
L'histoire

Treize femmes, autrefois camarades de classe, se retrouvent aujourd’hui en proie à la malédiction d’une femme et d’un gourou après avoir consulté la boule de cristal de ce dernier.
Analyse et critique

Treize femmes. Treize (en fait onze dans le métrage en raison d'un remontage supprimant au passage deux protagonistes du récit) anciennes camarades de classe aujourd’hui reconverties en mère de famille, respectables sous tous rapports et dont le point commun est d’avoir un jour ou l’autre côtoyé un gourou diseur de bonne aventure, Swami. Quand le goût prononcé pour les horoscopes et la volonté de pouvoir se projeter dans l’avenir se mêlent au désir de revanche, cela donne Treize femmes, film quasiment inconnu dans nos contrées. Voir une telle oeuvre relativement peu intéressante d’un point de vue cinématographique tend à nos yeux à mettre en relief ce qui en fait de un film presque d’actualité. Intéressant pour le motif et le moteur de l’intrigue, Treize femmes est un pur film de genre, un film de vengeance dans toute sa splendeur. Arrivisme nourri de haine, soif de voir souffrir, mélange de candeur et de mystère, homme(s) employé(s) comme pantin, George Archainbaud invente presque la femme fatale sus-décrite.

Film de vengeance donc. Sans dévoiler le motif de l’intrigue, le film déploie en toute logique le papier à musique façon vengeance terrible, avec son lot de scènes chocs et de malédictions - les meurtres successifs -, de cruauté (l’enfance comme ultime recours pour assouvir son désir) et de déjà-vu, le film réservant à ce sujet peu voire pas de surprises. L’arrière-plan social sous-jacent retient par là plus l’attention et se pose comme étant l’une des seules choses à se mettre sous la dent, reconnaissons-le. Choix parfait pour incarner ce trait d’union entre civilisation occidentale matinée d’influence orientale caractéristique du peuple américain, Myrna Loy, la femme fatale du film, est une femme aux prises avec le rejet de celles qu’elle croyait être ses amies, fidèles au mode de vie occidental imposé par la société. Cette femme au charme indéfinissable mais foudroyant

Treize femmes est donc un film lisse, autant par sa forme que par son ton mais qui dissimule néanmoins un sous-texte intéressant, sous-texte la plupart du temps noyé par une certaine nonchalance de laquelle n’émerge qu’un plaisir diffus.