Commentaires à propos de votre film du mois
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Benedetta de Paul Verhoeven
Sous ses atours un peu apprêtés de comédie noire des temps où la peste révèle les turpitudes des puissants et les vilénies des humbles (on songe par moments à Pasolini), le film masque un propos plus fin qu’il n’y paraît, comme les visions de son personnages principal ne sont pas seulement des délires sulpiciens. Il y a d’abord le portrait nuancé d’une femme qui, vendue par ses parents à un couvent où elle est malmenée, découvre progressivement un espace de liberté (les rêves, l’amitié et la sexualité) puis de pouvoir au sein de la micro-société qui l’opprime. Va-t-elle ou non jusqu’à la manipulation lucide ? Le film ne le dira pas, même s’il montre son assimilation des techniques de mise en scène apprises d’une mère supérieure retorse et sa capacité à interpréter ses visions dans le sens de son intérêt. La trajectoire de Benedetta, mystique et aspirante révolutionnaire, devient alors une métaphore du cinéma lui-même, cet art en espace clos qui construit sur des illusions des discours séduisants et parfois subversifs. La fin ambiguë, qui paraît condamner l’entreprise de son personnage, qu’il s’agisse de la libération personnelle ou de la volonté de pouvoir, est à l’image du film entier : indéchiffrable et pessimiste mais touchée d’une note d’espoir puisqu’on y apprend que la peste a, contre toute attente, épargné la cité de la religieuse dévoyée.
Sous ses atours un peu apprêtés de comédie noire des temps où la peste révèle les turpitudes des puissants et les vilénies des humbles (on songe par moments à Pasolini), le film masque un propos plus fin qu’il n’y paraît, comme les visions de son personnages principal ne sont pas seulement des délires sulpiciens. Il y a d’abord le portrait nuancé d’une femme qui, vendue par ses parents à un couvent où elle est malmenée, découvre progressivement un espace de liberté (les rêves, l’amitié et la sexualité) puis de pouvoir au sein de la micro-société qui l’opprime. Va-t-elle ou non jusqu’à la manipulation lucide ? Le film ne le dira pas, même s’il montre son assimilation des techniques de mise en scène apprises d’une mère supérieure retorse et sa capacité à interpréter ses visions dans le sens de son intérêt. La trajectoire de Benedetta, mystique et aspirante révolutionnaire, devient alors une métaphore du cinéma lui-même, cet art en espace clos qui construit sur des illusions des discours séduisants et parfois subversifs. La fin ambiguë, qui paraît condamner l’entreprise de son personnage, qu’il s’agisse de la libération personnelle ou de la volonté de pouvoir, est à l’image du film entier : indéchiffrable et pessimiste mais touchée d’une note d’espoir puisqu’on y apprend que la peste a, contre toute attente, épargné la cité de la religieuse dévoyée.
- Père Jules
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Profondo Rosso a écrit : ↑11 déc. 21, 14:48Un coffret Shinji Somai avec ce Déménagements, Typhoon Club et The Friends sort en France l'an prochain chez Survivance![]()

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Ah oui je prendrais aussi vous m'avez bien chauffé !
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Veneno para las hadas (Carlos Enrique Taboada, 1986)
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Je décerne le prix "Vigile" de la coquille du mois à Papus!
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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Hem, pardon mais je n'ai pas compris.Alexandre Angel a écrit : ↑15 déc. 21, 10:12 Je décerne le prix "Vigile" de la coquille du mois à Papus!Bravo à lui
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En tout cas, j'essaie de noter en faisant la balance entre le plaisir subjectif et le regard "objet de cinéma" plus objectif. Pour la première on est sur un 5 (même si j'ai été touché plus d'une fois) et pour la deuxième sur un 8, mais je ne fais pas de "0,5" et j'accorde les 7 aux films que je suis prêt à revoir avec enthousiasme, ce qui n'est pas le cas pour le Wise (en tout cas pas de si tôt).
Je reconnais volontiers le talent de la mise en scène (certains plans sont vraiment géniaux et les chorés bien articulées), la senteur début d'années 60 fort sympathique (même si pas l'esthétique que je préfère) avec une interprétation "d'époque" plus que correcte et quelques très bons seconds rôles (je pense surtout à Simon Oakland et Ned Glass).
Mais reste une thématique d'amour interdit pas très passionnante malgré un contexte social de fond pertinent et un registre musicale qui peine à me faire réellement vibrer.
"J'aime la bien-pensance"
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- Alexandre Angel
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois
Y a pas quelque chose qui te choque ?

Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois
Perso je suis tellement choqué par la note que je n'ai rien vu d'autre.Alexandre Angel a écrit : ↑15 déc. 21, 13:49Y a pas quelque chose qui te choque ?(en tout cas j'ai trouvé ça rigolo comme tout)
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- Alexandre Angel
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois
OK bonne journée 

Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Votre film du mois de Décembre 2021
Ce n'est pas de l'anachronisme de détails dont il est question, mais conceptuel, idéologique. Je n'ai pas envie d'étayer davantage sur cette lecture ultra-contemporaine de cette affaire, si ce n'est dire que je m'interroge toujours sur la pertinence d'un découpage en 3 chapitres dont l'aboutissement est de mettre en avant la vérité sous le prisme du troisième. Le sieur Scott s'est emmerdé à faire une présentation assez nuancée et complexe des deux premiers personnages pour finalement faire un troisième chapitre très peu finaud et assez grossier dans sa démonstration : plans toujours bien plus serrés, cadrage sur les émotions et le visage de la dame, le tout pour une lecture et compréhension d'un statut féminin essentiellement à travers une vision "morale-ine et émotive" ? C'est véritablement servir la cause "féministe" par rapport aux deux premiers chapitres beaucoup plus construits et contradictoires sur les personnages représentés ? Je veux bien qu'on ne soit pas Kurosawa ou qu'on ne cherche pas à vouloir démontrer que la vérité est affaire de déséquilibre, mais là, je vois surtout un dispositif en trois chapitres long et finalement très vain.Major Tom a écrit : ↑14 déc. 21, 20:27
Le Dernier duel (The Last Duel — 2021, Ridley Scott) : 7 / 10
D'un côté, messire Ridley Scott, 84 piges, 79 Kg pour 1,74 m, 27 combats — bientôt 28 — quelques défaites (beaucoup même) mais aussi de très, très belles victoires. De l'autre un journaliste, interchangeable, qui lui dit que son film est moins raté au niveau authenticité historique que ses précédents. Mortecouille ! Bien que le combat contre ce nodocéphale était gagné d'avance, messire Scott a perdu son sang froid, et au lieu de lui jeter son gant, longue distance sociale oblige, il a préféré asséner au maroufle quelques "Fuck you!" royaux (rappelons qu'il a été anobli). Mais on lui pardonne, évidemment, car depuis son tout premier duel filmé quelques décennies en arrière, messire Scott a souvent prouvé qu'il méritait notre respect, et cette tentative de joute verbale musclée démontre qu'il en a encore dans la brague. Le duel est même une histoire de famille car le regretté Tony, le frangin, a débuté par celui qui ouvre Barry Lyndon, filmé en l'absence de leur entraîneur et mentor, un certain Kubrick (le Mickey Goldmill des frères Scott), mais en suivant scrupuleusement ses indications. Oui, le premier plan de Barry Lyndon a été mis en boîte par Tony Scott ; Noël approche et je vous offre cette anecdote qui ne passionnera absolument personne quand vous la raconterez au repas de famille... Belle leçon technique offerte aux fans, Le Dernier duel est un spectacle immanquable et pourtant manqué, hélas, par un public ingrat. Visuellement c'est beau, très beau, et formidablement mis en scène. Concédons aux querelleurs un peu orchidoclastes et ergotant sur des détails (de l'Histoire) quelques plans inutiles par-ci par-là, et des longueurs sur ses 2h32 qui passent tout de même rapidement. Au cours de ces trois chapitres pour trois points de vue différents (à la De Palma, tiens, tiens), les scènes jouant sur des éléments en apparence anodins et modifiant notre vision des personnages peuvent paraître répétitives, forcément. Mais globalement cette épopée #metoo médiévale est une réussite, bien écrite et convoquant adroitement le passé et le présent — rappelant au passage qu'un film, historique ou non, est avant tout un polaroid de l'époque de son tournage — et se concluant par une baston dont se régaleront les fans de combats nerveux et dynamiques. Casting impeccable, mention pour Affleck méconnaissable, mais tous, Damon, Driver et la découverte Jodie Comer (aperçue mais vite oubliée dans La Régression des Skywalker, épisode numéro quelque chose de Star Wars) sont excellents et joliment habillés au score par Harry Gregson-Williams. Messire Ridley Scott, en très grande forme, ne va pas encore raccrocher la lance et l'épée, et c'est une bonne nouvelle.
Les rares scènes de combat sont réussie, heureusement.
- Jeremy Fox
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois
Quant à moi, ce ne sera pas Spielberg qui finira film du mois mais pour l'instant un premier film français qui offre à Anaïs Demoustier l'un de ses plus beaux rôles (et pourtant ce n'est pas déjà ce qui lui manquait.)

