Un écheveau de relations sentimentales extrêmement complexes et anticonventionnelles. On est vraiment dans un mélodrame flamboyant, plus que dans une romance, sur une toile de fond historique. La durée du film permet de développer une intrigue étonnamment riche, avec des personnages qui se transforment sous nos yeux, sans pour autant aboutir à quelque chose de figé. Cet espèce de trop-plein tient sans doute pour une bonne part au très grand nombre de personnes qui se sont succédés au scénario. La fin, incroyablement ouverte, montre bien que le film aurait pu continuer encore. Le résultat est un peu hétérogène, le fait que plusieurs réalisateurs y aient collaboré n'aide pas à percevoir une unité de style. Apparemment, ce serait à Cukor et Menzies que l'on doit la scène de l'incendie de l'entrepôt, à Cukor la scène du bal de charité. Sam Wood aurait réalisé la séquence de la gare d'Atlanta et celle du meurtre du pillard nordiste, Fleming serait responsable de tout le reste. Mais j'ai lu d'autres attributions.
Plutôt que de trouver le film complètement convaincant (certains comportements m'échappent), je préfère piocher les qualités de la direction artistique de William Cameron Menzies, des toiles peintes, l'enluminure limite naïve des plans en ombre chinoise (Scarlett face à sa terre), les robes (et notamment celle fabriquée à partir de rideaux), la somptuosité des décors (la plus belle scène étant pour moi celle, expressionniste à souhait, où Scarlett descend l'escalier en robe rouge, rejoignant Butler qui la force à boire avant de lui écraser le visage de ses mains et de la porter dans ses bras vers le lit).
Vivian Leigh est tout simplement géniale, tour à tour espiègle, craquante, peste, femme-enfant et forte tête, allant jusqu'à abandonner toute fierté pour s'en sortir. Je trouve ses minauderies irrésistibles, et j'adore notamment cette scène où elle se ballade avec Butler et Bonnie Blue dans son landau en tirant la gueule, affichant un hypocrite sourire pincé à chaque voisin croisé ! Quant à Gable, je ne peux que le remercier de façon posthume d'avoir accepté ce rôle, véritablement icônique, d'un aventurier censé être un peu voyou alors que c'est, de tous les personnages masculins du film, celui qui a le plus de classe. Tout simplement fascinant.
Par contre, le jeu de Olivia de Havilland m'a gentiment agacé, avec ses airs de Sainte Vierge, personnage débordant d'une bonté qui va jusqu'à l'aveugler (de même, dans un registre différent, les réactions un peu grossières de Suellen, la soeur de Scarlett). Ce qui n'empêche pas que le respect sincère de Butler pour elle me touche, et que sa mort est un beau moment d'émotion.
Le film est en fait assez peu épique, les grands moments de mise en scène se révèlent plutôt sur des scènes discrètes (le suspense autour de l'accouchement de Melanie, le meurtre d'un déserteur yankee). On reste assez discret sur le contexte historique (je ne pense pas qu'on puisse faire du film une référence sur la question de la guerre civile américaine). On n'y trouve aucune scène de bataille, tout est relégué en hors-champ ou résumé par des cartons, ce qui renforce pas mal le côté théâtral du film (voir à ce titre la scène où des soldats nordistes veulent perquisitionner la demeure des Wilkes : on ne sort pas du salon). Le spectaculaire est pourtant loin d'être absent (la gare d'Atlanta, l'incendie de l'entrepôt) mais leur rareté a un peu tendance à les noyer.
En comparaison, le Cold mountain de Minghella mérite bien plus les qualificatifs de romantique et épique qu'on a souvent accolé à Gone with the wind, film-un peu monstre qui ne doit clairement rien aux conventions hollywoodiennes.
La scène impressionnante à Atlanta montrant les soldats blessés et mourants ne met quand même pas la violence hors champ.
Pour ce qui est des conventions hollywoodiennes, le film les a en fait complètement redéfinies.
Max Schreck wrote:Par contre, le jeu de Olivia de Havilland m'a gentiment agacé, avec ses airs de Sainte Vierge, personnage débordant d'une bonté qui va jusqu'à l'aveugler (de même, dans un registre différent, les réactions un peu grossières de Suellen, la soeur de Scarlett). Ce qui n'empêche pas que le respect sincère de Butler pour elle me touche, et que sa mort est un beau moment d'émotion.
Mais le problème c'est que Mélanie dans le livre est comme cela, tout comme Sue Ellen. Donc je ne pense pas que ce soit Olivia de Havilland qui soit exaspérante mais le personnage de Mélanie !
Ah oui, ils ont oublié quand même un certain nombre de personnages par rapport au livre de Margaret Mitchell, des personnages secondaires certes, mais un élément qui change aussi le caractère de Scarlett à savoir les enfants qu'elle a de Charles, le frère de Mélanie et de Frank Kennedy. Ils n'ont gardé que Bonnie Blue, la fille de Reth.
Je pense que le film est un très beau film, à voir impérativement en dvd pour le rendu des couleurs qui est magnifique la dizaine de caméras couleurs de l'époque ont été utilisées dans leur totalité. La 1ère partie est assez épique avec l'invasion d'Atlanta. La seconde plus émouvante est aussi un peu interminable, je dois dire, mais le film mérite sa réputation est Vivien Leigh est formidable.
Comme je l'espérais l'édition 4DVD a enfin un travail de restauration plus poussé que sur les précédentes éditions, collector comprise.
Bel objet et de nombreux bonus. Voila une projection prévue pour les fêtes qui va être un régal.
Bonus DVD:
- DVD 1 : 1ère partie du film Commentaire audio de Rudy Behlmer (spécialiste du cinéma hollywoodien)
- DVD 2 : 2ème partie du film, Commentaire audio de Rudy Behlmer (spécialiste du cinéma hollywoodien)
- DVD 3 (VOST) : Le making of d'une légende : Autant en emporte le vent (124') - Restaurer une légende (17') - Dixie Hails, Ciné Journal "Autant en emporte le vent" - Court métrage historique : "Le Vieux Sud" (The Old South - 1940 - 11') - Documentaire sur le centenaire de la Guerre de Sécession à Atlanta - Bandes-annonces - Les récompenses du film
- DVD 4 (VOST) : "Mélanie se souvient" : interview de Olivia de Havilland (47') - Hommage à Clark Gable (66') - Vivien Leigh : Scarlett et au-delà (46') - Les seconds rôles (32')