La rose et la flèche (
Robin and Marian - Richard Lester, 1976)
Bien que peu amateur de la figure Robin des Bois, cette approche désabusée m'a bien plu. Il y a ici un sentiment de "fin de mythe" latent - du Robin âgé et dégarni, au Shérif de Nottingham las et aussi rouillé que son vieil adverse, en passant par un Richard Coeur de Lion peu reluisant et une Marianne meurtrie - qui compense les faiblesses que compte le film.
La rose et la flèche n'a pas toujours très bien vielli dans la mesure où, à l'image le budget paraît bien faible (quelques figurants seulement lors du siège du château de Châlus par exemple : la comparaison avec le récent film de Scott fait mal) et où Lester a quelque mal à insuffler une tonalité véritablement épique à ses scènes de combat. En revanche, la mélancolie qui émane de cette relecture intelligente et subtile d'une icône vieillissante mais entêtée par son passé glorieux, relecture trouvant dans sa conclusion une issue tout à fait surprenante et émouvante, ainsi que le prestigieux casting (Sean Connery, Audrey Hepburn - tous deux superbes -, Robert Shaw, Nicol Williamson, Richard Harris, Ian Holm... et même une apparition de la jeune Victoria Abril !), sont à louer. J'insiste à ce titre sur la relation Robin-Marianne, évidemment nerf du film, que le scénariste James Goldman ont su rendre tout à la fois romantique et sans mièvrerie aucune - bien au contraire. Un film intéressant et délicat, guère satisfaisant à mes yeux en tant que film d'aventures, mais proposant une romance amère et grave (dont l'absence de pathos est à féliciter : voir à ce titre, par exemple, la révélation de la tentative de suicide de Marianne) qui fait tout son charme. Le contexte récent y étant propice, allons-y de notre petite comparaison : le film de Lester est plus réussi et audacieux dans son approche que l'insipide film de Ridley Scott. Etaler l'argent à l'écran ne fait pas tout ; encore faut-il un bon scénario...

