Bo Widerberg (1930-1997)
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Bo Widerberg (1930-1997)
Elvira - 1967
A la fin du XIXe siècle, l'histoire vraie (et apparemment très célèbre en Suède) d'Elvira Madigan, jeune artiste de cirque, et de son amoureux Sixten Sparre, comte déserteur de l'armée et de sa famille, qui fuient à travers la campagne pour vivre leur passion défendue. Acculés dans une impasse faute d'argent et de soutien, ils finiront par se donner la mort (je ne spoile rien, le carton inaugural du film annonce de suite la couleur).
Sur le papier, Elvira Madigan s'inscrit complètement dans la tradition romanesque de l'amour tragique à laquelle la littérature romantique pourvut nombre d'héroïnes, ce qui rend les développements de l'histoire prévisibles. L'intérêt n'est pas là. C'est le style qui fait tout. Bo Winderberg filme au plus près des corps, des visages, évite la raideur du film de costumes en créant, par le naturalisme de la photographie et la composition des cadres dans la nature, un sentiment de proximité, de sensualité et de quiétude qui convoque l'esprit des impressionnistes. On se sent bien, dans ce film. La pénétration de la lumière à travers les feuillages, les brindilles qui s'agitent doucement, l'impression d'écoulement du temps et de symbiose amoureuse sous la protection de la nature... l'apaisement de ces images donne paradoxalement encore plus de fatalité au parcours de notre couple, car on sait dès le départ que cet état de grâce n'est pas promis à être durable. Cette façon de filmer fait immanquablement penser au style de Malick, et pas seulement à cause des motifs de jeune femme courant dans les champs ou de gros plans sur des insectes: le scénario et les caractérisations sont en effet également relativement allusives, ce qui contribue à ce climat fragile d'envoûtement, de même que la musique aérienne et sur-utilisée de Mozart (son concerto pour piano n°23 sera même rebaptisé "Elvira Madigan" par certains publicitaires pour surfer sur le film).
Un dernier mot enfin sur ce qui est sans doute LA raison numéro 1 de voir ce film: la superbe Pia Degermark (c'est pas Jack Carter qui dira le contraire ). Ingmar Bergman aura eu beau baver sur elle, la jeune femme est absolument éblouissante et mémorable dans le rôle-titre. Elle remportera d'ailleurs le Prix d'interprétation à Cannes pour ce film. Sa carrière ne s'en relèvera pas. Mais c'est un de ces miracles que permet occasionnellement le cinéma: cette fille déboule de nulle part et met de suite la caméra à ses pieds. Avec sa crinière blonde et son regard azur, la jeune femme nous fait immédiatement chavirer. Elle a la candeur et la spontanéité idéales et adoucit les longueurs d'un bon film auquel il manque la fièvre, la puissance dramatique, pour être réellement abouti à mes yeux. Je recommande quand même.
A la fin du XIXe siècle, l'histoire vraie (et apparemment très célèbre en Suède) d'Elvira Madigan, jeune artiste de cirque, et de son amoureux Sixten Sparre, comte déserteur de l'armée et de sa famille, qui fuient à travers la campagne pour vivre leur passion défendue. Acculés dans une impasse faute d'argent et de soutien, ils finiront par se donner la mort (je ne spoile rien, le carton inaugural du film annonce de suite la couleur).
Sur le papier, Elvira Madigan s'inscrit complètement dans la tradition romanesque de l'amour tragique à laquelle la littérature romantique pourvut nombre d'héroïnes, ce qui rend les développements de l'histoire prévisibles. L'intérêt n'est pas là. C'est le style qui fait tout. Bo Winderberg filme au plus près des corps, des visages, évite la raideur du film de costumes en créant, par le naturalisme de la photographie et la composition des cadres dans la nature, un sentiment de proximité, de sensualité et de quiétude qui convoque l'esprit des impressionnistes. On se sent bien, dans ce film. La pénétration de la lumière à travers les feuillages, les brindilles qui s'agitent doucement, l'impression d'écoulement du temps et de symbiose amoureuse sous la protection de la nature... l'apaisement de ces images donne paradoxalement encore plus de fatalité au parcours de notre couple, car on sait dès le départ que cet état de grâce n'est pas promis à être durable. Cette façon de filmer fait immanquablement penser au style de Malick, et pas seulement à cause des motifs de jeune femme courant dans les champs ou de gros plans sur des insectes: le scénario et les caractérisations sont en effet également relativement allusives, ce qui contribue à ce climat fragile d'envoûtement, de même que la musique aérienne et sur-utilisée de Mozart (son concerto pour piano n°23 sera même rebaptisé "Elvira Madigan" par certains publicitaires pour surfer sur le film).
Un dernier mot enfin sur ce qui est sans doute LA raison numéro 1 de voir ce film: la superbe Pia Degermark (c'est pas Jack Carter qui dira le contraire ). Ingmar Bergman aura eu beau baver sur elle, la jeune femme est absolument éblouissante et mémorable dans le rôle-titre. Elle remportera d'ailleurs le Prix d'interprétation à Cannes pour ce film. Sa carrière ne s'en relèvera pas. Mais c'est un de ces miracles que permet occasionnellement le cinéma: cette fille déboule de nulle part et met de suite la caméra à ses pieds. Avec sa crinière blonde et son regard azur, la jeune femme nous fait immédiatement chavirer. Elle a la candeur et la spontanéité idéales et adoucit les longueurs d'un bon film auquel il manque la fièvre, la puissance dramatique, pour être réellement abouti à mes yeux. Je recommande quand même.
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Re: Elvira Madigan (Bo Widerberg - 1967)
Merci, j'en avais jamais entendu parler. Le fait qu'il date de l'époque où Bergman faisait péter ses chefs-d'œuvres les uns après les autres, tes quelques captures et ton texte me donnent pas mal envie de le découvrir !
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Re: Elvira Madigan (Bo Widerberg - 1967)
Alors attention, Elvira Madigan n'a absolument rien à voir avec le cinéma de Bergman.Blue a écrit :Merci, j'en avais jamais entendu parler. Le fait qu'il date de l'époque où Bergman faisait péter ses chefs-d'œuvres les uns après les autres, tes quelques captures et ton texte me donnent pas mal envie de le découvrir !
C'est beaucoup plus vivant, aéré et naturaliste. Il y a une grande douceur là-dedans. Comme je le disais au-dessus, c'est surtout au style de Malick qu'on pense. Certains le rapprochent de Tess de Polanski mais ce n'est pas encore tout à fait ça.
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Re: Elvira Madigan (Bo Widerberg - 1967)
Oui oui, j'ai cru comprendre que leurs styles étaient même assez antagonistes. Mais justement, c'est de voir ce que pouvaient faire d'autres cinéastes que Bergman à cette époque qui m'intéresse.
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Re: Bo Widerberg
Malavida sort le 29 Janvier La Beauté des choses, le dernier film de Bo Widerberg qui revient sur les années de jeunesse du cinéaste à Malmö en 1943. La chronique est signée Anne Sivan.
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Re: Bo Widerberg (1930-1997)
Le clin d’œil de Pierre Murat
Hommage à “la Beauté des choses”:
https://www.telerama.fr/cinema/hommage- ... 598938.php
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Re: Bo Widerberg (1930-1997)
Les captures sont superbes, elles proviennent du nouveau DVD restauré Jeremy ?
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Re: Bo Widerberg (1930-1997)
Oui magnifiques mais je ne connais pas leur provenance ; il faut demander à Nestor/Stéphanefeb a écrit :Les captures sont superbes, elles proviennent du nouveau DVD restauré Jeremy ?
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Re: Bo Widerberg (1930-1997)
OK merci
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