
Daniel Ciello, un policier réputé intègre, est contacté par des agents du FBI. Ceux-ci lui demandent d'enquêter sous couverture pour mettre un terme à un trafic de drogues. Des personnalités bien en vue seraient impliquées dans le réseau qui arrose New York de stupéfiants. Daniel accepte. Il est ainsi amené à enregistrer des conversations entre un avocat et un trafiquant notoire. Lorsque Mascone, un de ses amis policier est arrêté, Daniel comprend qu'il a été manipulé. Les fédéraux ne lui ont pas tout dit. Les renseignements qu'il transmet ont pour but de faire accuser des policiers. En prison, Mascone se suicide. Daniel veut laver son honneur.
On commence comme il se doit par la chronique du site, signée Ronny Chester.
On poursuit avec la pléthore d'avis consacrés au film sur le topic Lumet :
cinéfile a écrit : ↑13 mai 12, 13:45Revu hier soir.
Cela faisait un petit moment que je souhaitais revoir ce film, dont la découverte il y a deux ans m’avait durablement marquée. Profitant du week-end pour engloutir ce long-métrage fleuve d’une seule traite, mon impression reste intacte : Prince of the City est une œuvre immense !
Danny Ciello (T. Williams), jeune et brillant flic des stups, décide de révéler au grand jour les pratiques douteuses qui sévissent au sein de la police. Il finira brisé.
Lumet développe ici une nouvelle variation sur le thème de la corruption et nous plonge dans les arcanes du système juridico-policier à travers le parcours individuel d’un jeune inspecteur, dont la soudaine prise de conscience conduira au bord de la folie. Moins idéaliste qu'un Serpico, Ciello est parfaitement intégré dans le microcosme des flics et a lui-même usé de méthodes répréhensibles pour parvenir à ses fins. Le réalisateur (et co-scénariste du film), qui adapte un livre fondé sur le témoignage de Robert Leuci (le vrai Ciello), se penche sur le dilemme moral qui agite le personnage principal avec une dose considérable d’ambiguïté. En effet, le personnel judiciaire peut se montrer particulièrement manipulateur. Ciello doit-il donc dénoncer « sa famille » au profit d’un système judiciaire qui l’utilise et peut se retourner contre lui à tout moment ? Le déroulement de l'histoire est structuré en chapitres (débutant chacun par une citation tirée des évènements à venir) à la manière d'une tragédie. La succession impressionnante de séquences, entrecoupées d’ellipses, s’étalent sur 5 ans d’enquêtes et de procédure.
Prouesse logistique, le tournage se déroula dans plus de 130 décors différents et nécessita la participation de 110 acteurs (pour certains non-professionnels) sur une période de moins de 60 jours ! Cette peinture sociale s’accompagne donc d’un sentiment d’urgence qui concours à renforcer l'intensité émotionnelle de l'ensemble. Torturé et impulsif, Treat Williams hérite de son plus grand rôle et est entouré d’une pléiade de second rôles remarquables (Je citerais volontiers Jerry Orbach, Lane Smith et Lance Henriksen). La mise en scène de Lumet n’est pas en reste. Comme il l’explique dans le documentaire proposé dans le DVD, il s’est appliqué à dépouiller petit à petit les décors du film et à modifier le choix des prises de vue afin de suggérer l’isolement progressif d'un Ciello abandonné de tous. Le résultat est aussi poignant qu'étourdissant.
Tourné au tout début des années 80, autrement dit à une époque où les sujets contemporains avaient progressivement fuit la majorité des écrans américains, ce film à l’ambition peu commune surprend par son refus total de compromis. Abandonnant une forme d’idéalisme héritée des 70’s (Serpico) au profit d'un pessimisme encore plus profond, Lumet orchestre un drame policier éprouvant et complexe, qui trouvera malheureusement peu d’écho dans le public à sa sortie. Artisan d’un cinéma adulte et humaniste qui place une confiance absolue dans la capacité du spectateur à forger par lui-même une réflexion sur la société qui l’entoure, on ne mesure qu’avec plus de tristesse l’immense vide laissé par ce grand cinéaste depuis son décès survenu en avril 2011.
Très grand film.
Demi-Lune a écrit : ↑6 août 17, 16:52 Le plus grand film de Lumet à mes yeux.
La fin est gravée au fer rouge dans ma mémoire.
Pour l'anecdote, Brian De Palma, qui avait acquis les droits du roman, s'est beaucoup investi sur ce projet avec son scénariste, et voulait John Travolta dans le rôle de Danny Ciello. Pour lui, seul Travolta pouvait incarner le pouvoir de séduction qu'avait Robert Leuci (Ciello dans le film) en vrai. Il fut (injustement) déçu du choix de Treat Williams par Sidney Lumet quand ce fut finalement dans ses mains qu'atterrit le bébé, faute de pouvoir concrétiser sa vision du film. Le duo De Palma/Travolta fit du coup Blow out. De Palma se "vengea" quelques années plus tard en reprenant Scarface qui était originellement développé par Sidney Lumet.
Voilà, merci.Alexandre Angel a écrit : ↑10 août 17, 13:51 Vous me l'avez fait revoir : c'est un film fort et d'une densité scénaristique stupéfiante.
A y retourner, la plus grande surprise par rapport à mon dernier souvenir du film (2011) est venue de son importante profusion de personnages, au risque parfois d'une certaine confusion.
Mais peut-être bien le plus grand Lumet, effectivement..
Pour finir, on compte sur tchi-tcha pour étoffer tout cela, après que Supfiction se soit bien demandé pourquoi ce crétin de Thaddeus ne prend pas le dixième des commentaires disséminés ici ou là.