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Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 26 avr. 23, 13:12
par Jeremy Fox
Rick Blaine a écrit : 26 avr. 23, 13:08 J'ai vu Le Solitaire hier (ou plus probablement redécouvert, j'ai surement vu ça ado), et je dois bien avouer que ce film me semble très éloigné des gémonies auxquels il est régulièrement voué. Au contraire, les qualités que j'associe régulièrement au cinéma de Deray, notamment dans la sobriété de la mise en scène, sont bien présente. Ce goût aussi pour les personnages qui veulent se ranger mais qui n'y parviennent pas, fatigués mais inapte aux renoncement. C'est le cas du personnage de Belmondo, mais ce qui est intéressant c'est que c'est aussi le cas de Belmondo vis à vis du genre, et même d'une certaine manière de sa carrière d'acteur. Cela nourrit le personnage, et lui donne une réalité convaincante. L'atmosphère mortifère du film, marquée par le décès initial du personnage de Creton, s'inscrit nettement dans les thématiques chères à Deray (Borsalino & Co. entre autres), il est à l'aise dans cet atmosphère et ce sujet. Ca donne un film bien rythmé, mais qui évite la surenchère des scènes d'action, pour plutôt mettre l'accent sur des séquences sèches, que je trouve plutôt réussi (le braquage du fourgon notamment). Et le film brille par plusieurs choix de décors, je pense à ceux sur les quai de Seine, qui n'ont rien à envié aux meilleurs polars urbains américains. Alors certes, Le Solitaire souffre de quelques scories, notamment le personnage du gamin, qui ne gène pas mais qui me semble inutile, et quelques saillies comiques qui là aussi ne gènent pas, mais dont on aurait pu se passer. On sent un cahier des charges qui exige la construction de l'empathie, et une dimension populaire. Mais malgré ces petits défauts, on est loin de la médiocrité des trois Belmondo précédents ou du navrant diptyque signé Pinheiro de l'alter ego Delon à la même période. Le Solitaire est un bon film, un bon Deray, un bon polar.
Tu l'as vu par quel biais ? Tu m'as donné envie et il m'intéresse d'autant plus que je ne suis pas certain l'avoir vu. Le Marginal a plutôt pas trop mal vieilli non plus d'ailleurs. Mais hâte de connaitre ton avis sur Doucement les basses :mrgreen:

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 26 avr. 23, 13:16
par Rick Blaine
Jeremy Fox a écrit : 26 avr. 23, 13:12
Rick Blaine a écrit : 26 avr. 23, 13:08 J'ai vu Le Solitaire hier (ou plus probablement redécouvert, j'ai surement vu ça ado), et je dois bien avouer que ce film me semble très éloigné des gémonies auxquels il est régulièrement voué. Au contraire, les qualités que j'associe régulièrement au cinéma de Deray, notamment dans la sobriété de la mise en scène, sont bien présente. Ce goût aussi pour les personnages qui veulent se ranger mais qui n'y parviennent pas, fatigués mais inapte aux renoncement. C'est le cas du personnage de Belmondo, mais ce qui est intéressant c'est que c'est aussi le cas de Belmondo vis à vis du genre, et même d'une certaine manière de sa carrière d'acteur. Cela nourrit le personnage, et lui donne une réalité convaincante. L'atmosphère mortifère du film, marquée par le décès initial du personnage de Creton, s'inscrit nettement dans les thématiques chères à Deray (Borsalino & Co. entre autres), il est à l'aise dans cet atmosphère et ce sujet. Ca donne un film bien rythmé, mais qui évite la surenchère des scènes d'action, pour plutôt mettre l'accent sur des séquences sèches, que je trouve plutôt réussi (le braquage du fourgon notamment). Et le film brille par plusieurs choix de décors, je pense à ceux sur les quai de Seine, qui n'ont rien à envié aux meilleurs polars urbains américains. Alors certes, Le Solitaire souffre de quelques scories, notamment le personnage du gamin, qui ne gène pas mais qui me semble inutile, et quelques saillies comiques qui là aussi ne gènent pas, mais dont on aurait pu se passer. On sent un cahier des charges qui exige la construction de l'empathie, et une dimension populaire. Mais malgré ces petits défauts, on est loin de la médiocrité des trois Belmondo précédents ou du navrant diptyque signé Pinheiro de l'alter ego Delon à la même période. Le Solitaire est un bon film, un bon Deray, un bon polar.
Tu l'as vu par quel biais ? Tu m'as donné envie et il m'intéresse d'autant plus que je ne suis pas certain l'avoir vu. Le Marginal a plutôt pas trop mal vieilli non plus d'ailleurs. Mais hâte de connaitre ton avis sur Doucement les basses :mrgreen:
Il existe désormais en BR unitaire, depuis quelques semaines je crois (je l'ai pris en 2+3 sur Amazon... où son prix a visiblement grimpé de 5€ en 2 jours). Je ne suis pas certains de l'avoir déjà vu non plus d'ailleurs. On est largement dans la veine du Marginal pour moi, ce sont deux films qui partagent la même ambiance, et la même atmosphère visuelle.
Doucement les basses j'attends le BR... ton avis m'inquiète un peu je dois dire !!! :mrgreen:

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 26 avr. 23, 13:38
par Jeremy Fox
Rick Blaine a écrit : 26 avr. 23, 13:16

Il existe désormais en BR unitaire, depuis quelques semaines je crois (je l'ai pris en 2+3 sur Amazon... où son prix a visiblement grimpé de 5€ en 2 jours).
Ah oui exact : quelqu'un en a parlé récemment, Drive3 je crois. Merci :wink:

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 2 nov. 23, 08:07
par Jeremy Fox
Rififi à Tokyo chroniqué par Philippe.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 3 janv. 24, 16:08
par Supfiction
The Eye Of Doom a écrit : 3 janv. 24, 15:34
Flol a écrit : 3 janv. 24, 15:14
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Trintignant, Roy Scheider, Ann-Margret, Angie Dickinson, Michel Constantin, score de Michel Legrand, le L.A. du début des 70's, Talia Shire dans un tout petit rôle...what could go wrong ? Eh bien pas grand-chose, puisque Deray signe là un polar sec et étonnant, qui joue habilement sur les silences et sur un sens du montage par moments sidérant.

Deray n'hésite pas non plus à parsemer son récit de petites bizarreries assez marrantes (ce moment où le personnage de Trintignant est forcé de regarder un épisode de Star Trek à la télé auprès de la famille qu'il prend en otage), et puis il y a surtout la relation entre Trintignant et Ann-Margret qui parvient à être touchante, et ce malgré une approche froide et taiseuse. Principalement parce que Ann-Margret est incroyable. Non seulement c'est une bombe sexuelle, mais elle incarne aussi et surtout une femme sûre d'elle, qui va constamment de l'avant, et qui n'a peur d'à peu près rien ni personne. Aujourd'hui, on en ferait des caisses avec un personnage féminin comme ça ; et à l'époque, on caractérisait ça par petites touches, sans appuyer bêtement là où on avait déjà tout compris, simplement par la force des images (puisque niveau dialogues on est plutôt tranquille, le film étant particulièrement taiseux du début à la fin).

Beaucoup de plaisir.
Ca me fait bien envie…
Lorsque Flol écrit comme ça, ce serait dommage de ne pas le garder dans un topic.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 3 janv. 24, 16:49
par nunu
Ah oui une bonne surprise

nunu a écrit : 1 nov. 23, 09:28
Un Homme est mort Jacques Deray 1972: 7.5/10 Excellent polar de Deray tourné aux Etats Unis avec une distri pratiquement 100% locale. Trintignant en tueur traqué par un autre tueur est inpeccable, des bons seconds rôles. Une très jolie visite guidé de Los Angeles également. Le scénario n'est pas fou mais ça remplit largement son contrat jusqu'a la bonne fusillade finale. Seul bémol le doublage Vf pas terrible, faudrait que j'arrive a le voir en VO (même si j'ai peur de l'accent anglais de Trintignant)

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 3 janv. 24, 21:58
par innaperfekt_
Flol a écrit : 3 janv. 24, 15:14 J'ai plutôt vu ça hier :

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Spoiler (cliquez pour afficher)
Trintignant, Roy Scheider, Ann-Margret, Angie Dickinson, Michel Constantin, score de Michel Legrand, le L.A. du début des 70's, Talia Shire dans un tout petit rôle...what could go wrong ? Eh bien pas grand-chose, puisque Deray signe là un polar sec et étonnant, qui joue habilement sur les silences et sur un sens du montage par moments sidérant.

Deray n'hésite pas non plus à parsemer son récit de petites bizarreries assez marrantes (ce moment où le personnage de Trintignant est forcé de regarder un épisode de Star Trek à la télé auprès de la famille qu'il prend en otage), et puis il y a surtout la relation entre Trintignant et Ann-Margret qui parvient à être touchante, et ce malgré une approche froide et taiseuse. Principalement parce que Ann-Margret est incroyable. Non seulement c'est une bombe sexuelle, mais elle incarne aussi et surtout une femme sûre d'elle, qui va constamment de l'avant, et qui n'a peur d'à peu près rien ni personne. Aujourd'hui, on en ferait des caisses avec un personnage féminin comme ça ; et à l'époque, on caractérisait ça par petites touches, sans appuyer bêtement là où on avait déjà tout compris, simplement par la force des images (puisque niveau dialogues on est plutôt tranquille, le film étant particulièrement taiseux du début à la fin).

Beaucoup de plaisir.
Et bien, merci gars, j'ai passé un super moment. C'était effectivement du tout cuit, et j'avais peu de doute d'adorer. Polar noir dont le héros reste Los Angeles, scénario minimaliste au classicisme jamais plombant. Malheureusement vu dans une VF effectivement peu glorieuse (mais le film est-il visible en VO ?). Y a trois dialogues qui se battent en duel, du fatalisme à gogo, et oui, Ann-Margret est si belle. Cette tronche de neurasthénique chez Trintignant me ravit toujours autant. L'indolence de son personnage est sublime. Scheider est si classe en tueur glaçant. Le final est monstrueux à la morgue (particulièrement été touché par ce plan de Michel Constantin agonisant en s'accrochant au corbillard). Je serais curieux de l'avis d'un mec comme Philippe Garnier là-dessus (en rapport avec LA). Non sérieux, super film.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 4 janv. 24, 10:45
par Flol
innaperfekt_ a écrit : 3 janv. 24, 21:58 Malheureusement vu dans une VF effectivement peu glorieuse (mais le film est-il visible en VO ?).
Je ne sais pas comment tu l'as vu, mais sur le BR de Gaumont, on a accès à la VF et à la VO (puisque Trintignant a joué le film aussi bien en français qu'en anglais). Et je l'ai évidemment vu en VO, histoire de me délecter de l'accent de Trintignant à couper au couteau quand il parle la langue de Shakespeare.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 4 janv. 24, 10:56
par innaperfekt_
Flol a écrit : 4 janv. 24, 10:45
innaperfekt_ a écrit : 3 janv. 24, 21:58 Malheureusement vu dans une VF effectivement peu glorieuse (mais le film est-il visible en VO ?).
Je ne sais pas comment tu l'as vu, mais sur le BR de Gaumont, on a accès à la VF et à la VO (puisque Trintignant a joué le film aussi bien en français qu'en anglais). Et je l'ai évidemment vu en VO, histoire de me délecter de l'accent de Trintignant à couper au couteau quand il parle la langue de Shakespeare.
J'avais une version du BR sans la possibilité de passer en VO. Chiasse, je suis déçu. Je le reverrais dans 10 ans, rappelle-le moi.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 4 janv. 24, 11:11
par Flol
innaperfekt_ a écrit : 4 janv. 24, 10:56 Je le reverrais dans 10 ans, rappelle-le moi.
Je le mets de suite dans mon agenda.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 17 janv. 24, 13:18
par Supfiction
Un homme est mort le 21 janvier sur ciné +.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 22 août 24, 08:10
par Jeremy Fox
Rick Blaine a écrit : 26 avr. 23, 13:08 J'ai vu Le Solitaire hier (ou plus probablement redécouvert, j'ai surement vu ça ado), et je dois bien avouer que ce film me semble très éloigné des gémonies auxquels il est régulièrement voué. Au contraire, les qualités que j'associe régulièrement au cinéma de Deray, notamment dans la sobriété de la mise en scène, sont bien présente. Ce goût aussi pour les personnages qui veulent se ranger mais qui n'y parviennent pas, fatigués mais inapte aux renoncement. C'est le cas du personnage de Belmondo, mais ce qui est intéressant c'est que c'est aussi le cas de Belmondo vis à vis du genre, et même d'une certaine manière de sa carrière d'acteur. Cela nourrit le personnage, et lui donne une réalité convaincante. L'atmosphère mortifère du film, marquée par le décès initial du personnage de Creton, s'inscrit nettement dans les thématiques chères à Deray (Borsalino & Co. entre autres), il est à l'aise dans cet atmosphère et ce sujet. Ca donne un film bien rythmé, mais qui évite la surenchère des scènes d'action, pour plutôt mettre l'accent sur des séquences sèches, que je trouve plutôt réussi (le braquage du fourgon notamment). Et le film brille par plusieurs choix de décors, je pense à ceux sur les quai de Seine, qui n'ont rien à envié aux meilleurs polars urbains américains. Alors certes, Le Solitaire souffre de quelques scories, notamment le personnage du gamin, qui ne gène pas mais qui me semble inutile, et quelques saillies comiques qui là aussi ne gènent pas, mais dont on aurait pu se passer. On sent un cahier des charges qui exige la construction de l'empathie, et une dimension populaire. Mais malgré ces petits défauts, on est loin de la médiocrité des trois Belmondo précédents ou du navrant diptyque signé Pinheiro de l'alter ego Delon à la même période. Le Solitaire est un bon film, un bon Deray, un bon polar.

Découvert à l'instant et c'est vrai que ça fait le job, loin d'être honteux comme souvent critiqué à l'époque. Rien de révolutionnaire ni de marquant mais sympathique et efficace à condition de se boucher les oreilles pendant les plages musicales :mrgreen: Sinon le gosse n'est pas trop tête à claques et renforce le côté humain de bebel je trouve.

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 22 août 24, 08:58
par Rick Blaine
Tiens je n'ai plus aucun souvenir de la musique. Peut-être un oubli volontaire ! :mrgreen:

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 22 août 24, 08:59
par Jeremy Fox
Rick Blaine a écrit : 22 août 24, 08:58 Tiens je n'ai plus aucun souvenir de la musique. Peut-être un oubli volontaire ! :mrgreen:
De la soupe 80's. On est très loin de Sarde et compagnie :mrgreen:

Re: Jacques Deray (1929-2003)

Publié : 22 août 24, 11:19
par odelay
La musique est de Danny Schogger, un musicien anglais de sessions d'enregistrement qui n'a composé que pour ce film. Comment s'est-il retrouvé sur ce projet?... mystère, mais il doit bien y avoir une explication du genre il a fait le single de Carlos Sotomayor qu'on entend dans le film, la musique est trop cool super chébran, donc on va lui demander de continuer dans la même direction. Ca s'accorde parfaitement avec le manque d'ambition étonnant de ce film sur le papier et dans sa production, c'est comme si tout le monde baissait les bras dès le départ. D'ailleurs la meilleure décision qu'ait prise Belmondo après, c'est d'enchainer avec le Lelouch, ce qui était plus malin que de faire un Godard très hermétique et radical qui n'a absolument rien apporté de concret à Delon.