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The Flame. Produit et réalisé par John H. Auer pour Republic Pictures sur un scénario de Lawrence Kimble, à partir d une histoire de Robert T. Shannon. Directeur de la photographie : Reggie Lanning. Musique : Heinz Roemheld. 1947. 97 min. U.S.A
Avec John Carroll, Vera Ralston, Robert Paige, Broderick Crawford, Henry Travers, Hattie McDaniel.
Jaloux de son demi-frère Barry qui avait reçu la plus grande part de l'héritage familial et qui a réussi en affaires, George McAllister, un playboy jetant l'argent par les fenêtres, est parvenu à faire embaucher au manoir où demeurent Barry et sa tante, Carlotta Duval, une infirmière française qu'il avait rencontré durant sa convalescence en France à la fin de la guerre. La jeune femme est officiellement chargée de veiller sur le maladif Barry à qui il ne reste plus très longtemps à vivre mais en vérité le but recherché par le couple est que Barry tombe amoureux de Carlotta, l'épouse, afin finalement de s'accaparer la fortune familiale après la mort programmée de Barry...
En dehors d'un Happy end incongru, ce film accumulait les ingrédients de film noir à un point tel qu'il aurait pu faire office de « pavillon témoin » du genre … mais il faut dire que les auteurs avaient bien révisé leurs classiques avant d'écrire ce scénario tant le nombre d'emprunts faits à de grands et célèbres films du genre était assez étonnant : le très long flash-back partant de l'ultime confession d'un homme mourant racontant son histoire (1) vient en droite ligne de
Double Indemnity, référence d'autant plus évidente que le mourant en question était interprété par John Carrol qui avait la même voix que Fred MacMurray. Le manoir gothique juchée sur une éminence dominant la mer et hanté par la présence inquiétante d'une dame d'un certain âge, sinistre et détestant la nouvelle compagne -et future femme- du maître des lieux vient évidement de
Rebecca. Un personnage secondaire, d'une histoire déterminante mais parallèle, est une chanteuse de Music-hall dont le numéro est une incroyable imitation de celui de Rita Hayworth dans
Gilda, les similarités allant jusqu'aux choix des angles de prises de vue ou aux gros plans en plongée sur la chevelure rousse flamboyante de l'actrice …
Quant aux personnages et leurs motivations, ils cochent beaucoup de cases : la vengeance familiale longuement ruminée. La tentative de captation d'héritage. Le séducteur playboy manipulateur. L’innocent abusé par une femme fatale. Le détective privé. La chanteuse de Music-hall. Le maître chanteur …
George, joué par l'excellent John Carroll, dans son seul film noir et qui y excelle dans un registre de séducteur est le personnage clé de l'histoire. Avec sa fine moustache, son allure élégante, son aisance et son assurance évidentes, il est absolument convaincant en tombeur auquel aucune femme ne résiste. Ce n'est pas la première fois que je lui trouvait un air français … Et bien, recherches faites, de son vrai nom, il s’appelait Julian LaFaye et était natif de La Nouvelle Orléans … mais les plus ou moins lointaines origines diluent malheureusement le pur sang français ! (attention, là il y a peut-être du second degré). Le temps avait fait son œuvre, faisant de lui un séducteur à racines mixtes car il fait ici bien plus penser à un Zachary Scott en plus viril ou à un Robert Preston en plus classe qu'à un de nos plébéiens séducteurs à moustache, genre Fernand Gravey. Mais je persiste à lui trouver un petit coté frenchie ...
George, c'est le parasite de la famille qui a claqué sa part d'héritage dans un luxueux appartement dominant
Central Park mais qui n'en bra… pas une depuis des lustres et à qui rien ne réussi … sauf les femmes. Barry révèle d'ailleurs à Carlotta que jadis George lui volait toutes ses petites amies, sans savoir évidemment que l'histoire se répète encore une fois. Pour autant, contrairement à ce que croit George, qui est persuadé d'être haï et méprisé par Barry, celui ci ne le déteste pas le moins du monde mais il le considère simplement avec un brin de condescendance. Et finalement, contre toutes attentes (c'est pour rire), Barry finit par séduire Carlotta, laquelle va se trouver le … entre deux chaises pendant quelques temps. Là, j'aurais peut-être mieux fait de trouver une autre image mais étant sur la jante depuis 2 jours et n'ayant pas encore terminé mes vendanges (j'vais être frais demain d'ailleurs …), je n'ai pas trop le temps de fignoler.
Pourtant, au temps de la rencontre entre Barry et sa nurse, le malade est loin de partir gagnant tant lors des premières séquences dans le manoir l’ambiance est légèrement plombante : éclairage expressionniste, pièces pour orgue primesautières jouées par le joyeux drille Barry couvée des yeux par la sinistre tantine Margaret (Blanche Yurka) … et sous ceux sournois de la belle Carlotta. Il faut dire que Barry est gai comme un type de 35-40 ans à qui ont vient d'annoncer que son cœur peut lâcher d'un instant à l'autre … mais le médecin de famille ayant posé le diagnostic étant l'ange de
La vie est belle, on sait qu'un miracle est toujours possible … Même dans un film noir, cela ne me choque pas. Le seul vrai gros problème avec ce film, c'est l'interprétation de Vera Ralston … Comme d’habitude.
On a tout dit sur l'ex tapineu… patineuse (2) de l'est, que son amant puis mari, grand patron du studio Republic imposa pendant plus de 10 ans malgré un manque de talent évident. Ici, il faut avoir de bon yeux pour percevoir une différence entre la garce amoureuse de George, qui suit ses conseils en vue de séduire Barry … et celle qui va se rendre compte que Barry est finalement un type bien plus aimable que le précédent. D'ailleurs, les qualités et les bontés véritables de Barry ne suffiront pas à la convertir totalement et à lui faire rejoindre le camp du bien et même si les séquences sont superbement filmées, on glousse un peu aussi quand on comprend que les visites repentantes dans la chapelle du manoir ont aussi joué un rôle dans la transformation de Carlotta. C'est le point le plus bas de ce pourtant beau film noir … qui a mi parcours voit arriver 2 nouveaux personnages qui relancent notre intérêt : un détective privé amoureux interprété par Broderick Crawford … et la chanteuse de Music-hall (interprétée par Constance Dowling) pour qui il en pince. Mais de cette deuxième intrigue qui se juxtapose puis croise la précédente, je ne dis rien ...
Malgré les quelques défauts évoqués plus haut, The Flame est tout de même à voir. Parmi les 3 films noirs réalisés par John H. Auer, Il est selon moi un bon cran en dessous de
City That Never Sleeps (Traqué dans Chicago) mais supérieur à
Hell's Half Acre (Les bas-fonds d'Hawaï), 2 films que j'ai présenté dans ce sujet par le passé.
(1) en réalité, l'histoire n'est pas tout à fait racontée par George puisque c'est une lettre confession de Carlotta lue par lui qui remonte toute l'histoire
(2) Belita, l'autre (ex) patineuse étrangère qui s'est illustrée dans le film noir avait - je trouve - bien plus de talent. 2 de ses 3 films noirs figurent aussi dans ce sujet :
Suspense (Fatalité) de Frank Tuttle et
The Gangster de Gordon WIles
Les seconds rôles :


Broderick Crawford -----------------------------------------La Rita Hayworth bis


Mrs Danvers, bis ---------------------------------------------" L'ange " Henry Travers est ici le médecin de famille


Les non caucasiens de service, d'ailleurs tous deux au service de ...
Le majordome philosophe et la bonne rigolote et à l'aise avec les "choses du corps"

2 bonnes grosses caricatures, quoi ...