7.24- The Girl in the Shadows
Réalisation : James Sheldon
Scénario : Phylis White, Robert White... & Robert Van Scoyk
Guest stars : Jack Albertson & Brenda Scott
Première diffusion 26/03/1969 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10
Le Pitch : Claire (Brenda Scott) et Nathaniel sont des artistes de music-hall qui gagnent difficilement leur vie en se produisant dans les saloons avec un numéro de télépathie. Avec l’aide de deux escrocs qui en ont eu l'idée, ils mettent au point une supercherie pour pouvoir amasser d’un coup une grosse somme qui permettrait aux deux comédiens de retourner à leur passion première, le théâtre. C’est Clay Grainger qui est pris pour pigeon, Claire devant faire croire qu’elle pourrait être sa nièce, la fille de son frère mort depuis 20 ans. Les deux partenaires sont invités à séjourner quelques jours à Shiloh où Trampas s’éprend de Claire…
Mon avis : Souvenez-vous : lorsque l’on avait subi quelques déceptions après un des rares mauvais épisodes lors des premières saisons, on pouvait alors compter sur Don McDougall pour relever le niveau. C’est James Sheldon qui a donc pris la relève, comme son prédécesseur, l’un des seuls réalisateurs de la série à sortir du lot par son talent dans la direction d’acteurs, son goût dans le choix de ses décors extérieurs comme intérieurs ainsi que par sa maitrise technique très assurée qui fait souvent ressembler ses épisodes à des films, tout du moins plus que la plupart des autres, l’aspect télévisuel parfois étriqué se diluant sous sa direction dans un ensemble plus ample et plus cinématographique. Après trois épisodes médiocres, The Girl in the Shadows fait retrouver espoir et réchauffe donc le cœur des aficionados de la première heure du Virginien même si ces derniers ont pu constater que le rôle-titre était depuis quelque temps rarement aux avants postes des différents récits qui nous étaient proposés ; c’est à nouveau le cas pour ce superbe épisode : le Virginien est de la partie mais en second plan, Trampas, Clay et Elizabeth lui volant la vedette, non pas tant par le talent de leurs interprètes que par la place accordée à leurs personnages au sein de ces différentes histoires. En plus d’être un épisode superbement réalisé avec son extrême attention apportée aux cadrages que l’on constate dès les premières images alors que le générique défile - avec par exemple ce superbe plan automnal sur le train en marche -, The Girl in the Shadows bénéficie d’un scénario remarquablement bien écrit à pas moins de six mains dont celles des auteurs du déjà magnifique The Deadly Past de Abner Biberman avec Darren McGavin au tout début de la précédente saison.
La séquence pré générique se déroule dans un saloon de San Francisco et nous présente les deux protagonistes principaux, deux saltimbanques, une charmante jeune femme et son partenaire bien plus âgé qui pourrait être son père. Ils effectuent un numéro de télépathie bien rodé mais ne gagnent pas assez d’argent avec, eux qui aimeraient pouvoir monter sur des planches plus prestigieuses. Un duo d’escrocs va leur proposer de mettre en place une imposture visant à dépouiller le riche Clay Grainger de la moitié de la somme qu’il destinait à sa nièce Elisabeth qu’il pensait être le dernier membre de sa famille. Nous aurons donc vite compris que Claire allait faire en sorte d’être prise pour l’autre nièce des Grainger, fille censée disparue suite à la mort de son père enfoui sous l’éboulement d’une mine. En arrivant à Medicine Bow, Claire va tout d'abord manœuvrer pour faire connaissance avec Elizabeth. En amenant de fil en aiguilles la conversation sur certains points très précis mais avec grande discrétion 'comme si de rien n’était', elle va parvenir à lui faire croire être en présence de sa cousine et réussir à se faire inviter quelques jours à Shiloh afin de convaincre également celui qui serait son oncle. Sur place elle va être séduite par Trampas qui lui aussi va tomber amoureux d’elle. Il faut dire que Brenda Scott et son joli minois est une fois encore vraiment craquante ; déjà inoubliable dans Dark Destiny, Men with Guns et Jed, son talent et sa douce beauté aident à ce que la romance soit totalement crédible, les séquences la réunissant avec son partenaire s’avérant vraiment touchantes, d’une belle sensibilité et d’une grande délicatesse ; dans Dark Destiny elle et Doug McClure avaient déjà vécu une histoire d’amour très émouvante, les sentiments et relations au sein du couple s’avérant à nouveau très vraisemblables, l’alchimie entre les deux fonctionnant parfaitement.
L’épisode va ainsi tourner autour de deux axes, la romance et la conspiration pour mystification, ces deux pistes dramatiques aussi bien écrites et menées l’une que l’autre. Du suspense va s’ajouter à cet harmonieux mélange par le fait que les deux escrocs qui mènent en fait la danse, ceux qui ont imaginé ce stratagème et 'embauchés' leurs comédiens, vont être un peu plus présents sur le devant de la scène : deux personnages malfaisants interprétés par Greg Mullavey ainsi que par l’inquiétant Larry Chance. Ces deux hommes veulent aller jusqu’au bout et menacent les deux artistes de music-hall de mort s’ils lâchent l’affaire avant qu’ils soient arrivés à leurs fins. Car on devine assez vite que Claire et son partenaire ne sont pas foncièrement mauvais et qu’ils vont avoir quelques scrupules à poursuivre leur imposture, tombés sous le charme de la famille Grainger à qui ils ne veulent plus escamoter l’argent qui revient à Elisabeth. Tout ceci va nous mener à un climax qui ne démérite pas, les amateurs d’action allant eux aussi être bien servis. Avant ça nous aurons assisté à une scène de cauchemar tout à fait réussie et plutôt bien montée, nouvelle preuve du talent de réalisateur de James Sheldon, les séquences similaires déjà rencontrées au sein de la série ayant au contraire souvent frôlées le kitsch voire le ridicule. L’épisode nous permettra aussi d’apprendre quelques détails sur les membres de la famille Grainger, sur l’histoire des deux frères de Clay et enfin d’assister à une amitié toute à fait sincère et assez touchante entre Claire et Elisabeth. Quant aux scènes au grand air au cours desquelles Trampas fait visiter le ranch à Claire, elles ne manquent pas de lyrisme.
Même si tous les comédiens accomplissent un travail formidable, Brenda Scott attire tous les regards et porte l’épisode sur ses épaules ; à tel point que ça nous attriste un peu de savoir que ce sera sa dernière participation à la série. Une histoire de supercherie bouclée avec rigueur et efficacité, aidée en cela par une interprétation remarquable et une mise en scène qui ne démérite pas. Un des très bons épisodes de la série et nous en avions bien besoin après une succession de quelques pénibles ratages. Avec Don McDougall qui va prendre les rênes du prochain épisode on se prend à espérer une fin de saison bien plus satisfaisante que le ressenti d'ensemble. Mais avant ça nous ne sommes pas près d’oublier ce personnage de Claire d’une formidable richesse d’écriture. Et puis quel culot de faire se terminer le récit sans avoir vraiment appris si la jeune femme n’aurait pas pu effectivement être le personnage qu’elle jouait, soit la cousine d’Elisabeth…
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