Adelheid (František Vláčil - 1969)
Après la fin de la seconde guerre mondiale, un résistant qui avait rejoint la RAF se voit attribuer par l'armée le vaste manoir d'un dignitaire nazi, arrêté et dans l'attente de son procès. La fille de ce dernier est contrainte d'être sa femme de ménage.
En attendant de découvrir
la colombe blanche et
Marketa Lazarová qui prennent la poussière chez moi, je découvre le cinéaste avec ce très beau drame sur l'impossible réconciliation entre deux pays, symbolisé par un homme et une femme, quand bien même ces deux protagonistes, usées par les événements et les épreuves, n'aspirent qu'à retrouver une paix (intérieure) et une retraite loin du monde.
Les pressions sociales, la barrière de la langue, l'inversion des rapports de classes ou la guerre des sexes sont autant de barrière - non volontaires - qui viennent empêcher toute tentative de compréhension et de rapprochement.
Les nombreux thèmes sont d'une formidable richesse et le cinéaste a l'intelligence de ne pas les expliciter dans une succession de scènes dialoguées et démonstratives mais de les mettre en scène par une formidable gestion de l'espace, de l'architecture, des teintes sombres et des non dits. Le film dégage immédiatement une pesanteur et une lassitude existentielle qui s'installe dans cette tentative d'apprivoisement vouée à l'échec. Il y a d'ailleurs plusieurs manières de décrypter les comportements au centre de plusieurs séquences, ce qui enrichit et complexifie les relations des deux protagonistes. Et nourrit une incompréhension douloureuse qui renforce leur solitude.
Adelheid est l'histoire d'une rendez-vous manqué, d'un double isolement, condamné par avance.
Malgré sa dramaturgie très resserrée, un rythme lent et des enjeux à priori légers, Vláčil m'a passionné du début à la fin, avec une amer mélancolie et la hantise d'une beauté froide insondable.
Le vampire de Ferat (Juraj Herz - 1981)
Un médecin se demande si une voiture de sport n'est pas un vampire, utilisant le sang de ses conducteurs comme carburant.
Après avoir adoré il y a quelques mois
L'incinérateur de cadavres, je partais curieux et un peu sur la défensive avec ce film tardif, pour le cinéaste et le cinéma tchèque. A raison malheureusement puisque le film est vraiment moyen et à l'intérêt limité. Comme si le scénario cherchait à reproduire
Christine en s'appropriant un autre mythe au passage mais sans savoir comment le faire et comment. Autant dire que ça ne mène nulle part et ne dépasse pas le postulat.
De la virtuosité, l'audace et la charge politique de
l'Incinérateur, il ne reste pas grand chose ici : un peu de grand angle, quelques mouvements de caméra, un humour noir décalé (inabouti ici) et un climat fantastique inquiétant qui fonctionne relativement bien dans le premier tiers avant de se tasser fortement. Et à part une séquence de cauchemar que n'aurait pas renié Cronenberg, ce qu'il y a à se mettre sous la dent est plutôt léger avec des personnages inconsistants (malgré la présence de Jiri Menzel dans le premier rôle) et une évolution décevante du scénario.
Un dérapage dans l'eau.