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Critique de film
Le film
Affiche du film

La Nuit des vers géants

(Squirm)

L'histoire

Fly Creek, petite bourgade du Sud des États-Unis. Une effroyable tempête saccage le réseau électrique, chargeant les sols d’énergie. Le lendemain, Mick arrive par le bus de New York pour rejoindre sa petite amie, Geri Sanders. Son séjour ne sera pas de tout repos, en raison d’une succession d’événements inquiétants impliquant des vers agressifs.

Analyse et critique


Orca, L’Horrible invasion, Grizzly, le monstre de la forêt, Piranhas, Tentacules... Dans les années 1970, suite au succès des Dents de la mer, on assiste à une véritable déferlante de films d’épouvante mettant en scène d’affreuses bêtes sanguinaires. Une formidable inventivité s’en dégage, malgré un grand nombre de réalisations navrantes. C’est que les grands studios, sous la pression des indépendants, cherchent à rentabiliser un sous-genre du cinéma fantastique ayant pour modèles King Kong et Les Oiseaux. C’est dans ce contexte créatif que se révèle un jeune metteur en scène injustement méconnu : Jeff Lieberman. Soutenu par de petits producteurs du théâtre d’avant-garde, son projet l’amène, à vingt-cinq ans, à proposer La Nuit des vers géants, sa première réalisation. L’idée originale lui vient d’un souvenir d’enfance : pour récupérer des lombrics, nécessaires à la pêche, son grand frère envoyait de l’électricité dans les sols, faisant ainsi remonter à la surface les précieux appâts. Cette image, qui l’a beaucoup marqué, fournira donc l’argument du film. Il nous exposera tout cela de manière très scientifique : la tempête, la ligne à haute tension, la métamorphose... Même s’il brode autour d’un fait avéré, il le fait avec beaucoup de sérieux, respectant ainsi les principes de vraisemblance et d’extrapolation chers au fantastique.


Pour les séquences horrifiques, nécessaires et codifiées, Jeff Lieberman fait appel à Rick Baker, dont la créativité et le goût du défi l’amèneront à travailler sur Le Loup-garou de Londres ou sur les très populaires Gremlins et Men in Black. Mêlant vers en caoutchouc et véritables insectes, l’idée est de rendre le tout vraisemblable, sans pour autant mettre tout l’argent du film dans les effets spéciaux. L’utilisation de plans larges et de travellings suffisamment rapides, pour donner l’illusion de masses grouillantes et destructrices, est en ce sens payante. Frissons garantis. Aussi, la seule véritable séquence gore, à savoir cette fameuse scène où l’un des personnages voit son visage attaqué par des vers, est réussie. Aussi, il nous faut saluer la composition de Robert Prince, qui restitue un ensemble d’ambiances, en prenant en compte le rythme particulier du film et les possibilités qu’offrent le cadre naturel et le thème. Pour ce qui est des acteurs, enfin, Jeff Lieberman a dû composer avec un budget des plus réduits : les deux acteurs principaux, Don Scardino et Patricia Pearcy, restent des seconds (voire des troisièmes) couteaux. D’ailleurs, un grand nombre des habitants de Fly Creek vivent à Port Wenworth, petite localité de la Géorgie ayant servi de cadre naturel à La Nuit des vers géants. Encore une fois, c’est le professionnalisme de Jeff Lieberman et celui de l’équipe technique qui sauvent les meubles, évitant au film d’être une énième resucée vaguement angoissante d’un genre à la mode.


Il nous faudra finalement attendre la seconde moitié du film pour réellement entrer dans l’horrifique. La première partie oscille entre le comique et le mystère, sans jamais vraiment se situer. Il y a le thème de l’étranger qui débarque et se retrouve en plein décalage culturel, il y a un squelette, censé nous intriguer... Certaines blagues, certaines situations visent juste, d’autres non. Le scénario, peut-être trop didactique, manque par moments d’originalité, ce qui a une influence certaine sur le rythme général. Restent quelques bonnes trouvailles, comme les cris que poussent les vers géants, leur propagation filmée avec un brin de folie. Mais l’ensemble, pour une première œuvre, n’a pas l’audace d’un Massacre à la tronçonneuse ou d’un Evil Dead pour survivre aux années et renouveler un (sous-) genre. La Nuit des vers géants n’en reste pas moins un film de série B sympathique et correct, curieux et efficace. Blue Sunshine, en revanche, réalisé deux ans plus tard, pourra prétendre au statut de film culte.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Florian Bezaud - le 8 mars 2017