MITCHELL (1975)
Walter Deaney est un célèbre avocat qui s'occupe essentiellement des affaires liées au syndicat du crime de Los Angeles. Un soir,en rentrant chez lui, un peu ivre, il surprend un cambrioleur. Froidement, il sort une arme et sans hésitation l'abat comme s'il s'agissait simplement d'un jeu. Gardant tout son sang-froid, il tente en vain de camoufler son crime. L'inspecteur Mitchell est alors dépêché sur place...
Mitchell marque la seconde incursion cinématographique d’Andrew V. McLaglen dans le registre du film noir après M
an in the vault en 1956. Ecrit par Ian Kennedy Martin, créateur de la série anglaise culte des années 70
The Sweeney, le film a fait l’objet d'un remontage parodique, au début des années 90, conçu pour le show satirique américain « Mystery science theater 3000 » spécialisé dans le détournement comique de films. Il figure actuellement sur l'infamous « bottom list » du site IMDB, classé à la soixantième place.
Peut-être le souvenir nostalgique de l’époque lointaine au cours de laquelle j’avais découvert ce titre cité dans le « Film noir américain » de François Guerif et diffusé au milieu des années 80 sur Canal + (je me souviens d’ailleurs en avoir regardé de longs passages en crypté), m’aveugle-t-il, mais j’avoue ne pas comprendre du tout la cabale cinéphilique dont il semble faire l’objet. Certes on est bel et bien face à un ersatz de
Dirty Harry grossissant volontiers et sans aucun complexe, les aspects les plus discutables de l’œuvre de Siegel. Mais l’ensemble, par ailleurs assez proche dans l’esprit du foutraque
Freebie and the bean tourné l’année précédente par Richard Rush, reflète de façon on ne peut plus éloquente la mutation du film policier américain des années 70 et me semble constituer rien qu’à ce titre un film digne d'intérêt assez loin du navet vendu par certains.
Mitchell a donc cette particularité de pousser le bouchon un peu plus loin que ses camarades dans son portrait du flic justicier bravant les interdits pour arriver à ses fins, nous présentant un personnage encore plus à la marge, frappadingue et mal embouché que Callahan ou Popeye Doyle, et cela sans jamais prendre la peine de questionner sa conduite. Car il va sans dire qu’Andrew V. McLaglen, cinéaste à tout faire sans personnalité, ne s’interroge à aucun moment sur les agissements de son héros, là où un Friedkin, un Siegel ou un Karlson auraient injecté une savante dose d’ambigüité à leur récit. Dynamitant ainsi sans vraiment le vouloir son sujet, McLaglen livre un polar savoureusement irresponsable, joyeusement trash dans son mélange d’humour décontracte et de violence diablement complaisante.
Bref, s’il serait évidemment déplacer de parler de grande réussite du film policier des années 70, disons que ce
Mitchell figure parmi les excroissances dégénérées du genre neo-noir les plus funs de sa période… et qu’accessoirement le pantouflard Andrew McLaglen signe peut-être ici, à son corps plus ou moins défendant, son film le plus savoureux et surprenant.