Hier soir, j'ai découvert
Mort Suspecte d'une Mineure, giallo réalisé en 1975 par Sergio Martino qui s'infiltre, à l'instar de
La Lame Infernale, dans les méandres de la prostitution adolescente. Si
La Lame Infernale reste à mes yeux un pur joyau du genre, ce n'est malheureusement pas le cas avec ce métrage qui additionne des scènes d'actions efficaces à du nawak humoristique bas de gamme, dont un running gag avec des lunettes. La musique est de plus un quasi plagiat de celle des Goblin pour
Les Frissons de l'Angoisse, le regretté Claudio Cassinelli se la joue Inspecteur Harry avec un look que n'aurait pas renié Rutger Hauer à la même époque et le mix entre poliziottesco et giallo n'est rien moins que convenu de par sa position inconfortable à rester le cul entre deux chaises. Dommage, il y avait pourtant tout pour que ce soit une jolie réussite.
5/10
En suivant, j'ai voulu visionné
Leto sur Arte, mais comme c'était en VF, j'ai zappé et glissé le blu-ray de
Gloria Mundi dans mon lecteur pour découvrir le 3ème long-métrage de Nico Papatakis qu'il réalisa en 1976. Et pour la 3ème fois, je ne m'attendais pas à recevoir une telle claque de la part d'une œuvre de ce cinéaste. Il parait même que le film fit scandale à sa sortie et que des activistes d'extrême-droite déposèrent quelques bombes dans les cinémas parisiens pour démotiver le public à le découvrir. Pour un métrage qui dénonce le terrorisme et la barbarie, on ne pouvait pas faire plus stupide pour combattre l'idée…
Quoi qu'il en soit, le film narre l'histoire d'une comédienne jusqu'au-boutiste qui se prépare mentalement et physiquement à incarner une terroriste activiste torturée pour le compte d'un futur long-métrage réalisé par un cinéaste aux méthodes ultra radicales.
C'est la sublime Olga Karlatos (vue, entre autre, dans les excellents
Pâtres du Désordre,
Keoma ou plus furtivement dans
Il était une Fois en Amérique - c'est celle qui embrasse son amoureux dans le théâtre chinois au début du film et qui se fait titiller le sein par le canon du revolver d'un gangster-) qui porte ici tout le film sur ses épaules en s'auto-infligeant des sévices afin de parfaire son futur rôle. Le regard face caméra, la plupart du temps nue et sans aucun artifice, elle est littéralement possédée par son personnage et livre une performance fascinante.
Le film délivre toutes sortes de messages politiques et de réflexions sur l'agonie d'une société qui se radicalise toujours plus au nom du progrès. L'humiliation y est omniprésente, le dégoût aussi, ainsi que le sens du sacrifice au nom de l'Art.
C'est à mes yeux un film profondément intelligent, ultra trash, puissant et troublant. Un chef-d'œuvre d'audace et de lucidité qui n'a pas pris une seule ride malgré les années. Et assurément mon film du mois (j'étais pourtant persuadée jusqu'à hier que cela aurait été un Melville pour la seconde fois consécutive, mais preuve que non).
10/10
