Robert Guédiguian

[Jeremy Fox]

Ki lo sa ?, troisième film de Guediguian est attachant malgré ses maladresses mais il est surtout intéressant à postériori puisqu'il comporte la première musique de film d'Alexandre Desplat ; devant cette superbe réussite, 35 ans après on n'est pas étonné qu'il fasse partie des plus grands compositeurs au cinéma.

Pour l'anecdote, la séquence de la virée en DS nous amène exactement au même endroit où se situera tout son film récent, La Villa.

[Jeremy Fox]

Ce mois d'octobre 2021 m'aura fait vivre la plus belle expérience cinématographique de ma vie de "jeune vieux cinéphile" de 54 ans ; en 21 jours j'ai visionné l'intégrale de la filmographie du cinéaste français, soit 21 films. Et ce fut un véritable bohneur même si tout n'aura évidemment pas été du même niveau. Il me semble que la famille cinématographique de Guediguian est unique dans l'histoire du cinéma (tout comme sa société de production fonctionnant sur le modèle de la collectivité - il ne pouvait guère en être autrement de la part d'un communiste convaincu tel qu'il a toujours été) : avoir tourné durant quasiment 40 ans avec - à quelques exceptions près dont Le Promeneur du Champ de Mars) - les mêmes comédiens, les mêmes artistes et techniciens, je ne vois pas d'autres exemples à ce niveau de connivence et de fidélité. Et du coup retrouver jour après jour presque chaque fois, voir évoluer et vieillir son trio fétiche (Ariane Ascarides, Gérard Meylan et Jean-Pierre Daroussin dont je ne pourrais cesser de tarir d'éloges sur leurs interprétations tout du long de ce corpus) ainsi que Pascale Roberts, Jacques Boudet et Pierre Banderet plus tard accompagnés par Simon Abkarian et la nouvelle jeune génération interprétée par les non moins talentueux Anaïs Demoustiers, Gregoire Leprince-Ringuet, Robinson Stévenin et Lola Naymark... est aussi euphorisant que touchant voire même bouleversant lorsque l'on arrive à ses deux derniers films, les superbes La Villa et Gloria Mundi dans lesquels ses trois acteurs de prédilection font des merveilles.

Et puis le cinéma de Guediguian, c'est un ton unique, un cinéma engagé d'une grande sincérité et d'une profonde humanité, mélange de naïveté assumée et d'ampleur lyrique, de poésie et de trivialité, capable dans la même année et parfois en même temps de tourner une comédie enjouée (A l'attaque) et l'un des films les plus noirs du cinéma français (La ville est tranquille) sans jamais sombrer ni dans la bouffonerie dans le premier cas ni dans le misérabilisme dans le second. Capable aussi bien de réussir de belles fresques politico-historique (L'armée du crime ou Une histoire de fou) que des fables solaires (Marius et Jeanette), des films d'amour fou sur l'adultère (Marie-Jo et ses deux amours) que des chroniques bouleversantes (A la vie, à la mort ; Les Neiges du Kilimandjaro ; La Villa). Son utilisation de la musique pourrait paraitre saugrenue, n'hésitant pas à mélanger musique classique et variété populaire, et pourtant ça marche souvent à la perfection. C'est aussi lui qui a lancé le plus grand compositeur français actuel, Alexandre Desplat... Je m'arrêterais là mais il y aurait bien plus à en dire.

Bref, une belle expérience pour trois semaines baigné dans un cinéma profondément humain qui me touche énormément.

En résumé :


J'adore :

* Marius et Jeanette
* Marie-Jo et ses deux amours
* La Villa

J'aime beaucoup :

* A la vie, à la mort
* La Ville est tranquille
* A l'attaque
* Le Promeneur du champ de Mars
* L'armée du crime
* Les Neiges du Kilimandjaro
* Une histoire de fou
* Gloria Mundi

J'aime bien :

* Dernier été
* Rouge midi
* Ki lo sa ?
* Dieu vomit les tièdes
* L'argent fait le bohneur
* A la place du coeur
* Le Voyage en Arménie
* Mon père est ingénieur
* Twist à Bamako

J'aime moyennement :

* Lady Jane
* Au fil d'Ariane
* Et la fête continue !

[Arn]

Ca fait envie
Ils étaient tous sur Canal ? Il y en a une 15 aine, sur OCS majoritairement, mais quelques uns ne sont plus dispo qu'en VOD (La villa).
Je vais essayer de m'en faire quelques uns (je n'ai vu que L'armée du crime).

[Jeremy Fox]

Ca fait envie
Ils étaient tous sur Canal ? Il y en a une 15 aine, sur OCS majoritairement, mais quelques uns ne sont plus dispo qu'en VOD (La villa).
Je vais essayer de m'en faire quelques uns (je n'ai vu que L'armée du crime).

J'ai vu les 15 sur OCS, j'en avais deux en DVD et j'ai pioché les autres sur des plateformes de médiathèque et j'ai même loué L'armée du crime sur la vod d'orange

[Arn]

Ok merci

[Jeremy Fox]

Son dernier est peut-être malheureusement aussi son moins bon. On dirait un pastiche de ses films, ça tourne en rond, le tract politique manque de subtilité et l'interprétation sonne souvent assez faux. Grosse déception

[Chilly]

J'ai souvent un peu de mal avec les films de Guédiguian que j'ai vu, principalement à cause de personnages caricaturaux qui plombent les films, malgré des qualités indéniables d'interprétation par sa bande d'acteurs et aussi par la sincérité de certains personnages.
Et là je vois À la place du cœur qui a 2 de ces personnages caricaturaux (y'a pas pire), le flic raciste et la femme folle qui tombe dans la religion. Ces personnages m'énervent et je me dis que ça va recommencer.
Eh non...
J'arrive à passer par dessus, je ne sais pas très bien comment mais le reste du film me touche.
J'aime bien le coté désenchanté et militant de l'affaire. Je sais que Guédiguian aime bien célébrer sa ville, mais dans ce film c'est plutôt la célébration d'un désespoir, et c'est beau.
Et puis le voyage d'Ascaride à Sarajevo est poignant. Pourtant il y avait de quoi donner dans le ridicule, mais tout est simple et émouvant.
Joli film.

[Supfiction]

Beaucoup apprécié La pie voleuse, le dernier Guédiguian, que je situe dans la veine de Gloria Mundi (2019) par ses thématiques (famille, héritage et rapport à l'argent) et sa galerie de personnages. En mettant un peu en sourdine le manichéisme et la lutte des classes, Guédiguian se pose en héritier de Pagnol avec sa famille d'acteurs récurrents et de personnages à l'accent méridional. Les rares acteurs qui ne sont pas "locaux" à l'instar de Jean-Pierre Darroussin y prennent d'ailleurs l'accent pour l'occasion.
On retrouve de nouveau le couple infernal Lola Naymark - Grégoire Leprince-Ringuet (abonné pour le cinéma français aux personnages antipathiques et de salaud) avec heureusement plus de nuances cette fois que dans Gloria Mundi où ils étaient totalement pourris et détestables au point d'en être caricaturaux. Et puis belle découverte pour ma part que Marilou Aussilloux. Petit bémol, sa scène clé dans l'agence immobilière avec Leprince-Ringuet m'a un peu fait tiquer par sa précipitation et son artificialité mais on finit par accepter le postulat.