Promenade avec l'amour et la mort (John Huston - 1969)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
Promenade avec l'amour et la mort (John Huston - 1969)
Pour commencer la semaine, voici une (très !) belle chronique signée Max Schreck.
Certains d'entre nous avions déjà eu l'occasion de nous procurer le beau film de John Huston grâce aux éditions du Monde. Sachez qu'il sort dans le commerce dans la Collection Films de ma Vie avec pas mal d'autres jolis titres.
Promenade avec l'amour et la mort
Certains d'entre nous avions déjà eu l'occasion de nous procurer le beau film de John Huston grâce aux éditions du Monde. Sachez qu'il sort dans le commerce dans la Collection Films de ma Vie avec pas mal d'autres jolis titres.
Promenade avec l'amour et la mort
- Boubakar
- Mécène hobbit
- Messages : 52282
- Inscription : 31 juil. 03, 11:50
- Contact :
- Jack Griffin
- Goinfrard
- Messages : 12389
- Inscription : 17 févr. 05, 19:45
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2285
- Inscription : 2 mai 05, 16:19
- Ann Harding
- Régisseur
- Messages : 3144
- Inscription : 7 juin 06, 10:46
- Localisation : Paname
- Contact :
Un petit peu de trivia sur ce film.... J'ai lu récemment l'autobiographie de Betsy Blair (1ère femme de Gene Kelly et excellente actrice) et elle a envisagé durant les années 60 devenir metteur en scène. Elle avait adoré le roman de Hans Koningsberger et voulait l'adapter. Elle avait déjà commencé à travailler sur ce projet. Mais, finalement, elle n'a pu le réaliser. Huston l'a fait plusieurs années plus tard...
-
- David O. Selznick
- Messages : 14811
- Inscription : 13 août 03, 12:52
- Localisation : Hong Kong, California
- Contact :
Bravo à qui de droit pour la mise en page.
Comme j'ai découvert aujourd'hui-même la gueule du packaging choisi par Opening, j'ai prévu une petite mise à jour d'un paragraphe à ce sujet. Je vous le mets ici en attendant qu'il soit intégré à la chronique :
Voilà, ça méritait d'être mentionné. Je crois n'avoir jamais eu le sentiment d'un tel foutage de gueule concernant le boîtier d'un dvd. Et c'est évidemment le même traitement pour Gens de Dublin (sorti également), le pire étant peut-être atteint avec le double-dvd des Sept samourais où les disques sont purement et simplement posés l'un sur l'autre à partir du même rond central. Le seul intérêt d'une telle démarche est sans doute de vendre ces galettes moins cher mais chez MK2 DVD ils étaient à 13 euros (EDIT : 11 sur fnac.com).
Bref, je suis un peu consterné. Evidemment, le film est l'essentiel, mais on a des boîtiers qui semblent à peine remplir leur fonction première qui est d'assurer une bonne protection du contenu.
Cela étant dit, que cela ne vous empêche pas ici de surtout parler du film. Promendade avec l'amour et la mort fait partie de mes films fétiches. L'histoire me touche énormément, de même que cette vision du Moyen-âge me parle.
Comme j'ai découvert aujourd'hui-même la gueule du packaging choisi par Opening, j'ai prévu une petite mise à jour d'un paragraphe à ce sujet. Je vous le mets ici en attendant qu'il soit intégré à la chronique :
Le DVD a d'abord été vendu en exclusivité dans le cadre de la 6e série Le Cinéma du Monde, inclus dans un livret cartonné reproduisant l'affiche originale française. Fin juin 2006, Opening édite le film dans le commerce au sein d'une nouvelle collection qui propose également Gens de Dublin, dernier chef-d'oeuvre de John Huston. On déplorera cependant une charte graphique franchement peu exaltante, d'une sobriété dénuée d'élégance, et surtout un packaging en plastique souple et polystyrène dont la solidité laisse à désirer. L'économie de moyens a ses limites, et ces choix n'aideront certainement pas à rendre l'objet très vendeur en soi.
Voilà, ça méritait d'être mentionné. Je crois n'avoir jamais eu le sentiment d'un tel foutage de gueule concernant le boîtier d'un dvd. Et c'est évidemment le même traitement pour Gens de Dublin (sorti également), le pire étant peut-être atteint avec le double-dvd des Sept samourais où les disques sont purement et simplement posés l'un sur l'autre à partir du même rond central. Le seul intérêt d'une telle démarche est sans doute de vendre ces galettes moins cher mais chez MK2 DVD ils étaient à 13 euros (EDIT : 11 sur fnac.com).
Bref, je suis un peu consterné. Evidemment, le film est l'essentiel, mais on a des boîtiers qui semblent à peine remplir leur fonction première qui est d'assurer une bonne protection du contenu.
Cela étant dit, que cela ne vous empêche pas ici de surtout parler du film. Promendade avec l'amour et la mort fait partie de mes films fétiches. L'histoire me touche énormément, de même que cette vision du Moyen-âge me parle.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
- AlexRow
- The cRow
- Messages : 25590
- Inscription : 27 mars 05, 13:21
- Localisation : Granville (50)
- Contact :
C'est effectivement un TRÈS BEAU film. La narration est d'une grande délicatesse et les personnages sont très touchants. La peinture des émotions est vraiment prenante, oscillant entre l’idéalisme de ces jeunes gens et l’amertume qui découle de l'irruption de l’âpreté d’une civilisation en état de guerre civile. Quel portrait aussi d’une crise du modèle social féodal, où chacun était supposé tenir une place déterminée par Dieu et pour le bien commun mais qui ne tenait en réalité que par un rapport de force. Et tout cela est fait avec beaucoup de poésie.
Donc un très grand merci à Max Schreck pour sa superbe chronique qui m'a poussé à découvrir ce film.
Donc un très grand merci à Max Schreck pour sa superbe chronique qui m'a poussé à découvrir ce film.
-
- David O. Selznick
- Messages : 14811
- Inscription : 13 août 03, 12:52
- Localisation : Hong Kong, California
- Contact :
Cette vision du Moyen-âge t'a-t-elle paru juste, notamment en ce qui concerne le comportement, la conscience sociale et morale des personnages vis-à-vis de leur temps ? Huston nous décrit en effet une époque particulièrement sombre et tragique, dont l'obscurité est à peine trouée par la fragile lueur incarnée par les amants. C'est certes poétisé, ce qui peut justifier certains partis-pris eventuellement anachroniques, mais l'avis d'historiens sur ce film m'intéresserait beaucoup.AlexRow a écrit :Quel portrait aussi d’une crise du modèle social féodal, où chacun était supposé tenir une place déterminée par Dieu et pour le bien commun mais qui ne tenait en réalité que par un rapport de force. Et tout cela est fait avec beaucoup de poésie.
AlexRow a écrit :Donc un très grand merci à Max Schreck pour sa superbe chronique qui m'a poussé à découvrir ce film.
Tu m'en vois ravi.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
- AlexRow
- The cRow
- Messages : 25590
- Inscription : 27 mars 05, 13:21
- Localisation : Granville (50)
- Contact :
Elle m'a l'air très anachronique, dés le départ. Déjà, l'ambition de Héron de "voir la mer" relève d'un esprit romantique qui me semble très étranger à ce que je connais des mentalités du 14e siècle ; cette volonté d'un étudiant de prendre du recul par rapport au savoir livresque pour vivre ses expériences personnelles est aussi très proche de celle des étudiants des campus révoltés de 1968. En outre, certains passages font clairement référence au contexte social et culturel de 1968-1969 : la troupe de comédiens livrant sa vision d'une jacquerie est en réalité un happening contemporain (le mot est d'ailleurs prononcé). La présence du "noir de service" dans cette troupe est d'ailleurs un clin d'oeil à ces troupes artistiques contemporaines en même temps qu'une concession à l'exigence de l'emploi de minorités ethniques dans les productions américaines. Enfin, le portrait même de cette jeunesse rétive aux codes de la société qui les entoure évoque directement celle des utopies de la fin des années 1960. Il est intéressant de voir comme ils combinent pureté d'âme et amour du corps, comme d'ailleurs les amants du Roméo et Juliette réalisé par Zeffirelli l'année précédente. Mais surtout que celà ne dérange personne ! Je trouve que Huston parvient à atteindre à une certaine vérité historique en campant ces témoins idéaux pour juger ces temps troublés, écartelés entre d'anciens schémas (organisation tripartite de la société : clercs, chevaliers, paysans) et la volonté de les faire imploser (utopies collectivistes paysannes, confréries religieuses laïques, communes autonomes...). C'est une belle lecture d'un moment révolutionnaire à la lueur d'une autre époque presque aussi bouillonnante.Max Schreck a écrit :Cette vision du Moyen-âge t'a-t-elle paru juste, notamment en ce qui concerne le comportement, la conscience sociale et morale des personnages vis-à-vis de leur temps ?
-
- David O. Selznick
- Messages : 14811
- Inscription : 13 août 03, 12:52
- Localisation : Hong Kong, California
- Contact :
Merci pour ces précisions.
Certaines scènes apparaissent en effet comme des transpositions directes des utopies de la jeunesse de 68 (année de tournage du film), comme celle qui nous montre les amants et le cousin de Claudia jouer de la musique au coin du feu en buvant du vin, rêvant un monde de paix où ils vivraient ensemble. Et la grande force du film, à mon sens, est de faire fonctionner cette référence sans pour autant la faire apparaître aujourd'hui comme quelque chose de daté, de périmé. Parce que ça trouve vraiment sa place et sa raison d'être dans le récit et les doutes qu'il expose, qui demeurent universels.
Certaines scènes apparaissent en effet comme des transpositions directes des utopies de la jeunesse de 68 (année de tournage du film), comme celle qui nous montre les amants et le cousin de Claudia jouer de la musique au coin du feu en buvant du vin, rêvant un monde de paix où ils vivraient ensemble. Et la grande force du film, à mon sens, est de faire fonctionner cette référence sans pour autant la faire apparaître aujourd'hui comme quelque chose de daté, de périmé. Parce que ça trouve vraiment sa place et sa raison d'être dans le récit et les doutes qu'il expose, qui demeurent universels.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
- AlexRow
- The cRow
- Messages : 25590
- Inscription : 27 mars 05, 13:21
- Localisation : Granville (50)
- Contact :
- cinephage
- C'est du harfang
- Messages : 23921
- Inscription : 13 oct. 05, 17:50
Promenade avec l'amour et la mort, de John Huston.
Les aventures picaresques d'un jeune étudiant en quête de liberté, et de la jeune femme qu'il croisera en route...
Un film qui me confirme que je n'accroche pas totalement au cinéma de Huston de cette époque (Fat City non plus, ne m'avait pas passionné, ni même le Malin).
Quelques préoccupations très dans l'air du temps, limite hippie (faisons l'amour, pas la guerre), un film qui représente le moyen-age avec beaucoup de réserve, peu de figurants, des costumes ternes, une bande sonore discrète (chansons médiévales clairsemées, et sinon son direct). On déambule en pleine campagne, loin de toute ville, donc on croise peu de monde...
Si certains moments sont remarquables pris individuellement
5/10
Les aventures picaresques d'un jeune étudiant en quête de liberté, et de la jeune femme qu'il croisera en route...
Un film qui me confirme que je n'accroche pas totalement au cinéma de Huston de cette époque (Fat City non plus, ne m'avait pas passionné, ni même le Malin).
Quelques préoccupations très dans l'air du temps, limite hippie (faisons l'amour, pas la guerre), un film qui représente le moyen-age avec beaucoup de réserve, peu de figurants, des costumes ternes, une bande sonore discrète (chansons médiévales clairsemées, et sinon son direct). On déambule en pleine campagne, loin de toute ville, donc on croise peu de monde...
Si certains moments sont remarquables pris individuellement
- Spoiler (cliquez pour afficher)
5/10
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
- AtCloseRange
- Mémé Lenchon
- Messages : 25422
- Inscription : 21 nov. 05, 00:41
J'aimerais bien le voir même si je pense à peu près la même chose de Fat City et Le Malin (pas accroché plus que ça). Parce qu'à la même époque, il y a aussi La Lettre du Kremlin, Juge et Hors-La-Loi, Le Piège qui sont très bons, voire excellents. Avec une filmo aussi pléthorique et aussi variée, c'est normal de ne pas adhérer à tout.cinephage a écrit :Promenade avec l'amour et la mort, de John Huston.
Les aventures picaresques d'un jeune étudiant en quête de liberté, et de la jeune femme qu'il croisera en route...
Un film qui me confirme que je n'accroche pas totalement au cinéma de Huston de cette époque (Fat City non plus, ne m'avait pas passionné, ni même le Malin).
Quelques préoccupations très dans l'air du temps, limite hippie (faisons l'amour, pas la guerre), un film qui représente le moyen-age avec beaucoup de réserve, peu de figurants, des costumes ternes, une bande sonore discrète (chansons médiévales clairsemées, et sinon son direct). On déambule en pleine campagne, loin de toute ville, donc on croise peu de monde...
Si certains moments sont remarquables pris individuellement, je n'adhère pas au projet pris dans sa globalité, et, si les questions que soulève Huston sont pour le moins pertinentes, j'avoue préférer une forme plus clinquante, plus implicante pour les poser.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
5/10
Je crois bien que Huston est le réalisateur qui a fait tourner le plus grand nombre de stars. Très peu de grands noms n'ont pas tourné avec lui.
- gnome
- Iiiiiiil est des nôôôôtres
- Messages : 20868
- Inscription : 26 déc. 04, 18:31
- Localisation : sleeping in the midday sun...
Re: Promenade avec l'amour et la mort (John Huston, 1969)
Je remets ici l'avis que j'ai posté dans les commentaires du film du mois :
Ce qui peut paraître caricatural (et qui n'a pas manqué de faire sourire mon épouse), c'est la charge anticléricale de certaines scènes, mais elles ne m'ont personnellement pas choqué dans le sens où il faut se replacer dans la mentalité de l'époque. Huston nous livre une très belle histoire d'amour tragique doublée d'une réflexion profonde et réussie sur la nature humaine. La violence et la cruauté de certaines scènes, même si elle n'est pas graphique n'en donne pas moins froid dans le dos et font réfléchir.
On y trouve le même discours que Les chiens de paille, que le Wakamatsu que je cite plus haut... Dans certaines circonstances, un homme peut devenir une bête.
Et comme le dit très bien AlexRow : La narration est d'une grande délicatesse et les personnages sont très touchants.
Le Huston est un film plus intime.
C'est personnellement en partie ce que j'ai aimé. Ce dépouillement, cette simplicité des décors combinés à la superbe photographie et au score très médiéval de Georges Delerue donnent (surtout dans les trois premiers quarts) à la reconstitution de l'époque tout son cachet d'authenticité. Dans ce sens, le film est très réussis à l'instar par exemple du Décameron et des Contes de Canterbury de Pasolini... Je dis dans les trois premiers quarts parce que certains combats à la fin peuvent sonner un peu cheap de même que le créneau derrière lequel les héros se retrouvent à la fin (surtout en regard des superbes décors naturels qui dominent tout le film) mais ce n'est rien en regard des qualités du film.cinephage a écrit :Tiens, je n'avais pas du tout adhéré au parti pris du film, son coté dépouillé, son approche que j'avais trouvée simpliste et caricaturale du féodalisme.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Ce qui peut paraître caricatural (et qui n'a pas manqué de faire sourire mon épouse), c'est la charge anticléricale de certaines scènes, mais elles ne m'ont personnellement pas choqué dans le sens où il faut se replacer dans la mentalité de l'époque. Huston nous livre une très belle histoire d'amour tragique doublée d'une réflexion profonde et réussie sur la nature humaine. La violence et la cruauté de certaines scènes, même si elle n'est pas graphique n'en donne pas moins froid dans le dos et font réfléchir.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
On y trouve le même discours que Les chiens de paille, que le Wakamatsu que je cite plus haut... Dans certaines circonstances, un homme peut devenir une bête.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Et comme le dit très bien AlexRow : La narration est d'une grande délicatesse et les personnages sont très touchants.
Non, justement, j'ai trouvé que ce parti pris de simplicité permet de bien mieux se concentrer sur les sentiments. Le rythme par moment limite contemplatif joue aussi beaucoup dans cette réussite. Avec des plans simples, Huston fait passer son message comme ce corps qui flotte sur l'eau au début ou ces chevaux morts qui en disent plus long que tous les discours... Puis le jeu naturel des acteurs et la mise ne scène conviennent à mon sens mieux à ce que Huston voulait faire passer qu'une mise en scène et une interprétation ronflante à la Le Cid...cinephage a écrit : j'avoue préférer une forme plus clinquante, plus implicante pour les poser.
Le Huston est un film plus intime.