Julien Léonard a écrit :Mais bon, tout cela demeure un débat sans fin.
Je trouve ça super intéressant au contraire.
Je me suis toujours posé la question : pourquoi, à un moment donné, on a laissé tomber les détectives privés et les affaires domestiques pour représenter la police comme une force d'état capable de déjouer des affaires d'envergure (FBI and co) ?
Parce qu'on avait pas toujours Chandler ou Hammet dont les héros cyniques sont plus positifs que des gangsters ou les forces de l'ordre corrompues.
Définition du genre sur IMDb :
Typically features dark, brooding characters, corruption, detectives, and the seedy side of the big city. Almost always shot in black and white, American, and set in contemporary times (relative to shooting date). We take the view that this genre began with Underworld (1927) and ended with Touch of Evil (1958). Note: neo-noir should be submitted as a keyword instead of this genre for titles that do not fit all criteria. Objective.
Rien sur l'image à part le noir et blanc, l’expressionnisme allemand peut aller se rhabiller.
Julien Léonard a écrit :
Pourquoi as-tu choisi Le Point de non retour de 1967 comme film rupture ? Beaucoup choisissent La soif du mal de 1958, ce qui correspond plus à ce que tu affirme après "qu'entre 1959 et 1965, il n'y a pas beaucoup de films US qui mériteraient l'appellation" ? N'ayant vu aucun des deux, je me posais la question ?
Je trouve Le point de non retour pertinent comme film charnière entre Noir et néo-noir. Dans mon imaginaire, A bout portant joue le même rôle, apparition de la couleur, de nouveaux acteurs, adaptation d'un bouquin classique... On notera la présence de Lee Marvin dans les deux.
En revanche, je ne comprends pas très bien pourquoi La soif du mal serait un film charnière / un film de rupture, c'est juste un des grands films hypertrophiés/baroques/malades de Welles qui comme toujours fait un film qui ne ressemble qu'à lui sans particulièrement témoigner d'une évolution du genre.
Edouard : oui, pour Le grand sommeil, je charrie un peu
Je trouve Le point de non retour pertinent comme film charnière entre Noir et néo-noir. Dans mon imaginaire, A bout portant joue le même rôle, apparition de la couleur, de nouveaux acteurs, adaptation d'un bouquin classique... On notera la présence de Lee Marvin dans les deux.
En revanche, je ne comprends pas très bien pourquoi La soif du mal serait un film charnière / un film de rupture, c'est juste un des grands films hypertrophiés/baroques/malades de Welles qui comme toujours fait un film qui ne ressemble qu'à lui sans particulièrement témoigner d'une évolution du genre.
Edouard : oui, pour Le grand sommeil, je charrie un peu
Je suis d'accord avec ce que tu dis concernant A bout portant mais la rupture me semble moins évidente car il ne s'agit "que" d'un remake. L'histoire nous est donc connu et manque d'originalité pour faire une rupture sensible avec les films précédents.
Néanmoins, il serait un film de rupture intéressant car on pourrait considérer la version de Siodmak comme un film Noir et la version de Siegel comme un film néo-noir, ce qui permettrait d'offrir deux films étalons et des points de comparaison entre ces deux mouvements.
Evidemment, les étiquettes et les dates sont sujettes à débat, et restent bien subjectives. Néanmoins, il est fréquent de lire que la soif du mal marque la fin du genre dans son acception classique.
Cela pour 3 raisons :
- Tout d'abord, la réduction drastique du nombre de films noirs par la suite. D'un genre très commun dans les années 46 à 55 (et émergent de 41 à 45), il n'y en a quasiment plus après 58.
- La généralisation de la couleur
- Ensuite deux phénomènes concomitants, le glissement des sujets "noirs à petit budget vers la télévision, et l'explosion du système des studios, qui était à l'origine des séries B où le genre s'illustrait particulièrement.
Après, il y a eu d'autres films noirs mineurs par la suite, mais le Welles reste comme le dernier grand film de cette période initiale.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Moui mais je préfère l'idée de charnière, plus fidèle à l'idée que je me fais de l'histoire de l'art, c'est à dire de connexions, circulations, articulations. Par conséquent, dire que La soif du mal est "le dernier grand film Noir classique" ne me semble pas très fertile, en effet, un genre ne s'arrête pas d'un coup, il mute. Et le Welles n'annonce en rien, il me semble, les mutations à venir du film Noir.
Edouard a écrit :
Néanmoins, il serait un film de rupture intéressant car on pourrait considérer la version de Siodmak comme un film Noir et la version de Siegel comme un film néo-noir, ce qui permettrait d'offrir deux films étalons et des points de comparaison entre ces deux mouvements.
Aucun problème, à chacun son histoire du cinéma...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
j`en regarde beaucoup ces temps-ci je suis dans ma période film noir voici mon top 20
assurance sur la mort-1944
adieu ma belle-1944
le faucon maltais-1941
le grand sommeil-1946
tueur à gages-1942
nous avons gagné ce soir-1949
le grand chantage-1957
le roman de mildred pierce-1945
mort à l`arrivée-1950
gilda-1946
qui à tué vicky lynn-1941
l`enfer est à lui-1949
les tueurs-1946
le facteur sonne toujours deux fois-1946
le port de la drogue-1953
la tigresse-1949
quand la ville dort-1950
le démon des armes-1950
pêché mortel-1945
le voyage de la peur-1953
Plusieurs grands classiques sont absents de ta belle liste : Règlement de compte, Les forbans de la nuit, Laura ou Mark Dixon, la griffe du passé, Traquenard, …
C’est volontaire j’imagine cause top 20?
Genre que j'adore. Je raffole des films noirs, j'aime voir les grands (ou moins grands) réalisateurs jouer avec les codes du genre. Pas d'ordre particulier, je me suis limité aux années 40 et 50 et aux films américains. J'ai dû dépasser les 20. Je n'ai pas mis En quatrième vitesse de Aldrich, je ne me souviens pas de grand chose.
1944 - Laura (Otto Preminger)
1953 - Règlements de compte (Fritz Lang)
1950 - Les forbans de la nuit (Jules Dassin)
1950 - The Asphalt Jungle (John Huston)
1953 - Pickup on South Street (Samuel Fuller)
1952 - Un si doux visage (Otto Preminger)
1941 - Le faucon maltais (John Huston)
1947 - La Dame de Shanghaï (Orson Welles)
1946 - Les tueurs (Robert Siodmak)
1947 - Le carrefour de la mort (Henry Hathaway)
1948 - Appelez nord 777 (Henry Hathaway)
1946 - Gilda (Charles Vidor)
1944 - Assurance sur la mort (Billy Wilder)
1950 - Boulevard du crépuscule (Billy Wilder)
1947 - La griffe du passé (Jacques Tourneur)
1947 - Le charlatan (Edmund Goulding)
1946 - Le facteur sonne toujours 2 fois (Tay Garnett)
1949 - Nous avons gagné ce soir (Robert Wise)
1947 - Feux croisés (Edward Dmytryk)
1947 - Adieu, ma belle (Edward Dmytryk)
1949 - Les Bas-fonds de Frisco (Jules Dassin)
1948 - Pitfall (André de Toth)
1950 - Fureur sur la ville (Cy Endfield)
1950 - Mark Dixon, détective (Otto Preminger)
1951 - Menace dans la nuit (John Berry)
Allez je me lance, je ne me limite pas aux années 40 et 50. J'ai mis deux films de SF dans ma liste trouvant que les deux partagent pas mal de caractéristiques du film noir
1941 - Le faucon maltais (John Huston)
1944 - Laura (Otto Preminger)
1945 - Detour (Edgar G Ulmer)
1946 - Gilda (Charles Vidor)
1946 - Le facteur sonne toujours 2 fois (Tay Garnett)
1947 - Le carrefour de la mort (Henry Hathaway)
1947 - La griffe du passé (Jacques Tourneur)
1950 - Les forbans de la nuit (Jules Dassin)
1950 - Quand la ville dort (John Huston)
1950 - Gun Crazy (Joseph H Lewis)
1953 - Règlements de compte (Fritz Lang)
1953 - Le Port de la Drogue (Samuel Fuller)
1958 - La Soif du Mal (Orson Welles)
1961 - Blast Of Silence (Allen Baron)
1973 - Le Privé (Robert Altman)
1974 - Chinatown (Roman Polanski)
1982 - Blade Runner (Ridley Scott)
1994 - Last Seduction (John Dahl)
1996 - L.A Confidential (Curtis Hanson)
1998 - Dark City (Alex Proyas)
« Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
A mon tour, avec une vision circonscrite à l'âge d'or et au modèle du genre (pas de néo-noir, pas de films trop purement policiers ou de gangsters) - mais étendue au-delà des Etats-Unis :
Top 40 :
Pepe le moko (Duvivier, 1937) Le dernier tournant (Pierre Chenal, 1939) Le jour se lève (Carné, 1939) La grande évasion / High sierra (Walsh, 1941) Laura (Preminger, 1944) Le médaillon / The locket (John Brahm, 1946) Le facteur sonne toujours deux fois (Tay Garnett, 1946) Le grand sommeil (Hawks,1946) Lame de fond / Undercurrent (Minnelli, 1946) Péché mortel / Leave her to heaven (John M. Stahl, 1946) Les tueurs (Siodmak, 1946) Quai des orfèvres (Clouzot, 1947) Les passagers de la nuit / The dark passage (Delmer Daves, 1947) Le charlatan / Nightmare abbey (Goulding, 1947) Huit heures de sursis / Odd man out (Carol Reed, 1947) Sang et or / Body and soul (Rossen, 1947) La griffe du passé / Out of the past (Jacques Tourneur, 1947) La dame de Shanghai (Welles, 1947) Boulevard du crépuscule (Wilder, 1949) Quand la ville dort / The Asphalt Jungle (Huston, 1950) Le démon des armes / Gun crazy (Joseph H. Lewis,1950) L'inconnu du Nord-Express (Hitchcock, 1951) Niagara (Hathaway, 1953) En quatrième vitesse / Kiss me Deadly (Aldrich, 1955) Du rififi chez les hommes (Dassin,1955) Les Inconnus dans la ville / Violent Saturday (Fleischer, 1955) La nuit du chasseur (Laughton, 1955) L'ultime razzia (Kubrick,1956) L'Invraisemblable Vérité / Beyond a Reasonable Doubt (Fritz Lang, 1956) Le grand chantage / Sweet smell of success (Mackendrick,1957) Le Coup de l'escalier / Odds Against Tomorrow (Robert Wise, 1959) Les criminels (Losey, 1960) Allo…brigade spéciale / Experiment in terror (Blake Edwards, 1962) Black test car (Masumura,1962) Entre le ciel et l'enfer (Kurosawa, 1963) Police spéciale / The Naked Kiss (Fuller, 1964) Le Détroit de la faim (Tomu Uchida,1965) Le deuxième souffle (Melville, 1966) La tour d'ivoire (Satsuo Yamamoto, 1966) Vivre aujourd'hui, mourir demain (Kaneto Shindo, 1970)