Masahiro Shinoda

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Roy Neary
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Masahiro Shinoda

Message par Roy Neary »

Notre collaborateur Christophe Buchet, enthousiaste, s'est chargé de ce coffret et nous présente un cinéaste japonais méconnu dans nos contrées mais qui ne devrait pas le rester. :wink:
Il s'agit de l'avant-dernière chronique mise en ligne avant nos vacances.

:arrow: Coffret Masahiro Shinoda
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cinephage
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Message par cinephage »

C'est rageant, j'avais acquis l'édition Master of Cinema de Assassinat...

En même temps, ce film m'a énormément plu, et j'envisage sérieusement de repasser à la caisse pour pouvoir profiter de trois autres de ses films.

Si la photo d'Assassinat est effectivement très belle, c'est surtout un film qui m'a frappé par sa complexité (on évoque une période de l'histoire visiblement assez exploré par la littérature et le cinéma japonais, les débuts de l'ère Meiji, mais que je connais mal, et le film prend pour acquises certaines connaissances que le public japonais doit avoir, mais moi pas), le comportement des protagonistes principaux du film n'étant ni naïf, ni "cliché", je n'ai jamais eu un pas d'avance sur eux, et le récit m'a plusieurs fois surpris.
Enfin, le film installe une ambiance funèbre, et décline une violence sous-tendue par des figés d'image lors de moments particulièrement brutaux, ce qui accroit l'impact de ces scènes.

Un film riche et très intrigant.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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gnome
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Message par gnome »

Il y a quatre films.... :fiou:














:mrgreen:



Tout à fait d'accord avec toi, cinéphage... :wink: Ce n'est pas pour rien que j'en ai fait mon film du mois de juin... :D
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Je n'avais jamais entendu parler de Shinoda Masahiro jusqu'à ce week-end, quand je suis tombé sur la pub pour ce coffret, dans le dernier Positif.
Ce mois-ci, je comptais me procurer le coffret Naruse, donc pour le coffret Shinoda, ce sera pour le mois prochain, j'espère. En tout cas, après avoir lu en diagonal cette chronique et les pitchs des films, ça donne très envie.

Si on ajoute la ressortie de films d'Oshima et la sortie en DVD de ceux-ci, ça fait une actualité bien chargée pour qui s'intéresse au cinéma japonais (et dans un sens, c'est tant mieux !). :D

Par contre, il faudrait que je me décide à regarder le film d'Uchida que je n'ai pas encore vu, dans le coffret Wild Side... :oops:
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

gnome a écrit :Il y a quatre films.... :fiou:






:mrgreen:
Oui bon ça va hein... :evil:






:oops:
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Strum
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Message par Strum »

J'ai vu Assassinat ce week-end.

Ce qui m'a frappé c'est le parallélisme que l'on peut dresser entre ce film et Harakiri de Kobayashi sorti deux ans plus tôt : même structure éclatée où les flash-backs éclairent peu à peu le récit, même désir d'éviter toute psychologisation des comportements des personnages (du moins au début pour Harakiri), même critique sociale du système des castes japonais sous l'eire Meiji, même regard extérieur au genre du chambara chez deux metteurs en scène désireux d'en détourner les codes.

A ce jeu des comparaisons, Assassinat est largement inférieur à son ainé et n'atteint jamais la puissance émotionnelle et le vertige métaphysique que prodigue Harakiri. A cela, trois explications possibles a première vue : D'abord, Tetsuro Tamba dans Assassinat peine à recréer l'empathie que l'on ressent pour le personnage de Tetsuya Nakadai dans Harakiri, dont le visage fin et plastique amplifie la dramaturgie des scènes. Ensuite, une construction de récit autrement plus claire et habile dans Harakiri, quand Assassinat fait par instant figure de brouillon. Enfin, la mise en scène de Shinoda, de plus en plus affectée au fur et à mesure que progresse le récit, pour finir par donner dans une caméra subjective dont on discerne mal l'utilité, fait pâle figure à côté de la rigueur et de la constance du style de Kobayashi.
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Message par shaman »

Strum a écrit :J'ai vu Assassinat ce week-end.

A ce jeu des comparaisons, Assassinat est largement inférieur à son ainé et n'atteint jamais la puissance émotionnelle et le vertige métaphysique que prodigue Harakiri. A cela, trois explications possibles a première vue : D'abord, Tetsuro Tamba dans Assassinat peine à recréer l'empathie que l'on ressent pour le personnage de Tetsuya Nakadai dans Harakiri, dont le visage fin et plastique amplifie la dramaturgie des scènes. Ensuite, une construction de récit autrement plus claire et habile dans Harakiri, quand Assassinat fait par instant figure de brouillon. Enfin, la mise en scène de Shinoda, de plus en plus affectée au fur et à mesure que progresse le récit, pour finir par donner dans une caméra subjective dont on discerne mal l'utilité, fait pâle figure à côté de la rigueur et de la constance du style de Kobayashi.
Quand Kobayashi s'attaque frontalement à la société féodale (à son début) en mettant face à face l'arrogance d'un système à ses conséquences dramatiques (via la figure centrale et rebelle - Nakadai), Shinoda s'intègre à l'interieur même de ce système pour en dévoiler sa faillite (en pleine chute du régime), le samouraï est alors une figure "chimérique" et distante dont l'identitée se construit principalement à travers des ragots, des discours rapportés... (donc un côté flou aidé par la narration brouillon et son flot d'informations indigestes (les premières minutes du film)).

Quand Kobayashi parle de l'homme, Shinoda parle d'un système (pas d'intérêt pour les pantins humains si ce n'est via leur applications des valeurs de l'époque, de cette société).
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Message par Strum »

shaman a écrit :Quand Kobayashi parle de l'homme, Shinoda parle d'un système (pas d'intérêt pour les pantins humains si ce n'est via leur applications des valeurs de l'époque, de cette société).
Il y a évidemment de grandes dissemblances entre les deux, Kobayashi étant un humaniste, ce qu'Assassinat ne laisse guère entrevoir s'agissant de Shinoda, mais les points de ressemblances entre les deux films me paraissent suffisants pour établir quelques points de comparaison non dénués d'intérêt à mon sens. J'aurais pu aussi bien dire en deux mots qu'Assassinat de Shinoda m'avait laissé un peu froid, mais cela n'aurait guère fait avancer le schmilblick et cela ne t'aurait peut-être pas incité à intervenir ainsi. :)
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gnome
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Message par gnome »

Il est clair que les deux films ne jouent pas tout à fait dans la même cour et que Assassinat "n'atteint jamais la puissance émotionnelle et le vertige métaphysique que prodigue Harakiri" (comme le dit bien Strum). Mais je me joint à l'avis de Shaman. Et je ne vois guère que les flash-back comme comparaison avec Harakiri.

Maintenant, ce petit avis que je viens d'émettre mérite d'être développer, mais je n'ai guère le temps maintenant.

Harakiri est avant tout une charge féroce et brillantissime, comme je l'ai dit, Assassinat est sutout un très beau portrait. Portrait d'un homme et d'une société, d'un système qui se termine.

Assassinat n'en reste pas moins un film brillant et intelligent (a mon sens du moins).
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shaman
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Message par shaman »

Strum a écrit : Il y a évidemment de grandes dissemblances entre les deux, Kobayashi étant un humaniste, ce qu'Assassinat ne laisse guère entrevoir s'agissant de Shinoda, mais les points de ressemblances entre les deux films me paraissent suffisants pour établir quelques points de comparaison non dénués d'intérêt à mon sens. J'aurais pu aussi bien dire en deux mots qu'Assassinat de Shinoda m'avait laissé un peu froid, mais cela n'aurait guère fait avancer le schmilblick et cela ne t'aurait peut-être pas incité à intervenir ainsi. :)
;)

Sur la caméra subjective, je crois que son utilité est de donner enfin un point de vue concrèt à ce récit labyrinthe, complexe où l'on peine à trouver des repères stables. Alors pour une fois, on est certain qu'il ne s'agit pas d'une histoire rapportée, on se retrouve enfin au coeur de l'action (voir les combats, lointains et sans emphase). Cette caméra subjective est aussi incarnée par l'un des pions du système, par extension, Shinoda filme le suicide de cette époque par la mise à mort haineuse de son symbole le plus noble (ou l'un des plus).

D'ailleurs, le samouraï du film appartient à une classe sociale aisée (à l'inverse de ce personnage, il y a le "samouraï" de Puni par le ciel, un opportuniste vulgaire et pauvre, qui ignore tout de la noblesse de sa nouvelle "classe" et s'en fout royalement). C'est-à-dire que Shinoda fait appel à une figure encore respectable et loyale, il touche vraiment à l'élement pur de cette époque (bien que sur sa fin).
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Message par Strum »

shaman a écrit :Sur la caméra subjective, je crois que son utilité est de donner enfin un point de vue concrèt à ce récit labyrinthe, complexe où l'on peine à trouver des repères stables. Alors pour une fois, on est certain qu'il ne s'agit pas d'une histoire rapportée, on se retrouve enfin au coeur de l'action (voir les combats, lointains et sans emphase). Cette caméra subjective est aussi incarnée par l'un des pions du système, par extension, Shinoda filme le suicide de cette époque par la mise à mort haineuse de son symbole le plus noble (ou l'un des plus).
Elle souligne aussi peut-être l'obsession de Sasaki, qui ne voit plus la vie qu'au travers d'un filtre : Kiyokawa qu'il s'est juré d'assassiner. Alors il le suit, tous ses regards convergent vers lui, comme les nôtres. Le problème est que Sasiki que l'on voit beaucoup au début disparait subitement de la narration au tiers du film ; on ne le retrouve qu'à la fin via cette caméra subjective. L'identification est donc impossible et la caméra subjective perd de son intérêt pour n'être plus qu'une affectation stylistique à partir du moment où le personnage dont cette caméra est censée porter le regard a perdu sa consistance. De manière générale, je trouve que toute la fin est le point faible du film. Le récit jusque là assez bien équilibré, s'accélère soudain jusqu'au point de rupture.
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gnome
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Message par gnome »

k-chan a écrit :
gnome a écrit :Il y a peut-être une chance pour que tu aimes... :mrgreen: :wink:
J'en étais persuadé. Mais quand je lis certain avis... je me demande si c'est vraiment extra.
J'attend bcp de Double suicide à Amijima, que je rêve de voir depuis longtemps. J'espère ne pas être déçu.
C'est très déconcertant. J'en attendais beaucoup aussi. J'avoue avoir été déstabilisé au début, mais au final, le film est fascinant.

Assassinat est au dessus du lot pour moi. La guerre des espions est plus que plaisant. Il m'a fallu deux visions pour vraiment apprécier Fleur pâle. Je trouvais au début que le film manquait d'enjeux, qu'on ne s'attachait pas aux personnages. Une révision m'a fait revoir ma note à la hausse.
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noar13
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Message par noar13 »

gnome a écrit :
k-chan a écrit : J'en étais persuadé. Mais quand je lis certain avis... je me demande si c'est vraiment extra.
J'attend bcp de Double suicide à Amijima, que je rêve de voir depuis longtemps. J'espère ne pas être déçu.
C'est très déconcertant. J'en attendais beaucoup aussi. J'avoue avoir été déstabilisé au début, mais au final, le film est fascinant.

Assassinat est au dessus du lot pour moi. La guerre des espions est plus que plaisant. Il m'a fallu deux visions pour vraiment apprécier Fleur pâle. Je trouvais au début que le film manquait d'enjeux, qu'on ne s'attachait pas aux personnages. Une révision m'a fait revoir ma note à la hausse.
pareil, de tout ce que j'ai vu suicide et assassination restent au dessus du lot

cependant ce que je trouve assez fort chez shinoda, c'est que même sur un remake fait dans les années 90 (en fait 99), comme owl's castle, il arrive encore à pondre un truc de haut niveau ...
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gnome
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Message par gnome »

Je suis tombé sur un texte de Tessier qui n'était pas loin de parler de ses films comme de perles vides. Belles autour, mais sans contenu.
Shinoda a sans doute moins bien (qu'Oshima ou Yoshida) su analyser l'époque excitante dans laquelle il vivait et surtout n'a pa été à même de surmonter totalement ses contradictions d'artiste en ne transposant son background culturel qu'en termes formels et malheureusement de plus en plus superficiels.
Je trouve que limiter le cinéaste à ses partis pris esthétiques est un peu triste et arbitraire. D'autant que l'homme est cultivé et a des choses à dire (suffit d'écouter les interview bonus pour s'en rendre compte).

Certes la forme l'emporte sur le fond dans Double suicide à Amijima (quoique...), mais pour moi, cet avis, c'est le réduire à ce qu'il n'est pas. J'attends de voir d'autres films mais je reste sur une bonne impression d'ensemble....
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Mister Zob
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Message par Mister Zob »

Le 24/09 chez Eureka MoC :
Silence (Chinmoku) - £17.99 RRP - Adapted from the renowned novel by Shusaku Endo, Masahiro Shinoda's 1971 film Silence (Chinmoku, co-written with Endo) explores the violent cultural conflict amid the arrival of Jesuit missionaries in seventeenth-century Japan.

Shinoda's excellent direction — coupled with a pensive score by the legendary Toru Takemitsu — gives cinematic expression to inner spiritual paradox, and imbues with religious mystery a landscape that seems already sentient with wind, rain, and light.

The Masters of Cinema Series is proud to present for the first time on DVD in the UK Masahiro Shinoda's Silence — based upon the same novel that has intrigued American filmmaker Martin Scorsese for decades, and spurred his own work on a film adaptation of the source material.

Features include:

* Newly restored high-definition Toho transfer
* New and improved optional English subtitles
* Full-colour PDF facsimiles of two historical texts long out-of-print:
o A History of the Missions in Japan and Paraguay by Cecilia Mary Caddell (314 pages, c. 1856)
o Japan’s Martyr Church by Sister Mary Bernard (130 pages, c. 1926)
* A 20-page booklet containing a new essay by writer Doug Cummings, and more...
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Quelqu'un connaît ???
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