JUILLET 2024
FILM DU MOIS:
Amanda, de Mikhaël Hers (2018) 8,5/10 - Vu aujourd'hui, le film de M. Hers est autant un film de deuil et de prise de responsabilité qu'un film sur le basculement d'un monde paisible, ou peu s'en faut, à un monde troublé, menacé. En cela, il parvient à porter son propos avec une force accrue, et reste grandement émouvant.
FILMS DECOUVERTS:
Nuages sur l'Europe /
Q planes, de Tim Whelan & Arthur B. Woods (1939) 7/10 - Film d'espîonnage pré-guerre, dans lequel des Allemands font disparaitre des avions expérimentaux. Le personnage du Major nonchalant et toujours pertinent, incarné par Ralph Richardson, est absolument remarquable.
On ne mord que deux fois /
Once bitten, de Howard Storm (1985) 7,5/10 - Une comédie ado sur fond d'histoire de vampire, très ancrée dans les années 80, tant par sa musique que par ses éléments visuels. Jim Carrey jeune encore très tenu à un rôle "sérieux" vaut à lui seul le détour...
Black Ninja /
Ninja: Silent Assassin, de Godfrey Ho (1987) 3/10 - Beaucoup de rires et de non-sens dans ce nanard de haute volée...
Good bye, Dragon Inn /
Bu san, de Tsai Ming-Liang (2003) 6,5/10 - Je reste un peu rétif au cinéma contemplatif, mais ici j'ai perçu la nostalgie du réalisateur dans ce récit autour de la fermeture d'un cinéma qui projette un vieux film de King Hu. Le tout est fort lent, mais le cadrage est magnifique, et cela raconte quelque chose d'assez touchant.
Elyas, de Florent Emilio Siri (2024) 4/10 - Si Roschdy Zem est formidable, et que la mise en scène est plutôt efficace, l'accumulation d'invraisemblances entrecoupée de clichés limite vraiment la puissance du film.
Pendant ce temps sur Terre, de Jeremy Clapin (2024) 6,5/10 - Un joli conte de science-fiction, pas totalement abouti, mais porté par une super BO de Dan Levy, qui contribue grandement à l'mbiance.
Les fantômes, de Jonathan Millet (2024) 8,5/10 - Un film d'espionnage d'une actualité troublante et tiré de faits réels (l'affaire Yaqaza / Abou Hamza), qui révèle un monde caché au sein de la société civile européenne... Passionnant.
Le compte de Monte Cristo, d'Alexandre de La Patellière & Matthieu Delaporte (2024) 7,5/10 - Une adaptation réussie du classique de Dumas, qui remet au gout du jour le récit sans trop le trahir. Le charisme et le talent du casting achèvent d'emporter l'adhésion, un bon film d'action.
Les prédateurs de la nuit, de Jess Franco (1988) 6/10 - Un film un peu absurde, par son casting, par son récit librement inspiré des yeux sans visage, mais avec des docteurs nazis et des photographes de mode homosexuels. Les marqueurs d'époque sont là, notamment la BO. On s'amuse beaucoup.
Le jour où je suis devenue femme /
Roozi ke zan shodam, de Marzieh Makhmalbaf (2000) 7,5/10 - Trois récit autour de femmes empêchées à différentes étapes de leur vie. Une enfant négocie son dernier jour de liberté avant le tchador, une jeune femme s'épuise dans une course en avant pour fuir maris et imams, une vieille femme achète enfin tout ce dont elle a rêvé toute sa vie durant... L'allégorie n'est jamais loin, et une mise en scène assez superbe magnifie l'ensemble. Coup de coeur...
Cherry 2000, de Steve de Jarnatt (1987) 7,5/10 - Post-apo, robots sexuels, aventure folle, Melanie Griffith et un score délicieux de Basil Poledouris... Que de petits bonheurs à voir ce film !
Alexandre le grand /
O Megalexandros, de Theo Angelopoulos (1980) 5,5/10 - Techniquement follement ambitieux, un film qui en fait des caisses pour une fable politique finalement assez simple. Intéressant, mais ne décolle jamais vraiment.
Blissfully yours /
Sud sanaeha d'Apichatpong Weerasethakul (2002) 5/10 - Du cinéma contemplatif au service d'une intrigue de marivaudage... Pas déplaisant, mais un peu gratuit, et passablement ennuyant...
Z, de Brandon Christensen (2019) 7/10 - Un petit film d'horreur ludique sur un enfant à l'ami imaginaire bien encombrant (et très laid).
Wrinkles the Clown, de Michael Beach Nichols (2019) 7/10 - Un documentaire atypique sur un clown terrifiant que peuvent appeler les parents d'enfants trop turbulents, devenu célèbre depuis qu'une vidéo de lui est devenue virale... Une curiosité assez jubilatoire à découvrir.
Jedda, de Charles Chauvel (1955) 8/10 - Premier film australien en couleur, centré autour d'aborigènes, et qui se voudrait progressiste. Las, certaines séquences sont d'un racisme inconscient redoutable à voir aujourd'hui. Pourtant, le film finit par écarter les blancs, et révèle alors la beauté d'un cadre jamais vu en couleur auparavant, dans un récit simplifié et d'une cruauté saisissante. Une sacrée découverte.
Frissons d'horreur /
Macchie solari, d'Armando Crispino (1975) 4,5/10 - Giallo tempête sous un crâne en forme de whodunnit, dans lequel tous les suspects potentiels ont un pète au casque... Une jolie BO de Morricone et quelques charmantes donzelles donnent un peu de charme à l'ensemble, sinon assez laborieux.
Anna /
Anna ot 6 do 18, de Nikita Mikhalkov (1994) 6/10 - Il est à la fois intéressant, et un peu perturbant, quand on découvre le film aujourd'hui, d'observer ce portrait théorique d'une enfant en croissance dépeindre en apparence le portrait d'une Russie en transformation, alors qu'il s'agit aussi et surtout du récit d'un regard qui passe de l'aspiration à la liberté à la déception, puis à l'aspiration à une nouvelle dignité nationale...
Longlegs, d'Oz Perkins (2024) 8/10 - Si le récit se révèle un chouia décevant dans ses enjeux, surtout au niveau du fantastique, le travail formel dans ce film est proprement fascinant tant il parvient à créer le malaise. Nicolas Cage apporte une nouvelle pierre à l'édifice bringuebalant, mais étonnament élevé, de sa carrière.
Twisters, de Lee Isaac Chung (2024) 7,5/10 - Tout en restant bien lisse sur le fonds (les tornades semblent augmenter, mais ça n'a rien à voir avec le climat, dont on ne parlera pas ici, on s'en tient à la météo), le film joue la carte du blockbuster old-school divertissant et efficace, en grande partie grace à un casting qui ne se prend pas trop au sérieux (Glen Powell notamment s'affirme ici dans sa capacité à porter un premier role avec charisme).
Mutronics /
Guyver, de Steve Wang & Screaming Mad George (1991) 7,5/10 - Un film un peu barré, qui trahit le manga qu'il adapte pour préférer un ton loufoque et rigolo. Les effets (costumes) sont vraiment réussis, et on s'amuse beaucoup devant le film, sans doute un peu sot, mais très sympathique.
Histoire d'une rencontre, de Brahim Tsaki (1983) 6/10 - Film algérien autour de la rencontre de deux ados sourds-muets, lui est algérien et travaille dans une raffinerie, elle occidentale, et suit son père qui va de raffinerie en raffinerie. Les deux ont des conflits familiaux, des doutes, des aspirations. Le film est charmant, mais ne va jamais au delà de la rencontre...
Santosh, de Sandhya Suri (2024) 8/10 - En nous plaçant aux cotés de l'héroïne, qui intègre la police à la suite de feu son mari, nous découvrons les coulisses d'un monde où règne corruption, hiérarchie des castes et brutalité policière. Un film à mi-chemin entre drame sociale et film policier, mais réussi sur les deux créneaux.
Little shop of horrors, de Frank Or (1986) 8/10 - Une excellente comédie musicale, drôle, vive, et qui convoque un sacré casting. Alan Menken à la musique, un aréopage d'acteurs comiques aux premiers rôles, notamment à un Steve Martin impayable en dentiste déjanté, et une créature animée avec une inventivité folle. Coup de coeur.
La porte aux sept serrures /
Die Tür mit den 7 Schlössern, d'Alfred Vohrer (1962) 6,5/10 - Une adaptation d'Edgar Wallace, entre le roman photo et le krimi, avec un script whodunnit ludique, un policier flegmatique en diable, et quelques postures très feuilletonnesques. Plutôt sympa.
Sao Paulo, Société anonyme /
São Paulo, Sociedade Anônima, de Luiz Sérgio Person (1965) 7,5/10 - Le mal-être existentiel d'un jeune homme issu de la classe moyenne en plein dans le boom économique du pays, ses relations aux femmes, angoissantes et troublantes, son incapacité à être heureux. Pas mal du tout.
Illumination /
Iluminacja, de Krzysztof Zanussi (1973) 7,5/10 - Un second récit du parcours d'un homme en pleine crise existentielle, ici éclairée par des références biologiques, un peu comme Mon oncle d'Amérique. Le trouble est moins social, et plus métaphysique qu'au Brésil (cf Sao Paulo ci-dessus), mais l'homme peine tout de même à trouver du sens ou sa place dans le monde contemporain.
Le fossoyeur /
Sono Sartana, il vostro becchino, de Giuliano Carnimeo (1969) 6,5/10 - Ce deuxième épisode de Sartana ne cherche plus vraiment à créer de suspense. Sartana butera quiconque se met sur sa route, c'est le plus rapide, il n'y a pas de doute. Reste l'intrigue, savoir qui s'est fait passer pour lui. Là encore, peu de surprise, mais une mécanique divertissante qui revient à suivre une piste jusqu'au bout, tout en croisant toutes sortes de figures ludiques (Poker Town, notamment, et un Klaus Kinski venu cachetonner).
Batiment 5, de Ladj Ly (2023) 4/10 - Après un excellent film sur le fil, Ly bascule dans le manichéisme à la truelle, avec méchants bourgeois cyniques et braves prolétaires solidaires dans le HLM que veut détruire l'horrible maire. La caricature est gênante, surtout qu'au vu de l'actualité récente, il est difficile de prendre au pied de la lettre les leçons de morale outrée du cinéaste...
La révolte des triffides /
Day of the Triffids, de Steve Sekely & Freddie Francis (1963) 8/10 - Traité de façon courte, ce sombre récit d'invasion extra-terrestre révèle une noirceur et une peur de l'inconnu assez saisissante, que la fin, totalement miraculeuse, n'évacue pas totalement, puisqu'on y constate la prévalence de la foi sur la rationalité scientifique...
Horizon: An American Saga - Chapter 1, de Kevin Costner (2024) 7,5/10 - Costner reprend les vieux codes du western sans rien révolutionner. Ca n'invente donc pas grand chose, mais le réalisateur a du talent, et s'il multiplie des intrigues déja vues mille fois, son film est fluide, prenant, et je n'ai pas vu le temps passer. C'est déja une certaine réussite.
Le voleur de chevaux /
Dao ma zei, de Zhuangzhuang Tian & Peicheng Pan (1986) 8/10 - Désormais interdit en Chine, ce très beau film explore le parcours d'un homme qui doit trancher entre ses convictions religieuses et son devoir de nourrir sa famille. Ancré dans un Tibet superbement filmé, le film est un peu lent, mais transfigure les pratiques des religieux comme le cadre naturel dans lequel ils s'inscrivent. Remarquable.
Le consentement, de Vanessa Filho (2023) 7,5/10 - Un récit d'emprise, de perte de soi, porté par un casting de haute volée. Jean-Paul Rouve, notamment, campe un Gabriel Matzneff plus vrai que nature...
La caida, de Leopoldo Torre Nilsson (1959) 8/10 - Des enfants laissés à eux-mêmes, une mère seule et grandement malade, une maison à l'ambiance, disons, dérangeante... L'un des grands films gothiques de Nilsson, et une très belle découverte pour moi. J'espère pouvoir le redécouvrir sur une belle copie.
Opera Jawa, de Garin Nugroho (2006) 7/10 - Transposition filmée d'un opéra autour d'un conte classique du registre indonésien, le film impressionne surtout par ses chorégraphies et son usage de la couleur. Très intéressant.
FILMS REVUS:
Napoleon, d'Abel Gance (1927) 8/10 - Révision du magnifique film de Gance, dans une version plus complète. Le film reste toujours aussi bon, même si les rajouts ne me semblent pas ajouter grand chose d'important. La composition de Carl Davis reste bien supérieure au patchwork utilisé pour cette nouvelle version (même si magnifiquement interprétée). Enfin, la projection n'a pas su quoi faire du tryptique de Gance, préférant réduire des deux tiers l'image plutôt que de la multiplier par trois. Le film reste somptueux, le spectacle, lui, est sensiblement minoré (notamment par rapport à la versoin Brownlow vue à Londres en 2016). Le public qui découvrira le film n'en aura pas conscience, tant mieux.
L'histoire sans fin, de Wolfgang Petersen (1984) 10/10 - Immense plaisir régressif devant une de mes meilleures madeleines... Le bain de jouvence idéal pour un jour de vieillissement...
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Janvier 2021 = Tian mi mi / Comrades: Almost a Love Story, de Peter Chan (1996)
Février 2021 = Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw (2017)
Mars 2021 = Peking Opera Blues, de Tsui Hark (1986)
Avril 2021 = Den Enfaldigen Morderen, de Hans Aldredsson (1982)
Mai 2021 = La loi de Téhéran, de Saeed Roustayi (2019)
Juin 2021 = Les enfants nous regardent, de Vittorio de Sica (1944)
Juillet 2021 = Titane, de Julia Ducornau (2021)
Aout 2021 = Kladivo na carodejnice / Witchhammer, de Otakar Vávra (1970)
Septembre 2021 = La divine croisière, de Julien Duvivier (1929)
Octobre 2021 = The Last Duel, de Ridley Scott (2021)
Novembre 2021 = Historias extraordinarias, de Mariano Llinas (2008)
Decembre 2021 = Don't look up, d'Adam McKay (2021)
Janvier 2022 = Licorice Pizza, de Paul Thomas Anderson (2021)
Février 2022 = Here comes Mr Jordan, d'Alexander Hall (1941)
Mars 2022 = Szürkület / Twilight , de György Fehér (1990)
Avril 2022 = Encanto, de Jared Bush, Byron Howard & Charise Castro Smith (2021)
Mai 2022 = Great day in the morning, de Jacques Tourneur (1956)
Juin 2022 = Men, d'Alex Garland (2022)
Juillet 2022 = Les corneilles / Wrony, de Dorota Kedzierzawska (1994)
Aout 2022 = I remember Mama, de George Stevens (1948)
Septembre 2022 = Hinterland, de Stefan Ruzowitzky (2021)
Octobre 2022 = Le mariage des moussons, de Mira Nair (2001)
Novembre 2022 = Krzyzacy / Les chevaliers teutoniques, d'Alexander Ford (1960)
Decembre 2022 = Avatar: the way of water, de James Cameron (2022)
Janvier 2023 = La dernière étape/ Ostatni etap, de Wanda Jakubowska (1948)
Février 2023 = RRR, de S.S. Rajamouli (2022)
Mars 2023 = L'étreinte du serpent, de Ciro Guerra (2015)
Avril 2023 = Victim, de Basil Dearden (1961)
Mai 2023 = Guardians of the Galaxy Volume 3, de James Gunn (2023)
Juin 2023 = Tonnerres lointains / Ashani Sanket, de Satyajit Ray (1973)
Juillet 2023 = Nishant, de Shyam Benegal (1975)
Aout 2023 = Chronique du soleil à la fin de l'ère Edo / Bakumatsu taiyôden, de Yûzô Kawashima (1957)
Septembre 2023 = Anatomie d'une chute, de Justine Triet (2023)
Octobre 2023 = ...Et mourir de plaisir, de Roger Vadim (1960)
Novembre 2023 = Mars Express, de Jérémie Périn (2023)
Decembre 2023 = When Evil Lurks / Cuando acecha la maldad, de Demián Rugna (2023)
Janvier 2024 = The Quiet Girl / An Cailín Ciúin , de Colm Bairéad (2022)
Février 2024 = Romeo et Juliette, de Franco Zeffirelli (1968)
Mars 2024 = The Annihilation of Fish, de Charles Burnett (1999)
Avril 2024 = Steppenwolf, d'Adilkhan Yerzhanov (2024)
Mai 2024 = Les derniers samourais / Ōkami yo rakujitsu o kire, de Kenki Misumi (1974)
Juin 2024 = La mère / Okaasan, de Mikio Naruse (1952)