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Critique de film
Le film
Affiche du film

Le Shérif de fer

(The Iron Sheriff)

L'histoire

Ellsworth, Sud Dakota, 1881. Une diligence transportant une importante somme d’argent vient d’être attaquée et dévalisée. Lors de ce violent hold-up, le conducteur a été tué. Tout porte à croire que le coupable n’est autre que Benjie (Darryl Hickmnan), le jeune rejeton du shérif de la ville, le taciturne Sam Galt (Sterling Hayden). Ce dernier, alors que le procès commence à se dérouler, va de son côté faire sa propre enquête afin de pouvoir disculper son fils qu’il espère innocent. Pour obtenir du soutien et de l’aide dans sa recherche de preuves, le shérif loue les services d’un avocat réputé (John Dehner) ainsi que d’un détective privé (Mort Mills). L’éditeur du journal local (Kent Taylor) pousse au contraire ses concitoyens à croire en la culpabilité de Benjie, son père Sam n’étant autre que son rival en amour. L’homme de loi est ainsi sans cesse tiraillé entre son sens du devoir et son amour filial surtout quand sur son lit de mort, un témoin du meurtre, le père de Kathy (Kathy Nolan), la petite amie de l’accusée, lui certifie que l’assassin est bel et bien Benjie. Sam n’a plus que quelques heures pour trouver la vérité avant que la pendaison n’ait lieu...

Analyse et critique

Il est toujours agréable de pouvoir découvrir un film inédit mais il ne faut pas s’attendre à tomber à chaque fois sur une pépite oubliée. Au contraire même : il arrive plus souvent qu’un inédit en salles l’ait été du fait de sa médiocrité, ce qui est le cas en l’occurrence. Alors que dire d’un western aussi minable que même les aficionados auront du mal à l'apprécier, et que même Patrick Brion semble avoir eu honte de présenter au sein de la collection sur laquelle il officie régulièrement, celle néanmoins indispensable proposée par l’éditeur Sidonis ? Et si nous commencions comme il le fait lui-même par effectuer un rapide focus sur la carrière de son réalisateur qui, malgré le navet qui nous concerne, nous aura cependant laissé quelques films plaisants ? Étudiant à la Columbia University puis à Harvard, il débuta dans le théâtre en tant qu’assistant metteur en scène. En 1932, il atterrit à Hollywood où il commença sa carrière comme dialoguiste. Il fut ensuite un prolifique réalisateur, sa filmographie comptant pas moins d’une cinquantaine de films dont l’intéressant Sitting Bull qui, malgré de nombreuses maladresses, se rattrapait grâce à sa sincérité et à l’humanisme de son propos, ainsi que la "semble-t-il" meilleure adaptation du roman de Richard Matheson, Je suis une légende, The Last Man on Earth avec Vincent Price dans le rôle principal. Sidney Salkow dirigea aussi et surtout pas mal d’épisodes de séries télévisées comme Lassie, The Cisko Kid ou La Famille Addams. Au final, il ne reste a priori pas grand-chose de mémorable au sein de sa filmographie ; au vu de The Iron Sheriff, huitième de ses onze westerns, on comprend aisément pourquoi !

Un pitch tout simple, ce qui en soi n'est aucunement gênant : un jeune homme accusé de meurtre ; son père, le shérif de la ville qui, voulant croire en son innocence, va mener sa propre enquête alors que le procès se déroule. Mais malheureusement, pour ce western mâtiné de film de procès, les auteurs nous octroient une construction systématique procès/enquête, un montage parallèle digne d’un mauvais téléfilm et qui va perdurer jusqu’à la toute fin sans que ni la partie tribunal ni la partie investigation n’arrivent à être captivantes une seule seconde. La faute en incombe avant tout à un scénario totalement fade et inintéressant, le seul travail de Seeleg Lester pour le cinéma, spécialisé habituellement dans la série télévisée (il a écrit écrit par exemple de très nombreux épisodes de la série Perry Mason). On espère que ses scripts pour la petite lucarne auront été plus passionnants que celui qu’il nous livre ici, malgré un postulat de départ qui aurait pu accoucher d’un touchant drame familial. Non seulement l'émotion est aux abonnés absents mais la crédulité des protagonistes est telle qu’on finit par en rire : il faut avoir vu le shérif se jeter sur tous les os qu’on lui donne à ronger, étant certain à chaque fois qu’il s’agit du véritable coupable, repartant tête baissée sur une autre piste dès qu'il est avéré qu'il s'est fourvoyé ! La mise en scène de Sidney Salkow ne fait rien pour rehausser l'ensemble, toute aussi terne et amorphe. Quant aux comédiens, ils semblent s’être ennuyés à mourir, Sterling Hayden en tête. Si sa filmographie westernienne n’est guère jubilatoire (à l’exception bien évidente du sublime Johnny Guitare), il pourrait néanmoins s’agir ici de son plus mauvais film, l'acteur n’ayant du début à la fin qu’une seule et unique expression sur le visage. Comment après cela pouvoir accrocher à une histoire au départ totalement dénuée de passion si de plus les acteurs ne nous semblent guère plus concernés, que ce soit - outre Sterling Hayden - les habituellement excellents John Dehner, Will Wright ou Frank Ferguson ?

Pour couronner le tout, on découvre une horrible musique d'Emil Newman, complètement en porte-à-faux par rapport aux images, ainsi que des cadrages tellement peu recherchés qu’ils nous feraient presque penser à un éventuel recadrage de la copie (ce qui n’est pas le cas). Et comme si cela ne suffisait pas, le scénario exhale un puritanisme pénible et niais : ne pas avoir couché avant le mariage fait pousser un ouf de soulagement à toute cette petite communauté (y compris les personnages positifs) qui n’en devient encore que plus antipathique. The Iron Sheriff est un western à très petit budget, mollasson, plan-plan, soporifique, sans surprises et finalement sans intérêt, à réserver uniquement aux complétistes.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 14 juin 2014