Attention, formule à la con : s'il a raté sa sortie, c'est uniquement parce qu'il n'avait pas prévu la date de sa mort.Alexandre Angel a écrit : ↑19 août 22, 07:21
Je trouve qu'il a un peu raté sa sortie : Vivement Dimanche ne me semble pas terrible (après il n'est pas "mort de vieillesse" et qui sait comment son œuvre aurait évolué).
Vivement Dimanche a déjà eu droit à sa critique sur le site, il n'a pas besoin de moi pour être réhabilité (puisqu'il n'a pas besoin de réhabilitation du tout, en fait). Ce n'est pas un film "majeur" de Truffaut (important, ambitieux, le premier titre auquel on penserait pour faire découvrir le réalisateur à quelqu'un, comme vous voudrez), mais ce n'est pas non plus un vilain petit canard à la Buddy Buddy, ce film de trop qui dit seulement qu'il était temps de prendre sa retraite.
Avec Vivement Dimanche, Truffaut revient à ses amours pour le roman policier, s'offre une récréation après deux œuvres plus graves, se permet un joli noir et blanc de film noir joliment travaillé, fait de Trintignant un petit cousin hexagonal du Cary Grant de Bringing Up Baby (moins stoïque parce que français mais subissant lui aussi), regarde amoureusement Fanny Ardant virevolter devant sa caméra, et les dernières images peuvent très bien boucler la boucle si ça devait être son dernier film (on ne sait jamais).
Bref, dernier film par la force des choses, mais certainement pas un film de fin de carrière.
Et si j'apprécie Vivement Dimanche, c'est aussi parce que je n'y retrouve pas ce truc qui me met à distance par moments chez le cinéaste : cette artificialité lourdement voyante des procédés de fabrication.
Parfois (au hasard dans Jules et Jim, mettons), j'ai le sentiment de pouvoir lire en surimpression à l'image les notes de Truffaut sur son script : une phrase soulignée, un mot entouré en rouge, une flèche ou un petit dessin dans la marge indiquant comment tel mouvement de caméra doit paraphraser la narration, ce qui me sort du film.
Avec Vivement Dimanche ce n'est pas le cas, c'est essentiellement ludique et j'en accepte les règles du jeu sans problème.
Et puis Fanny Ardant, quand même...