Notez les films naphtalinés de Mars
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- J'veux un suaire de chez Dior
- Messages : 129
- Inscription : 21 janv. 04, 16:42
En 1951, Guitry reprend au théâtre une pièce déjà ancienne, Deburau, qu'il avait écrite en 1918 en hommage au célèbre mime du boulevard du Temple. La maladie l'oblige à interrompre les représentations et il décide séance tenante de la filmer. Le tournage durera douze jours.
Le résultat est fort étrange, en premier lieu parce que la pièce est écrite en vers : d'où un caractère déclamatoire qui se révèle, passé un premier temps d'accoutumance, réellement captivant. En optant, probablement par nécessité, pour une mise en scène minimaliste et dépouillée à l'extrême, Guitry rejoint sans l'avoir cherché certains exercices radicaux de théâtre filmé, tels que le pratiqueront Dreyer (dans Gertrud), Rossellini dans la dernière partie de sa carrière (La Prise de pouvoir par Louis XIV), voire même Straub et Huillet.
En outre, la gravité inattendue de la pièce se charge d'accents autobiographiques. Deburau parle du spectacle, de l'amour, de la maladie et de la mort, de la transmission du savoir de comédien, que Guitry avait hérité de son père Lucien (auquel il avait rendu hommage dans Le Comédien) et qu'ici Deburau transmet à son fils avant de quitter la scène. Cette dernière séquence a une résonance presque testamentaire. Et s'il reste à Guitry six ans à vivre, au cours desquels il tournera huit films, Deburau sera le dernier dont il tiendra le rôle principal.
Le résultat est fort étrange, en premier lieu parce que la pièce est écrite en vers : d'où un caractère déclamatoire qui se révèle, passé un premier temps d'accoutumance, réellement captivant. En optant, probablement par nécessité, pour une mise en scène minimaliste et dépouillée à l'extrême, Guitry rejoint sans l'avoir cherché certains exercices radicaux de théâtre filmé, tels que le pratiqueront Dreyer (dans Gertrud), Rossellini dans la dernière partie de sa carrière (La Prise de pouvoir par Louis XIV), voire même Straub et Huillet.
En outre, la gravité inattendue de la pièce se charge d'accents autobiographiques. Deburau parle du spectacle, de l'amour, de la maladie et de la mort, de la transmission du savoir de comédien, que Guitry avait hérité de son père Lucien (auquel il avait rendu hommage dans Le Comédien) et qu'ici Deburau transmet à son fils avant de quitter la scène. Cette dernière séquence a une résonance presque testamentaire. Et s'il reste à Guitry six ans à vivre, au cours desquels il tournera huit films, Deburau sera le dernier dont il tiendra le rôle principal.
-
- La France peut être fière
- Messages : 25518
- Inscription : 2 janv. 04, 00:42
- Localisation : Dans les Deux-Sèvres, pas loin de chez Lemmy
- La Passion Jeanne d'Arc. Revu donc aujourd'hui le sublime film de Dreyer. Cette science du gros plan qui scrute les visages, les enjeux du procès ne passant que par leur usage, est sans équivalent (à ma connaissance) dans l'histoire du cinéma. L'actrice est proprement habitée par son rôle, et l'émotion qui se dégage de son regard illuminé est saisissant de vérité. j'ai prévu de voir également la version de Bresson afin de découvrir comment cet autre géant a traité cette histoire. 9/10
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
- Joshua Baskin
- ambidextre godardien
- Messages : 12274
- Inscription : 13 avr. 03, 20:28
- Localisation : A la recherche de Zoltar
Mon épouse favorite
Une sympathique comédie avec Cary Grant et Irene Dunne. Les acteurs sont assez drôles et les situations bien amenées.
Un bon moment.
Fun fact : Le film pourrait être une suite logique au film Seul au monde, puisqu'ici une femme revient au foyer après 7 ans d'absence pour cause de vie sur une ile déserte.
Une sympathique comédie avec Cary Grant et Irene Dunne. Les acteurs sont assez drôles et les situations bien amenées.
Un bon moment.
Fun fact : Le film pourrait être une suite logique au film Seul au monde, puisqu'ici une femme revient au foyer après 7 ans d'absence pour cause de vie sur une ile déserte.
Intersections Global Corp.
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2220
- Inscription : 26 sept. 03, 18:48
- Localisation : Ici et ailleurs
- Contact :
Existe-t-il un dvd z2 ???phylute a écrit :- La Passion Jeanne d'Arc. Revu donc aujourd'hui le sublime film de Dreyer. Cette science du gros plan qui scrute les visages, les enjeux du procès ne passant que par leur usage, est sans équivalent (à ma connaissance) dans l'histoire du cinéma. L'actrice est proprement habitée par son rôle, et l'émotion qui se dégage de son regard illuminé est saisissant de vérité. j'ai prévu de voir également la version de Bresson afin de découvrir comment cet autre géant a traité cette histoire. 9/10
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2220
- Inscription : 26 sept. 03, 18:48
- Localisation : Ici et ailleurs
- Contact :
Les Salauds dorment en paix - Akira Kurosawa (1960) 6,5/10
Sujet intéressant (la corruption des milieux financiers et l'impunité des grands patrons) et traité sans concessions (la fin est particulièrement amère).
Par contre le film est beaucoup trop long (presque 1 heure de trop !), on pouvait facilement raconter tout ça en 90-100 min...
Autre gros défaut, l'identification du véritable héros (joué par un Toshiro Mifune en retrait) n'est révélée qu'au bout de 30-45 minutes, difficile de rentrer dans le film de cette manière (même s'il débute avec une scène de mariage assez réussie).
Des longueurs, un Mifune assez banal, un Takashi Shimura dans un rôle secondaire anecdotique, et des choix de mise en scène assez maladroits (spoiler >>> la fin racontée par le vrai Nishi enlève beaucoup de force à ce dénouement pourtant tragique fin spoiler) font que ce film est loin d'être un grand Kurosawa.
C'est le moins bon des 3 films du coffret Introuvables de Wild Side.
Cependant, même si j'ai été assez déçu, Les Salauds dorment en paix est une curiosité qui vaut le coup d'oeil pour le traitement assez pessimiste d'un sujet engagé.
Sujet intéressant (la corruption des milieux financiers et l'impunité des grands patrons) et traité sans concessions (la fin est particulièrement amère).
Par contre le film est beaucoup trop long (presque 1 heure de trop !), on pouvait facilement raconter tout ça en 90-100 min...
Autre gros défaut, l'identification du véritable héros (joué par un Toshiro Mifune en retrait) n'est révélée qu'au bout de 30-45 minutes, difficile de rentrer dans le film de cette manière (même s'il débute avec une scène de mariage assez réussie).
Des longueurs, un Mifune assez banal, un Takashi Shimura dans un rôle secondaire anecdotique, et des choix de mise en scène assez maladroits (spoiler >>> la fin racontée par le vrai Nishi enlève beaucoup de force à ce dénouement pourtant tragique fin spoiler) font que ce film est loin d'être un grand Kurosawa.
C'est le moins bon des 3 films du coffret Introuvables de Wild Side.
Cependant, même si j'ai été assez déçu, Les Salauds dorment en paix est une curiosité qui vaut le coup d'oeil pour le traitement assez pessimiste d'un sujet engagé.
John McCabe
Splendide western où Robert Altman s'impose comme un grand démythificateur des grandes valeurs américaines. Essentiel. Dommage que le DVD soit vraiment déplorable, une honte.
Brewster McCould
Drôle de film assez barré, mais parfois un peu lourd dans ses intentions satiriques. Quelques scènes sont tout de même fabuleuses.
Maintenant, je vais mater Buffalo Bill et les Indiens (ouaip, vous l'avez compris, je me fais un cycle Altman)
Splendide western où Robert Altman s'impose comme un grand démythificateur des grandes valeurs américaines. Essentiel. Dommage que le DVD soit vraiment déplorable, une honte.
Brewster McCould
Drôle de film assez barré, mais parfois un peu lourd dans ses intentions satiriques. Quelques scènes sont tout de même fabuleuses.
Maintenant, je vais mater Buffalo Bill et les Indiens (ouaip, vous l'avez compris, je me fais un cycle Altman)

- Joshua Baskin
- ambidextre godardien
- Messages : 12274
- Inscription : 13 avr. 03, 20:28
- Localisation : A la recherche de Zoltar
Tu t'attends à ce qu'il te renvoie l'ascenseur ?yeux noirs a écrit :les affameurs - Bend of the River
Je viens de découvrir ce western, ce soir, grâce à la critique d'Otis qui m'avait mis l'eau à la bouche.
Bon western et très belles images, j'ai passé une très bonne soirée.
Merci Otis!




-
- La France peut être fière
- Messages : 25518
- Inscription : 2 janv. 04, 00:42
- Localisation : Dans les Deux-Sèvres, pas loin de chez Lemmy
Pas très engageant2501 a écrit :Les Salauds dorment en paix - Akira Kurosawa (1960) 6,5/10
Sujet intéressant (la corruption des milieux financiers et l'impunité des grands patrons) et traité sans concessions (la fin est particulièrement amère).
Par contre le film est beaucoup trop long (presque 1 heure de trop !), on pouvait facilement raconter tout ça en 90-100 min...
Autre gros défaut, l'identification du véritable héros (joué par un Toshiro Mifune en retrait) n'est révélée qu'au bout de 30-45 minutes, difficile de rentrer dans le film de cette manière (même s'il débute avec une scène de mariage assez réussie).
Des longueurs, un Mifune assez banal, un Takashi Shimura dans un rôle secondaire anecdotique, et des choix de mise en scène assez maladroits (spoiler >>> la fin racontée par le vrai Nishi enlève beaucoup de force à ce dénouement pourtant tragique fin spoiler) font que ce film est loin d'être un grand Kurosawa.
C'est le moins bon des 3 films du coffret Introuvables de Wild Side.
Cependant, même si j'ai été assez déçu, Les Salauds dorment en paix est une curiosité qui vaut le coup d'oeil pour le traitement assez pessimiste d'un sujet engagé.

Pour la passion Jeanne d'Arc, je ne connais pas de Zone 2 existant. Là je l'ai revu sur ma très vieille VHS, qui ma foi a très bien supportée l'épreuve du temps. Mais bon que ça n'empêche pas les éditeurs de sortir ce monument dans une belle copie !
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2220
- Inscription : 26 sept. 03, 18:48
- Localisation : Ici et ailleurs
- Contact :
Ma sévérité est à l'aune de mon amour pour Kurosawa.phylute a écrit :Pas très engageant2501 a écrit :Les Salauds dorment en paix - Akira Kurosawa (1960) 6,5/10
Sujet intéressant (la corruption des milieux financiers et l'impunité des grands patrons) et traité sans concessions (la fin est particulièrement amère).
Par contre le film est beaucoup trop long (presque 1 heure de trop !), on pouvait facilement raconter tout ça en 90-100 min...
Autre gros défaut, l'identification du véritable héros (joué par un Toshiro Mifune en retrait) n'est révélée qu'au bout de 30-45 minutes, difficile de rentrer dans le film de cette manière (même s'il débute avec une scène de mariage assez réussie).
Des longueurs, un Mifune assez banal, un Takashi Shimura dans un rôle secondaire anecdotique, et des choix de mise en scène assez maladroits (spoiler >>> la fin racontée par le vrai Nishi enlève beaucoup de force à ce dénouement pourtant tragique fin spoiler) font que ce film est loin d'être un grand Kurosawa.
C'est le moins bon des 3 films du coffret Introuvables de Wild Side.
Cependant, même si j'ai été assez déçu, Les Salauds dorment en paix est une curiosité qui vaut le coup d'oeil pour le traitement assez pessimiste d'un sujet engagé.et moi qui me faisait une joie de le découvrir...
Pour la passion Jeanne d'Arc, je ne connais pas de Zone 2 existant. Là je l'ai revu sur ma très vieille VHS, qui ma foi a très bien supportée l'épreuve du temps. Mais bon que ça n'empêche pas les éditeurs de sortir ce monument dans une belle copie !

Ce n'est pas un mauvais film, loin de là... mais sur vingt films visionnés de ce génial cinéaste, c'est l'un des rares à m'avoir déçu.
En fait il y en a 2 : celui-ci et Les Bas-fonds (qui ne m'a pas du tout plu celui-là...

Le reste : excellents films ou chefs-d'oeuvre...

Du coup, je serais curieux d'avoir un autre avis sur Les Salauds dorment en paix.

-
- La France peut être fière
- Messages : 25518
- Inscription : 2 janv. 04, 00:42
- Localisation : Dans les Deux-Sèvres, pas loin de chez Lemmy
je te ferais un petit rapport après l'avoir vu.2501 a écrit : Du coup, je serais curieux d'avoir un autre avis sur Les Salauds dorment en paix.
Mode message perso on:
Sinon pour les Boogiepop... ça n'avance pas des tonnes... tu ne t'impatiente pas teop ?
Mode message perso off.
Hier :
Belle de jour. Revu cet excellent Bunuel, qui comme jamais réussi la fusion parfaite entre rêve, réalité, fantasme, inconscient... abolissant les frontières avec une facilité déconcertante. La multiplication des niveaux de lecture en fait une oeuvre qui livre ses secrets vision après vision. Un de mes film préféré de cet immense auteur. 8.5/10
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
- vic
- viking
- Messages : 3671
- Inscription : 26 avr. 03, 18:37
- Localisation : IHTFP
Me suis réveillé dimanche matin avec l'envie de revoir Odds against Tomorrow (de Robert Wise, 1959), suite à une conversation de la veille. J'ai eu le temps de retrouver la k7 et de mater le film en petit-déjeunant avant d'aller bosser (ne poser pas que question...
)
Donc : heist movie exemplaire, mais pas seulement. Comme souvent avec Wise lorsqu'il aborde un genre bien codifié, j'ai l'impression qu'il sait en tirer la quintessence et le magnifier. Il redonne ici au film noir sa dimension sociale et utilise à bon escient le fatalisme (auto)destructeur inhérent au genre. Portrait glacial et claustrophobique de personnages (et à travers eux, d'un mode vie) rongé par la violence, les préjugés raciaux, la paranoïa et les doutes. Musique ironique, justesse de ton, sobriété de la mise en scène et interprétation hors-paire de Robert Ryan, Harry Belafonte, Shelley Winters,...
9/10
En soirée, je remets la main sur un film enregistré récemment :
I walk the Line (Frankenheimer, 1970) : je n'aime pas Gregory Peck habituellement, mais là il est parfait en sheriff vieillissant, dépassé par les événements et ses propres sentiments. Chronique intimiste, amère et désanchantée de la vie provinciale, à des années-lumière du caricatural (mais néanmois excellent) The Chase de Penn.
8/10


Donc : heist movie exemplaire, mais pas seulement. Comme souvent avec Wise lorsqu'il aborde un genre bien codifié, j'ai l'impression qu'il sait en tirer la quintessence et le magnifier. Il redonne ici au film noir sa dimension sociale et utilise à bon escient le fatalisme (auto)destructeur inhérent au genre. Portrait glacial et claustrophobique de personnages (et à travers eux, d'un mode vie) rongé par la violence, les préjugés raciaux, la paranoïa et les doutes. Musique ironique, justesse de ton, sobriété de la mise en scène et interprétation hors-paire de Robert Ryan, Harry Belafonte, Shelley Winters,...
9/10
En soirée, je remets la main sur un film enregistré récemment :
I walk the Line (Frankenheimer, 1970) : je n'aime pas Gregory Peck habituellement, mais là il est parfait en sheriff vieillissant, dépassé par les événements et ses propres sentiments. Chronique intimiste, amère et désanchantée de la vie provinciale, à des années-lumière du caricatural (mais néanmois excellent) The Chase de Penn.
8/10

Unité Ogami Ittô
Withdrawing in disgust is not the same thing as apathy.
*Insane Insomniac Team*
-
- Bête de zen
- Messages : 38662
- Inscription : 12 avr. 03, 21:58
vic a écrit :
En soirée, je remets la main sur un film enregistré récemment :
I walk the Line (Frankenheimer, 1970) : je n'aime pas Gregory Peck habituellement, mais là il est parfait en sheriff vieillissant, dépassé par les événements et ses propres sentiments. Chronique intimiste, amère et désanchantée de la vie provinciale
8/10
J'aime beaucoup cet "americana movie"




-
- Charly Oleg
- Messages : 30664
- Inscription : 13 avr. 03, 12:55
- Last.fm
- Localisation : à Sion
Brigadoon : belle histoire, même si la fin est un peu tirée par les cheveux. J'ai apprécié le conte de fées, les acteurs (bah évidemment Gene Kelly et Cyd Charisse !) et les costumes chatoyants, mais la musique ne m'a pas emballé, les numéros de danse moyennement à part dans les bruyères et Go home with Jeanne, la photo brumeuse et les décors de studio ont leurs limites.
7/10
7/10
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 102487
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
La musique d'un musical est rarement emballante à la première écoute et celle de Brigadon étant d'un accès difficile au premier abord, essaie une seconde foisVazymollo a écrit :Brigadoon : belle histoire, même si la fin est un peu tirée par les cheveux. J'ai apprécié le conte de fées, les acteurs (bah évidemment Gene Kelly et Cyd Charisse !) et les costumes chatoyants, mais la musique ne m'a pas emballé, les numéros de danse moyennement à part dans les bruyères et Go home with Jeanne, la photo brumeuse et les décors de studio ont leurs limites.
7/10

Pour les décors de studio, j'adore
