L’intrigue débute lorsque les cowboys Martin Baumann Sr (Walter Barnes, figure familière du cinoche populaire) et Jr, de retour d’une chasse à l’ours en compagnie du chef apache Winnetou, découvrent leur ranch détruit par (ce qui semble être) une attaque indienne. Martin Sr, dit Chasseur d’Ours, s’en prend à Winnetou pour la mort violente de son épouse et de sa fille, rendant tous les Peaux Rouges responsables. Convaincu de l’innocence de son peuple, Winnetou s’associe à un de ses vieux amis, Old Surehand. Ensemble, ils découvrent que les exactions attribuées aux Indiens sont, en réalité, le fait d’une bande de bandits surnommés les Vautours menés par le redoutable Preston.
Après une première salve composée de LE TRESOR DU LAC D’ARGENT, LA REVOLTE DES INDIENS APACHES, LES CAVALIERS ROUGES et LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES, la Rialto poursuit ses adaptations de Karl May avec ce PARMI LES VAUTOURS dans lequel Old Shatterhand (campé par Lex Barker) est remplacé par Old Surehand (joué par Stewart Granger). Celui-ci reviendra dans deux autres films : L’APPAT DE L’OR NOIR et OLD SUREHAND. Par la suite, Lex Barker reviendra dans WINNETOU III, WINNETOU AND THE CROSSBREED et WINNETOU AND SHATTERHAND IN THE VALLEY OF DEATH. Un autre “vieux cowboy”, Old Firehand, vint encore tenir compagnie à Winnetou dans TONNERRE SUR LA FRONTIERE. A croire que pour être ami du chef indien il faut avoir un certain âge. Winnetou, pour sa part, est toujours incarné par Pierre Brice qui le joua onze fois sur les grands écrans.
La trilogie avec Granger se voulait plus mature et violente que les épisodes précédents (passant d’ailleurs d’une classification « tous publics » à une « interdiction aux moins de 12 ans »), du moins selon les standards de l’époque. Toutefois, à la différence de Barker qui interprétait très sérieusement Old Shatterhand, Granger, inoubliable héros bondissant du cape et épée (LES CONTREBANDIERS DE MOONFLEET, SCARAMOUCHE, LE PRISONNIER DE ZENDA), opte pour le second degré et apparait très décontracté au cours de cette aventure.
Cependant, il démontre ses talents et prouve, en effet, qu’il a la « main sûre » durant la grande scène dramatique au cours de laquelle Surehand demande le jugement de Dieu (ou plutôt de Manitou) pour prouver sa bonne foi. Le cow-boy grisonnant se retrouve alors attaché à un poteau de torture tandis que les trois meilleurs archers Indiens sont chargés de le transpercer de leur flèche. Mais Surehand triomphe de l’épreuve : il brise d’une balle la première en plein vol (pas mal !), esquive la seconde et détruit l’arc du troisième guerrier avant qu’il ne puisse frapper.
Aux côtés de Brice et Granger, Elke Sommer (LISA ET LE DIABLE) apporte l’atout charme nécessaire et Terence Hill (sous son véritable nom de Mario Girotti) apparait dans un rôle secondaire (il n’est plus ici le lieutenant de cavalerie vu dans LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES).
Grand spécialiste des adaptations d’Edgar Wallace, Alfred Vohrer (qui réalisa deux autres opus de la franchise « Winnetou ») propose une mise en scène solide qui donne la priorité à l’aventure avec quelques belles scènes d’action (comme toujours dans la saga) et un rythme alerte.
L’intrigue, elle, est sympathique quoique pas particulièrement originale : comme souvent de méchants bandits très vilains cherchent à accuser de gentils Indiens plein de sagesse de leurs crimes et Winnetou doit défendre l’honneur de son peuple. Cependant, le chef Indien, héros des précédents volets, se voit ici placé largement en retrait : Stewart Granger lui vole la vedette et sert de moteur principal aux évènements tandis que Winnetou assure le lien entre les séquences disparates ainsi que la cohérence du récit.
Comme les autres volets de la saga, le film est donc plein de bons sentiments, très manichéen, mais, au final, agréable à suivre : il s’agit clairement d’un long-métrage « familial » destiné à une vision du samedi soir. Aucune prise de tête à redouter devant ce spectacle fort sympathique.
Si ce n’est pas le plus palpitant des « Winnetou », PARMI LES VAUTOURS reste un plaisant divertissement, bien joué et réalisé, qui tire admirablement parti des paysages grandioses de Croatie. Le tout se regarde donc avec des yeux d’enfants, entre naïveté et émerveillement.