
Le sujet : En 1943, un commando anglais mené par John Smith doit aller délivrer un général américain tenu prisonnier par les allemands en Autriche. L’opération, délicate, consiste à aller le secourir en haut du château dit « Le Nid D’aigle », mais la mission s’avère plus compliquée que prévue…
En 1969, Clint Eastwood est déjà une star mondiale qui monte de plus en plus. Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, et Le bon, la brute et le truand l’ont assis sur une notoriété stable, faisant de lui un acteur très en vue. N’en restant pas là, Eastwood tourne s’en retourne aux USA et y fait un bon western en 1967, Pendez-les hauts et courts, qui aura une certaine renommée, et un bon polar préfigurant l’inspecteur Harry en 1968, Un shérif à New York. Tout marche plutôt bien pour l’acteur devenu également producteur. C’est alors qu’on lui propose un rôle dans ce qui sera sa première superproduction d’envergure : le personnage de Shaffer dans Quand les aigles attaquent. Le film, produit par la MGM, est censé re-booster la carrière défaillante de Richard Burton : celui-ci, habitué aux films de guerre (on l’y retrouvera dans Le cinquième commando, Les rats du désert ou encore le très réussit Les oies sauvages), est à l’aise dans ce rôle sur mesure. Tournage très difficile, cascades et pyrotechnie en pagaille, conditions ardues… Rien n’est épargné aux participants du films, mais le résultat est là : c’est une incontestable réussite artistique et financière.
En effet, je classe le film dans les meilleurs films de guerre qu’ait tourné Hollywood dans les années 60. Le scénario, abominablement bien ficelé, ménage le suspense et les rebondissements comme rarement il m’a été donné de le voir dans ce genre de films. La mise en scène maximalise le tout, donnant de la pèche et de la maestria à un ensemble extrêmement réussit : la photographie est magnifique (l’ambiance nocturne en haute montagne qui s’en dégage est encore aujourd’hui inégalée au cinéma), la musique est signée par un Ron Goodwin visiblement inspiré (thèmes héroïques rabâchés, rythme entraînant des partitions, rien ne manque), le montage alterne entre prises de vues somptueuses et moments de rythmes purs… Bref, cela fonctionne parfaitement, également mené par un casting sans faute : Clint Eastwood s’avère très bon en « Mister Action » quasi-muet (le coup des mitrailleuses dans chaque main préfigure les films d’action 80’s), Mary Ure suit la troupe sans broncher et avec flegme, et… surtout un Richard Burton parfait en leader intransigeant, intelligent, et redoutablement efficace dans les situations périlleuses. C’est simple, du début à la fin, il prend la méchante habitude de bouffer littéralement l’écran, conduisant sa mission avec force et détermination. Séduisant, manipulateur, coriace et fin stratège, il parcourt le film tel un fauve de grande classe. Pour finir, on peut dire que Quand les aigles attaquent est un film de guerre puissamment destructeur, extrêmement bien fait, doté d’un scénario millimétré, visuellement minutieusement orchestré et proposant un sens du détail et de la précision comme rarement, bref, emballé dans du papier doré et qui saura séduire même les plus récalcitrants au genre que représente le film de guerre.
En deux mots : Richard Burton et son commando de choc crèvent l’écran dans ce film d’action guerrier au scénario infaillible ménageant coups de théâtres et suspenses à répétitions pour le plus grand bonheur des amateurs de divertissements de qualité que sont les cinéphiles.