Re: Classement des sorties Cinéma/VOD/DTV 2022
Publié : 9 mars 22, 18:08
Première participation de l'année :
The Green Knight (Lowery) 5/10
De réguliers instants de sidération, face à l'image, la pleine appréhension de la dimension mythologique du récit, mais aussi de gros moments d'ennuis face à un rythme trop lancinant et une certaine opacité narrative. On est, selon moi, dans du très grand livre d'images, mais la question de la nature cinématographique reste un peu indéterminée.
Licorice Pizza (Anderson) 8/10
Je rejoins la plupart des éloges dressées ici ou là : une comédie romantique étrange, déroutante et exaltante à la fois, dont au-delà des qualités formelles, je retiendrai sans doute, à terme, l'énergie communicative de ces comédiens qui courent sans cesse.
Scream (Bettinelli-Olpin et Gillett) 4,5/10
Ce ne serait pas un opus de la saga Scream, je crois que je lui reprocherais avec un agacement certain beaucoup de ces travers meta, cyniques et insincères, qui plombent une bonne partie du cinéma américain en ce moment. Mais puisqu'il se trouve que c'est, depuis ses débuts, la raison d'être de cette série que d'exhiber ses propres recettes, ses clichés et sa vacuité, j'admets que ça trouve ici du sens.
Ouistreham (Carrière) 6/10
Emmanuel Carrère n'adapte pas tout à fait Florence Aubenas, il fictionnalise son infiltration. Le fait d'avoir pris Juliette Binoche pour le rôle est donc intéressant, puisqu'on n'y croit pas, mais qu'on a raison de ne pas y croire. Si le film n'est pas parfait, je reconnais une vraie réussite, dans sa captation du "geste" de ces travailleuses qui se lèvent à 4h30 pour aller récurer les chiottes des ferrys - à cet égard, j'ai été bluffé par l'actrice-amateure qui joue Christèle.
Nightmare Alley (Del Toro) 5,5/10
Le film a probablement un peu souffert pour moi de la comparaison avec le Goulding, découvert deux jours plus tôt. Del Toro délaye inutilement ce qui était plus resserré, plus sec, et donc plus efficace dans le film original.
Si donc on mesure l'utilité d'un remake à ce qu'il apporte de nouveau, il faut bien reconnaître ici qu'hormis une jolie direction artistique rétro et un casting de luxe (pas toujours bien dirigé), les nouveautés sont bien maigres.
Val (Scott & Poo) 5,5/10
La principale émotion du film vient tout de même de la découverte de Kilmer aujourd'hui, surtout face à la splendide arrogance des archives de son âge d'or. Pour le reste, le montage est trop linéaire et manque de perspectives pour être autre chose qu'un portrait intime très (trop) spécifique.
Red Rocket (Baker) 4,5/10
La forme est très dynamique, avec un montage très vif, des dialogues percutants, et un enchaînement haletant de situations souvent assez drôles. Le propos du film, par contre, est beaucoup plus problématique, et selon le curseur, il faut trouver tout cela au mieux très futile, au pire d’une trivialité ou d’une vulgarité sans limites.
Vaillante (Zeitoun & Ty) 5,5/10
C'est très balisé, mais plutôt efficace. Mes touboudoutes ont marché, donc moi aussi par ricochet.
The Innocents (Vogt) 6/10
Le film offre certes une alternative salutaire aux autres histoires de super-héros, mais je trouve le résultat presque trop plat, et je doute qu'il me marque durablement.
Ali & Ava (Barnard) 8/10
Je surnote peut-être un peu, mais c'était probablement mon coup de coeur cannois : après Le géant égoïste (plus sombre), la patte particulière de Clio Barnard au moment d'aborder la "comédie sociale anglaise" (genre balisé en lui-même) se confirme ici. Filmage à la hauteur de ses personnages avec une profonde empathie et une énergie radieuse, qualité de l'image et du montage, travail époustouflant sur le son, humour vif...
Woman do cry (Mileva) 3/10
Des histoires de femmes qui essayent de survivre dans la Bulgarie d'aujourd'hui. Les intentions sont probablement bonnes, mais le film est d'un naturalisme étonnamment plat, sans poésie ou fantaisie, assez assourdissant (ça crie, ça braille, ça pleure) et surtout, se place dans une optique "post me-too" radicale qui pose comme postulat que tous les mecs sont des menteurs et des menaces pour les femmes, avec force exemples à l'appui (le mec marié qui refile le VIH à son amante de 19 ans, le père absent qui laisse sa femme se débrouiller avec bébé, le grand-père violent, le manifestant facho, le gynéco détestable, le collègue de travail salace, le garçon idiot du village). Ma plus pénible séance cannoise.
Bruno Reidal (Le Port) 5/10
Le juge et l'assassin filmé par Bresson, ou l'histoire d'un ado du Cantal qui, en 1905, avait sauvagement assassiné un enfant de sa région. Rigueur ascétique du cadre, souvent somptueux, et de l'interprétation, en minéralité brute, mais le film est trèèèèès aride, enchaînant scènes de confessions, de masturbation, de violence, de masturbation, de douleur et de masturbation. Impressionnant mais désagréable.
The Green Knight (Lowery) 5/10
De réguliers instants de sidération, face à l'image, la pleine appréhension de la dimension mythologique du récit, mais aussi de gros moments d'ennuis face à un rythme trop lancinant et une certaine opacité narrative. On est, selon moi, dans du très grand livre d'images, mais la question de la nature cinématographique reste un peu indéterminée.
Licorice Pizza (Anderson) 8/10
Je rejoins la plupart des éloges dressées ici ou là : une comédie romantique étrange, déroutante et exaltante à la fois, dont au-delà des qualités formelles, je retiendrai sans doute, à terme, l'énergie communicative de ces comédiens qui courent sans cesse.
Scream (Bettinelli-Olpin et Gillett) 4,5/10
Ce ne serait pas un opus de la saga Scream, je crois que je lui reprocherais avec un agacement certain beaucoup de ces travers meta, cyniques et insincères, qui plombent une bonne partie du cinéma américain en ce moment. Mais puisqu'il se trouve que c'est, depuis ses débuts, la raison d'être de cette série que d'exhiber ses propres recettes, ses clichés et sa vacuité, j'admets que ça trouve ici du sens.
Ouistreham (Carrière) 6/10
Emmanuel Carrère n'adapte pas tout à fait Florence Aubenas, il fictionnalise son infiltration. Le fait d'avoir pris Juliette Binoche pour le rôle est donc intéressant, puisqu'on n'y croit pas, mais qu'on a raison de ne pas y croire. Si le film n'est pas parfait, je reconnais une vraie réussite, dans sa captation du "geste" de ces travailleuses qui se lèvent à 4h30 pour aller récurer les chiottes des ferrys - à cet égard, j'ai été bluffé par l'actrice-amateure qui joue Christèle.
Nightmare Alley (Del Toro) 5,5/10
Le film a probablement un peu souffert pour moi de la comparaison avec le Goulding, découvert deux jours plus tôt. Del Toro délaye inutilement ce qui était plus resserré, plus sec, et donc plus efficace dans le film original.
Si donc on mesure l'utilité d'un remake à ce qu'il apporte de nouveau, il faut bien reconnaître ici qu'hormis une jolie direction artistique rétro et un casting de luxe (pas toujours bien dirigé), les nouveautés sont bien maigres.
Val (Scott & Poo) 5,5/10
La principale émotion du film vient tout de même de la découverte de Kilmer aujourd'hui, surtout face à la splendide arrogance des archives de son âge d'or. Pour le reste, le montage est trop linéaire et manque de perspectives pour être autre chose qu'un portrait intime très (trop) spécifique.
Red Rocket (Baker) 4,5/10
La forme est très dynamique, avec un montage très vif, des dialogues percutants, et un enchaînement haletant de situations souvent assez drôles. Le propos du film, par contre, est beaucoup plus problématique, et selon le curseur, il faut trouver tout cela au mieux très futile, au pire d’une trivialité ou d’une vulgarité sans limites.
Vaillante (Zeitoun & Ty) 5,5/10
C'est très balisé, mais plutôt efficace. Mes touboudoutes ont marché, donc moi aussi par ricochet.
The Innocents (Vogt) 6/10
Le film offre certes une alternative salutaire aux autres histoires de super-héros, mais je trouve le résultat presque trop plat, et je doute qu'il me marque durablement.
Ali & Ava (Barnard) 8/10
Je surnote peut-être un peu, mais c'était probablement mon coup de coeur cannois : après Le géant égoïste (plus sombre), la patte particulière de Clio Barnard au moment d'aborder la "comédie sociale anglaise" (genre balisé en lui-même) se confirme ici. Filmage à la hauteur de ses personnages avec une profonde empathie et une énergie radieuse, qualité de l'image et du montage, travail époustouflant sur le son, humour vif...
Woman do cry (Mileva) 3/10
Des histoires de femmes qui essayent de survivre dans la Bulgarie d'aujourd'hui. Les intentions sont probablement bonnes, mais le film est d'un naturalisme étonnamment plat, sans poésie ou fantaisie, assez assourdissant (ça crie, ça braille, ça pleure) et surtout, se place dans une optique "post me-too" radicale qui pose comme postulat que tous les mecs sont des menteurs et des menaces pour les femmes, avec force exemples à l'appui (le mec marié qui refile le VIH à son amante de 19 ans, le père absent qui laisse sa femme se débrouiller avec bébé, le grand-père violent, le manifestant facho, le gynéco détestable, le collègue de travail salace, le garçon idiot du village). Ma plus pénible séance cannoise.
Bruno Reidal (Le Port) 5/10
Le juge et l'assassin filmé par Bresson, ou l'histoire d'un ado du Cantal qui, en 1905, avait sauvagement assassiné un enfant de sa région. Rigueur ascétique du cadre, souvent somptueux, et de l'interprétation, en minéralité brute, mais le film est trèèèèès aride, enchaînant scènes de confessions, de masturbation, de violence, de masturbation, de douleur et de masturbation. Impressionnant mais désagréable.