Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Jullien Robert a écrit :" Le traqué" est passé sur cineclassic le 2 février 2010 en vostfr, je l'ai gravé sur dvd !
Amitiés Robert.
Hello Bob
Il avait du déjà être diffusé auparavant car mon enregistrement TV est bien plus ancien.
krolock a écrit :Baby Boy Frankie (Blast of Silence) est un film de Allen Baron sorti en 1961.

C'est un pur chef-d'oeuvre du film noir ... Ce film a largement été commenté sur ce forum, mais cela mérite la piqure de rappel et vaut le coup d'être visionné, vraiment !
Bien d'accord. C'est un excellent film noir tardif (tardif au moins par rapport à la période creusée jusque là dans ce topic). Je préfère sortir des oubliettes des films moins connus et moins commentés mais il n'empêche que j'aime beaucoup ce film de Baron qui resta (presque) sans suite. Je ne sais pas si quelqu'un a vu le rare :
Terror in the City (1964) ?
Chip a écrit :Dane Clark ? on ignore, et si " Moonrise " a fait l'objet d'une sortie DVD, on en doit la raison à Frank Borzage, réalisateur relativement bien aimé par la critique hexagonale, même " le traqué " avec pourtant Simone Signoret au générique, est oublié.
Longue analyse d'un film que l'on ne verra probablement jamais hélas sur une galette made in France. Perso, j'attends Dane Clark, épisode 5. :wink:
Oui, c'est bien évidemment sur le nom de Borzage que Moonrise a été édité. Je crois bien que c'est le seul film de Dane Clark dans lequel il tient le rôle principal qui ait été édité en France

Le traqué ou simplement " Traqué " a effectivement une distribution majoritairement française et l'action se passe à Paris. Il y a même eu une version française avec une distribution différente mais elle est à ce jour, à ma connaissance, invisible. En ce qui concerne une éventuelle édition, malgré Simone et Fernand Gravey, j'en doute ... Pour appâter les éditeurs, on peut dire que le film fit 1 352 199 entrées ! (bon, c'était en 1950 et je crains malheureusement que l'immense majorité de ceux qui firent ces entrées, ont depuis fait leur sortie :|

Entre les épisodes 4 et 5 se sont pourtant écoulés de longs mois :wink: En comptant les westerns, c'était même l'épisode 8. Le prochain devrait d'ailleurs en être un ...
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Supfiction
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Message par Supfiction »

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Double Deal (1950)

Réalisation : Abby Berlin
Scénario : Lee Berman, Charles S. Belden
Photographie : Frank Redman
Avec : Marie Windsor, Richard Denning, Fay Baker
65 minutes, RKO Radio Pictures

Un mot rapidement sur ce film tourné vraisemblablement exclusivement en studio, qui fait un peu office de précurseur fauché au Geant de Stevens.
Marie Windsor et Richard Denning (que j'ai vu ces jours-ci également dans Quiet Please, Murder) font équipe pour réussir dans le forage pétrolier et son univers impitoyable.

Je vous résume le début de l'histoire :
L'ingénieur pétrolier Buzz Doyle (joué par Richard Denning) descend du bus à Richfield City. Il espère trouver du travail dans cette ville pétrolière mais se retrouve immédiatement impliqué dans une querelle familiale entre Lilly et son frère Reno (Carleton Young) pour le contrôle d'un puits familial. Lilly (Fay Baker, vue dans La Maison sur la colline/The House on Telegraph Hill de Robert Wise) et son son amant veulent s'emparer du puits de pétrole dont a hérité Reno. Selon le testament de leur père, si Reno ne commence pas à pomper l'or noir avant 45 jours, le puits ira à Lilli.
Après une histoire de tricherie aux dés pipés dont Buzz et Reno sont victimes, Buzz se voit offrir un emploi dans le puits de pétrole de Reno. Il est rapidement attiré par la "partenaire" de Reno, Terry (Marie Windsor).
Lilli est déterminée à récupérer pour elle l'héritage et essaie de séduire Buzz pour qu'il abandonne Reno à son profit. Mais Reno est retrouvé mort dans la chambre d'hôtel de Buzz. D'abord suspecté, Buzz est innocenté. Dans son testament, Reno a laissé le ranch à Terry. Mais les rebondissements s'enchainent et c'est Lilli qui est cette fois retrouvée morte alors qu'elle venait de se disputer avec Terry..

C’est plus facile à suivre que cela n’y paraît mais les dialogues ne sont pas toujours terribles, les bagarres ressemblent davantage à des répétitions dans lesquelles les acteurs retiennent leurs coups (en attendant Cliff Booth), et la scène d'action la plus mémorable du film implique un petit singe qui devient de fait le deus ex machina du film. Mais les rebondissements ne manquent pas, on ne devine pas facilement le coupable avant la fin du film, et les allusions à connotation sexuelle sont légion. On ne sait d'ailleurs pas bien qui est marié avec qui dans ce film quelque peu transgressif dans lequel les moeurs sont plutôt libérés au regard de cette période du début des années 50. J'aime bien Marie Windsor dans ce film, elle est distinguée, douce et déterminée à la fois. Richard Denning fait le job sans plus.
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Chip
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Chip »

J'aperçois aussi , bras croisés, James Griffith , grand échalas, vu dans moultes séries B. La présence ici, de la très sexy Marie Windsor, justifie à elle seule , la vision du film.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :
Double Deal (1950)
Réalisation : Abby Berlin

Un mot rapidement sur ce film tourné vraisemblablement exclusivement en studio, qui fait un peu office de précurseur fauché au Geant de Stevens.
Marie Windsor et Richard Denning (que j'ai vu ces jours-ci également dans Quiet Please, Murder) font équipe pour réussir dans le forage pétrolier et son univers impitoyable
Heureusement que ça ne dure qu'une heure !!! :uhuh:
Je l'avais dans un coin depuis 2 ou 3 ans mais, échaudé par un autre film criminel de Abby Berlin (Mary Ryan Detective), je l'avais mis sur la pile des films à voir en cas de fortes pénuries, juste à coté de celle où végètent les films où sur l'écran on a du mal à distinguer si c'est Thelma Ritter ou bien Raymond Burr qui parle. C'est cette pile là qui est juste à coté du vide ordures, oui

Pour faire bref, je n'ai pas aimé grand chose. Le début n'est pas mauvais du tout : l’apparente tristesse de cette petite ville pétrolière où débarque Denning, la façon dont il reluque Marie Windsor, sa façon de s'y prendre avec le tricheur dans l'arrière salle du bar (lequel agit sur commande, on l'apprend plus tard) ... Le film pose bien les enjeux : la rivalité familiale, le compte à rebours enclenché pour trouver du pétrole ... mais, alors, par la suite que c'est laborieux. Entre interprétation médiocre (Fay Baker, déterminante, car elle est censée incarner une sorte de magnat du pétrole toute puissante sur le secteur) ; ressorts scénaristiques faciles : les manipulations grossières (assez vites identifiées comme telles par le policier, ouf ) qui visent les personnages interprétés par Denning et Windsor, associés pour faire marcher un puits de pétrole convoité par le potentat local.
Bon, toute petite originalité, le J.R. du film est une femme mais elle est aussi subtilement mauvaise que l'était Hagman dans Dallas. Elle a un soupirant (et pas un amant, contrairement à ce que tu as l'air de dire car visiblement elle le repousse) qui est aussi son souffre douleur car le dit soupirant, qui est un peu le bras armé de J.R, foire tout ce qu'il entreprend pour contrecarrer les projets du duo Denning-Windsor, et du coup, plus le film avance et moins il n'a d’espoir de conclure :wink: avec sa patronne et de plus, au passage, il se prend quelques bonnes branlées (le rôle est tenu par le grand échalas :wink: James Griffith qui - la dedans - est un peu le Zachary Scott du pauvre pour reprendre une expression qui fut ponctuellement populaire en ces lieux)

Il y a aussi un personnage déchu qui picole sec (façon de parler). Non, pas Sue Ellen, ce coup ci c'est un homme, brisé jadis par J.R (mais je spoile). Avec ce personnage là, le film vire carrément progressivement au grotesque. Et oui, la seule qui s'en sort vraiment indemne c'est bien Marie Windsor. Merci Supfiction :mrgreen: (mais je devrais me faire discret car il m'est aussi arrivé d'exhumer des trésors aussi facultatifs .. et puis, une heure dans une vie, ce n'est rien ... Si on a encore 50 ans devant soi :twisted: :wink: )

Son autre film criminel est moins pénible mais il est tout à fait inoffensif.

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Le rôle principal est tenu par Marsha Hunt qui doit être maintenant la doyenne du cinéma américain, au moins parmi les (ex) têtes d'affiche car on doit pouvoir trouver une ou deux actrices de 105 ans et plus parmi celles qui ont partagé l'affiche de quelques vedettes oubliées du western de série des années 30, par exemple. Elle joue ici une détective de la police qui infiltre une bande de voleurs et receleurs spécialisée dans le vol de bijoux.
D'emblée, le ton est léger, voire fantaisiste, mais plus on avance et plus ça tourne à la comédie policière. Par exemple, la couverture des voleurs, c'est un élevage de dindes et ce sont ces dindes fumées, très réputées et expédiées aux 4 coins du pays, qui sont parfois farcies avec des bijoux volés avant d’être expédiées. Mais au final, c'est nous qui sommes les dindons de la farce (grand prix de l'humour 1983, quand même )

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The Atomic City

Message par kiemavel »

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The Atomic City (Le vol du secret de l'atome)

avec Gene Barry (le docteur Frank Addison), Lydia Clarke (Martha Addison), Michael Moore ( Russ Farley), Nancy Gates (Ellen Haskell), Lee Aaker (Tommy Addison)

Réalisation : Jerry Hopper - Scénario : Sydney Boehm - Directeur de la photographie : Charles Lang - Musique : Leith Stevens. Production : Joseph Sistrom pour Paramount Pictures. U.S.A, 1952

Le Dr. Frank Addison (Gene Barry), un physicien nucléaire de haut niveau vivant dans la ville ultra sécurisée de Los Alamos au Nouveau-Mexique avec son épouse Martha (Lydia Clarke) et son jeune fils Tommy (Lee Aaker), voit sa vie bouleversée quand Tommy est enlevé par des agents ennemis qui tentent de lui soutirer les secrets de fabrication de la bombe H...
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The Atomic City, qui était le premier film de Jerry Hopper et le premier également de Gene Barry après quelques TV, est probablement l'un des plus regardables des thrillers d'espionnage anti rouges du début des années 50. Les commies y sont bien entendu abominables (en cours de route, ils suppriment un de leurs agents et dans le final, leur chef abat même ses propres hommes dans le dos lorsque ceux ci veulent se rendre) … et pas fufutes (un gamin de 7 ans leur échappe. Bon, c'est Rusty, mais quand même :wink: ) mais je dirais que c'est de bonne guerre (froide, la guerre).

Mais ce n'est même pas tout à fait un pur film de propagande car on ne nous montre pas non plus une Amérique idyllique. L'atmosphère de la petite ville de Los Alamos est assez stressante et c'est très bien illustré par Jerry Hopper et son chef op. dès la séquence d'ouverture. Quand un installateur de télévision venu de Santa Fe intervient chez les Addison pour livrer et régler leur premier poste, il sursaute lorsque la maison se met à trembler. " Ce n'est rien, juste un essai nucléaire souterrain ! " dit la sereine maîtresse de maison d'un naturel confiant. Le soir même, Il est fait plus directement allusion au danger du nucléaire quand Addison rentre chez lui avec un air sombre et annonce à sa femme qu'un de ses confrères vient d'être sérieusement irradié. Plus tard, à plusieurs reprises, on cadre des enfants jouant devant des panneaux « Espace contaminé » et même Martha finit par s’inquiéter de cet environnement malsain auprès de son chercheur de mari après qu’elle ait surpris son fils parler de son futur au conditionnel. S'adressant à une petite fille, Tommy commence une phrase par : «  Si je grandis … " au lieu de "Quand je serais grand ...".
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C’est à ce genre de petits détails que l'on reconnaît la patte du grand scénariste Sydney Boehm qui fut nommé à l'Oscar pour ce film, même si ça me paraît un peu cher payé quand même. Il n'en reste pas moins qu'il est aussi très explicite sur le flicage subi par les américains à l'époque. Les habitants sont sans cesse sous surveillance. Même au cours d'un bal, événement connoté positivement chez tant de cinéastes, tous les faits et gestes des participants sont scrutés par des agents pas tous identifiés comme tels. Le voisin, l'amie, peut être en réalité un flic. Ainsi l'institutrice de Tommy est fiancée à un agent secret du FBI. C'est elle qui « égare «  l'enfant au cours d'un déplacement festif avec sa classe et s'aperçoit de sa disparition quand Tommy ne répond pas à l'appel de son nom alors que, désigné gagnant à la tombola du gros lot tant espéré, il devrait manifester bruyamment sa joie. C’est cette absence de réaction qui lui fait comprendre qu'il y a un problème. Jolie séquence quasi hitchcockienne au cours de laquelle jamais on ne voit l'enfant ou ses ravisseurs.

La première réaction du père est assez stupéfiante : « Je ne trahirai pas mon pays même pour mon fils » et «  Si je donne ma formule, les Commies vont anéantir la moitié du monde avec ma bombe ! " … ce à quoi Martha réplique : «  Tommy est tout notre monde ! » (Ah … Les mères ! ). Cela signe le début des "bêtises" avec l’implication du scientifique dans l'enquête car, convaincu par sa femme, il va d'abord vouloir tenir l'enlèvement secret et même berner les rouges. Puis, quand le FBI va enfin comprendre la situation, Addison va suivre les agents du gouvernement pour être au première loge afin de sauver son fils car ceux ci ont été explicites : leur priorité n'est pas la sauvegarde de l'enfant.
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A partir de là, le récit oscille entre un style pseudo documentaire montrant les techniques du FBI : surveillance (l'usage d'une caméra de télévision détournée de son usage pour scruter les faits et gestes d'un espion au cours d'un match de Baseball est une belle idée de mise en scène), filature (on suit une lettre qui passe de main en main), etc … et un brin de fantaisie puisque le scientifique donne aussi de sa personne : il tabasse un des commies (il faut voir un Gene Barry assez débraillé par sa lutte avec un agent de l'est sortir l'air hébété de la salle d'interrogatoire) et surtout il est actif dans le long final très sympa se déroulant dans les ruines d'un pueblo niché à flanc de falaise.

Bilan : pas un grand film, non, mais pas du tout la purge redoutée. C'est même peut-être le plus sympa des films noirs tournés par Gene Barry. Lui même est très bien, pas d'un charisme dingue mais agréable. Il est entouré notamment par le jeune Lee Aaker, futur Rusty de la série Rintintin (1954-1959), qui a un rôle actif dans le final et par Nancy Gates (l'instit'), charmante actrice disparue l'an dernier. Vu en vost.

Captures, suite : Le final (spoiler photographique) :
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Re: Pitfall

Message par Supfiction »

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kiemavel a écrit : 30 avr. 13, 22:24
PITFALL

Andre de Toth. 1948


Production : Samuel Bischoff (Pour Regal Films)

Scénario : Karl Kamb

Dir. de la ph : Harry Wild

Avec Dick Powell (John Forbes), Lizabeth Scott (Mona Stevens), Jane Wyatt (Sue Forbes), Raymond Burr ( Mac Donald)



John Forbes (Dick Powell), cadre dans une société d'assurance, marié et père d'un jeune garçon, s'ennuie dans un quotidien morne très loin de ses rêves de jeunesse. Un jour, au cours d'une affaire, il est amené à rencontrer Mona Stevens (Lizabeth Scott), une jeune mannequin qui s'est vu offrir de multiples cadeaux par son petit ami Bill Smiley, emprisonné depuis et pour une longue durée puisque ces cadeaux avaient été achetés avec les produits de vols qu'il avait commis. Forbes qui avait été chargé de retrouver les marchandises achetées et de les restituer à leurs propriétaires afin de minimiser les frais d'assurance avait engagé Mac Donald (Raymond Burr) un détective privé qui travaillait régulièrement pour la compagnie afin qu'il retrouve la trace de Mona. Il était tombé amoureux de la jeune femme au cours de son enquête mais très rapidement c'est Forbes qui tombe à son tour sous son charme et a une brève aventure avec elle. Mac Donald, qui a lui été repoussé, fait pression sur Forbes et est prêt à tout pour faire cesser l'idylle naissante. Un soir il le tabasse, fait du chantage et le menace de représailles s'il ne cède pas la place...puis fortuitement c'est Mona qui découvre que Forbes est marié. Dès lors, elle rompt avec lui…

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Malgré les apparences, un pur film noir et un excellent film noir.

On peut voir aussi dans cette histoire une certaine critique du couple modèle américain et de son mode de vie. Dans la séquence d'ouverture, on assiste au lever de toute la famille et malgré l'humour ou plutôt l'ironie bienveillante de John, on perçoit dans les dialogues avec son fils et sa femme un homme usé par les vieilles habitudes et la routine du quotidien. Plus tard, après la brève idylle avec Mona, c'est l'impossibilité (pour lui) de révéler à sa femme cette brève liaison qui sera cause des drames à venir. De Toth ironisera d'ailleurs sur l'attitude de Forbes une fois que Mona aura rompu avec lui. Il semblait plutôt heureux de cette double vie qui commençait mais dès le lendemain de la rupture, soulagé, il arrivera inhabituellement guilleret au bureau. Le metteur en scène insiste un peu plus sur cette "lâcheté" en ajoutant une musique légère de circonstance. Le soir même, Il le montre pour la seule et unique fois, passant sa soirée en famille, jouant avec son fils et…vantant les bienfaits de cette vie de famille. Enfin, même lorsque les drames auront eu lieu, et lorsque Sue Forbes (Jane Wyatt) aura enfin eu la révélation de l'infidélité momentanée de son mari, et que celle ci pourra être révélée par la police et la presse, ses véritables reproches seront moins pour l'écart de John, que justement pour ses craintes de voir le scandale éclabousser sa famille. Et d'ailleurs le final faussement positif est en réalité absolument cauchemardesque...mais je sais que certain le trouve bouleversant. Philippe Garnier par exemple a écrit de très belles pages sur ce final...sauf que je ne partage absolument pas son avis.

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Dick Powell est parfait en homme qui doute de lui-même et rêve de mettre un peu de piment dans une vie trop réglée. J'adore cet acteur qui aura opéré une des plus spectaculaires réorientation de carrière après la seconde guerre mondiale passant des Musicals dirigés ou supervisés par Busby Berkeley aux films noirs avec une facilité déconcertante. Malgré un impact physique assez limité, il sera un dur crédible et surtout l'un des plus décontracté. La rupture se fera avec "Adieu ma belle" et après ce film il jouera dans 7 films du genre avant d'en réaliser un lui même. Son premier film comme metteur en scène sera en effet "Même les assassins tremblent", un film noir avec un arrière plan de terreur nucléaire.


Jane Wyatt c'est l'épouse modèle typique. Elle verra son couple vaciller et tentera non sans ambiguité de le restaurer. Quant à Lizabeth Scott, elle n'est en rien la femme fatale de tant de Films Noirs. Elle est douce, pleine de compréhension et n'est en rien responsable des drames à venir. En ce sens, le film de De Toth est surement un des moins -même souterrainement-misogyne de l'histoire du genre. Quoique, encore qu'un regard un peu vicieux comme le mien -au contraire de celui de Garnier- verra que le personnage de la maitresse est bien fondamentalement plus moral, intègre et honnête que la femme mariée qui se contente finalement d'une image de respectabilité.

Les autres hommes de l'histoire sont très inégalement servis. Le petit ami de Mona, Bill Smiley, qui est incarcéré pendant une bonne partie du récit, n'interviendra que dans le final (l'interprétation de l'obscur Byron Barr est d'ailleurs le seul point faible du film). Par contre, Mac Donald interprété par Raymond Burr, dans un de ses meilleurs rôles de l'époque, est un autre personnage clé de l'histoire. C'est lui qui sera le déclencheur des drames à venir. C'est une crapule pathétique qui par désespoir amoureux tente une habile machination. Le prétendu amoureux fou est aussi et surtout un monstre de froideur…et de sang froid.

Un énorme coup de coeur quand je l'ai découvert il y a 3 ou 4 an et un film dont je garde un souvenir très vif. C'est un des meilleurs films d'André de Toth et son meilleur Polar/Film Noir avec l'excellent policier semi documentaire CHASSE AU GANG.

Vu en VOST (Sous-titrage amateur)

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Pitfall (1948)

Réalisation : André De Toth

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André de Toth confirme ses grandes qualités de direction d’acteurs dans ce film, notamment à l’occasion des scènes de la vie conjugale entre Dick Powell et l’excellente Jane Wyatt. Mais Lizabeth Scott (touchante dans un rôle d’anti-femme fatale mais non moins dangereuse) et ce salopard de Raymond Burr ne sont pas en reste. J’allais dire que seul Byron Barr était au dessous du lot et je vois que tu avais fait exactement la même remarque. Car même les tout petits rôles comme celui de la secrétaire de Powell sont soignés et parfaitement joués. Les scènes de bureau ou au sein du foyer familial sont d’ailleurs les plus intéressantes du film par leur authenticité car à l’instar de La chevauchée des bannis, les scènes d’action sont rares, sèches (les coups de Burr font très mal simplement à les entendre) et brèves.
A noter que dans la scène du hors-bord, le chapeau de Powell ne bouge pas d’un pouce tandis que Scott reste impeccablement coiffée, ça fait toujours sourire.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Sybille »

Beaucoup aimé ce film (devenu même mon 'film du mois' de juin 2018). Les acteurs sont effectivement excellents, j'apprécie décidément beaucoup Dick Powell dans sa carrière post-musicals (hélas trop brève). Le sous-texte sociétal ajoute, vous l'avez dit, un intérêt supplémentaire de taille.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

... Les scènes de bureau ou au sein du foyer familial sont d’ailleurs les plus intéressantes du film par leur authenticité
Oui. Pas revu depuis (trop) longtemps mais c'est aussi ces scènes là qui m'avaient le plus marqué. En plus, les scènes familiales sont très bien dialoguées, dans un style qui fait vraiment penser à William Bowers mais à priori les très bonnes lignes notamment écrites pour Powell ne seraient pas du lui.

Savais pas qu'il était sorti en Blu. Je me laisserais bien tenter. Ma copie n'est pas mauvaise mais assez pâlotte ...
Sybille a écrit : 19 août 20, 20:00 Beaucoup aimé ce film (devenu même mon 'film du mois' de juin 2018). Les acteurs sont effectivement excellents, j'apprécie décidément beaucoup Dick Powell dans sa carrière post-musicals (hélas trop brève). Le sous-texte sociétal ajoute, vous l'avez dit, un intérêt supplémentaire de taille.
Dick Powell est sans problème dans mon top 5 des acteurs du genre, surement 3ème. J'en ai parlé ailleurs récemment (topic Sidonis) mais 2 de ses meilleurs films noirs restent à éditer, Pitfall et Cry Danger, celui ci - pour le coup - dialogué par Bowers et - sans parler du reste - avec de grands seconds rôles : Richard Erdman qui joue l'ancien Marine qui avait fourni un funny alibi à Powell, permettant sa libération anticipée alors qu'il purgeait une longue peine pour un hold-up auquel il n'avait pas participé. William Conrad, bien faux jeton et rampant. Jay Adler, le proprio du camping de bungalows où habite Rhonda Fleming (qui s'essaie au banjo) ... Et la petite klepto(wo)mane interprétée par Jean Porter. Sans oublier Regis Tommey dans le rôle du flic qui ne lâche pas d'une semelle Rocky (Powell).

2 grands films noirs
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Sybille »

Cry danger fut aussi un de mes "films du mois" :D même s'il m'avait un tout petit peu moins impressionnée. Je me souviens avoir beaucoup aimé l'ambiance californienne "d'époque".
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Sybille a écrit : 19 août 20, 23:46 Cry danger fut aussi un de mes "films du mois" :D même s'il m'avait un tout petit peu moins impressionnée. Je me souviens avoir beaucoup aimé l'ambiance californienne "d'époque".
Le film a été partiellement tourné dans le quartier populaire de Bunker Hill, extrêmement photogénique, en grande partie détruit et reconstruit. On l'a entrevu dans de nombreux films noirs des années 50 (Second Chance, The Brasher Doubloon, The Turning Point, M, Sudden Fear, Criss Cross, etc…) mais il n'a jamais été aussi bien utilisé à l'époque que dans Chicago Calling de John Reinhardt (1951)

Un site sur le quartier de Bunker Hill à l'écran :
http://www.electricearl.com/bh/
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Re: The Flame - L'homme que j'ai choisi (1947)

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The Flame. Produit et réalisé par John H. Auer pour Republic Pictures sur un scénario de Lawrence Kimble, à partir d une histoire de Robert T. Shannon. Directeur de la photographie : Reggie Lanning. Musique : Heinz Roemheld. 1947. 97 min. U.S.A

Avec John Carroll, Vera Ralston, Robert Paige, Broderick Crawford, Henry Travers, Hattie McDaniel.

Jaloux de son demi-frère Barry qui avait reçu la plus grande part de l'héritage familial et qui a réussi en affaires, George McAllister, un playboy jetant l'argent par les fenêtres, est parvenu à faire embaucher au manoir où demeurent Barry et sa tante, Carlotta Duval, une infirmière française qu'il avait rencontré durant sa convalescence en France à la fin de la guerre. La jeune femme est officiellement chargée de veiller sur le maladif Barry à qui il ne reste plus très longtemps à vivre mais en vérité le but recherché par le couple est que Barry tombe amoureux de Carlotta, l'épouse, afin finalement de s'accaparer la fortune familiale après la mort programmée de Barry...
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En dehors d'un Happy end incongru, ce film accumulait les ingrédients de film noir à un point tel qu'il aurait pu faire office de « pavillon témoin » du genre … mais il faut dire que les auteurs avaient bien révisé leurs classiques avant d'écrire ce scénario tant le nombre d'emprunts faits à de grands et célèbres films du genre était assez étonnant : le très long flash-back partant de l'ultime confession d'un homme mourant racontant son histoire (1) vient en droite ligne de Double Indemnity, référence d'autant plus évidente que le mourant en question était interprété par John Carrol qui avait la même voix que Fred MacMurray. Le manoir gothique juchée sur une éminence dominant la mer et hanté par la présence inquiétante d'une dame d'un certain âge, sinistre et détestant la nouvelle compagne -et future femme- du maître des lieux vient évidement de Rebecca. Un personnage secondaire, d'une histoire déterminante mais parallèle, est une chanteuse de Music-hall dont le numéro est une incroyable imitation de celui de Rita Hayworth dans Gilda, les similarités allant jusqu'aux choix des angles de prises de vue ou aux gros plans en plongée sur la chevelure rousse flamboyante de l'actrice …

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Quant aux personnages et leurs motivations, ils cochent beaucoup de cases : la vengeance familiale longuement ruminée. La tentative de captation d'héritage. Le séducteur playboy manipulateur. L’innocent abusé par une femme fatale. Le détective privé. La chanteuse de Music-hall. Le maître chanteur …
George, joué par l'excellent John Carroll, dans son seul film noir et qui y excelle dans un registre de séducteur est le personnage clé de l'histoire. Avec sa fine moustache, son allure élégante, son aisance et son assurance évidentes, il est absolument convaincant en tombeur auquel aucune femme ne résiste. Ce n'est pas la première fois que je lui trouvait un air français … Et bien, recherches faites, de son vrai nom, il s’appelait Julian LaFaye et était natif de La Nouvelle Orléans … mais les plus ou moins lointaines origines diluent malheureusement le pur sang français ! (attention, là il y a peut-être du second degré). Le temps avait fait son œuvre, faisant de lui un séducteur à racines mixtes car il fait ici bien plus penser à un Zachary Scott en plus viril ou à un Robert Preston en plus classe qu'à un de nos plébéiens séducteurs à moustache, genre Fernand Gravey. Mais je persiste à lui trouver un petit coté frenchie ...

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George, c'est le parasite de la famille qui a claqué sa part d'héritage dans un luxueux appartement dominant Central Park mais qui n'en bra… pas une depuis des lustres et à qui rien ne réussi … sauf les femmes. Barry révèle d'ailleurs à Carlotta que jadis George lui volait toutes ses petites amies, sans savoir évidemment que l'histoire se répète encore une fois. Pour autant, contrairement à ce que croit George, qui est persuadé d'être haï et méprisé par Barry, celui ci ne le déteste pas le moins du monde mais il le considère simplement avec un brin de condescendance. Et finalement, contre toutes attentes (c'est pour rire), Barry finit par séduire Carlotta, laquelle va se trouver le … entre deux chaises pendant quelques temps. Là, j'aurais peut-être mieux fait de trouver une autre image mais étant sur la jante depuis 2 jours et n'ayant pas encore terminé mes vendanges (j'vais être frais demain d'ailleurs …), je n'ai pas trop le temps de fignoler.

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Pourtant, au temps de la rencontre entre Barry et sa nurse, le malade est loin de partir gagnant tant lors des premières séquences dans le manoir l’ambiance est légèrement plombante : éclairage expressionniste, pièces pour orgue primesautières jouées par le joyeux drille Barry couvée des yeux par la sinistre tantine Margaret (Blanche Yurka) … et sous ceux sournois de la belle Carlotta. Il faut dire que Barry est gai comme un type de 35-40 ans à qui ont vient d'annoncer que son cœur peut lâcher d'un instant à l'autre … mais le médecin de famille ayant posé le diagnostic étant l'ange de La vie est belle, on sait qu'un miracle est toujours possible … Même dans un film noir, cela ne me choque pas. Le seul vrai gros problème avec ce film, c'est l'interprétation de Vera Ralston … Comme d’habitude.

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On a tout dit sur l'ex tapineu… patineuse (2) de l'est, que son amant puis mari, grand patron du studio Republic imposa pendant plus de 10 ans malgré un manque de talent évident. Ici, il faut avoir de bon yeux pour percevoir une différence entre la garce amoureuse de George, qui suit ses conseils en vue de séduire Barry … et celle qui va se rendre compte que Barry est finalement un type bien plus aimable que le précédent. D'ailleurs, les qualités et les bontés véritables de Barry ne suffiront pas à la convertir totalement et à lui faire rejoindre le camp du bien et même si les séquences sont superbement filmées, on glousse un peu aussi quand on comprend que les visites repentantes dans la chapelle du manoir ont aussi joué un rôle dans la transformation de Carlotta. C'est le point le plus bas de ce pourtant beau film noir … qui a mi parcours voit arriver 2 nouveaux personnages qui relancent notre intérêt : un détective privé amoureux interprété par Broderick Crawford … et la chanteuse de Music-hall (interprétée par Constance Dowling) pour qui il en pince. Mais de cette deuxième intrigue qui se juxtapose puis croise la précédente, je ne dis rien ...

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Malgré les quelques défauts évoqués plus haut, The Flame est tout de même à voir. Parmi les 3 films noirs réalisés par John H. Auer, Il est selon moi un bon cran en dessous de City That Never Sleeps (Traqué dans Chicago) mais supérieur à Hell's Half Acre (Les bas-fonds d'Hawaï), 2 films que j'ai présenté dans ce sujet par le passé.

(1) en réalité, l'histoire n'est pas tout à fait racontée par George puisque c'est une lettre confession de Carlotta lue par lui qui remonte toute l'histoire
(2) Belita, l'autre (ex) patineuse étrangère qui s'est illustrée dans le film noir avait - je trouve - bien plus de talent. 2 de ses 3 films noirs figurent aussi dans ce sujet : Suspense (Fatalité) de Frank Tuttle et The Gangster de Gordon WIles

Les seconds rôles :
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Broderick Crawford -----------------------------------------La Rita Hayworth bis
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Mrs Danvers, bis ---------------------------------------------" L'ange " Henry Travers est ici le médecin de famille
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Les non caucasiens de service, d'ailleurs tous deux au service de ...
Le majordome philosophe et la bonne rigolote et à l'aise avec les "choses du corps" :?
2 bonnes grosses caricatures, quoi ...
Chip
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Chip »

Intéressante critique, d'un film , que , hélas, je n'ai jamais vu, les films de la Republic Pictures sont difficiles à voir aujourd'hui, hormis les classiques " Johnny Guitar ", " Rio Grande " et autres Wayne, un temps grande star de la firme à l'aigle. C'est pour moi, un plaisir de lire un avis positif sur John Carroll, acteur qualifié de " peu enthousiasmant " dans 50 de cinéma américain.
John Carroll fut plus d'une fois, très bon, notamment dans un de ses derniers films, l'excellent et sous-estimé (dans le cycle Ranown) " Decision at Sundown "(1957). De lui, Boetticher raconte " c'était un personnage. Je l'ai vu perdre 40.000 dollars à Las Vegas, sans un battement de cils, et il pouvait chanter dans le monde entier, mieux qu'aucun autre chanteur". Personne extravagante, Carroll possédait dans sa maison, une impressionnante collection de révolvers, sabres, baïonnettes, casques, et entre ses deux pianos, une mitrailleuse " c'est pour les gens qui font des fausses notes" (dixit J.C.)( ciné digest N°7, novembre 1949).
Vie sentimentale agitée, ce qui fit le bonheur de magazines comme Confidential, et vie aventureuse. Alors qu'il se trouve en Italie et prend des cours de chant à Milan, on lance une bombe contre le roi. Carroll est arrêté " ils pensaient que j'étais russe "(J.C.), en prison il n'arrête pas de chanter, jusqu'à ce qu'on le relâche.
Il voyage à travers l'Europe, chantant dans les cafés et les théâtres, avant de revenir en Amérique, pour vivre il est pêcheur d'épaves, coureur sur automobiles, jusqu'au jour où Johnny Burch, un producteur de la RKO le rappelle à Hollywood. C'était en 1935. Durant la guerre Carroll sera lieutenant dans l'aviation. Vers la fin de sa vie, il fut chef du tourisme pour l'état de Louisiane. Sur scène il sera " l"homme de la Mancha".
Chose peu connue, John Carroll et sa femme Lucille Ryman, hébergèrent Marilyn Monroe, dans leur appartement d' El Palacio (west Hollywood) en 1947, à une époque où elle n'avait plus de contrat, ils s'occupèrent d'elle sur tous les plans, pendant 5 mois. Carroll avait rencontré Marilyn à l'occasion d'un tournoi de golf, Marilyn était son caddie. (Marilyn Monroe par Adam Victor, overlook press 1999).
THE FLAME n'est pas le seul film noir de J.C., toujours pour Republic , il tournera , une nouvelle fois avec les mêmes réalisateur et scénariste, " I, JANE DOE" (la naufragée)(1948), une nouvelle fois Vera Ralston incarnera une française, sans doute à cause de son fort accent tchèque :P , autre noir à son actif " I AM A CRIMINAL "(1938) de William Nigh pour Monogram.
Carroll fut aussi la vedette du dernier film Republic pictures " Plunderers of Painted flats "( les pillards de la prairie )(1959), film dont le scénario n'était pas inintéressant, et la fin pas banale , debout dans une tombe récemment creusée, il était abattu par un gamin. Corinne Calvet , Skip Homeier et George Macready étaient au générique de ce modeste western en scope N et B.
Autres bons westerns de John Carroll :
- the gallant legion (1947) Edward Ludwig
- Wyoming (1947) Joe Kane
Il fut Zorro dans un serial de 1937" Zorro rides again " réalisé par William Witney et John English
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Supfiction
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Supfiction »

Le boss a effectivement sorti une bonne pioche de son chapeau. Il y a un petit peu de Duel au soleil dans ce The flame, avec ces deux frères faussement fraternels et amoureux de la même femme.
C’est vrai que la danseuse singe totalement Gilda, on ne peut pas passer à côté, c’est stupéfiant. Mêmes gestes, même robe ou presque, le sex-appeal en moins, malgré ses faux airs de Marlène Dietrich.

John Carroll est très bon (très Fred MacMurray effectivement, la bonhomie en plus) et arrive à être un salopard constamment sympathique et séduisant. Son frère Bobby, pardon Barry, se fait constamment d’ailleurs des illusions sur son compte.
Vera Ralston est particulièrement juste et pleine de sensibilité. On peine juste à croire qu’elle soit française mais c’est un détail. En outre, la voix off alourdit passablement le film alors que le jeu tout en nuances de l’actrice aurait largement suffit à exposer les doutes du personnage féminin.
Un bon noir auquel il manque tout de même un peu de piquant à la fin.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Jullien Robert »

Et où peut-on trouver des sous-titres ? Même anglais, espagnol ou portugais ?
Merci, Robert ( Bob )
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Jullien Robert a écrit : 2 sept. 20, 17:43 Et où peut-on trouver des sous-titres ? Même anglais, espagnol ou portugais ?
Merci, Robert ( Bob )
Si tu n'es pas pressé, je peux même te faire un srt français ... Ce qui serait un juste retour de service. Après, il ne faut quand même pas être pressé puisque je ne vais pas tarder à prendre un juste repos mais je vais ensuite rentrer dans une période bien plus zen en ce qui concerne le travail et tu pourrais avoir la vost dans moins d'un mois.
Sinon, j'ai un srt espagnol mais je ne sais pas d'où il provient. S'il t'intéresse : MP

EDIT :
Chip a écrit : 2 sept. 20, 15:08 ... et il pouvait chanter dans le monde entier, mieux qu'aucun autre chanteur". Personne extravagante, Carroll possédait dans sa maison, une impressionnante collection de révolvers, sabres, baïonnettes, casques, et entre ses deux pianos, une mitrailleuse " c'est pour les gens qui font des fausses notes" (dixit J.C.)( ciné digest N°7, novembre 1949)
:wink: Je ne connaissais qu'une partie des anecdotes sur John Carroll. C'était effectivement un sacré personnage, grand pote d'Errol Flynn avec lequel il a fait "les 400 coups"
THE FLAME n'est pas le seul film noir de J.C., toujours pour Republic , il tournera , une nouvelle fois avec les mêmes réalisateur et scénariste, " I, JANE DOE" (la naufragée)(1948), une nouvelle fois Vera Ralston incarnera une française, sans doute à cause de son fort accent tchèque :P , autre noir à son actif " I AM A CRIMINAL "(1938) de William Nigh pour Monogram.
Oui mais je suis assez tatillon sur le label " film noir "... il m'est arrivé de rattraper des films par le bout de la manche pour les intégrer dans ce sujet mais en revanche, dans le discours, je suis plus intransigeant :mrgreen:
I, Jane Doe, c'est plus un drame judiciaire. Et I Am a Criminal , je ne l'ai pas vu mais c'est plus une période pré - noir, film de gangsters et crime/Mystery

Quant aux westerns, Plunderers of Painted flats, c'est un titre qui est dans ma wishlist depuis longtemps.
Le Ludwig, à priori c'est une étourderie car ça doit plutôt être The Fabulous Texan,que j'ai, mais pas encore vu
Supfiction a écrit : 2 sept. 20, 15:56 Le boss ...
Je préférerais que tu m’appelles : " parrain "
Vera Ralston est particulièrement juste et pleine de sensibilité. On peine juste à croire qu’elle soit française mais c’est un détail. En outre, la voix off alourdit passablement le film alors que le jeu tout en nuances de l’actrice aurait largement suffit à exposer les doutes du personnage féminin.
Un bon noir auquel il manque tout de même un peu de piquant à la fin.
Sur le reste, nous sommes d'accord mais je trouve pour ma part que Vera Ralston manque totalement de charisme et je persiste à dire qu'on a quand même du mal à percevoir dans son jeu une grande différence entre la manipulatrice du début et l'amoureuse de la fin, même en considérant que son attitude avec les deux hommes "se croise", les sourires gênés et les airs de conspiratrice (aux regards vides ...ça c'est ma perception en tout cas) étant d'abord pour Barry ... puis pour George.

La "manque de piquant", c'est un happy end très artificiel car finalement l'amour purifie l'âme de l'un .... et purifie le corps malade de l'autre.
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