyoming. Première entorse au genre, la seconde étant le couple que forme Aldo Ray et Anne Bancroft à quelques encablures de la garce et du mauvais garçon. Si l’enjeu de la traque manque d’originalité, le traitement vaut le déplacement.
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Le fantôme de Cat Dancing – The man who loved Cat Dancing de Richard C. Sarafian
5,5
Malgré la force des paysages, une maîtrise du format large, un recentrage autour d’un couple improbable, un échantillon plutôt corsé de seconds rôles et une approche du genre personnelle, le film s’étire sans trouver le bon rythme. Dommage.
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Nous les gosses de Louis Daquin (1941)
6
Daquin emprunte un chemin de traverse pour exalter de belles valeurs telles la solidarité, la camaraderie, l’ingéniosité… L’énergie de ces gamins est communicative. Le film garde une fraîcheur et une saveur formidables.
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Des hommes de Lucas Belvaux (2020)
5,5
La sincérité et l'audace à traiter un sujet ne sont pas garantes de sa réussite. Depardieu phagocyte l'espace visuel et sonore laissant aux événements et aux personnages du passé un rôle plus illustratif que réellement habité. Le choix de la voix off se fait au détriment d'un déploiement de l'action et de la caractérisation. Catherine Frot, tire son épingle du jeu mais Jean-Pierre Darroussin reste sur la touche. Il y a certes, une volonté de dénoncer une guerre odieuse et ses dommages collatéraux encore tabous mais le film de Belvaux ne me paraît pas suffisamment abouti.
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Nomadland de Chloé Zhao (2020)
8
Chloé Zhao, de film en film, dévoile l’Amérique des exclus, des êtres brisés mais qui ne cèdent pas face aux sales coups du destin. Ici, ils se réinventent une existence débarrassée de tout superflu, parcourent des territoires immenses, sublimes ou hostiles, se réchauffent au feu de la communauté. Leur courage, leur obstination, leur dignité forcent l’admiration. L’analogie avec les pionniers paraît cohérente sauf qu’ici personne n’est galvanisé par la soif de l’or où la découverte d’un nouvel Eldorado… ils savent qu’ils avancent sur le bas-côté et qu’aucun miracle ne les en sortira.
Films revus
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Les professionnels – The professionals de Richard Brooks (1966) -
8
Un quatuor chevronné, commandité par un magnat du pétrole se voit propulsé dans la révolution mexicaine qui questionne ses motivations. Tempo, utilisation des décors et caractérisation impeccables dans un western où l’action bouscule les motivations de ces mercenaires.
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Le vent – The wind de Victor Sjöström (1928)
7,5
Sjöström souffle la folie sur un paysage hostile où chacun se bat pour sa survie, exacerbant les rivalités amoureuses. A la violence de la nature répond celle du désir masculin. Le vent prend corps et âme : amoncellent de sable, grains cinglant les êtres et les baraques, fantôme équin se cabrant dans un ciel nuageux. L’onirisme se conjugue à la brutalité et Lilian Gish, « petite chose » perdue et convoitée puise sa force dans l’épreuve.
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La ruée vers l’or – The gold rush de Charlie Chaplin (1925) –
8
Grand film qui amoche le rêve américain et pointe le désenchantement des exclus et des pauvres. On oubliera la version de 1942, mutilée par Chaplin lui-même afin d’échapper à d’éventuelles accusations antiaméricaines.
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L’homme de la plaine – The man from Laramy de Anthony Mann (1956)
9
L’homme de la plaine c’est celui qui révèle les dysfonctionnements, bouscule et rompt l’équilibre apparent et devient la cible de toutes les haines. Toujours autant de plaisir à chaque vision. Film de genre, soit mais avant tout du grand cinéma.
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Le procès Paradine – The Paradine case de Alfred Hitchcock
7
A redécouvrir pour la patte Hitchcockienne contrariée en partie par Selznick mais néanmoins féroce et formellement très inspirée.