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Critique de film
Le film

Les 21 heures de Munich

(21 Hours at Munich)

L'histoire


Munich
, dans la nuit du 4 au 5 Septembre 1972. Un groupe de terroristes pénètre dans le village olympique et prend en otage onze athlètes israéliens. Leurs exigences : la libération de plus de deux cent prisonniers arabes des prisons israéliennes, ainsi que trois avions pour quitter le pays. Tandis que l’état hébreu refuse de négocier, le chef de la police munichoise cherche à gagner du temps.

Analyse et critique

Sans vouloir être totalement mauvaise langue, on est en droit de se demander si ce n’est pas la sortie du film de Steven Spielberg, Munich, qui conte la traque des responsables de Septembre Noir, qui a poussé MGM à allé déterrer ce téléfilm, exploité en salles dans quelques pays d’Europe, mais produit à l’origine par ABC quatre ans après les faits. Et j’en entends certains dire « Téléfilm sur un sujet politique récent = Dossiers de l’Ecran ». Et dans ce cas précis, ils n’auront pas tout à fait tort. Les 21 Heures de Munich, dans ses meilleurs moments comme dans les pires, aspire à présenter les faits, rien que les faits. Ce sont là des ambitions respectables qui en forment aussi les limites.

De façon assez étonnante, ce sont les séquences d’action qui sont les plus réussies de ce téléfilm. En témoigne l’ouverture montrant l’intrusion des terroristes dans le village olympique et le pavillon israélien, dont le découpage n’est pas si éloigné de son équivalent dans le film de Spielberg ; la mise en scène est sèche, sans effets ni musique, renforçant la brutalité de l’action et jouant assez habilement sur la topographie des lieux. De même, la scène finale d’assaut à l’aéroport, si elle ne révolutionne en rien le genre, est assez correctement montée. Non, le problème se situe plutôt entre ces deux séquences. Préoccupés par l’idée, respectable, de ne pas dévier de la réalité historique, les auteurs nous infligent d’interminables séquences de négociations, toutes plus platement filmées les une que les autres : tout d’abord, une suite d’échanges téléphoniques où des acteurs ressemblant plus ou moins à Willy Brant, Golda Meir et autres. Les plans fixes se succèdent, les mouvements de caméra sont oubliés, les cadrages se répètent, pas de doute, nous sommes en plein téléfilm dans ce que le terme a de plus péjoratif. Et on ne constate aucune amélioration par la suite : les négociateurs cherchent à gagner du temps, et le spectateur perd quelque peu le sien, entre discussion sur le nombre de cars à fournir et livraisons d’épicerie. Un reflet de la réalité, sans aucun doute, mais qui n’est jamais transcendé par la mise en scène.

L’interprétation est à l’unisson du film. Un William Holden en pré-retraite campe le chef de la police de façon peu convaincue – ni convaincante. Au comble de l’exaspération face aux terroristes, il lâche tout juste un « Listen, you animal » qui laisse à penser qu’il est sur le point de sortir la carabine de Pike Bishop, mais il n’en est rien. Point problématique concernant le casting : Franco Nero. Absolument pas crédible en palestinien, en revanche assez satisfaisant dans le genre ‘patibulaire mais presque’. Mais est-ce parce qu’il a passé la majeure partie de sa carrière en s’illustrant dans le western spaghetti, toujours est-il que caché derrière son énorme moustache postiche, il a en permanence l’air de descendre de son cheval – il n’est certes pas aidé par les accords de guitares très westerniens qui résonnent à chacune de ses apparitions. Et la charité nous imposera de ne pas faire mention de Shirley Knight, dont le rôle est tellement anecdotique qu’on se demande s’il n’est pas une invention scénaristique : en résumé, à part faire le pied de grue devant le pavillon israélien en attendant que Franco Nero veuille bien lui faire des confidences sur son passé, elle ne sert strictement à rien. En résumé, un téléfilm honnête dans ses intentions mais qui peine à captiver le spectateur en raison d’un manque d’ambition scénaristique et formel ; prisonnier de son sujet, sans doute réalisé trop tôt après la prise d’otages, Les 21 Heures de Munich trouve difficilement son rythme, et s’il expose clairement la succession tragique des événements, il n’apporte pas de véritable réflexion sur son sujet, ce dont se chargera plus tard le Munich de Spielberg.

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La fiche IMDb du film

Par Franck Suzanne - le 3 mars 2006