La Mort de Leland Drum (The Shooting - 1966) de Monte Hellman
PROTEUS FILMS
Avec Warren Oates, Millie Perkins, Jack Nicholson, Will Hutchins
Scénario : Carole Eastman
Musique : Richard Markowitz
Photographie : Gregory Sandor (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Monte Hellman & Jack Nicholson pour la Proteus Films
Sortie USA : 23 octobre 1966
Will (Warren Oates) est de retour dans le campement minier qu’il exploite avec son frère et deux amis. Il a la mauvaise surprise de constater qu’en son absence l’un d’entre eux s’est fait tuer et que son frère a disparu. Le survivant lui explique qu’ils auraient accidentellement tué deux personnes et qu’ils auraient eu peur des représailles. Au même moment, une mystérieuse jeune femme (Millie Perkins) arrive au campement qui leur propose une forte somme s’ils l’escortent jusqu’à Kingsley. Les voilà partis pour un périple à travers les paysages désertiques de l’Utah…
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L'Ouragan de la vengeance (Ride in the Whirlwind - 1966) de Monte Hellman
PROTEUS FILMS
Avec Cameron Mitchell, Millie Perkins, Jack Nicholson, Katherine Squire
Scénario : Jack Nicholson
Musique : Robert Drasnin
Photographie : Gregory Sandor (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Monte Hellman & Jack Nicholson pour la Proteus Films
Sortie USA : 23 octobre 1966
Une diligence est attaquée par un groupe de cinq hors-la-loi. Durant le hold-up, un civil est tué. Les bandits se réfugient dans une cabane isolée alors qu’un Posse est mis en place pour les appréhender et les lyncher. Trois cow-boys se trouvent comme par hasard en ces lieux pour se reposer. Au petit matin la milice est sur place et ne fait pas le distinguo entre les outlaws et les cow-boys ; les premiers sont décimés, les seconds poursuivis sans avoir eu le temps de dissiper le malentendu. Ils sembleraient pourtant qu'ils soient recherchés eux aussi...
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Ces deux westerns 'underground' ayant déjà été chroniqués avec passion sur le site, je vous invite à aller découvrir les lauriers que leurs tresse Olivier Bitoun ; de mon côté, dérogeant un peu aux règles que je m’étais fixé et puisqu'il n'y aurait pas non plus grand chose d'intéressant à ajouter à ce qui a été écrit là-bas, je vais pouvoir les aborder en même temps et assez succinctement.
Sortis le même jour dans la plus grande indifférence aux USA, les deux westerns ‘jumeaux’ de Monte Hellman sont entre temps devenus cultes en Europe et plus précisément en France ; il faut dire que c’est Jack Nicholson qui s’est en gros chargé de ‘vendre’ ces deux films -dont il est l’un des interprètes et ayant même écrit l’un des deux- et c’est Bertrand Tavernier qui fut en quelque sorte leur attaché de presse dans notre pays. Depuis les deux films ont tous deux reçus ‘l’aval’ de Quentin Tarantino et on ne compte plus les dithyrambes à leurs encontre. Que ce soit le désintéressement des uns ou l’état extatique des autres, ils étaient à mon humble avis tout autant injustifiés et tout aussi exagérés même si je peux parfaitement comprendre qu’on puisse adorer ou détester ces deux westerns pour le moins curieux et, à l’instar de leurs musiques, aussi fascinants qu’agaçants, aussi originaux qu'un peu vains.
Même si je suis loin de les trouver mauvais, l’impression finale demeure néanmoins un peu mitigée, plus en tout cas que lors de leurs découvertes il y a une dizaine d’année où la fascination l’avait emporté sur l’irritation. On a beaucoup parlé de Budd Boetticher à leur propos ; moi le premier ! Leurs ressemblances sont à mon avis dues principalement à leurs budgets réduits obligeant les cinéastes à un minimalisme et à une sobriété qui font aussi que les scènes d’action sont réduites à portion congrue au profit de dialogues parfois abondants avec une attention toute particulière portée sur la recherche du réalisme (que ce soit dans les dialogues ou les situations). Mais toutes les comparaisons doivent s’arrêter là car d’une part, que ce soit Carole Eastman ou Jack Nicholson, ils sont loin d’avoir le talent d’écriture d’un Burt Kennedy, de l’autre – et toujours subjectivement- les recherches formelles de Monte Hellman sont loin de faire oublier la perfection confinant à l’évidence des westerns que Boetticher tourna avec Randolph Scott. Monte Hellman tente des choses -surtout pour pallier à la faiblesse de ses moyens-, certaines intéressantes et culottées, d’autres plutôt pénibles ou ratées.
Tout cela ne va pas sans ennui notamment lorsque le cinéaste met en scène le scénario un peu 'light' de Jack Nicholson pour
L’Ouragan de la vengeance qui m'aurait semblé bien plus adapté à un court qu'à un long métrage. L’attaque de la cabane des hors-la-loi par la milice semble par exemple durer une éternité alors qu’il ne s’y passe rien d’autre que d’incessants coups de feu tirés de part et d’autre sans grande tension dramatique.
The Shooting, moins classique, plus énigmatique au point d’être parfois sur le point de franchir la lisière du fantastique (la première apparition de Millie Perkins par exemple), exerce un plus grand pouvoir de fascination aidé en cela par un découpage abrupte, des idées réjouissantes d'incongruité ainsi que la présence d’ellipses pour le moins singulières. Dommage alors que certains comédiens soient aussi limités, mettant de ce fait encore plus de distance entre le spectateur et ce qui se déroule à l'écran (enfin là je parle pour moi une fois encore) ; je pense justement à l’actrice qui malgré son visage d'une grande beauté n’est que rarement convaincante (moins encore dans
L’Ouragan de la vengeance[/]) ou à Will Hutchins qui cabotine presque autant que son sosie 'westernien', le parfois pénible James Best. En revanche Warren Oates dans le premier et Cameron Mitchell dans le second font parfaitement bien leur travail alors que Jack Nicholson est plutôt sobre mais aussi parfois un peu terne notamment dans L’Ouragan de la vengeance dans lequel il est vrai il tient un rôle bien moins ‘haut en couleurs’ et charismatique.
Sinon les deux films partagent de belles recherches dans la composition des plans, une superbe utilisation des paysages désertiques de l’Utah, une ambiance singulière et un ton original, une capacité certaine à faire ressentir l'impression de canicule et de moiteur qui submergent les personnages, un amour des chevaux au moins égal dans leur façon de les filmer à celui de Boetticher, des enjeux dramatiques expressément obscurs et des motivations pas toujours très claires, des détails et actions inexpliqués (un peu comme si les deux films avaient été charcutés au montage)… Certes atypiques, énigmatiques, sortant des sentiers battus et parfois déroutants mais me concernant un peu surfaits et pas totalement aboutis voire parfois assez ennuyeux. A revoir !