Peut-être la plus belle définition qui soit du cinéma de Sofia Coppolla.Eudoxie a écrit :Je suis ressortie heureuse et triste à la fois.
Marie-Antoinette (Sofia Coppola - 2006)
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C’est l’Histoire et l’histoire d’une jeune femme que l’on arrache à son environnement. Dans un pays inconnu, des coutumes inconnues, des étranges étrangers. L’histoire d’une jeune femme auquel on incombe de trop grandes responsabilités. Elle voulait seulement vivre, on lui demandera de sur-vivre. Elle n’en fera qu’à sa tête, ou presque. Le portrait qu’illustre Sofia Coppola n’est pas éloigné des précédentes figures féminines qu’elle a côtoyé. Mais il existe un poids supplémentaire absent des précédents travaux de la réalisatrice. Une illustration subsidiaire imparable.
Finalement, que l’on connaisse ou non Marie-Antoinette importe peu. Sa vie telle qu’elle est décrite dans les livres ne devra pas influencer le jugement. L’important n’est pas dans la retranscription rigoureuse, mais dans l’illustration évanescente. Cependant, Sofia Coppola tente de faire cohabiter les deux courants. Elle ne choisit pas. Cette absence de position franche encombre le film. Impossible d’y ressentir une sérénité dans le rythme. Une logique dans le filmage. Mais un combat sans cesse entre la forme austère de l’habilitation historique et la légèreté libertaire du cinéma de la réalisatrice. Le film ne s’exprime jamais mieux que lorsqu’il se laisse aller à ses déambulations, à l’illustration d’un spleen anachronique. Au contraire de s’embourber dans la stricte représentation d’une coutume royaliste qui vampirise le film comme son personnage. On peut évidemment reconnaître que cet effet est recherché, désiré et appliqué, mais le résultat à l’écran sonne difficilement juste.
Lorsque le film ne s’exprime pas en mot, il devient paradoxalement plus éloquent. Lorsqu’il ne cherche pas, il trouve, il touche. Le filmage est léger, non soumis aux lois de l’apesanteur de la pesanteur. Lorsque l’Histoire ne rattrape pas l’histoire, on peut pleinement savourer l’instant dans sa plus simple représentation. L’auteur nous avait habitué à cette vision. Parfaite maîtrise d’une réalisation à la fois juste et emprunt d’une spontanéité remarquable. L’histoire, la vie de ses personnages s’écrivaient au fur et à mesure. Comme un peintre à chaque coup de pinceau, Sofia Coppola compose des plans minutieusement, mais sans calcul préalable. Evidemment, la rigueur du monde de Versailles s’accommode mal avec ce sentiment. Le film lutte sans cesse entre ces deux visions. Mais on n’était pas venu assister à une bataille.
Dans ce combat filmique, une actrice s’élève, toujours parfaite, toujours elle-même. La seule constante du métrage, et quelle plus belle constante que Kirsten Dunst ? Rayonnante, elle délivre une grâce naturelle. Elle illumine chaque plan au point de rendre les dorures de Versailles d’une banalité affligeante, limite vulgaire par tant de démonstration. L’actrice n’est jamais plus belle que lorsqu’elle est habillée d’un simple habit. Bien sûr sa jeunesse débordante, son incandescente innocence la place sur les chemins de la luxuriances, de l’excès, mais même ainsi elle dégage toujours ce parfum de simplicité.
Sofia Coppola nous épargnera la vision de la révolution. Insistant sur la peur et la résignation, elle termine son métrage juste quand il faut. Avec simplicité et justesse, elle apporte la touche finale au portrait de cette femme devenu certainement reine trop vite, sans l’avoir jamais vraiment été. Ce que l’Histoire aura écrit, ne sera peut-être pas ce que Coppola aura retenu. Mais sa Marie-Antoinette n’avait certainement pas besoins de cette caution pour exister. On peut regretter toutefois que la réalisatrice n’aille pas tout à fait au bout d’une démarche légèrement anachronique, se repliant sur une vision que l’on suppose suffisamment vériste. Derrière la grandeur de la reconstitution se cache une lourdeur qui fait vaciller le film. Cette austérité surprend dans le paysage de la réalisatrice. C’était probablement inévitable.
Finalement, que l’on connaisse ou non Marie-Antoinette importe peu. Sa vie telle qu’elle est décrite dans les livres ne devra pas influencer le jugement. L’important n’est pas dans la retranscription rigoureuse, mais dans l’illustration évanescente. Cependant, Sofia Coppola tente de faire cohabiter les deux courants. Elle ne choisit pas. Cette absence de position franche encombre le film. Impossible d’y ressentir une sérénité dans le rythme. Une logique dans le filmage. Mais un combat sans cesse entre la forme austère de l’habilitation historique et la légèreté libertaire du cinéma de la réalisatrice. Le film ne s’exprime jamais mieux que lorsqu’il se laisse aller à ses déambulations, à l’illustration d’un spleen anachronique. Au contraire de s’embourber dans la stricte représentation d’une coutume royaliste qui vampirise le film comme son personnage. On peut évidemment reconnaître que cet effet est recherché, désiré et appliqué, mais le résultat à l’écran sonne difficilement juste.
Lorsque le film ne s’exprime pas en mot, il devient paradoxalement plus éloquent. Lorsqu’il ne cherche pas, il trouve, il touche. Le filmage est léger, non soumis aux lois de l’apesanteur de la pesanteur. Lorsque l’Histoire ne rattrape pas l’histoire, on peut pleinement savourer l’instant dans sa plus simple représentation. L’auteur nous avait habitué à cette vision. Parfaite maîtrise d’une réalisation à la fois juste et emprunt d’une spontanéité remarquable. L’histoire, la vie de ses personnages s’écrivaient au fur et à mesure. Comme un peintre à chaque coup de pinceau, Sofia Coppola compose des plans minutieusement, mais sans calcul préalable. Evidemment, la rigueur du monde de Versailles s’accommode mal avec ce sentiment. Le film lutte sans cesse entre ces deux visions. Mais on n’était pas venu assister à une bataille.
Dans ce combat filmique, une actrice s’élève, toujours parfaite, toujours elle-même. La seule constante du métrage, et quelle plus belle constante que Kirsten Dunst ? Rayonnante, elle délivre une grâce naturelle. Elle illumine chaque plan au point de rendre les dorures de Versailles d’une banalité affligeante, limite vulgaire par tant de démonstration. L’actrice n’est jamais plus belle que lorsqu’elle est habillée d’un simple habit. Bien sûr sa jeunesse débordante, son incandescente innocence la place sur les chemins de la luxuriances, de l’excès, mais même ainsi elle dégage toujours ce parfum de simplicité.
Sofia Coppola nous épargnera la vision de la révolution. Insistant sur la peur et la résignation, elle termine son métrage juste quand il faut. Avec simplicité et justesse, elle apporte la touche finale au portrait de cette femme devenu certainement reine trop vite, sans l’avoir jamais vraiment été. Ce que l’Histoire aura écrit, ne sera peut-être pas ce que Coppola aura retenu. Mais sa Marie-Antoinette n’avait certainement pas besoins de cette caution pour exister. On peut regretter toutefois que la réalisatrice n’aille pas tout à fait au bout d’une démarche légèrement anachronique, se repliant sur une vision que l’on suppose suffisamment vériste. Derrière la grandeur de la reconstitution se cache une lourdeur qui fait vaciller le film. Cette austérité surprend dans le paysage de la réalisatrice. C’était probablement inévitable.
Ainsi, toujours et pourtant...
"Toute seule, oh, si seule, pauvre petite fille riche"
La douce Sofia Coppola filme si magnifiquement l'ennui que l'ennui m'a assez vite attrapé. Boutade facile mise à part, je ne suis presque jamais vraiment entré dans ce film. Le scénario qu'elle avait écrit pour le segment de New York Stories réalisé par son père m'est revenu en mémoire pendant la projection, et ce n'était pas vraiment bon signe...
En dehors de quelques séquences habilement montées pour traduire le protocole lourd de Versailles et celles illustrant réponse de Marie-Antoinette à cette pesanteur protocolaire, ainsi que des moments buccoliques qui rappelaient son merveilleux premier film, The Virgin Suicides, je me suis senti exclu. Sofia Coppola a toujours le don pour filmer la mélancolie des vertes années et pour donner un ton aérien et évanescent à ses images, mais l'absence (volontaire) d'enjeu dramatique fort m'a laissé sur le carreau ; en dehors de la tension apportée par le noeud dramatique construit autour de la naissance tant attendue du Dauphin, Marie-Antoinette surfe sur des parfums, des émotions volatiles et une succession de saynettes illustratives, voire banales. Quant il est directement question d'Histoire, Coppola évacue, comme pour les séquences finales (si la chute du couple royal ne l'intéressait pas plus que ça, pourquoi perdre du temps à en tourner des bouts de scène sans intérêt ? Le film se tenait logiquement sans cela).
Pour ce qui est de la photo, j'hallucine en lisant des comparaisons avec Barry Lyndon. J'ai d'abord été négativement surpris par la relative fadeur de la lumière en début de film, pour ensuite être plus rassuré. Une photo naturaliste (qui lorgne plus tard vers une sorte d'onirisme pastel), censée briser le décalage temporel entre le temps du récit et le notre, est une bonne idée. Mais je ne suis pas totalement convaincu. En terme d'approche pseudo réaliste picturale, le Saint-Cyr de Patricia Mazuy avait plus de force. Quant à la mise en scène en général, j'ai envie d'être sévère car si je retrouve et reconnais les qualités de réalisatrice de Sofia Coppola, j'estime qu'elle a montré beaucoup trop de retenue dans Marie-Antoinette. C'est filmé avec trop de respect au point d'être bêtement illustratif la plupart du temps. Au rayon des bons points, je retiens la belle utilisation des musiques classique et moderne (choisies et placées avec intelligence) et bien sûr la performance de Kirsten Dunst qui m'a enchanté. Dans ce film, cette actrice a une réelle présence et sert parfaitement le point de vue de la réalisatrice. Car point de vue original, il y a et je ne peux pas le nier. Mais je suis resté à l'écart.
J'ai besoin de plus que ce bonbon acidulé pour être emporté. Je suis chez moi quand je pars retrouver Visconti, Kubrick, le Scorsese du Temps de l'innocence et le Frears des Liaisons dangereuses. Il s'agit pour moi de formes de cinéma bien plus ambitieuses et abouties.
La douce Sofia Coppola filme si magnifiquement l'ennui que l'ennui m'a assez vite attrapé. Boutade facile mise à part, je ne suis presque jamais vraiment entré dans ce film. Le scénario qu'elle avait écrit pour le segment de New York Stories réalisé par son père m'est revenu en mémoire pendant la projection, et ce n'était pas vraiment bon signe...
En dehors de quelques séquences habilement montées pour traduire le protocole lourd de Versailles et celles illustrant réponse de Marie-Antoinette à cette pesanteur protocolaire, ainsi que des moments buccoliques qui rappelaient son merveilleux premier film, The Virgin Suicides, je me suis senti exclu. Sofia Coppola a toujours le don pour filmer la mélancolie des vertes années et pour donner un ton aérien et évanescent à ses images, mais l'absence (volontaire) d'enjeu dramatique fort m'a laissé sur le carreau ; en dehors de la tension apportée par le noeud dramatique construit autour de la naissance tant attendue du Dauphin, Marie-Antoinette surfe sur des parfums, des émotions volatiles et une succession de saynettes illustratives, voire banales. Quant il est directement question d'Histoire, Coppola évacue, comme pour les séquences finales (si la chute du couple royal ne l'intéressait pas plus que ça, pourquoi perdre du temps à en tourner des bouts de scène sans intérêt ? Le film se tenait logiquement sans cela).
Pour ce qui est de la photo, j'hallucine en lisant des comparaisons avec Barry Lyndon. J'ai d'abord été négativement surpris par la relative fadeur de la lumière en début de film, pour ensuite être plus rassuré. Une photo naturaliste (qui lorgne plus tard vers une sorte d'onirisme pastel), censée briser le décalage temporel entre le temps du récit et le notre, est une bonne idée. Mais je ne suis pas totalement convaincu. En terme d'approche pseudo réaliste picturale, le Saint-Cyr de Patricia Mazuy avait plus de force. Quant à la mise en scène en général, j'ai envie d'être sévère car si je retrouve et reconnais les qualités de réalisatrice de Sofia Coppola, j'estime qu'elle a montré beaucoup trop de retenue dans Marie-Antoinette. C'est filmé avec trop de respect au point d'être bêtement illustratif la plupart du temps. Au rayon des bons points, je retiens la belle utilisation des musiques classique et moderne (choisies et placées avec intelligence) et bien sûr la performance de Kirsten Dunst qui m'a enchanté. Dans ce film, cette actrice a une réelle présence et sert parfaitement le point de vue de la réalisatrice. Car point de vue original, il y a et je ne peux pas le nier. Mais je suis resté à l'écart.
J'ai besoin de plus que ce bonbon acidulé pour être emporté. Je suis chez moi quand je pars retrouver Visconti, Kubrick, le Scorsese du Temps de l'innocence et le Frears des Liaisons dangereuses. Il s'agit pour moi de formes de cinéma bien plus ambitieuses et abouties.

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Petit jeu...pour connaître mon avis, il suffit de lire les propos de Tronche de cuir et de remplacer tous les adjectifs qu'il emploie par leur antithèse.
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
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Sur l'usage de la musique : deux ou trois moments confinent quand même au ridicule et risquent de très mal passer le cap du temps et de la mode, particulièrement aux moments de l'arrivée dans la cour d'honneur de Versailles et de la sortie de la chapelle après le couronnement. Sinon, le concept est plutôt amusant et fonctionne parfois vraiment très bien.
Je parle du sujet du film ici : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 30#1176530
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tu parles de la musique d'Air pour l'arrivée à Versailles ? Je ne me souviens plus de celle de la chapelle. En quoi est-ce ridicule ?AlexRow a écrit :Sur l'usage de la musique : deux ou trois moments confinent quand même au ridicule et risquent de très mal passer le cap du temps et de la mode, particulièrement aux moments de l'arrivée dans la cour d'honneur de Versailles et de la sortie de la chapelle après le couronnement. Sinon, le concept est plutôt amusant et fonctionne parfois vraiment très bien.
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Sur ces scènes particulièrement, le décalage ne m'a pas paru judicieux : elles ne jouent pas dans le registre de l'intime mais dans celui de l'éclat. Une musique baroque aurait été bien plus indiquée. Et d'un point de vue purement musical, ces morceaux m'ont paru être les plus faibles et les plus "datés" par les sonorités choisies. Pour les autres passages, j'ai plutôt été ravi.Jack Griffin a écrit :tu parles de la musique d'Air pour l'arrivée à Versailles ? Je ne me souviens plus de celle de la chapelle. En quoi est-ce ridicule ?