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Critique de film
Le film
Affiche du film

Les Canons de Navarone

(The Guns of Navarone)

L'histoire

1943. Deux milles soldats anglais sont retenus prisonniers dans une île en mer Egée protégée de toute attaque par deux énormes canons. Ces derniers ne pouvant pas être détruits par des raids aériens, un commando est formé pour les mettre hors d’état de nuire et laisser ainsi le passage à le flotte britannique.

Analyse et critique

Carl Foreman, déjà producteur du Pont de la rivière Kwaï, premier film de guerre à grand spectacle, décide de retenter une nouvelle fois l’expérience après le succès phénoménal à la fois public et critique (bien mérité) du film de David Lean. Tombé en admiration devant le best seller de Alistair McLean à partir duquel il pense pouvoir faire une nouvelle fois un carton au box office, il décide d ‘écrire lui-même le scénario. Il choisit un réalisateur britannique, ayant œuvré jusqu’ici uniquement dans le drame psychologique à petit budget, ancien monteur de Lean, Jack Lee Thompson. Il s’avèrera ne pas s’être beaucoup trompé puisque ces Canons de Navarone seront encore une fois une manne financière pour la Columbia.


Que reste t-il aujourd’hui de ce classique des rediffusions télévisuelles ? Pas grand chose à vrai dire : un film assez terne pour ne pas dire ennuyeux à cause d’une totale platitude de la mise en scène, d’un scénario sans finesse donnant à voir des personnages sans aucune épaisseur psychologique ; les acteurs, semblant assez peu concernés, n’arrivent même pas à nous les rendre sympathiques ou attachants. Nous sommes contents de retrouver côte à côte Gregory Peck, David Niven et Anthony Quinn mais nous aurions aimé qu’ils étoffent des rôles trop monolithiques au départ. L’ajout des deux personnages féminins pour les besoins du film est aussi une très mauvaise idée car, que ce soit Irène Papas ou Gia Scala, elles ne sont guère convaincantes.

L’auteur du roman n’est sûrement pas en cause dans l’échec artistique de ce film puisque 8 ans plus tard, Brian G Hutton adaptera avec maestria un autre de ses livres, ce qui donnera l’haletant et époustouflant Quand les aigles attaquent. Non, la faute en incombe uniquement au metteur en scène qui confirmera son manque de talent par la suite en réalisant d’innombrables autres films d’action encore plus médiocres. On trouve même dans ce film une certaine complaisance dans la violence dans la scène de tuerie dans le bateau au cours de la première demi-heure ; complaisance qui se vérifiera également dans la suite de la carrière du réalisateur. Reste quand même à l’actif du film une angoissante scène d’alpinisme, deux ou trois autres assez bien menées et surtout une partition épique et assez réussie du grand Dimitri Tiomkin.


Ce film aura eu le mérite d’ouvrir la voie à de nombreux autres grands spectacles de ce style dans les années 60 : mélange de film d’aventure et de film de guerre, gros budget, casting prestigieux et scénario rocambolesque narrant la plupart du temps des missions commandos ou des évasions. On regrette donc pour ces ‘canons’ le sérieux historique d’un Zanuck (Le jour le plus long), le professionnalisme d’un John Sturges (La grande évasion), l’ironie et le punch d’un Aldrich (Les 12 salopards), la nervosité imprégnée d’un esprit série B réjouissant d’un Robson (L’express du colonel Von Ryan).

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 29 novembre 2002