Douglas Sirk (1897-1987)
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Première contribution à DVDclassik de Christian Szafraniak et ça concerne Les Amants de Salzbourg sorti récemment en combo Bluray/DVD chez Elephant Films.
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Là maintenant, l'émission "Plan Large" est consacrée à Douglas Sirk .
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... -melodrame

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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Take me to Town n'est ni un western ni une tranche d'Americana mais une comédie familiale sympathique mais qui ne laissera pas de souvenirs impérissables. L'histoire est celle de 3 enfants recherchant une femme pour leur père, pasteur et veuf ; et leur choix va se porter sur une chanteuse de cabaret recherchée par la police. C'est assez drôle et charmant - notamment grâce à Ann Sheridan - pour ceux qui ne rechignent pas devant ce genre de comédie bon enfant mais ça pourra paraître cucul à beaucoup d'autres. Pas désagréable mais une seule vision suffira.
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Merci pour ton avis.
Je me laisserai peut-être tenter un jour à cause de Sirk et Sheridan même si c'est le genre de sujet qui souvent me fait fuir
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Je le trouve plus amusant et charmant que ça mais c'est sûr qu'il faut passer par dessus une certaine "désuétude".Jeremy Fox a écrit :Take me to Town n'est ni un western ni une tranche d'Americana mais une comédie familiale sympathique mais qui ne laissera pas de souvenirs impérissables. L'histoire est celle de 3 enfants recherchant une femme pour leur père, pasteur et veuf ; et leur choix va se porter sur une chanteuse de cabaret recherchée par la police. C'est assez drôle et charmant - notamment grâce à Ann Sheridan - pour ceux qui ne rechignent pas devant ce genre de comédie bon enfant mais ça pourra paraître cucul à beaucoup d'autres. Pas désagréable mais une seule vision suffira.
Ce film, je l'ai vu classé en "Americana" (par Sirk lui même), plus fréquemment en "western", parfois en "film musical", mais pas encore en "comédie" ... ce qu'il est certes aussi puisqu'il est un peu tout ceci à la fois mais pour moi, c'est avant tout surtout un Americana, certes atypique puisqu'ils étaient plus fréquemment plus graves, mélangeant éléments légers voire comiques et évènements plus dramatiques, voire très (par exemple, assez typiquement, une épidémie : Le médecin de campagne ou L'épreuve du bonheur de Henry King. Stars in my Crown de Jacques Tourneur …) mais ce que tu livres de la situation et des personnages, c'est le début du film. La suite : La petite communauté rurale - ici des bucherons - vivant en vase clos … L'acceptation et l'intégration d'un ou d'une paria par une petite communauté de "conformes" … Le projet mené en commun qui permet l'intégration finale … Le projet lui même : la construction ou l'agrandissement d'une église …. jusqu'au métier d'un des personnages principaux, un pasteur, tout appartient assez typiquement au genre "Americana". Que cela soit montré plutôt sous un angle comique est secondaire.
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Assez d'accord avec Kiemavel.kiemavel a écrit :Je le trouve plus amusant et charmant que ça mais c'est sûr qu'il faut passer par dessus une certaine "désuétude".Jeremy Fox a écrit :Take me to Town n'est ni un western ni une tranche d'Americana mais une comédie familiale sympathique mais qui ne laissera pas de souvenirs impérissables. L'histoire est celle de 3 enfants recherchant une femme pour leur père, pasteur et veuf ; et leur choix va se porter sur une chanteuse de cabaret recherchée par la police. C'est assez drôle et charmant - notamment grâce à Ann Sheridan - pour ceux qui ne rechignent pas devant ce genre de comédie bon enfant mais ça pourra paraître cucul à beaucoup d'autres. Pas désagréable mais une seule vision suffira.
Ce film, je l'ai vu classé en "Americana" (par Sirk lui même), plus fréquemment en "western", parfois en "film musical", mais pas encore en "comédie" ... ce qu'il est certes aussi puisqu'il est un peu tout ceci à la fois mais pour moi, c'est avant tout surtout un Americana, certes atypique puisqu'ils étaient plus fréquemment plus graves, mélangeant éléments légers voire comiques et évènements plus dramatiques, voire très (par exemple, assez typiquement, une épidémie : Le médecin de campagne ou L'épreuve du bonheur de Henry King. Stars in my Crown de Jacques Tourneur …) mais ce que tu livres de la situation et des personnages, c'est le début du film. La suite : La petite communauté rurale - ici des bucherons - vivant en vase clos … L'acceptation et l'intégration d'un ou d'une paria par une petite communauté de "conformes" … Le projet mené en commun qui permet l'intégration finale … Le projet lui même : la construction ou l'agrandissement d'une église …. jusqu'au métier d'un des personnages principaux, un pasteur, tout appartient assez typiquement au genre "Americana". Que cela soit montré plutôt sous un angle comique est secondaire.
Ensuite, tout mineur (ça , c'est indéniable) qu'il soit, je trouve qu'il présente la qualité minimale que j'attends d'un film de Sirk : il est intéressant (sans plus mais néanmoins).
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
No Room for the Groom (1952)

Le jeune Alvah s'enfuit à Las Vegas en compagnie de la fille de sa propriétaire et les deux tourtereaux se marient. Mais Alvah est malade et la nuit de noce sera pour plus tard... beaucoup plus tard en réalité, puisqu'il part combattre en Corée. Quand une permission lui permet de rejoindre son épouse, les choses ne vont guère mieux. Sa maison est investie par sa belle-famille, qui ignore encore tout du mariage...
No Room for the Groom est une des grandes réussites d'un pendant plus méconnu de la carrière américaine de Douglas Sirk, la screwball comedy. Le postulat rappelle un peu le Allez coucher ailleurs d'Howard Hawks mais, à la déconstruction de la figure masculine de ce dernier, le film de Sirk s'inscrit plus spécifiquement dans des thématiques liées à l'Amérique des années 50. Dès la pourtant charmante introduction du couple formé entre Alvah (Tony Curtis) et Lee (Piper Laurie), l'urgence et le sursis de leur mariage vient d'un travers politique d'alors, l'anticommunisme qui mène à la Guerre de Corée dans laquelle est mobilisé Alvah et abandonner son épouse sitôt unis. La crise de varicelle impromptue qui empêche le mariage d'être consommé préfigure donc les autres obstacles que rencontrera le couple mais qui s'incarnent à chaque fois sous un contour comique tout en ayant une teneur plus profonde.
De retour de permission après dix mois, Alvah trouve un foyer envahit par la famille nombreuse et bruyante de pique assiette de Lee. Tous ont été appelés là par la mère de Lee (Spring Byington) matérialiste qui souhaite plutôt voir sa fille se lier à Strouple (Don DeFore), nabab local de l'industrie du ciment. On rit et on se désole de toutes les situations loufoques empêchant toute intimité entre les jeunes mariés, la frustration d'Alvah passant par les personnalités intrusives de sa belle-famille (ce petit garçon infernal) ou des scènes construites formellement pour en faire symboliquement un étranger dans sa propre maison. On pense à ce passage où il se retrouve à faire la queue pour la salle de bain, ou justement quand il s'extrait de cette salle de bain par la fenêtre alors qu'il cherche à y passer un moment avec son épouse. Sirk fait apparaître (le petit garçon sur une branche d'arbre qui empêche une énième tentative d'isolement du couple) ou disparaître (l'assiette d'Alvah subtilisée au moindre manque d'attention lors du repas, l'expulsant encore du groupe) les éléments à l'image pour nous signifier l'isolement des personnages. Ces éléments concrets dissimulent en fait un schisme plus idéologique. Alvah représente l'Amérique "d'avant", souhaitant vivre paisiblement des ressources de sa plantation de vignes. La mère de Lee et sa famille sont assujettis au culte de l'argent, travaillant tous pour Strouple et vénérant sa réussite matérielle. Lee se trouve déchirée entre ces deux visions du monde, le train de vie confortable et les objets qui vont avec et son amour pour Alvah.
On se rend finalement compte que dans ses thèmes, le film préfigure grandement Tout ce que le ciel permet (1955) et de manière plus large un questionnement qui aura cours dans tous le cinéma américain des années 50 (L'Homme au complet gris de Nunnally Johnson (1956), La Blonde explosive de Frank Tashlin (1957). Les films remettant en cause ce modèle de réussite superficielle arrivent plutôt au milieu ou en fin de décennie, et l'audace du film de Sirk se ressent du coup dans les dialogues où le désintéressement d'Alvah est suspect pour les autres à travers les nombreuses répliques de la mère le traitant de communiste et suggérant son passage devant la commission Hays. C'est donc plus audacieux qu'il n'y parait sous les contours de jolie comédie romantique, le couple Tony Curtis/Piper Laurie dégageant un charme certains notamment dans la délicieuse scène de reconquête finale. 4,5/6

Le jeune Alvah s'enfuit à Las Vegas en compagnie de la fille de sa propriétaire et les deux tourtereaux se marient. Mais Alvah est malade et la nuit de noce sera pour plus tard... beaucoup plus tard en réalité, puisqu'il part combattre en Corée. Quand une permission lui permet de rejoindre son épouse, les choses ne vont guère mieux. Sa maison est investie par sa belle-famille, qui ignore encore tout du mariage...
No Room for the Groom est une des grandes réussites d'un pendant plus méconnu de la carrière américaine de Douglas Sirk, la screwball comedy. Le postulat rappelle un peu le Allez coucher ailleurs d'Howard Hawks mais, à la déconstruction de la figure masculine de ce dernier, le film de Sirk s'inscrit plus spécifiquement dans des thématiques liées à l'Amérique des années 50. Dès la pourtant charmante introduction du couple formé entre Alvah (Tony Curtis) et Lee (Piper Laurie), l'urgence et le sursis de leur mariage vient d'un travers politique d'alors, l'anticommunisme qui mène à la Guerre de Corée dans laquelle est mobilisé Alvah et abandonner son épouse sitôt unis. La crise de varicelle impromptue qui empêche le mariage d'être consommé préfigure donc les autres obstacles que rencontrera le couple mais qui s'incarnent à chaque fois sous un contour comique tout en ayant une teneur plus profonde.
De retour de permission après dix mois, Alvah trouve un foyer envahit par la famille nombreuse et bruyante de pique assiette de Lee. Tous ont été appelés là par la mère de Lee (Spring Byington) matérialiste qui souhaite plutôt voir sa fille se lier à Strouple (Don DeFore), nabab local de l'industrie du ciment. On rit et on se désole de toutes les situations loufoques empêchant toute intimité entre les jeunes mariés, la frustration d'Alvah passant par les personnalités intrusives de sa belle-famille (ce petit garçon infernal) ou des scènes construites formellement pour en faire symboliquement un étranger dans sa propre maison. On pense à ce passage où il se retrouve à faire la queue pour la salle de bain, ou justement quand il s'extrait de cette salle de bain par la fenêtre alors qu'il cherche à y passer un moment avec son épouse. Sirk fait apparaître (le petit garçon sur une branche d'arbre qui empêche une énième tentative d'isolement du couple) ou disparaître (l'assiette d'Alvah subtilisée au moindre manque d'attention lors du repas, l'expulsant encore du groupe) les éléments à l'image pour nous signifier l'isolement des personnages. Ces éléments concrets dissimulent en fait un schisme plus idéologique. Alvah représente l'Amérique "d'avant", souhaitant vivre paisiblement des ressources de sa plantation de vignes. La mère de Lee et sa famille sont assujettis au culte de l'argent, travaillant tous pour Strouple et vénérant sa réussite matérielle. Lee se trouve déchirée entre ces deux visions du monde, le train de vie confortable et les objets qui vont avec et son amour pour Alvah.
On se rend finalement compte que dans ses thèmes, le film préfigure grandement Tout ce que le ciel permet (1955) et de manière plus large un questionnement qui aura cours dans tous le cinéma américain des années 50 (L'Homme au complet gris de Nunnally Johnson (1956), La Blonde explosive de Frank Tashlin (1957). Les films remettant en cause ce modèle de réussite superficielle arrivent plutôt au milieu ou en fin de décennie, et l'audace du film de Sirk se ressent du coup dans les dialogues où le désintéressement d'Alvah est suspect pour les autres à travers les nombreuses répliques de la mère le traitant de communiste et suggérant son passage devant la commission Hays. C'est donc plus audacieux qu'il n'y parait sous les contours de jolie comédie romantique, le couple Tony Curtis/Piper Laurie dégageant un charme certains notamment dans la délicieuse scène de reconquête finale. 4,5/6
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
La séductrice aux cheveux rouges (1953)

Vermilion O'Toole est transportée dans un train pour être emprisonnée avec son ex partenaire, le bandit Newton Cole. Ils parviennent à s'échapper et se cachent dans la ville de Timberline. Vermilion, dont la beauté fait des ravages, se voit offrir une proposition de mariage par les fils de Will Hall, qui a récemment perdu sa femme. Pour rester à distance des US Marshals, elle accepte l'offre...
Dans ses tentatives hors mélodrame au sein de la Universal, Douglas Sirk pêchait souvent dans les exigences spectaculaires de certains genres auxquels il s'essayait comme le péplum Le Signe du païen (1954) ou le film d'aventures Capitaine Mystère (1955). On pouvait donc avoir quelques craintes devant ce Take me to town mais le western n'est qu'un cadre à une jolie comédie de mœurs. Le scénario anticipe le postulat de La Rivière sans retour avec Vermillion O'Toole (Ann Sheridan), fille de cabaret aux fréquentations douteuses amenée vers la rédemption en devenant compagne et mère de substitution d'un fermier rustre (Sterling Hayden) et ses enfants. Le scénario troque l'haletant récit d'aventure d'Otto Preminger à la tranche de vie Americana où dans un cadre serein, Vermillion va aspirer à devenir une personne plus respectable sans pour autant perdre sa personnalité. C'est assez charmant, notamment grâce au trio de gamin gouailleur et plein d'allant dont le naturel permet nombre de situations décalées. Leur regard sans préjugés leur permet de ressentir un attachement naturel pour Vermillion tandis que toute la communauté du village s'arrêtera à son passif pour la rejeter.
C'est cousu de fil blanc (notamment la romance Ann Sheridan/Sterling Hayden, la seconde intrigue criminelle qui surgit toujours à bon escient) mais suffisamment bien mené pour passer un bon moment. Ann Sheridan porte bien le tout sur ses épaules, elle dégage vraiment celle alliance d'assurance désabusée de la femme qui a vécu (et souvent été déçue) avec la vulnérabilité de celle qui espère toujours secrètement malgré tout. Formellement Sirk déploie quelques jolis tableaux americana bucoliques grâce porté par la belle photo de Russell Metty (notamment toutes les séquences de bûcherons) même si l'émerveillement de Tout ce que le ciel permet est encore loin, et emballe bien la courte de scène de bagarre finale, comme quoi tout arrive ! Un Sirk mineur mais sympathique. 4/6

Vermilion O'Toole est transportée dans un train pour être emprisonnée avec son ex partenaire, le bandit Newton Cole. Ils parviennent à s'échapper et se cachent dans la ville de Timberline. Vermilion, dont la beauté fait des ravages, se voit offrir une proposition de mariage par les fils de Will Hall, qui a récemment perdu sa femme. Pour rester à distance des US Marshals, elle accepte l'offre...
Dans ses tentatives hors mélodrame au sein de la Universal, Douglas Sirk pêchait souvent dans les exigences spectaculaires de certains genres auxquels il s'essayait comme le péplum Le Signe du païen (1954) ou le film d'aventures Capitaine Mystère (1955). On pouvait donc avoir quelques craintes devant ce Take me to town mais le western n'est qu'un cadre à une jolie comédie de mœurs. Le scénario anticipe le postulat de La Rivière sans retour avec Vermillion O'Toole (Ann Sheridan), fille de cabaret aux fréquentations douteuses amenée vers la rédemption en devenant compagne et mère de substitution d'un fermier rustre (Sterling Hayden) et ses enfants. Le scénario troque l'haletant récit d'aventure d'Otto Preminger à la tranche de vie Americana où dans un cadre serein, Vermillion va aspirer à devenir une personne plus respectable sans pour autant perdre sa personnalité. C'est assez charmant, notamment grâce au trio de gamin gouailleur et plein d'allant dont le naturel permet nombre de situations décalées. Leur regard sans préjugés leur permet de ressentir un attachement naturel pour Vermillion tandis que toute la communauté du village s'arrêtera à son passif pour la rejeter.
C'est cousu de fil blanc (notamment la romance Ann Sheridan/Sterling Hayden, la seconde intrigue criminelle qui surgit toujours à bon escient) mais suffisamment bien mené pour passer un bon moment. Ann Sheridan porte bien le tout sur ses épaules, elle dégage vraiment celle alliance d'assurance désabusée de la femme qui a vécu (et souvent été déçue) avec la vulnérabilité de celle qui espère toujours secrètement malgré tout. Formellement Sirk déploie quelques jolis tableaux americana bucoliques grâce porté par la belle photo de Russell Metty (notamment toutes les séquences de bûcherons) même si l'émerveillement de Tout ce que le ciel permet est encore loin, et emballe bien la courte de scène de bagarre finale, comme quoi tout arrive ! Un Sirk mineur mais sympathique. 4/6
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Qui donc a vu ma belle (1952)

Fin des années 1920. Sam Fulton, milliardaire sans héritier, loue une chambre chez les Blaisdell, la famille de l'unique femme qu'il ait aimée et qui, cependant, a refusé de l'épouser. Il projette de leur léguer sa fortune mais, il veut préalablement les mettre à l'épreuve, en leur transmettant par le biais d'un notaire et de façon anonyme 100 000 dollars.
Qui donc a vu ma belle ? est une comédie réalisée back to back par Douglas Sirk avec No room for the groom (1952), les deux films sortant à une semaine d'écart en juin 1952. Ces deux films (scénarisés par Joseph Hoffman) permettent de constater que dans ce registre de la comédie, Sirk se montrait déjà avant ses grands mélodrames un fin observateur et critique d'une certaine idéologie américaine. No room for the groom était ainsi un vive critique de la réussite sociale au dépend de l'intime à l'échelle d'un couple modeste, et Qui donc a vu ma belle ? aborde les même questions à travers une famille américaine traditionnelle. Il montre la trajectoire inversée entre le bougon milliardaire Sam Fulton (Charles Coburn) souffreteux et alité dans son isolement de nanti, et la famille Blaisdell dont il va se faire le bienfaiteur secret en observant leur attitude face à leur nouvelle fortune. Fulton s'épanouit à fréquenter les "vrai" gens, à goutter de nouveau aux vertus du travail et retrouve une facétie toute enfantine au contact de la petite Roberta (Gigi Perreau à croquer). Tout concourt à dépeindre la famille idéal même si en toile de fond se devine le snobisme de la mère (Lynn Bari) poussant sa fille Millicent (Piper Laurie) dans les bras du meilleur parti de la ville plutôt que le modeste serveur Dan (Rock Hudson), celui qu'elle aime réellement.
Sirk réduit cependant à ce seul personnage l'aveuglement et l'égoïsme de la réussite sociale quand il était bien plus contagieux dans No room for the groom (mais toujours venant de la mère très intrusive quant à la réussite de sa fille). Cela permet une savoureuse satire de la bourgeoisie provinciale américaine, un cercle hypocrite auquel accèdent les Blaisdell mais où se maintenir ne tient qu'à un fil, celui du dernier relevé bancaire. On s'amuse de la vertu hypocrite de ces hautes sphères qui imaginent le pire quant aux mœurs des autres (les accusations sur les relations entre Fulton et Millicent), tandis que Sirk filme avec malice les vices des plus vieux (le bourgeois mimant la supposée conduite indécente de Millicent) ainsi que des jeunes avec ce prétendant pédant fréquentant les bars clandestins. Le cadre des années 20 donne d'ailleurs une patine sacrément chatoyante à l'ensemble, que ce soit les couleurs tapageuses de la photo de Clifford Stine, l'ambiance festive faite de numéros de danses endiablés (qui justifie le temps d'une scène le titre du film sans grand rapport avec l'intrigue) et l'allure sexy de ses jeunes filles des années vingt. Charles Coburn comme souvent est excellent, source de fou rire lors du running gag bien senti où il multiplie les arrestations et séjours en prison. C'est la première collaboration de Sirk avec Rock Hudson déjà ici parfait d'allant et de charme brut, des qualités qui ne cesseront de s'affiner dans leurs films suivants en commun. Une sympathique réussite donc même si la morale facile (l'argent fait le malheur) et le revirement de la mère sont un peu expédié - No room for the groom est cependant plus marquant. 4/6

Fin des années 1920. Sam Fulton, milliardaire sans héritier, loue une chambre chez les Blaisdell, la famille de l'unique femme qu'il ait aimée et qui, cependant, a refusé de l'épouser. Il projette de leur léguer sa fortune mais, il veut préalablement les mettre à l'épreuve, en leur transmettant par le biais d'un notaire et de façon anonyme 100 000 dollars.
Qui donc a vu ma belle ? est une comédie réalisée back to back par Douglas Sirk avec No room for the groom (1952), les deux films sortant à une semaine d'écart en juin 1952. Ces deux films (scénarisés par Joseph Hoffman) permettent de constater que dans ce registre de la comédie, Sirk se montrait déjà avant ses grands mélodrames un fin observateur et critique d'une certaine idéologie américaine. No room for the groom était ainsi un vive critique de la réussite sociale au dépend de l'intime à l'échelle d'un couple modeste, et Qui donc a vu ma belle ? aborde les même questions à travers une famille américaine traditionnelle. Il montre la trajectoire inversée entre le bougon milliardaire Sam Fulton (Charles Coburn) souffreteux et alité dans son isolement de nanti, et la famille Blaisdell dont il va se faire le bienfaiteur secret en observant leur attitude face à leur nouvelle fortune. Fulton s'épanouit à fréquenter les "vrai" gens, à goutter de nouveau aux vertus du travail et retrouve une facétie toute enfantine au contact de la petite Roberta (Gigi Perreau à croquer). Tout concourt à dépeindre la famille idéal même si en toile de fond se devine le snobisme de la mère (Lynn Bari) poussant sa fille Millicent (Piper Laurie) dans les bras du meilleur parti de la ville plutôt que le modeste serveur Dan (Rock Hudson), celui qu'elle aime réellement.
Sirk réduit cependant à ce seul personnage l'aveuglement et l'égoïsme de la réussite sociale quand il était bien plus contagieux dans No room for the groom (mais toujours venant de la mère très intrusive quant à la réussite de sa fille). Cela permet une savoureuse satire de la bourgeoisie provinciale américaine, un cercle hypocrite auquel accèdent les Blaisdell mais où se maintenir ne tient qu'à un fil, celui du dernier relevé bancaire. On s'amuse de la vertu hypocrite de ces hautes sphères qui imaginent le pire quant aux mœurs des autres (les accusations sur les relations entre Fulton et Millicent), tandis que Sirk filme avec malice les vices des plus vieux (le bourgeois mimant la supposée conduite indécente de Millicent) ainsi que des jeunes avec ce prétendant pédant fréquentant les bars clandestins. Le cadre des années 20 donne d'ailleurs une patine sacrément chatoyante à l'ensemble, que ce soit les couleurs tapageuses de la photo de Clifford Stine, l'ambiance festive faite de numéros de danses endiablés (qui justifie le temps d'une scène le titre du film sans grand rapport avec l'intrigue) et l'allure sexy de ses jeunes filles des années vingt. Charles Coburn comme souvent est excellent, source de fou rire lors du running gag bien senti où il multiplie les arrestations et séjours en prison. C'est la première collaboration de Sirk avec Rock Hudson déjà ici parfait d'allant et de charme brut, des qualités qui ne cesseront de s'affiner dans leurs films suivants en commun. Une sympathique réussite donc même si la morale facile (l'argent fait le malheur) et le revirement de la mère sont un peu expédié - No room for the groom est cependant plus marquant. 4/6
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)

Merci.jhudson a écrit : ↑18 sept. 21, 16:33
J'ai commandé le coffret Sirk sur Rakuten ( avec 30 € de Superpoints a la clé) , il sort le 28 septembre
Il y aura 14 films , la liste est là:
https://www.amazon.fr/Douglas-Sirk-les- ... B099BZK2RW
- "Tempête sur la colline"
- "All I Desire"
- "Le Secret magnifique"
- "Le Signe du païen"
- "Capitaine Mystère"
- "Demain est un autre jour"
- "Tout ce que le ciel permet"
- "Ne dites jamais adieu"
- "Ecrit sur du vent"
- "Les Ailes de l'espérance"
- "Les Amants de Salzbourg"
- "La Ronde de l'aube"
- "Le Temps d'aimer et le temps de mourir"
- "Le Mirage de la vie"
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
J'ai beaucoup apprécié ce Never Say Goodbye signé Jerry Hopper. Il n'atteint pas les sommets formels des grands Sirk mais c'est une belle occasion de découvrir ce mélo méconnu.
Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Retrospective à la Cinematheque Française qui lancera la saison 2022-2023
https://www.cinematheque.fr/cycle/dougl ... 2-969.html
Ressortie par Capricci des sept longs métrages allemands de Douglas Sirk restaurés par la Murnau Stiftung : La Fille des marais, April, April!, Les Piliers de la société, La Neuvième symphonie, Du même titre, Paramatta, bagne de femmes et La Habanera.
À partir du 7 septembre 2022
https://www.cinematheque.fr/cycle/dougl ... 2-969.html
Ressortie par Capricci des sept longs métrages allemands de Douglas Sirk restaurés par la Murnau Stiftung : La Fille des marais, April, April!, Les Piliers de la société, La Neuvième symphonie, Du même titre, Paramatta, bagne de femmes et La Habanera.
À partir du 7 septembre 2022

Veneno para las hadas (Carlos Enrique Taboada, 1986)
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Donc, ça en fait 3 de plus que sur le coffret dvd Carlotta. Achat obligé.
Tiens, je vais me faire Paramatta, bagne de femmes que je n'ai toujours pas vu
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- Jack Carter
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Positif consacre son dossier de septembre au réalisateur
Et les Cahiers aussi apparemment.
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Veneno para las hadas (Carlos Enrique Taboada, 1986)