Prenons le cas de The Girl from U.N.C.L.E.. Voilà une production qui réclame que l'on déploie des trésors d'abnégation afin d'en chanter les vertus, alors qu'elle ne suscite que dédain et amertume auprès des admirateurs de The Man from U.N.C.L.E ; beaucoup de ses thuriféraires la jugeant responsable de la déconfiture de leur franchise favorite.
Ainsi que se plairait à l'énoncer l'Oncle Paul lui-même, un peu d'Histoire s'impose.
En 1966, la jeunesse américaine, celle qui fait l'orgueil des campus, s'enthousiasme depuis deux saisons pour les aventures hebdomadaires de Napoleon Solo et Illya Kuryakin; au point que cette popularité le dispute en hystérie collective à la Beatlemania lors des tournées promotionnelles effectuées par les deux acteurs principaux, Robert Vaughn et David McCallum.



Selon le premier commandement respecté pieusement par tout producteur digne de ce nom et qui veut que "le succès appelle le succès", il fut décidé de mettre en chantier une série dérivée dont la vedette cette fois-ci appartiendrait à la gent féminine. A cet effet, le personnage d'April Dancer fut conçu, confié à une ex-Miss Amérique, Mary-Ann Mobley, et introduit dans un épisode de la deuxième saison de The Man.., flanqué de l'agent Mark Slate (Norman Fell). plus âgé et censé assumer un rôle protecteur.


Mais lorsque l'on en vint à tourner la série proprement dite, il apparut à des esprits avisés que l'air du temps, celui des "swingin' sixties" appelait que le concept initial souffrît quelques altérations de circonstance. Exit la brune vulnérable et son expérimenté partenaire, bonjour une rousse pimpante vêtue à la dernière mode et un jeune agent britannique made in "Carnaby Street": Stephanie Powers et Noel Harrison (le fils de Rex).


Dans le même ordre d'idée, The Girl from U.N.C.L.E. s'inspira du ton de la dernière série en vogue, le Batman "camp" qui faisait les beaux jours d'ABC! Et par un phénomène de mimétisme malencontreux, The Man from U.N.C.L.E. épousa une inflexion similaire, privilégiant la – mauvaise – comédie au détriment de l’action. Les susmentionnés thuriféraires se retrouvèrent donc en présence, à leur grand désarroi, d’une série méconnaissable et d’une autre qu’il n’avaient pas envie de connaître. Le public au lieu de croître se divisa, et l’audience fondit comme neige au soleil caniculaire.
Et si Annie, Agent très Spéciale ne dansa qu’une seule saison, on tenta désespérément et vainement de ramener Des Agents très Spéciaux dans le droit chemin lors d’une quatrième saison qui s’avéra la dernière.
Par-delà la fuite des années que reste-t-il de The Girl from U.N.C.L.E ? Un humour si laborieux qu’il en devient embarrassant , des intrigues que l’on croirait tirées des fonds de tiroirs d’un scénariste en mal d’inspiration ; mais aussi quelques épisodes qui tiennent la route, la présence du talentueux Barry Shear à la réalisation, ainsi que la contribution incongrue de Mitchell Leisen(!). And last but not least, le savoureux Leo G. Carroll en immuable Alexander Waverley et Boris Karloff déguisé en vieille dame!
Il vous restera à vous faire une opinion, chaque dimanche aux alentours de 16h45 sur Ciné Polar.