Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)
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- David O. Selznick
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On dirait du Hollywood story, ton docu.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
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Je me suis en effet assez vite mis à faire un rapprochement entre cette Chinesisches Roulette et Satansbraten (tournés d'ailleurs cette même année 1976).vic a écrit :Vu aujourd'hui, j'ai bien aimé sans plus mais j'étais un peu crevé et stressé, donc pas l'idéal pour un film assez exigeant. Macha Méril dansant sur Kraftwerk (j'ai d'abord penser à JM JarreJohn Constantine a écrit : C'est en effet pesant d'un bout à l'autre du film et il y a heureusement de brèves ruptures de ton - un gode, un "fasciste" balancé à un chauffard, du Kraftwerk en cheveu sur la soupe. C'est en effet clairement encore un film de crise de couple, enfin d'après-couple, avec je crois la première fois qu'un(e) gamin(e) a un rôle important chez RWF, et comme par hasard, l'enfant n'apporte strictement rien au couple, sinon que du mal. RWF y cause encore crypto-nazisme et l'idée de filiation non assumée, d'une gamine handicapée lui donne bcp de force. Le final est un tour de force de mise en scène, de cadrage, composition.![]()
Un film qui fait partie d'un binôme avec Le Rôti de Satan pour son antipathie - ici plus léchée, alors que le Rôti, ça bave - et l'idée du poète maudit et plagiaire.
A noter que RWF aimait pratiquer la roulette chinoise avec sa troupe.) est surement ce que je retiendait le plus du film. Et les acteurs, tous parfaits, ambigus, troublants. Enfin dans le genre "couple/famille en décomposition", RWF a fait qd mm bcp plus fort ailleurs.
Sauf qu'ici, Fafa choisit la distanciation à la place de l'outrance, le mauvais théâtre d'avant-garde à la place du Living theater. Chaque mouvement de caméra, chaque plan est d'une lourdeur impitoyable (travellings à foison sur les meubles transparents que Kurt Raab emploiera encore sur Der dritte Generation). Les acteurs se meuvent dans l'espace avec une artificialité assumée, cherchant bien leur marque sur le sol avant d'aller lâcher leur réplique.
Cette exagération prête évidemment au rire, tant les comportements faussement policés de ces honnêtes bourgeois sont pathétiques. J'ai surtout bien apprécié l'étonnant travail pratiqué sur la bande sonore, avec de chouettes expérimentations (et c'était bien sympa d'entendre du Kraftwerk). Anna Karina, inattendue mais bienvenue, est particulièrement lumineuse. Mais au final, l'absence totale d'empathie que ne suggèrent pas les personnages, le peu de variété du dispositif filmique, m'ont un peu lassé. Même le propos m'est apparu un peu court. Je n'ai pas eu l'impression que le Fafa avait beaucoup de choses à dire avec ce film. Okay, la gamine, sorte de Dieu omniscient, manipule son entourage, comme elle jouerait à la poupée. Okay, la mentalité qui a permis que le nazisme existe et règne n'a pas totalement quitté les consciences. C'est presque une parodie de son style. Même la conclusion ressemble à une mauvaise blague.
Quant à la scène de la roulette, vu qu'on ignore quelle est la personne visée, on est incapable de donner du sens aux réponses faites, souvent contradictoires. J'en étais totalement exclu.
Bref, la séance n'était pas désagréable, je suis content de la découverte, mais petit à petit, j'en viens à conclure que je n'ai pas trop aimé.
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Je crois que c'est le premier film qu'il a consciemment pensé pour le public international, d'où peut-être ce ressenti d'une sursignification - ce que je ressens pour Querelle. Mais la filiation avec Le rôti de Satan le rend tout de même assez personnel, avec des moments bien à lui comme sa manière de magnifier Margit Carstensen sur le radiateur au début ou ses touches d'humour très décalé (le Fasciste!!! lancé par Brigitte Mira). J'adore la composition de la scène finale de la roulette, où finalement, je crois, lorsqu'on pose la question "si la personne devait emmener un seul objet sur île déserte", on répond "un miroir", le plan suivant montre deux des personnages se refléter dans l'armoire à alcools. Ce qui donne une idée de qui. Bon, il est vrai que le final ouvert peut passer pour branlette intello, mais la manière abrupte dont ça tombe on ne saura rien, j'aime bien.Max Schreck a écrit :C'est presque une parodie de son style.

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Oula. J'ai 3 métros de retard dans mes compte-rendus...
Despair (1977) : ben, j'en avais un super souvenir, mais là... Non, c'est vachement bien mais ça fait un peu mal à la tête quand même. Déchéance d'un schizophrène mise en parralèle avec la montée du nazisme qui contamine la société comme une maladie. Le scénario est une mécanique de précision, l'idée du double est bien exploitée (avec pas mal d'ironie aussi), Fafa abuse comme d'hab' des jeux de mirroirs, travellings, surcadrages et trouve des idées toutes simples mais très efficaces pour transcrire visuellement les obsessions du personnge magistralement interprété par Dirk Bogarde. L'antidote pour qui croit que Fassbinder c'est du Derrick intello. Quoi qu'on soit en plein film intello ici, ce qui m'a un peu ... pris la tête. Devais pas être en forme moi, ce jour-là. J'aime beaucoup le titre original : Ein Reise ins Licht = Un voyage vers la lumière.
Liberté à Brême (1972) : là ça décoiffe vraiment. Essai particulièrement réussi de théâtre filmé (3 - 4 meubles sur une scène vide, des photos de mer projetées sur les murs.) Fafa s'inspire de l'histoire (véridique) d'une femme qui empoissonna tous ses proches pour se libérer du carcan répressif de la société de l'époque (début 19ème.) Stylisé au possible, radical, très méchamment ironique avec une Margit Carstensen vraiment hallucinante. Découverte majeure pour moi.
L'Année des treize lunes (1978) : 3ème visionnage et c'est toujours aussi impressionnant. Sans doute son meilleur, à mon avis, le plus bouleversant. Fort et radical, sans une once de pathos. La violence psychologique et le désespoir atteignent ici un paroxysme qui dépasse tout ce que j'ai pu voir dans ses autres films, en général déjà particulièrement gratinés. Volker Spengler, souvent vu dans des petits rôles dans d'autres Fassbinder, trouve ici le rôle d'une vie. Ingrid Caven est également impressionnante et son personnage très attachant. La mise en scène est très sobre, dépouillée de ses tics habituels, Fafa surcadre à mort, au mois autant que dans Petra von Kant, si mes souvenirs sont bons. La séquence des abattoirs est hallucinante et tient du cauchemar. C'est dans ce film qu'on trouve les chansons Frankie Teardrop (Suicide) et Song for Europe (Roxy Music.) Chef d'oeuvre, donc.
Tous les autres s'appellent Ali (1973) : un film sincère et généreux, comme ils disent dans le programme tv. J’avais un peu peur de le revoir, mais non, c’est toujours aussi bon, tout simple dans sa description du quotidien, des sentiments des personnages et du racisme et de l’hypocrisie de l’entourage de Emmi (Brigitte Mira, géniale) et Ali (El Hedi ben Salem, au jeu d’une grande densité.) Belle transposition dans l’Allemagne 70’s de All that Heaven allows de Sirk, avec ce même refus du happy end pour laisser juste une lueur d’espoir, basée sur la compréhension et l’acceptation de l’autre tel qu’il est. La présence à l’écran de Fassbinder et de Barbara Valentin est toujours aussi impressionnante. Magistral. Titre original : Angst essen Seele auf = la peur mange l’âme.
Baal (Volker Schlöndorff, 1969) : apparemment dans une impasse artistique (il disait à l’époque : il est impossible de faire un cinéma révolutionnaire dans un système qui ne l’est pas), Schlöndorff renonce aux compromis et fait un film brut, comme primitif, et colle au plus près du texte de Brecht. Fafa (le rôle lui va comme un gant) est donc Baal, poète-prophète charismatique qui débite de la poésie trash, multiplie les provocations, insulte les bourgeois, martyrise ses disciples et meurt comme une merde, méprisé de tous. C’est filmé en vidéo, en lumière naturelle, couleurs baveuses, caméra à la main et collée aux acteurs, avec plans-séquences systématiques. Très bon.
Whitey (1970) : après le polar désincarné, RWF s’essaie au western existentiel (tourné à Almeria.) C’est pas mal, belles images assez illustratives, plans à rallonge, rythme super lent, jeu d’acteur hyper concentré pour une sombre histoire de famille maudite, de filiation mal assumée, d'esclave noir cherchant sa place. Un peu l’envers de L’Esclave libre de Walsh. Les scènes dans le saloon sont très réussies avec Hanna Schygulla en chanteuse-prostituée absolument merveilleuse. Enfin, la présence de Schygulla dans un film me met toujours en transe. Pas génial donc, mais intéressant, on voit RWF ouvrir son cinéma à d’autres manière de filmer et se dégager de l’antiteater.
Despair (1977) : ben, j'en avais un super souvenir, mais là... Non, c'est vachement bien mais ça fait un peu mal à la tête quand même. Déchéance d'un schizophrène mise en parralèle avec la montée du nazisme qui contamine la société comme une maladie. Le scénario est une mécanique de précision, l'idée du double est bien exploitée (avec pas mal d'ironie aussi), Fafa abuse comme d'hab' des jeux de mirroirs, travellings, surcadrages et trouve des idées toutes simples mais très efficaces pour transcrire visuellement les obsessions du personnge magistralement interprété par Dirk Bogarde. L'antidote pour qui croit que Fassbinder c'est du Derrick intello. Quoi qu'on soit en plein film intello ici, ce qui m'a un peu ... pris la tête. Devais pas être en forme moi, ce jour-là. J'aime beaucoup le titre original : Ein Reise ins Licht = Un voyage vers la lumière.
Liberté à Brême (1972) : là ça décoiffe vraiment. Essai particulièrement réussi de théâtre filmé (3 - 4 meubles sur une scène vide, des photos de mer projetées sur les murs.) Fafa s'inspire de l'histoire (véridique) d'une femme qui empoissonna tous ses proches pour se libérer du carcan répressif de la société de l'époque (début 19ème.) Stylisé au possible, radical, très méchamment ironique avec une Margit Carstensen vraiment hallucinante. Découverte majeure pour moi.
L'Année des treize lunes (1978) : 3ème visionnage et c'est toujours aussi impressionnant. Sans doute son meilleur, à mon avis, le plus bouleversant. Fort et radical, sans une once de pathos. La violence psychologique et le désespoir atteignent ici un paroxysme qui dépasse tout ce que j'ai pu voir dans ses autres films, en général déjà particulièrement gratinés. Volker Spengler, souvent vu dans des petits rôles dans d'autres Fassbinder, trouve ici le rôle d'une vie. Ingrid Caven est également impressionnante et son personnage très attachant. La mise en scène est très sobre, dépouillée de ses tics habituels, Fafa surcadre à mort, au mois autant que dans Petra von Kant, si mes souvenirs sont bons. La séquence des abattoirs est hallucinante et tient du cauchemar. C'est dans ce film qu'on trouve les chansons Frankie Teardrop (Suicide) et Song for Europe (Roxy Music.) Chef d'oeuvre, donc.
Tous les autres s'appellent Ali (1973) : un film sincère et généreux, comme ils disent dans le programme tv. J’avais un peu peur de le revoir, mais non, c’est toujours aussi bon, tout simple dans sa description du quotidien, des sentiments des personnages et du racisme et de l’hypocrisie de l’entourage de Emmi (Brigitte Mira, géniale) et Ali (El Hedi ben Salem, au jeu d’une grande densité.) Belle transposition dans l’Allemagne 70’s de All that Heaven allows de Sirk, avec ce même refus du happy end pour laisser juste une lueur d’espoir, basée sur la compréhension et l’acceptation de l’autre tel qu’il est. La présence à l’écran de Fassbinder et de Barbara Valentin est toujours aussi impressionnante. Magistral. Titre original : Angst essen Seele auf = la peur mange l’âme.
Baal (Volker Schlöndorff, 1969) : apparemment dans une impasse artistique (il disait à l’époque : il est impossible de faire un cinéma révolutionnaire dans un système qui ne l’est pas), Schlöndorff renonce aux compromis et fait un film brut, comme primitif, et colle au plus près du texte de Brecht. Fafa (le rôle lui va comme un gant) est donc Baal, poète-prophète charismatique qui débite de la poésie trash, multiplie les provocations, insulte les bourgeois, martyrise ses disciples et meurt comme une merde, méprisé de tous. C’est filmé en vidéo, en lumière naturelle, couleurs baveuses, caméra à la main et collée aux acteurs, avec plans-séquences systématiques. Très bon.
Whitey (1970) : après le polar désincarné, RWF s’essaie au western existentiel (tourné à Almeria.) C’est pas mal, belles images assez illustratives, plans à rallonge, rythme super lent, jeu d’acteur hyper concentré pour une sombre histoire de famille maudite, de filiation mal assumée, d'esclave noir cherchant sa place. Un peu l’envers de L’Esclave libre de Walsh. Les scènes dans le saloon sont très réussies avec Hanna Schygulla en chanteuse-prostituée absolument merveilleuse. Enfin, la présence de Schygulla dans un film me met toujours en transe. Pas génial donc, mais intéressant, on voit RWF ouvrir son cinéma à d’autres manière de filmer et se dégager de l’antiteater.

Unité Ogami Ittô
Withdrawing in disgust is not the same thing as apathy.
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Les 8 films ressortis par Carlotta sont sensés sortir en dvd vers septembre-octobre.Bob Harris a écrit :Carlotta a bien prévu d'autres coffrets DVD avec la nouvelle rétro de 8 films?
En tout cas, certains films risquent de ne jamais être édités...
Attendons la prochaine rétro intégrale dans 5 ou 10 ans.
Il y aura d'autres rétro Fassbinder, c'est sur.
Et puis avec la Fondation, les films ne vont pas disparaitre.
N'empêche que je suis triste d'avoir loupé plein de trucs.

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Dans sa critique DVD, Francis Moury tape dur sur La troisième génération :
http://www.ecranlarge.com/test-dvd-750.php
C'est vraiment si mauvais que ça?
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Francis devrait probablement s'attendre à un traitement à l'italienne du terrorisme genre années de plomb, ou du moins plus sérieux type conspiration à l'américaine seventies. Or, il s'agit avant tout d'une comédie où RWF assimile l'irresponsadébilité des terroristes à celles de gamins, d'où peut-être cette impression de grossièreté de la manip' des terroristes, si facile. Des gosses qui jouent au monopoly, citent Schopenhauer sans comprendre, se déguisent pour Mardi Gras. Et c'est grave, car il s'agit d'une génération sans père et la faute en incombe autant aux fistons qu'aux parents. C'est de l'humour très noir, pas particulièrement agitateur de zygomatiques, mais très sarcastique et c'est tout aussi grave comme portrait d'une génération, d'autant plus significatif pour RWF qu'il a un peu fréquenté Andreas Baader de la Bande à Baader dans sa jeunesse. Quant au reproche de Francis au son, c'est justement la grande trouvaille de ce film, une superposition sonore de musique, de dialogues, spots radio rendant compte du bordel ambiant et de la non-communication des personnages, entre eux et avec leur monde. Procédé que RWF reprend dans Maria Braun, L'année des treize lunes.Bob Harris a écrit :Dans sa critique DVD, Francis Moury tape dur sur La troisième génération :
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C'est vraiment si mauvais que ça?

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- David O. Selznick
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Fin de la rétro Fafa. J'aurais clairement pu en profiter davantage encore, mais je n'ai pas de regret et j'attends avec impatience l'an prochain que nous arrive Berlin Alexanderplatz
Der Amerikanisches Soldat (Le Soldat américain), 1970
Un régal que ce faux film noir, emballé dans un superbe noir et blanc aux ombres particulièrement profondes, auquel la restauration de la copie rendait vraiment justice.
« Il ne se passe jamais rien en Allemagne », dit le protagoniste, ex-GI ayant servi au Vietnam et venu faire le tueur à gages à Münich. Alors Fassbinder invente des histoires à partir de matériau ramené d'Outre-Atlantique : le film noir avec ses femmes-objets tout juste bonne à se faire baffer ou à s'entendre dire « ta gueule », des types au chapeau mou, des inserts de Batman, Clark Gable, on se moque du mélodrame (la serveuse qui se poignarde d'amour et tout le monde s'en fout). Des Allemands portent le nom de Lang ou Murnau.
Fafa s'amuse à provoquer les censeurs, avec les cartes de poker porno, la nudité totale des personnages lors d’une scène de lit. Scène dont je cherche encore la raison d'être, qui nous montre la serveuse, face caméra au coin du lit, raconter pour elle seule (et le spectateur avec elle) l'histoire d'Emmi et Ali, sujet d'un film à venir 4 ans plus tard. Toujours plaisir à retrouver toute la bande de l'antiteater, pour des apparitions aussi brèves qu’enigmatiques (savoureuse composition d'Ulli Lommel grimé en gitan).
Je ne sais pas si c’est l’œuvre de Peer Raben, le compositeur attitré de Fafa, mais une très belle ballade pop vient rythmer le film et imprimer une mélancolie latente sans laquelle je ne pense pas que l'émotion passerait.
Enfin, génial dernier plan(-séquence) avec son ralenti tout à fait inattendu (le frère qui roule au sol avec le cadavre de son frère, la mère déjà en deuil qui contemple la scène, et Franz l'ami d'enfance déjà bouffé par la nuit du bitûme). Le film apparaît ainsi plein d’idées et d’expériences qui m’ont fait quitter la salle ravi.
Par curiosité, j'ai voulu voir ce que Lourcelles disait de Fassbinder dans son dico des films (Robert Laffont, coll. Bouquins). Et bin j'ai pas été déçu, il l'apprécie autant que Rohmer ! Une seule entrée (Le Droit du plus fort), prétexte à résumer ainsi l'oeuvre du munichois :
Der Amerikanisches Soldat (Le Soldat américain), 1970
Un régal que ce faux film noir, emballé dans un superbe noir et blanc aux ombres particulièrement profondes, auquel la restauration de la copie rendait vraiment justice.
« Il ne se passe jamais rien en Allemagne », dit le protagoniste, ex-GI ayant servi au Vietnam et venu faire le tueur à gages à Münich. Alors Fassbinder invente des histoires à partir de matériau ramené d'Outre-Atlantique : le film noir avec ses femmes-objets tout juste bonne à se faire baffer ou à s'entendre dire « ta gueule », des types au chapeau mou, des inserts de Batman, Clark Gable, on se moque du mélodrame (la serveuse qui se poignarde d'amour et tout le monde s'en fout). Des Allemands portent le nom de Lang ou Murnau.
Fafa s'amuse à provoquer les censeurs, avec les cartes de poker porno, la nudité totale des personnages lors d’une scène de lit. Scène dont je cherche encore la raison d'être, qui nous montre la serveuse, face caméra au coin du lit, raconter pour elle seule (et le spectateur avec elle) l'histoire d'Emmi et Ali, sujet d'un film à venir 4 ans plus tard. Toujours plaisir à retrouver toute la bande de l'antiteater, pour des apparitions aussi brèves qu’enigmatiques (savoureuse composition d'Ulli Lommel grimé en gitan).
Je ne sais pas si c’est l’œuvre de Peer Raben, le compositeur attitré de Fafa, mais une très belle ballade pop vient rythmer le film et imprimer une mélancolie latente sans laquelle je ne pense pas que l'émotion passerait.
Enfin, génial dernier plan(-séquence) avec son ralenti tout à fait inattendu (le frère qui roule au sol avec le cadavre de son frère, la mère déjà en deuil qui contemple la scène, et Franz l'ami d'enfance déjà bouffé par la nuit du bitûme). Le film apparaît ainsi plein d’idées et d’expériences qui m’ont fait quitter la salle ravi.
Par curiosité, j'ai voulu voir ce que Lourcelles disait de Fassbinder dans son dico des films (Robert Laffont, coll. Bouquins). Et bin j'ai pas été déçu, il l'apprécie autant que Rohmer ! Une seule entrée (Le Droit du plus fort), prétexte à résumer ainsi l'oeuvre du munichois :
En effet...L'oeuvre de Fassbinder, abondante, bâclée sous son apparente rigueur, exprimant toutes les idées reçues de l'époque, est comme le "Café du commerce", lugubre et plein de courant d'air, de ce vingtième siècle finissant. Les générations futures y verront peut-être un document sociologique, mais rien n'est moins sûr.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
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