Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jack Carter
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Jack Carter »

il m'etonnerait beaucoup que bruce ait voulu dire ça....
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

.
Jack, tu te serais épargné un post inutile en allant lire. Il l'a dit mais c'était évidemment sur un ton de plaisanterie...Retour aux choses sérieuses.


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KEY WITNESS. Phil Karlson. 1960


Avec Jeffrey Hunter (Fred Morrow), Pat Crowley (Ann Morrow), Dennis Hopper (Cowboy), Joby Baker (Muggles), Corey Allen (Magician), Johnny Nash (Apple), Susan Harrisson (Ruby) et Frank Silvera (Lt Torno)



Fred Morrow, un commercial en déplacement dans un quartier déshérité de Los Angeles, s'arrête pour téléphoner dans un bar. Une jeune femme commence à le regarder avec insistance puis devant son manque de succès s'intéresse à un autre homme présent et tout deux commencent à danser. Cowboy, son petit ami accompagné par sa bande voyant cette scène de loin décide de donner une leçon au jeune homme et à l'issu d'une lutte inégale, il le poignarde à mort. Fred Morrow prévient les services de police et est le seul à s'occuper du mourant en les attendant...puis le seul à accepter de témoigner et de tenter d'identifier le principal auteur du meurtre, ce qu'il fait. Cowboy et sa bande sont activement recherchés par la police mais ayant appris le nom et l'adresse du témoin, il commence à le harceler, lui et sa famille, afin de lui faire renoncer à témoigner…


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C'est un film étape qui venait directement après ceux qui montraient assez sérieusement la jeunesse perturbée et délinquente des années 50, un genre qui fut à la mode à la suite de LA FUREUR DE VIVRE (Rebel without a cause), film emblème d'une époque dont on retrouve 2 des protagonistes dans le film de Karlson : Dennis Hopper et Corey Allen. Le parallèle est encore plus évident avec GRAINE DE VIOLENCE (The blackboard jungle) et avec CRIME IN THE STREETS mais dans tous ces films les dimensions sociales, sociologiques et morales voir raciales étaient omniprésentes. Même dans un film relativement mineur comme celui de Siegel, on avait un personnage intéressant d'éducateur joué par James Whitmore et un parent, la mère du personnage interprété par Cassavetes avait un rôle important dans le récit. Ici, il n'en est rien. Aucune de ces dimensions n'est présente à part une toute petite dimension raciale. Un des 5 thugs est en effet un très jeune garçon noir qui jouera un rôle particulier. Le seul parent que l'on voit est d'ailleurs sa mère, une femme de ménage, qui conseillera à son fils d'abandonner le gang et lui parlera de travail comme l'aurait fait un conseiller d'orientation…

Si l'on voit donc les sources qui l'on inspiré, à la vision de ce film on voit encore mieux sa triste descendance, tous ces films qui montreront des familles de citoyens américains moyens terrorisés par des voyous. Il inspirera d'ailleurs directement le producteur de TERREUR AU KM. (Hot rods to hell), un film devenu culte et qui a connu bien des avatars Vroum Vroum. En revanche, le film de Karlson est lui totalement urbain et la famille Morrow : le père Fred, sa femme et leurs deux enfants seront harcelés dans leur quotidien et à leur domicile. La campagne de terreur est d'ailleurs plutôt bien mené par Karlson…sauf que la bande de Thugs est assez ridicule.

Ils en font tous des tonnes, en premier lieu Dennis Hopper et Joby Baker qui fait très bien le jobard drogué. Ils sont presque tous plus que limite et ont paradoxalement, ce qui n'arrange rien, plus l'air d'étudiants de Berkeley que de dangereux délinquants de l'East LA. Mention spéciale du mauvais gout pour la seule fille du groupe qui est assez grotesque. La belle écervelée quand elle se bagarre, tabasse à coups de sac à main ses victimes notamment dans une scène qui interrompt de manière totalement débile une audience du tribunal. Elle jouera à nouveau du sac à main dans le climax du film, une bagarre impliquant tous les principaux protagonistes.

Le reste de la distribution :

-Jeffrey Hunter s'en tire plutôt très bien dans un des rôles les plus complexes qu'il aura eu a interprété avec celui qu'il tenait dans Brainstorm ( Jesus je le compte à part car comment voulez vous juger Jesus )

-Pat Crowley nous le fait dans le registre de l'hystérie...Mais c'est vrai qu'un mère, dès que tu touches à ses gosses…

-Frank Silvera campe un très bon inspecteur de police, bougon mais bienveillant.

Bilan : Après le meilleur film noir de ce début d'année avec "Fureur sur la ville", l'un des pires thriller que j'aurais vu au cours des derniers mois. A fuir... et on peut toujours se consoler en revoyant 99 River Street, Kansas City Confidential ou The Phoenix City Story. qui sont sans doute les meilleurs films noirs de Phil Karlson et de très grands films du genre.

Celui ci était le film de l'époque sur la jeunesse délinquante le plus con et inutile que j'ai vu…mais il y a eu pire depuis…Ce qui l'empêche d'être devenu un film culte c'est sans doute justement le fait de n'avoir pas été encore suffisamment grotesque et kitsch.



Vu en VOST. Passé à la TV chez nous.


Je certifie solennellement l'origine non frauduleuse ni clandestine de cet enregistrement. J'ai même encore les factures (les factures de quoi...) C'est rien, c'est pour rire.
Dernière modification par kiemavel le 30 avr. 13, 17:04, modifié 3 fois.
NotBillyTheKid
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Message par NotBillyTheKid »

Hey, Psssss : La "Fureur" de vivre, pas la "rage".. :wink:
Mais ta "Fureur sur la ville" fait sacrément envie ! :D
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

NotBillyTheKid a écrit :Hey, Psssss : La "Fureur" de vivre, pas la "rage".. :wink:
Mais ta "Fureur sur la ville" fait sacrément envie ! :D
Je viens de mettre la dernière main (ou çà la main ?) au texte :lol:

Très drôle, c'est le subconscient qui parle :lol: :lol:
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Message par Alligator »

Pas sûr que ce film soit classé par beaucoup comme un film noir, mais je me mets volontiers sur un tabouret pour l'affirmer bien haut, il en est! Jusqu'à la moelle!

http://alligatographe.blogspot.fr/2013/ ... mieux.html

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Jackson County Jail (La prison du viol) (Michael Miller, 1976)

Produit par Roger Corman, ce film d'une noirceur très étonnante, clame bien fort que "America is dead".

Flirtant avec un certain anti-américanisme, le scénario est virulent : il fait subir à la pauvre Yvette Mimieux un véritable calvaire, une descente en enfer dans l'Amérique profonde. De la première scène où elle se fait engueuler au boulot par un client irrité, jusqu'à la dernière, elle passe tout le film à en prendre plein la gueule. Film sadien par excellence, cette "Justine" découvre la face morbide des États-Unis, l'arriérisme, la misère sexuelle, la violence ou la malhonnêteté. Avec pour seule bouée de sauvetage un criminel joué par le très juvénile Tommy Lee Jones, elle passe de Charybde en Scylla, se faisant manipuler, détrousser, violer, accuser, emprisonner, etc.

La tonne d'emmerdes qui n'en finit pas de dégringoler s'accumule et livre un portrait au vitriol de la culture américaine. Les personnages apparaissent soit faux, soit tordus. Quelques-uns, apparaissent ici ou là comme des fantômes souriants, inaccessibles, jamais là quand il faut.

Quand je parle de "culture", il faut prendre cela au sens très général, j'hésite pourtant à parler de "civilisation", c'est tentant tout de même. Tous les éléments de la société américaine se liguent contre Dinah Hunter, le personnage de Mimieux. La relation entre elle et Coley (Tommy Lee Jones) permet d'en dire long sur la déchéance du pays. Dinah veut toujours croire malgré tout qu'il y a moyen pour elle et la société de revenir à la raison, mais tout est si pourri jusqu'à l'os, que le pays comme les personnages sont dans une sorte d'impasse. Coley est dans le caca américain depuis belle lurette et ne se berce par conséquent pas de ces illusions. Au moment de se séparer, elle lui demande de faire attention et de ne pas laisser la police le tuer. Pour lui répondre et dire son insouciance, il a cette phrase qui résume tout le film : "I was born dead".

Jusqu'au bout le film égrènera sa litanie morbide, pessimiste et critique, avec une conviction et une force qui surprennent. Je pensais pas qu'il serait aussi catégorique et violent dans sa révolte.

A ce propos, la scène de viol est pour le moins éprouvante. Très bien jouée par Yvette Mimieux, son réalisme est redoutable. Sur le jeu des acteurs, il faut insister sur le fait que Yvette Mimieux a un rôle très difficile et s'en tire superbement.

Tommy Lee Jones est tout jeune, je disais plus haut "juvénile", peut-être que j'exagère, mais il ne doit pas dépasser de beaucoup sa vingtaine d'années. C'est très étrange de le voir sans ride. Le visage est lisse, mais sa voix est d'ores et déjà marquée "caverne", donnant un contraste plutôt saisissant à son personnage.

Bref, un film très très noir, peut-être glauque, et que d'aucuns pourraient tout à fait légitimement estimer caricatural. En effet, ils sont bien peu de personnages à paraitre un peu humains. Cependant, au final, le coup de poing porte à l'estomac, laisse un vrai malaise, malgré la texture "nanar" de certaines scènes et décors de cette petite production. Donc, un petit film qui parait toutefois plus complexe et couillu que la plupart des films de genre de son espèce, un road-movie trashy désespéré et plutôt convenable.
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Alphonse Tram
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Alphonse Tram »

Alligator a écrit :Jackson County Jail (La prison du viol) (Michael Miller, 1976)
Cool. Dispo en double prog chez shout factory en zone 1 sans st
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Acheté mais jamais vu. Je vais réparer cela.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Alligator »

Voilà, les deux films sont intéressants.
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Alphonse Tram
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Alphonse Tram »

Alligator a écrit :Voilà, les deux films sont intéressants.
Je l'ai acheté au départ sur le nom de Jonathan Demme. A noter que les deux films proposent un commentaire audio du réalisateur.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

.
Celui ci n'était pas prévu au programme, je l'intercale.

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LE GANTELET VERT (The Green Glove). Rudolph Maté. 1952

Avec Glenn Ford (Mike Blake), Geraldine Brooks (Chris), George Macready (le comte Rona), Cedric Hardwicke (Le père Goron), Jany Holt (La comtesse) et Gaby André (Gaby Saunders)


Au cours des opérations du débarquement de Provence, un parachutiste américain, Mike Blake, qui a trouvé refuge dans les ruines de St Éléazar un village perché de la côte d'Azur, surprend un homme en train de fuir avec une sacoche à la main. L'individu mystérieux qui brouille les pistes sur son identité avant de se présenter comme un membre de la famille Rona, une célèbre famille de collectionneurs et de marchants d'art, lui révèle avoir dérobé le long gant incrusté de pierres précieuses qui était conservé dans le reliquaire de l'église. Avant que l'homme n'ai le temps d'aller plus loin, une bombe explose assommant Blake, permettant au Comte de s'enfuir.

7 ans plus tard, Blake qui entretemps a eu l'impression d'avoir raté sa vie, décide pour conjurer le sort, de revenir en France. D'emblée, il se sent suivi et tente alors d'échapper à la filature. Sur la tour Eiffel, Chris (Geraldine Brooks) une jeune guide touristique américaine l'aide a semer son poursuivant mais lorsque cette homme qui le filait est quelque temps plus tard retrouvé mort dans la chambre d'hôtel de Blake celui ci est immédiatement inquiété et soupçonné par la police. Pour résoudre l'énigme, Blake, accompagné de Chris , et surveillé maintenant par la police, décide de retourner à St Éléazar...



Un film bizarre qui, par le mélange de suspense, d'action et d'humour, fait à la fois penser à un Hitchcock anglais raté mais qui présente aussi des éléments qui anticipent sur des films postérieurs du maitre, principalement quelques uns de ses films américains les plus célébrés. Du point de vue de l'intrigue générale, on est dans quelque chose qui évoque "Les 39 marches" avec des éléments qui pourraient aussi faire penser au "Faucon Maltais" , notamment en raison de ces aventuriers aux intentions mystérieuses, ces méchants très pittoresques et du trésor convoité (ici une relique médiévale) mais des éléments épars font obligatoirement aussi penser à des Hitchcock ultérieurs :

- Il a été tourné en grande partie sur la côte d'azur, surtout dans l'arrière pays, et l'on y voit des paysages qui font penser à…
- Une longue course poursuite spectaculaire en surplomb d'une barre rocheuse, le méchant étant "au trousse" d'un moins méchant qui courre au bord du précipice, çà fait penser à…
- Le climax du film, la où il commence et où il se termine situé dans une église et plus précisément dans le clocher d'une église çà fait penser à... un nanard du maitre (Heu, c'est l'un de mes 5 films préfères)


Mais malheureusement, dès le début, les incohérences s'accumulent. Lorsque Blake qui a trouvé refuge dans les ruines du village de St Éléazar croise le comte Rona en train de prendre la fuite avec le gant qu'il vient de voler dissimulé dans une sacoche, Rona dit assez rapidement à Blake qui l'interroge. " Vous savez, c'est très précieux, çà vaut 500 000 $ ". C'est très peu vraisemblable ! Moi déjà rien que pour un porte-feuille avec 50 euros dedans je ne dis rien alors…Enfin bref, George lui il ne peut pas s'empêcher de vendre la mèche. Après quoi on se retrouve à Paris 7 ans plus tard, sans plus d'explications. On entend une voix off nous dire que Blake a connu 7 ans de malheur et qu'il vient de décider de revenir en France pour se libérer du poids de cette histoire et résoudre ce qu'on croit être l'énigme de la disparition du comte Rona et du gantelet. On ne comprend rien d'ailleurs au début de la raison pour laquelle Macready et ses hommes sont après Blake. C'est totalement incohérent mais ce n'est pas le plus grave, le Gant en or incrusté de pierres précieuses, c'est presque une fausse piste (trésor volé qui ne l'est pas tant que çà. Attention ! Moi aussi pour rendre intéressant un film qui ne l'est pas tant que çà, je brouille les pistes). Les incohérences quant au(x) possesseurs du gant occasionnent des invraisemblances, des facilités scénaristiques mais ce n'est même pas le plus problématique.

Il aurait certes fallu tout de même une structure qui tienne debout or ici le scénario est bien bouffé aux mites mais c'est surtout en terme de style et de mélange des genres que le film n'est absolument pas maitrisé. Tout le monde ne peut pas multiplier les ruptures de tons comme tonton (Hitch). Après 40 min au cours desquelles il ne se passe presque rien, à part la découverte d'un cadavre qui occasionne quelques soucis à Blake, tout à coup, tous les protagonistes se retrouvent dans les ruines d'un château pour la première scène de suspense/polar.
Cette scène a suscité chez moi un petit regain d'intérêt (j'ai relevé une paupière)…et puis non, celle ci aussi est ratée. On enchaine avec une scène de comédie ou plutôt le 1/4 d'heure de comédie le plus minablement joué que j'aurais jamais vu dans un suspense. Avant une partie finale qui est un peu plus mouvementée et intéressante mais c'est tout de même globalement très poussif. Et ce n'est même pas compensé par un travail de mise en scène dynamique ou des recherches visuelles de la part de Rudolph Maté qui fut un grand chef opérateur.

Un mot sur l'interprétation :

Celle de Glenn Ford est très inégale. A l'évidence il a été très mal dirigé. Je n'avais jamais vu un héros de Film Noir ou de Suspense sourire autant et être aussi heureux d'être dans la mouise. Dans les scènes de comédie ou celles ou il est en présence de sa (future) petite amie passe encore mais par moment ce héros presque toujours de bonne humeur est très décalé. A contrario, dans certaines scènes censés être amusantes, il prend parfois un air crispé très déconcertant. Rudolph Maté a du lui dire "Bon, coco, c'est une scène de comédie mais faudrait que tu y mettes un peu d'angoisse quand même…".

Geraldine Brooks croisée dans quelques autres polars dans des rôles secondaires est très moyenne. George Macready qui incarne un méchant cultivé, hautain, aristocratique est égal à lui-même mais je ne suis pas un fanatique de scarface. Le curé de la paroisse, c'est Cedric Hardwicke. Pardon Sir Cedric Hardwicke (On dit soeur ou frère au fait ? :arrow: )

Anecdotes :

Le tournage en France crée un certain dépaysement par rapport à l'ambiance des films anglo-américains comparables. Elle a occasionné le meilleur car un certain nombre de grands noms étaient impliqués dans ce tournage. Les décors d'Alexandre Trauner. Le directeur de la photo Claude Renoir. La musique de Joseph Kosma mais aussi le moins bon car un ou deux interprètes sont exécrables. Jany Holt joue la châtelaine du village qui avait vu son fils Armand mourir lors du débarquement de Provence. Elle est est devenu folle, erre dans les ruines de son château et tombe sur Blake après une rixe avec Rona et ses hommes. Elle a tout oublié mais -miracle- elle se souvient du visage de cet homme qu'elle avait recueilli 7 ans auparavant. Elle lui parle de son fils décédé. Dans le dialogue, on a "Armand va revenir. Pourquoi n'est-il pas encore rentré ?". Regards effarés de Blake et du domestique. Et au cas on on aurait pas compris que mémère a les neurones grippés, le majordome entre dans le champ et déclame son texte avec un peu de trémolo dans la voix et sur un ton solennel lance : "Madame n'a jamais oublié cette nuit là ! " Ben oui mon Marcel , mais moi non plus je ne suis pas prêt de l'oublier (J'ai oublié son prénom mais c'est soit Marcel, soit Gaston, soit Firmin). Après çà, elle se saisit du gantelet et tout à coup la mémoire lui revient. "Miracle ! Miracle ! C'est un nouveau miracle de St Yapadeazard ! " . Émouvant ou marrant, question de personnalité et d'humeur.

D'autre part, je n'ai pas une fréquentation assidue des églises mais je n'ai pas souvent vu de Saint ayant cette allure là. Le portrait dans l'église fait plus penser à un portrait de Charles Quint en armure qu'à Saint Antoine soulageant les lépreux (Je suis pas trop fort en Saint). D'ailleurs, fallait pas le faire chier parce qu'il est réputé (Attention uniquement dans le film) avoir arrêté les Maures sur la côte d'Azur et il avait été canonisé, ce qui est assez rare pour un saint guerrier. A noter toutefois pour les férus d'histoire que l'un des derniers saints guerriers a avoir été canonisé (en plein vol comme Jurieux, par la DCA) c'est Saint Exupéry qui lâcha aussi quelques bombes de ci de là durant la 2ème guerre mondiale. Par contre, ces histoires de Maures vaincu sur la cote d'azur, c'est des conneries…Moi, j'y suis allé en vacances et…Mais c'est une autre histoire. Yes, Running Gag et rien d'autre…)

On reconnait aussi d'autres acteurs vus dans les films français de l'époque : Edmond Ardisson, Daniel Cauchy (très jeune) et Gaby André…et on a failli avoir des images de Juliette Greco en train de chanter en 1952, sauf que les scènes ont été coupées au montage.

Comme on l'aura compris, selon moi, celui là n'est pas indispensable.

Vu en vost
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Au sujet des polars ou néo-noirs des 70th, WELCOME, d'autant plus que je n'y connais rien ou pas grand chose. Je ne vais pas demander de voir surtout figurer dans ce topic de purs Films Noirs alors que moi même je suis loin de ne poster que çà :wink:
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

Sur Google en tapant :
- Where danger lives : Mark Stevens patient is poison !
Un article du 13 mars 2013 sur un acteur que j'apprécie( :wink: à J. Fox).Ce long et intéressant texte en anglais, parle avec enthousiasme des deux films noirs réalisés par Stevens : " Cry vengeance" (la vengeance de Scarface)(1954) et " Time table" (1956).
Deux films à petits budgets, deux réussites que je me permais de citer( j'ai les enregistrements dvd )
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Chip a écrit :Sur Google en tapant :
- Where danger lives : Mark Stevens patient is poison !
Un article du 13 mars 2013 sur un acteur que j'apprécie( :wink: à J. Fox).Ce long et intéressant texte en anglais, parle avec enthousiasme des deux films noirs réalisés par Stevens : " Cry vengeance" (la vengeance de Scarface)(1954) et " Time table" (1956).
Deux films à petits budgets, deux réussites que je me permais de citer( j'ai les enregistrements dvd )
On va aller lire çà. J'aime bien cet acteur moi aussi et les 2 polars que tu cites, ses 2 réalisations dans le genre sont assez bons mais je pense qu'ils sont inédits en France. En tout cas, de mon coté je ne les ai qu'en VO. En dehors de ses 2 mises en scène, il est aussi comme comédien d'un certain nombre d'autres films noirs réussis. Je l'apprécie surtout dans "De minuit à l'aube" de Gordon Douglas en raison de la belle relation d'amitié qu'il y entretient avec Edmond O'Brien.

Par contre, je subodore que le clin d'oeil concerne Jack Slade ? Et ben, je confesse que je ne peux pas saquer ce film...Mais passons, ce n'est pas le lieu et il y a trop à en dire.

-----------------

Au rayon Infos diverses sur le Film Noir, je me permet de reprendre une information diffusée par Federico ailleurs sur le forum, CAD :


Rediff cette nuit à 2h30 sur France Culture de la 1ère de cinq émissions des Nuits magnétiques consacrées en 1979 au film noir.

Suite même chaîne, même heure toute la semaine. (Cela démarrait hier soir mais pas écouté puisque j'ai découvert ce post seulement tout à l'heure)

-------------

Le prochain Noir, c'est un Grand Noir le "PITFALL" d'André De Toth
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

" Cry vengeance " est bien sorti en France sous le titre " la vengeance de Scarface", j'ai l'affiche française (120x160) de Roger Soubie et l'affiche belge " la vengeance du balafré", pas de dvd zone 1 ou 2. " Timetable " est inédit, mais on peut le voir sur Youtube. Le clin d'oeil était effectivement pour le film que tu mentionnes, chacun son avis...
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Pitfall

Message par kiemavel »

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PITFALL. Andre de Toth. 1948


Production : Samuel Bischoff (Pour Regal Films)

Scénario : Karl Kamb

Dir. de la ph : Harry Wild

Avec Dick Powell (John Forbes), Lizabeth Scott (Mona Stevens), Jane Wyatt (Sue Forbes), Raymond Burr ( Mac Donald)



John Forbes (Dick Powell), cadre dans une société d'assurance, marié et père d'un jeune garçon, s'ennuie dans un quotidien morne très loin de ses rêves de jeunesse. Un jour, au cours d'une affaire, il est amené à rencontrer Mona Stevens (Lizabeth Scott), une jeune mannequin qui s'est vu offrir de multiples cadeaux par son petit ami Bill Smiley, emprisonné depuis et pour une longue durée puisque ces cadeaux avaient été achetés avec les produits de vols qu'il avait commis. Forbes qui avait été chargé de retrouver les marchandises achetées et de les restituer à leurs propriétaires afin de minimiser les frais d'assurance avait engagé Mac Donald (Raymond Burr) un détective privé qui travaillait régulièrement pour la compagnie afin qu'il retrouve la trace de Mona. Il était tombé amoureux de la jeune femme au cours de son enquête mais très rapidement c'est Forbes qui tombe à son tour sous son charme et a une brève aventure avec elle. Mac Donald, qui a lui été repoussé, fait pression sur Forbes et est prêt à tout pour faire cesser l'idylle naissante. Un soir il le tabasse, fait du chantage et le menace de représailles s'il ne cède pas la place...puis fortuitement c'est Mona qui découvre que Forbes est marié. Dès lors, elle rompt avec lui…

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Malgré les apparences, un pur film noir et un excellent film noir.

On peut voir aussi dans cette histoire une certaine critique du couple modèle américain et de son mode de vie. Dans la séquence d'ouverture, on assiste au lever de toute la famille et malgré l'humour ou plutôt l'ironie bienveillante de John, on perçoit dans les dialogues avec son fils et sa femme un homme usé par les vieilles habitudes et la routine du quotidien. Plus tard, après la brève idylle avec Mona, c'est l'impossibilité (pour lui) de révéler à sa femme cette brève liaison qui sera cause des drames à venir. De Toth ironisera d'ailleurs sur l'attitude de Forbes une fois que Mona aura rompu avec lui. Il semblait plutôt heureux de cette double vie qui commençait mais dès le lendemain de la rupture, soulagé, il arrivera inhabituellement guilleret au bureau. Le metteur en scène insiste un peu plus sur cette "lâcheté" en ajoutant une musique légère de circonstance. Le soir même, Il le montre pour la seule et unique fois, passant sa soirée en famille, jouant avec son fils et…vantant les bienfaits de cette vie de famille. Enfin, même lorsque les drames auront eu lieu, et lorsque Sue Forbes (Jane Wyatt) aura enfin eu la révélation de l'infidélité momentanée de son mari, et que celle ci pourra être révélée par la police et la presse, ses véritables reproches seront moins pour l'écart de John, que justement pour ses craintes de voir le scandale éclabousser sa famille. Et d'ailleurs le final faussement positif est en réalité absolument cauchemardesque...mais je sais que certain le trouve bouleversant. Philippe Garnier par exemple a écrit de très belles pages sur ce final...sauf que je ne partage absolument pas son avis.

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Dick Powell est parfait en homme qui doute de lui-même et rêve de mettre un peu de piment dans une vie trop réglée. J'adore cet acteur qui aura opéré une des plus spectaculaires réorientation de carrière après la seconde guerre mondiale passant des Musicals dirigés ou supervisés par Busby Berkeley aux films noirs avec une facilité déconcertante. Malgré un impact physique assez limité, il sera un dur crédible et surtout l'un des plus décontracté. La rupture se fera avec "Adieu ma belle" et après ce film il jouera dans 7 films du genre avant d'en réaliser un lui même. Son premier film comme metteur en scène sera en effet "Même les assassins tremblent", un film noir avec un arrière plan de terreur nucléaire.


Jane Wyatt c'est l'épouse modèle typique. Elle verra son couple vaciller et tentera non sans ambiguité de le restaurer. Quant à Lizabeth Scott, elle n'est en rien la femme fatale de tant de Films Noirs. Elle est douce, pleine de compréhension et n'est en rien responsable des drames à venir. En ce sens, le film de De Toth est surement un des moins -même souterrainement-misogyne de l'histoire du genre. Quoique, encore qu'un regard un peu vicieux comme le mien -au contraire de celui de Garnier- verra que le personnage de la maitresse est bien fondamentalement plus moral, intègre et honnête que la femme mariée qui se contente finalement d'une image de respectabilité.

Les autres hommes de l'histoire sont très inégalement servis. Le petit ami de Mona, Bill Smiley, qui est incarcéré pendant une bonne partie du récit, n'interviendra que dans le final (l'interprétation de l'obscur Byron Barr est d'ailleurs le seul point faible du film). Par contre, Mac Donald interprété par Raymond Burr, dans un de ses meilleurs rôles de l'époque, est un autre personnage clé de l'histoire. C'est lui qui sera le déclencheur des drames à venir. C'est une crapule pathétique qui par désespoir amoureux tente une habile machination. Le prétendu amoureux fou est aussi et surtout un monstre de froideur…et de sang froid.

Un énorme coup de coeur quand je l'ai découvert il y a 3 ou 4 an et un film dont je garde un souvenir très vif. C'est un des meilleurs films d'André de Toth et son meilleur Polar/Film Noir avec l'excellent policier semi documentaire CHASSE AU GANG.

Vu en VOST (Sous-titrage amateur)

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Chip a écrit :" Cry vengeance " est bien sorti en France sous le titre " la vengeance de Scarface", j'ai l'affiche française (120x160) de Roger Soubie et l'affiche belge " la vengeance du balafré", pas de dvd zone 1 ou 2. " Timetable " est inédit, mais on peut le voir sur Youtube. Le clin d'oeil était effectivement pour le film que tu mentionnes, chacun son avis...
Il y en a dont les collections doivent être sympa à visiter...Si tu ne sais pas quoi faire, je suis dispo le week-end du...au ... :wink: De mon coté, j'ai bien peu de choses même sur le Film Noir, à part les autographes des plus résistants de nos idoles...

Ce week-end, plein feu, coup de projo... sur Dans la gueule du loup (The mob) de Robert Parrish
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