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Critique de film
Le film

La Poupée brisée

(The Big Street)

Analyse et critique

Vous connaissez sans doute ce jeu qui consiste à plusieurs à écrire une histoire en ne connaissant, quand vient son tour, que la dernière phrase rédigée par son prédécesseur. Les résultats sont souvent surréalistes et plutôt amusants. A la vision de The Big Street, on peut se demander si Leonard Spigelgass n’a pas invité ses amis à venir participer à ce divertissement pour pondre son scénario ; sauf qu’au lieu d’être ludique, son travail final se révèle foncièrement laborieux mais surtout d’une bêtise consternante. La preuve par un embryon de son histoire si mal écrite qu’aussi difficile à raconter par la suite : à l’occasion d’un concours de gros mangeurs, un serveur timide se fait licencier pour avoir quitté son poste afin d'aller récupérer le chien fuyard appartenant à une chanteuse de cabaret dont il est depuis toujours amoureux. Cette dernière, vénale, l’ignore, son seul intérêt dans la vie étant l’argent et le luxe. Le jour où elle annonce à son amant actuel (qui n’est autre que le patron du serveur) qu’elle le quitte pour un prétendant encore plus riche, il la pousse dans un escalier et elle en reste paralysée. Le jeune homme timide va désormais pouvoir s’occuper d’elle et de ses caprices ; démuni, il va devoir faire des kilomètres à pied en poussant le fauteuil roulant de la chanteuse pour se rendre en Floride où elle souhaite retrouver une riche connaissance qui pourrait l’entretenir puis va se transformer en voleur d’un soir pour lui faire retrouver son éclat et son sourire…

Il y avait matière à faire sympathique par la simple description pendant toute la première partie de ce microcosme du petit peuple nocturne de Broadway coloré et pittoresque ; mais même sur ce point, la réussite est absente car rien ne fonctionne vraiment ! En gros, le film se résume à un soupçon de comédie pas drôle, une pincée de suspense sans suspense et une grande louche de drame sans émotion pour en fin de compte se retrouver devant un mélodrame poussif et sans intérêt. La séquence finale qui aurait du nous faire pleurer à chaudes larmes nous soulage au contraire de pouvoir enfin passer à autre chose. La faute aussi à ce postulat de départ hautement improbable : comment croire une seule seconde à l’amour qu’éprouve le personnage joué par Henry Fonda pour une femme aussi bête et égoïste. L’on sait qu’en amour tout peut arriver mais quand même !!! Bref, un ratage scénaristique pas même rattrapé par une mise en scène sans relief et quasi inexistante. Seule une belle brochette de seconds rôles vient empêcher La Poupée brisée de sombrer plus profondément, la toujours irréprochable Agnes Moorehead en tête, entourée d’Eugene Palette, Sam Levene, Barton McLane ou Ray Collins. Réservé aux seuls inconditionnels du grand acteur qu’était Henry Fonda et à ceux qui auraient voulu découvrir Lucille Ball dans un rôle antipathique. Pour le reste...

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La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 11 mars 2007