Ville Portuaire. Le film m’a séduit d’emblée par son ouverture et son petit air de film noir. L’arrivée du héros, la mystérieuse tentative de suicide, l’intégration au microcosme portuaire... c’est formellement brillamment fignolé et captivant. Ce côté s’estompe néanmoins lorsque le récit abandonne le point de vue du personnage masculin au profit de celui du personnage féminin et ne revient pas par la suite. Ville Portuaire devient alors surtout fascinant pour sa manière de décrire un pur état de contradiction. La peinture des personnages et de leurs histoires se joue sur un déchirement entre émancipation et conformisme, entre le besoin de liberté et le désir de rester accroché à ses racines. Le récit n’est pas sans maladresse mais je trouve passionnant comment Bergman utilise tous les éléments gravitant autour du couple pour renforcer l’expérience. Au-delà du contexte portuaire très pertinent (lieu d’amarrage tout comme lieu de départ), chaque personnage ou réplique se répercutent entre eux pour aboutir à la création d’une complexe toile émotionnelle. Ce qui entraîne naturellement un certain dérangement dans la fin retenue, explosion d’enthousiasme pour le moins surprenante. A la façon dont le couple est passé par différents stades, cette conclusion pourrait être considéré cela dit comme une étape supplémentaire qui débouchera sur de nouvelles désillusions. Malgré ces quelques anicroches, ça reste une découverte fort intéressante.
La Fontaine D’Aréthuse. Là encore, j’adore l’ouverture avec ce plan de l’eau tourbillonnante qui prépare le tumulte émotionnel à venir. Cela dit, je suis un peu moins convaincu que par la précédente découverte. Je crois que la légère déception tient à la sous-intrigue séparée du couple principal. Cette annexe a son importance mais je le trouve bien trop déconnectée pour réussir à offrir le contrepoint voulu. Cela dit, je suis plus que charmé par le reste. Contrairement à Ville Portuaire, tout le mystère est évacué dès le départ pour mieux se concentrer sur la relation du couple. Au-delà de la maîtrise formelle, je reste captivé par la capacité de Bergman à en dire long sur leur relation moins avec l’évocation de leur passé qu’avec leurs échanges les plus anodins. Par contre, je suis toujours un brin sceptique sur la fin. Pour une histoire qui tourne autour de la thématique de l’impasse (femme stérile, carrière brisée, dispute perpétuelle… sans parler d’une histoire prenant place dans l’Allemagne au lendemain de la seconde guerre mondiale), ça m’apparaît limite cocasse de conclure sur un telle lueur d’espoir. Néanmoins comme précédemment, elle peut se tempérer par sa maigreur (vivre l’enfer à deux). Pas de quoi regretter la découverte cela dit.