Analyse et critique

"Aucune fiction n’est plus surprenante que la véritable vie d’Annie Oakley, sortie d’un pauvre village il y à un demi-siècle pour stupéfier le monde” nous annonce le carton au générique. La grande tireuse d’élite à la carabine aura sans aucun doute stupéfié le monde en tant qu’une des premières icônes du féminisme mais pas nous autres, pauvres spectateurs, atterrés devant tant d’ennui et de médiocrité. Il nous aura aussi fallu supporter dans le même temps un racisme assez pénible envers la nation indienne, décrite ici comme totalement idiote à l’image de son chef Sitting Bull (qui fera vraiment partie du "Buffalo Bill Wild West Show") caricaturé à outrance. Assistant au spectacle et voyant un "acteur-pionnier" tomber de cheval après s’être fait tirer dessus par un "acteur-indien", il se précipite au centre de la piste pour le scalper le croyant réellement mort. C’est également le personnage choisi pour être le "clown" du film, les scénaristes se gaussant de sa maladresse au milieu du monde civilisé. Aujourd’hui, ces "gags" sont bien plus navrants que drôles. La musique et les décors sont à l’avenant et finissent de rendre les séquences qui auraient dû être spectaculaires, totalement plates et sans aucune saveur. Pas la peine de s’acharner plus avant sur ce film dont le personnage principal eut d’autres aventures cinématographiques plus attrayantes. Annie Oakley, de son vrai nom Phoebe Ann Moses, vedette des spectacles de Buffalo Bill dès 1885, mourut en 1926 à l’âge de soixante-six ans. Elle fut donc de nouveau incarnée à l’écran en 1951 par la pétillante Betty Hutton qui formera avec Howard Keel un couple hautement coloré dans la comédie musicale de George Sidney, Annie Reine du cirque (Annie Get Your Gun) ; la fameuse musique était signée Irving Berlin et si le film n’atteint pas non plus des sommets, il avait le mérite d’être sacrément divertissant même si nous aurions été curieux de voir Judy Garland dans ce rôle qui lui était au départ dévolu. Gail Davis sera pendant 81 épisodes de 1954 à 1957, une Annie de télévision. Puis, en 1976, ce sera au tour de Géraldine Chaplin d’endosser sa défroque dans Buffalo Bill et les Indiens de Robert Altman en 1976.