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Critique de film
Le film
Affiche du film

40 fusils manquent à l'appel

(40 Guns to Apache Pass)

L'histoire

En 1868, peu après la fin de la guerre de Sécession, Cochise reprend le sentier de la guerre, prêt à massacrer tous les hommes blancs installés en Arizona. Le danger guettant tous les colons alentours, le Capitaine Bruce Coburn (Audie Murphy) est chargé de les prévenir et de les convoyer jusqu'à Apache Wells où ils seront plus en sécurité. Mais les soldats de ce fortin n'ont pas les moyens de se défendre et attendent un chargement de 40 fusils à répétition qui tarde à venir. Coburn repart donc en mission pour intercepter la cargaison au plus vite, avant l'attaque imminente des "peaux rouges". Il emmène avec lui une petite escouade composée entre autres des deux frères de sa fiancée (Laraine Stephens) ainsi que d'une tête brûlée avec qui il a toujours été en conflit, le Caporal Bodine (Kenneth Tobey). Mais le détachement va rapidement tomber dans un guet-apens...

Analyse et critique

Même si Audie Murphy avait eu l’occasion de jouer dans de bien meilleurs westerns lorsqu’il était lié par contrat avec Universal, La Fureur des Apaches (Apache Rifles), déjà réalisé par le vétéran du seriaWilliam Witney en 1964, restait un film de fin de carrière tout à fait honorable, une série B certes mineure, prévisible, un peu trop sage et quelque peu en décalage si l’on prenait en compte l’évolution du genre à l'époque du tournage, mais qui s’avérait décemment construite, correctement réalisée et constamment agréable à suivre. Il n’en allait malheureusement pas de même l'année suivante avec Représailles en Arizona (Arizona Raiders), le deuxième western de la collaboration William Witney / Audie Murphy qui se révélait au contraire bien médiocre ! Il était donc temps que cette association prenne fin puisque, en 1966, 40 Guns to Apache Pass est encore bien plus mauvais. Et c'est d'autant plus dommage que ce film marque à la fois la fin de carrière westernienne du cinéaste et qu'il constitue le dernier rôle principal d'un comédien qui nous aura été quinze ans durant très attachant, et dont la filmographie dans le genre aura constitué un corpus tout ce qu'il y a de plus honorable.


On préférera donc passer assez vite sur ce western militaire qui ne fait honneur ni au réalisateur ni au comédien, ce dernier paraissant non seulement très fatigué mais également absolument plus du tout dans le coup. Il faut dire qu'il n'a aucun répondant face à lui, le reste du casting se révélant tout aussi exécrable que le scénario du couple Wilingham qui nous replongeait pourtant à nouveau après Apache Rifles dans l’intéressante réalité historique concernant les relations difficiles en Arizona entre Blancs et Indiens. Sauf que contrairement à celui signé par Charles B, Smith, leur script est sacrément gratiné qui fait croire d'emblée qu'en cette année 1868 les colons étaient en quelque sorte d'héroïques résistants, très peu nombreux face aux maléfiques Indiens de Cochise qui n'avaient qu'une seule idée en tête : faire table rase des hommes blancs. Après une dizaine d'années de westerns pro-Indiens - pour certains d'entre eux de véritables chefs-d’œuvre qui ne manquaient pas de courage - on croit rêver en lisant d'emblée de telles inepties ! Une autre idée qui n'aide pas à avoir quelque indulgence pour ce film, celle de la voix off qui prend tout simplement les spectateurs que nous sommes pour des idiots en décrivant ce dont nous sommes visuellement témoins, comme si ce qui se déroulait sous nos yeux n'était pas déjà suffisamment clair comme de l'eau de roche ou comme si la psychologie des personnages était bien trop complexe pour notre petite cervelle. Je pense n'avoir jamais vu auparavant une utilisation de la voix off aussi redondante, agaçante et inutile...


Sinon, cette banale histoire de mission visant à aller récupérer des fusils en territoire indien s'avère dans l'ensemble non seulement inintéressante mais également dépourvue de tensions : l'intrigue est totalement prévisible et sans aucunes surprises, les personnages n'ont aucune substance, la musique est extrêmement médiocre, la mise en scène n'est pas spécialement marquante, pas plus que l'interprétation, la plupart des comédiens, s'ils ne sont pas amorphes, s’avèrent extrêmement mauvais, Kenneth Tobey en tête, qui en fait des tonnes. Ce qui prouve une direction d'acteurs totalement relâchée. Reste le beau visage de Laraine Stephens, de superbes paysages naturels et quelques séquences qui nous rappellent que Witney avait autrefois été un spécialiste en la matière. C'est bien peu, et c'est surtout triste de voir une aussi belle carrière que celle d'Audie Murphy se terminer de la sorte dans des films aux budgets aussi resserrés sans que les auteurs possèdent assez de talent pour rebondir, être créatifs et s'en sortir la tête haute. On préférera donc ne pas s'appesantir plus longuement sur ce western et vite l'oublier.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 29 juillet 2017