Roilo Pintu a écrit :La cité de la violence - Sergio Sollima (1970)
Petit polar, petite série B, qui fait du bien si vous voulez avoir une dose de course poursuite, un acteur charismatique à souhait, un bon thème musical qui marque immédiatement les esprits. Morricone vous plonge immédiatement dans le film (d'ailleurs un générique qui rappelle celui du Casse de Bébel) d'autant plus que les dix premières minutes sont dénuées de dialogues. La mise en scène efficace permet de compenser un scénario assez faible. Pas fan de Jill Ireland. L'ensemble est efficace, concis, une bonne dose de virilité et de premier degré.
J'y ai pour ma part trop peu trouvé mon compte...

L'ouverture sèche et sans dialogue fait effectivement illusion, et au vu de la poignée de films que j'ai vus de Sollima (tous des réussistes magistrales), je partais ultra-confiant. Mais j'ai attendu en vain que le film prenne corps. Sollima a beau assumer l'épure à tous les étages, en se contentant d'un récit basique de vengeance et d'amour, ça m'a semblé trop peu habité. On se retrouve par exemple à assister à une longue et soporifique scène d'observation de course automobile, au montage hasardeux. Et ce n'est pas sur le visage monolithique de Chuck Bronson qu'il faudra compter pour espérer de la tension. Son personnage de cowboy solitaire reste jusqu'au bout impénétrable, mais vu la façon dont il se fait berner par la duplicité aussi évidente que constante de Jill Ireland, on cesse vite d'être impressionné par sa froideur, et on se retrouve plutôt consterné par son peu de jugeotte. Alors oui, on va mettre ça sur le compte de l'amour-qui-rend-aveugle, mais il demeure victime d'une machination assez improbable. Sans parler du traitement de Telly Savalas, amusant en big boss mais pas plus crédible et en rien menaçant, personnage le plus bavard du film qui semble juste là pour justifier que la production ait fait appel à une demi-douzaine de scénaristes (parmi lesquels Wertmuller en plus de Sollima).
J'en retiendrai néanmoins le final tragique, et enfin un peu baroque dans son exécution, avec une vraie idée purement cinématographique. Si tout le film a été mis en chantier pour cet unique moment, ça peut éventuellement se justifier. On notera aussi que le réalisateur profite plutôt bien de l'opportunité de donner à son film une couleur américaine (vu malgré tout doublé en italien), avec notamment de beaux paysages de Louisiane qui nous changent un peu des polars italiens, genre duquel il relève finalement peu. D'ailleurs je ne m'explique pas ce titre de
Cité de la violence, puisque l'action se passe le plus souvent en dehors des zones urbaines, et qu'on n'a pas de commentaire socio-politique particulier ?
Pour une fois que j'avais l'opportunité d'enrichir ma découverte de l'œuvre rare de ce cinéaste, je ne m'attendais pas à être aussi déçu.