Menu
Critique de film
Le film
Affiche du film

Le Verdict

(The Verdict)

L'histoire

Frank Galvin, autrefois un brillant avocat, est devenu une épave. Errant dans les bars, chassant la commission dans les hôpitaux ou près des cimetières, il attend de rejoindre ses fantômes quand un couple vient le trouver pour l’indemnisation d’une proche, victime des pratiques inavouables d’une clinique. Alors qu’une résolution à l’amiable commence à être envisagée, Frank s’obstine et décide d’aller au procès. Car bien plus qu’une histoire de dommages et intérêts, il y va de son honneur, de sa propre dignité, de sa propre raison d’être. Ce combat devient alors pour lui un « quitte ou double » : la déchéance, ultime, ou la rédemption.

Analyse et critique

Dans cette réalisation de Sidney Lumet adaptée d’un scénario habile de David Mamet, et pour laquelle Robert Redford fut un temps envisagé, un Paul Newman vieillissant livre l’une de ses plus belles performances, restituant aussi bien les infinies fêlures que l’indéfectible moralité, jusqu’à l’absurde, de ce personnage grandiose et pathétique, seul face aux institutions (judiciaires, hospitalières, policières, religieuses…). Charlotte Rampling, la belle mystérieuse et vénale, ou James Mason, l’influent rival, s’illustrent également dans un film qui fait la part belle aux comédiens et où, une fois encore, la mise en scène de Sidney Lumet se fait élégamment discrète, presque invisible, utilisant les ressources les plus inventives de l’art cinématographique (lumière, optique, cadrage…) pour suggérer l’état intérieur de Frank plutôt que de l’asséner.

Plusieurs scènes, en particulier, montrent la force feutrée de l’art lumetien, comme cette séquence de confrontation en chambre entre Laura (Rampling) et Frank, à la fin de laquelle celui-ci s’écroule... Dans sa dernière partie, une fois Frank déterminé à accomplir en solitaire ce dernier baroud d’honneur, The Verdict devient un classique film de cour, genre dans lequel Sidney Lumet, de 12 hommes en colère à Jugez-moi coupable, a prouvé son savoir-faire. Pour information, le scénario original de David Mamet prévoyait d’achever le film sans soumettre au spectateur la décision des jurés, ce que Lumet trouva excessif. Une manière supplémentaire de prouver, toutefois, que le « verdict » du titre évoquait bien moins l’acte final du procès que le sursaut intérieur de son protagoniste principal.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Film réédité en salle par Swashbuckler Films

La Fiche du distributeur

Dossier de presse du film

Par Antoine Royer - le 29 janvier 2006