Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

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Daniel Ciello, un policier réputé intègre, est contacté par des agents du FBI. Ceux-ci lui demandent d'enquêter sous couverture pour mettre un terme à un trafic de drogues. Des personnalités bien en vue seraient impliquées dans le réseau qui arrose New York de stupéfiants. Daniel accepte. Il est ainsi amené à enregistrer des conversations entre un avocat et un trafiquant notoire. Lorsque Mascone, un de ses amis policier est arrêté, Daniel comprend qu'il a été manipulé. Les fédéraux ne lui ont pas tout dit. Les renseignements qu'il transmet ont pour but de faire accuser des policiers. En prison, Mascone se suicide. Daniel veut laver son honneur.


On commence comme il se doit par la chronique du site, signée Ronny Chester.

On poursuit avec la pléthore d'avis consacrés au film sur le topic Lumet :

cinéfile a écrit : 13 mai 12, 13:45Revu hier soir.

Cela faisait un petit moment que je souhaitais revoir ce film, dont la découverte il y a deux ans m’avait durablement marquée. Profitant du week-end pour engloutir ce long-métrage fleuve d’une seule traite, mon impression reste intacte : Prince of the City est une œuvre immense !

Danny Ciello (T. Williams), jeune et brillant flic des stups, décide de révéler au grand jour les pratiques douteuses qui sévissent au sein de la police. Il finira brisé.

Lumet développe ici une nouvelle variation sur le thème de la corruption et nous plonge dans les arcanes du système juridico-policier à travers le parcours individuel d’un jeune inspecteur, dont la soudaine prise de conscience conduira au bord de la folie. Moins idéaliste qu'un Serpico, Ciello est parfaitement intégré dans le microcosme des flics et a lui-même usé de méthodes répréhensibles pour parvenir à ses fins. Le réalisateur (et co-scénariste du film), qui adapte un livre fondé sur le témoignage de Robert Leuci (le vrai Ciello), se penche sur le dilemme moral qui agite le personnage principal avec une dose considérable d’ambiguïté. En effet, le personnel judiciaire peut se montrer particulièrement manipulateur. Ciello doit-il donc dénoncer « sa famille » au profit d’un système judiciaire qui l’utilise et peut se retourner contre lui à tout moment ? Le déroulement de l'histoire est structuré en chapitres (débutant chacun par une citation tirée des évènements à venir) à la manière d'une tragédie. La succession impressionnante de séquences, entrecoupées d’ellipses, s’étalent sur 5 ans d’enquêtes et de procédure.

Prouesse logistique, le tournage se déroula dans plus de 130 décors différents et nécessita la participation de 110 acteurs (pour certains non-professionnels) sur une période de moins de 60 jours ! Cette peinture sociale s’accompagne donc d’un sentiment d’urgence qui concours à renforcer l'intensité émotionnelle de l'ensemble. Torturé et impulsif, Treat Williams hérite de son plus grand rôle et est entouré d’une pléiade de second rôles remarquables (Je citerais volontiers Jerry Orbach, Lane Smith et Lance Henriksen). La mise en scène de Lumet n’est pas en reste. Comme il l’explique dans le documentaire proposé dans le DVD, il s’est appliqué à dépouiller petit à petit les décors du film et à modifier le choix des prises de vue afin de suggérer l’isolement progressif d'un Ciello abandonné de tous. Le résultat est aussi poignant qu'étourdissant.

Tourné au tout début des années 80, autrement dit à une époque où les sujets contemporains avaient progressivement fuit la majorité des écrans américains, ce film à l’ambition peu commune surprend par son refus total de compromis. Abandonnant une forme d’idéalisme héritée des 70’s (Serpico) au profit d'un pessimisme encore plus profond, Lumet orchestre un drame policier éprouvant et complexe, qui trouvera malheureusement peu d’écho dans le public à sa sortie. Artisan d’un cinéma adulte et humaniste qui place une confiance absolue dans la capacité du spectateur à forger par lui-même une réflexion sur la société qui l’entoure, on ne mesure qu’avec plus de tristesse l’immense vide laissé par ce grand cinéaste depuis son décès survenu en avril 2011.

Très grand film.
Demi-Lune a écrit : 6 août 17, 16:52 Le plus grand film de Lumet à mes yeux.
La fin est gravée au fer rouge dans ma mémoire.

Pour l'anecdote, Brian De Palma, qui avait acquis les droits du roman, s'est beaucoup investi sur ce projet avec son scénariste, et voulait John Travolta dans le rôle de Danny Ciello. Pour lui, seul Travolta pouvait incarner le pouvoir de séduction qu'avait Robert Leuci (Ciello dans le film) en vrai. Il fut (injustement) déçu du choix de Treat Williams par Sidney Lumet quand ce fut finalement dans ses mains qu'atterrit le bébé, faute de pouvoir concrétiser sa vision du film. Le duo De Palma/Travolta fit du coup Blow out. De Palma se "vengea" quelques années plus tard en reprenant Scarface qui était originellement développé par Sidney Lumet.
Alexandre Angel a écrit : 10 août 17, 13:51 Vous me l'avez fait revoir : c'est un film fort et d'une densité scénaristique stupéfiante.
A y retourner, la plus grande surprise par rapport à mon dernier souvenir du film (2011) est venue de son importante profusion de personnages, au risque parfois d'une certaine confusion.
Mais peut-être bien le plus grand Lumet, effectivement..
Voilà, merci.

Pour finir, on compte sur tchi-tcha pour étoffer tout cela, après que Supfiction se soit bien demandé pourquoi ce crétin de Thaddeus ne prend pas le dixième des commentaires disséminés ici ou là.
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

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Poulets sur le gril


Le cinéma américain délaisse volontiers la dénonciation, l'utopie et les élans humanitaires. Il délimite et nuance soigneusement son discours, surveille ses arrières, affiche un relativisme prudent. Il se plaît à décrire des pros aguerris, des survivants, des rescapés. Plus pragmatique que polémique, il fétichise le témoignage, s'appuie sur la biographie, se barde de références à l'Histoire. Il ne recule pas devant la banalité, estimant qu'une vérité partielle est toujours préférable à un beau mensonge. Et l’une de ses grandes forces consiste à dessiner fermement des blasons d’identité nationale à l’intérieur de la fiction. Sidney Lumet appartient de plein droit à cette mouvance, dont il est à bien des égards l'un des précurseurs. Pendant un demi-siècle, il s'est assigné un rôle d'explorateur de la réalité urbaine, s'attachant à en décrire méthodiquement les particularités, les déséquilibres, l'hétérogénéité. Il y a dans sa démarche une constance, une application, un sérieux qui méritent la plus grande estime, et qui ont formidablement rempli leurs fonctions dans des périodes souvent marquées par le doute, le reflux et le désir de révision. Son œuvre élabore un dossier vivant, perpétuellement retouché, objectif et détaillé de la mégalopole. Critique, vigilant, volontiers répétitif, il parcourt les lignes de faille de l'édifice social, expose ses zones de moindre résistance, ses points névralgiques. Il additionne, juxtapose et recoupe les faits de la chronique collective, trop fasciné de pouvoir observer pour s'arroger le droit de juger. Ici, s’il reconnaît volontiers la corruption qui sévit dans la police, il ne témoigne de virulence qu’envers les hommes de loi puritains qui, hantés par l'idée du mal, n'hésitent pas à briser des vies pourvu que leur croisade se poursuive. Ce qu'il dénonce, c'est la propension un peu trop vive de ses concitoyens à rallumer les feux de l'inquisition.


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Pour Lumet, la restauration de l’ordre quotidien, dans sa trompeuse inertie, est une tâche impossible. Le Prince de New York ne montre pas des conduites marginales mais une forme d'action légale, organisée pour quadriller et délimiter la marginalité, étouffer ce qu'il y a de disruptif et d'irrationnel dans la société. Avec soixante-dix autres policiers triés sur le volet, Danny Ciello représente la fine fleur de cette discrète armée d’intervention. Leur mission : décapiter la mafia de la drogue. Pas de comptes à rendre à aucun supérieur. Un seul but : livrer des coupables, par tous les moyens possibles. Il subsiste chez ce purificateur certains idéaux réformistes que l'immersion quotidienne dans la fange urbaine va exaspérer ou corroder. Danny refuse le rôle de victime expiatoire. S'il sert la police des polices, ce n'est pas au nom de la morale mais du principe de survie. Il cherche à s'extraire de la pourriture ambiante et s'enfonce dans un processus d'autodestruction sans rémission. Sa décision, arrachée au terme d'une longue et pénible confrontation, reflète une part de rancœur, la volonté d'en remontrer à ces fonctionnaires qui le sollicitent et sont d’une classe supérieure. Car Ciello revendique farouchement son appartenance à la base, qui est pourtant sa honte et l'origine de ses maux. Il a les mains sales, et c'est au nom de cette souillure qu'il accepte de se salir encore plus, de se rendre "utile" en trahissant les commandements tacites de son activité. Sa conduite éclaire par pans successifs tout un système fondé sur le chantage, les concussions, les pots de vin, le troc d'informations. Il se sert d'autant plus efficacement de ses indicateurs qu'il satisfait leurs goûts et leur laisse les coudées franches. Il élabore au jour le jour son propre code de conduite, fondé sur le principe de rentabilité, à charge pour lui de ne pas confondre "contacts privilégiés" et complicité objective.

L’exercice est complexe, le piège mortel. Pour maîtriser les trafiquants et recenser les corrupteurs, il faut savoir se dédoubler. Être des deux côtés de la barrière, sauter de plus en plus souvent la frontière. Une séquence suffit à Lumet pour faire sentir les liens ambigus qui attachent Ciello à l'univers de la came : l'appel en pleine nuit de l'un de ses indics en manque le fait accourir. Ensemble, ils sillonnent la ville à la recherche de dope. Le policier donne même, sous la pluie battante, la chasse à un pauvre diable, porteur de quelques grammes de poudre. Ivre de rage d'avoir eu à tant courir pour obtenir ce qu'il voulait, il tabasse sa victime puis, pris de remord, la ramène dans sa taule suintante de mal-être. Danny vit sa profession à la fois comme un sacerdoce et comme un sport dangereux. Pour pouvoir enfin se considérer comme un honnête homme, il lui faut contribuer au nettoyage de l’institution dont il fait partie. Pris en main par une commission d’enquête, il accepte de coopérer et lâche les noms de quelques poulets ripoux. Il devient un mouchard. Mais alors qu’il croyait livrer des gros bras, il ne fait que compromettre ses collègues, ses amis, ses frères. Il se voit harcelé, parfois injurié par les représentants de la loi qui veulent obtenir des aveux complets, voire sa peau. L'ancien héros du pavé new-yorkais sera finalement terrassé, et recevra ce qu'il considère inconsciemment comme le juste châtiment de ses fautes. De ce personnage trouble et troublant, Lumet fait un héros ambivalent, pétri de contradictions et de tourments. Ciello pensait tout maîtriser. Le sol se dérobe sous ses pas et la machine se retourne contre lui. Il exige de ne jamais porter de micro ? Trois scènes plus loin il en porte un, sans que rien n’explique ce qui l’a convaincu. Seulement le système est le plus fort, le transformant en un petit Watergate qui ambule, simple atome de l’énorme paranoïa américaine. À la fin, la justice semble avoir mis sur écoute toute la ville. Flic véreux, magistrats achetés, hommes politiques douteux dansent le même ballet macabre d’éthique nécrosée. Au petit jour, les vainqueurs ont bien mauvaise mine.


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Lumet montre l'usure précoce qu’engendre un jeu aussi périlleux. La solidarité professionnelle en devient plus forte et nécessaire, s'affirmant dans le rite. Les liens qui unissent les policiers sont d'ordre mystique : on se libère en se confessant, on reçoit l'absolution de ses pairs, et celui qui ne peut parler se suicide. La vie familiale, elle, se déroule dans un climat de douloureuse incompréhension, et l'une des motivations essentielles de Danny, une fois franchi le pas, est de se trouver de nouveaux interlocuteurs parmi l'élite des ambitieux juges d'instruction dont il est devenu le serviteur. Mais cette attente ne reçoit pas satisfaction : le mouton noir est destiné à rester seul, à perdre graduellement tout sens des relations avec autrui, toute notion de la vérité. Sa manière d'utiliser la pègre lui permettait, jusqu'à un certain point, de garder intacts son identité et son prestige. La façon dont il sert la justice les lui fait perdre. Il évolue en perpétuel porte-à-faux, multiplie les ruses, les erreurs, les rétablissements de dernière minute. On comptabilise ses imprudences suicidaires, et on croit avoir un temps d'avance sur lui avant de découvrir, derrière ces manipulations, d'autres manœuvres encore plus touffues et sournoises qui dévoilent un arrière-plan insoupçonné, un nouvel abîme. Tout est ici soumis au principe de répétition, avec un envasement toujours plus prononcé du protagoniste dans une réalité oppressante, avec le rétrécissement graduel et systématique de son champ d'action. Lorsque, blanchi de toutes accusations, s’étant racheté aux yeux de l’État après avoir trahi les siens, Ciello occupe le centre du cadre, il est isolé par la profondeur de champ quasi-nulle du reste du décor : prince déchu, fantomatique, quasi-transparent, que le bleu-gris de l’arrière-plan semble happer et condamner à l’absorption/désintégration. Cette austérité, jointe à un refus obstiné de l'effet spectaculaire ou de l'indignation, constitue la démarche même du film, et s'avère inséparable de la saisie nécessairement lente et patiente d'une réalité à facettes. Inséparable aussi de la peinture d'un milieu voué davantage à la tractation, à l'échange verbal qu'à l'action d'éclat. Le policier réunit des informations, constitue des relations solides avec le milieu. Il bâtit progressivement sa démonstration, à l'instar du cinéaste qui le suit à travers les méandres et les chausse-trappes.

Sur le plan de la narration, Lumet réaffirme son intérêt pour les scènes d'entrevues, filmées dans leurs moindres détails, avec un plaisir matois et communicatif : coutumes introductives, présence discrète de témoins et de gardes du corps, échanges feutrés se chargeant d'une tension soudaine, requêtes insatisfaites, propositions reçues avec méfiance, réactions indirectes, ripostes, injures... Toute une gamme de comportements verbaux variés à l'infini, saisis au prix d'un travail remarquable de casting et de direction. Transcendant de vérité, Treat Williams s’inscrit dans la lignée de ces acteurs au jeu hyperréaliste, à la Pacino, que le réalisateur a souvent dirigés : il est toujours l’épais, le violent, le fruste, et simultanément l’innocent, l’enfant qui tend au martyre. Entre le portrait psychologique et le tableau de groupe, Lumet a choisi le dernier format, qui autorise de plus longs développements, un regard plus minutieux. Son film s'offre comme une confirmation, non comme une révélation. À la tête de sa "compagnie de répertoire", le cinéaste opère à nouveau avec ses techniciens, dans le cadre de "sa" ville. Les cent vingt décors du Prince de New York manifestent ainsi la connaissance intime d'une cité parcourue de tensions endémiques. Les hôtels borgnes, les arrière-cours, les boutiques de barbiers ont une immédiateté visqueuse, marque d'une perpétuelle décomposition qui ne cesse de rogner la marge fragile entre le crime et la loi. New York devient un étrange tiers-monde pris entre violence et raffinement, entre souffrance animale et technologie, des penthouses luxueuses de Brooklyn Heights aux bas-fonds où les junkies courent leur dernier cent mètres. Au-delà, il y a ce qui assure la cohésion, la nécessité d'un point de vue : la compréhension instinctive de la trahison et de la peur comme réalités quotidiennes. Héritage peut-être du maccarthysme, qui trouve sa contrepartie dans le désir inlassable de dresser le procès-verbal d'une société malade. Mosaïque d’incidents, de lieux et de silhouettes, qui marque par sa structure éclatée et fragmentaire le triomphe d’un cinéma où le behaviourisme du regard renvoie à l’ambigüité du réel, cette œuvre riche, intègre et prenante en constitue l’une des expressions les plus achevées.


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(Texte précédemment publié sur le topic consacré à Sidney Lumet)
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tchi-tcha
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

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Thaddeus a écrit : 17 mai 24, 20:54 ...on compte sur tchi-tcha pour étoffer tout cela, après que Supfiction se soit bien demandé pourquoi ce crétin de Thaddeus ne prend pas le dixième des commentaires disséminés ici ou là.
Dites donc, vous, je ne suis pas l'homme à tout quoter du forum, j'ai une vie moi aussi, hein... :mrgreen:

Bah y'en a pas tant que ça (faut dire que c'est moins bien que Serpico) :
G.T.O a écrit : 21 déc. 11, 15:03 Génial ce film, à ranger à côté de l'excellentissime Fauteuil pour deux du même Landis.
Boubakar a écrit : 19 déc. 22, 10:07 Un prince à New York 2 : 3/10
Voilà, merci, bonsoir.

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Plus ou moins par ordre d'apparition à l'écran :
Jeremy Fox a écrit : 13 juil. 03, 23:01 ...je citerais une fois encore le fabuleux prince de New York.
John T. Chance a écrit : 16 juil. 03, 16:11 Lumet, c'est un auteur à l'ancienne (référence à une de mes interventions dans un autre topic...) qui a réalisé avec le prince de New York un chef d'oeuvre que bien des super-auteurs devraient méditer...
G.T.O a écrit : 24 avr. 07, 14:14 Superbe film: ample et réaliste. Il faut que je me le refasse. 8) :wink:
Profondo Rosso a écrit : 27 avr. 07, 13:47 ...le monstrueux "prince de new York" de Sydney Lumet grosse claque quelle polar :shock: .
Grimmy a écrit : 16 mai 07, 14:21 Le prince de New York de Sidney Lumet (1981)

Grosse production, très ambitieuse démontant les rouages du fonctionnement des institutions judiciaires américaines. Ou comment une commission d'enquête chargée de démanteler la corruption au sein des hauts pouvoirs va faire tomber des flics plutôts que les grands juges et les grands avocats. Mais de surcroit ce seront des super-flics entièrement voués à leur travail, conscients des limites (et de la corruption des juges) et qui dès lors pour assurer la pérénité de leurs actions vont parfois bafouer les lois. Ce qui les perdra.
C'est un film de Sidney Lumet, donc ça dénonce et c'est filmé façon reportage. Impossible de ne pas penser à son"Serpico" tourné quelques années avant. Cependant, malgré toutes les bonnes intentions, je n'ai pas accroché. Trop long (2h45 en dvd, certains sites donnent une durée de plus de 3h00, mystère), très compliqué à suivre et pas franchement convaincu par la prestation de Treat Williams. Dommage pour moi !
nobody smith a écrit : 29 août 08, 16:49 ...Le prince de New York de Sidney Lumet, fresque urbaine bouleversante au réalisme à couper le souffle...
Demi-Lune a écrit : 18 nov. 09, 14:43 Curieux que Prince of the City soit si peu porté aux nues... n'y aurait-il que moi pour aduler cet extraordinaire polar ?
cinephage a écrit : 18 nov. 09, 14:52 Si je l'ai mis en "très bon", c'est tout de même que je l'apprécie beaucoup. Mais c'est vrai qu'il a un petit coté plus intellectuel que d'autres films du maître, l'émotion y affleure moins, la mécanique judiciaire prend vite le pas sur la dimension humaine (même s'il est entendu qu'elle existe). Du coup, j'ai été un peu moins touché que, par exemple, devant un Sonny ne sachant plus que faire, ou un Daniel qui n'arrive pas à se reconstruire... Mais ça reste un film absolument remarquable.
MJ a écrit : 4 mai 10, 14:28 Chez Lumet la justice est humaine, elle se fait "dans la compagnie des hommes", où chacun a ses raisons. Je préfère largement cette veine-ci (celle de The Offence ou du Prince de New York) au caractère schématique et démonstratif d'un Douze Hommes en Colère...
odelay a écrit : 24 avr. 11, 09:07
manuma a écrit : Ca m'avait également surpris de l'apprendre. D'ailleurs, sait-on comment Delerue s'est retrouvé impliqué dans ce projet ?

...
Je viens de retrouver une interview de Delerue avec Vincent Perrot où il s'explique :

Q: Pourquoi avez-vous suelement dirigé et non pas composé la musique de Prince de NY de Lumet?
R : Parce qu'on ne m'a pas demandé de la composer et que la partition de Paul Chihara est splendide, mais surtout ce compositeur n'est pas chef d'orchestre... Vous savez que j'ai toujours aimé la direction d'orchestre et comme je suis toujours assis, j'aime me lever et me secouer un peu de temps en temps, c'est mon sport à moi....


Attention ! Un clash ultra-violent entre Demi-Lune et Flol :
Demi-Lune a écrit : 31 juil. 12, 18:35 Pour moi, le chef-d’œuvre de Lumet. Je l'estime encore plus que 12 hommes en colère, c'est dire. Ah, le regard désespéré de Treat Williams dans le plan final, ce mélange de honte, de dévastation et de mélancolie...
Flol a écrit : 31 juil. 12, 18:36 C'est pas mal, mais ça vaut pas Serpico.
Demi-Lune a écrit : 18 mars 11, 11:06 Serpico est très bien pour s'endormir. Sur le même thème et du même réalisateur, autant revoir Le Prince de New-York, qui lui est un pur chef-d'oeuvre.
Flol a écrit : 18 mars 11, 13:02 Serpico est pour moi un chef-d'oeuvre, et Le Prince de New York un bon film trop long. Comme quoi...:o
Demi-Lune a écrit : 31 juil. 12, 18:43 Je n'aime pas vraiment Serpico. Pacino est immense mais le film est trop long et, je dois bien le dire, m'emmerde. Le Prince de New-York me convainc largement plus dans le traitement thématique. Une superbe fresque, policière et humaniste, doublé d'un portrait de New-York d'un réalisme époustouflant. C'était l’époque où Hollywood avait encore des couilles de produire une œuvre longue, très exigeante et documentée, anti-manichéenne.
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...mais reprenons :
locktal a écrit : 17 oct. 12, 00:21 Le prince de New York est vraiment remarquable à tout point vue, pour moi une oeuvre essentielle...
Federico a écrit : 1 janv. 13, 19:01
Le Prince de New York (Prince of the City, 1981, Sidney Lumet) 8/10
Complexe, fataliste et réaliste réquisitoire (et/ou constat) de l'impossibilité d'exercer le métier de flic des stups sans se salir les mains. Un grand Lumet mais pas toujours aisé à suivre, fourmillant de personnages étonnants, chaleureux et inquiétants. Personne n'en sort indemne.
Père Jules a écrit : 1 mai 13, 12:38 Le prince du New York (Sidney Lumet, 1981)
Vu pour la deuxième fois après une première approche très prometteuse. Cette fois-ci, c'est certain, il va venir s'installer confortablement dans mon top 100. Film-fleuve, Prince of the City nous offre une vision extrêmement pessimiste des rapports humains, du pouvoir, de l'argent et des rapports ambigus entretenus par les flics de terrain avec la pègre et le trafic de drogue. Porté par un Treat Williams dans le rôle de sa vie, le film est une leçon de mise en scène et d'écriture. Passionnant de bout en bout, et qui gagne à être revu plusieurs fois, il s'agit là sans aucun doute DU chef-d'œuvre de Lumet.
Flol a écrit : 10 mars 14, 14:02 ...j'avoue ne pas avoir été ébloui par Prince of the City (trop long et Treat Williams pas très charismatique). De sa trilogie new yorkaise, c'est vraiment pour moi le plus faible (faut dire que je suradore Serpico et qu'il est difficile de rivaliser avec celui-là dans mon coeur).
C2302t a écrit : 16 mai 15, 22:25 Le prince de New York de lumet : 7.5/10. Excellent film policier sur la corruption et la rédemption de 3h qu'on ne voit pas passer.
Rick Blaine a écrit : 16 févr. 16, 13:19 ...Network pourrait presque passer pour l'un des films les plus engagés de Lumet (avec 12 Hommes en colère). Ca va encore bien plus loin quand on pense à des films comme Le prince de New-York. Cette richesse du propos chez Lumet, cette capacité à ne pas prendre parti est une immense force (voilà, je préfère parler de force d'un côté que de limite de l'autre en fait). C'est ce qui en fait l'une des filmo les plus passionnante qui soient.
Kevin95 a écrit : 31 oct. 17, 12:18 PRINCE OF THE CITY - Sidney Lumet (1981) découverte

Énorme dossier, lourd comme trois pierres, de près de trois heures, ne donnant aucune friandise au spectateur pour faire passer la pilule. Prince of the City est une merveille de complexité, de dureté et d'humanité. Le film de Sidney Lumet parait marcher sur la pointe des pieds, donner dans le polar de série or peu à peu, de marche en marche, il emprisonne le personnage principal comme le spectateur dans une toile d'araignée, vertigineuse et tragique. La vérité, n'est plus une affaire de morale comme dans Serpico, mais d'amitié, de confiance en soi et de confiance envers le système de son pays. Treat Williams, aussi horripilant que génial, fanfaronne, joue avec les limites de la loi, de la justice, avant de se rendre compte qu'il est en train de mettre le feu à la baraque. Lumet filme le guet-apens comme une formule mathématique, mise en scène jamais ostentatoire mais terriblement calculée, toujours dans le mille. Trois heures épaisses mais qui semblent passer à la vitesse de l'éclair. Belle musique de l'inconnu Paul Chihara, superbe photo hivernale, l'addition est simple... une perle.
Alexandre Angel a écrit : 31 oct. 17, 12:43 C'est vrai que Treat Williams joue parfois avec notre patience (la séquence où il raconte une anecdote sensée être drôle à ses "nouveaux amis", ouch..) mais c'est l'hystérie du personnage qui veut ça.
Par ailleurs, si je devais faire mon Voyage à travers le cinéma américain et citer ce film, sans hésiter, je calerais le passage où Williams pète un plomb contre le gangster bedonnant et moustachu, qui finit par s'encastrer dans une porte vitrée. Séquence proprement hallucinante.
G.T.O a écrit : 9 oct. 21, 16:09 ...et si pour faire leur travail correctement, avoir des résultats, les flics étaient contraints de mordre la ligne ? On le sait depuis Lumet et son Prince de New-York et Les Flics ne dorment pas la nuit, à quel point la morale dans cet type d'affaire, n'a rien y faire. Chez eux, la corruption est un effet structurel; le sytème corrompt, même les plus idéalistes.
cinéfile a écrit : 13 nov. 22, 18:10 Dans cette esthétique "automnale" du tournant 70's/80's, je pense immédiatement à Lumet (Le Prince de NY, Garbo Talks etc).
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...et la spéciale Thaddeus :
Thaddeus a écrit : 18 sept. 19, 16:28 ...c’est à un grand nom du cinéma américain que l’on pense : Sidney Lumet, et avec lui le souvenir de Serpico ou du Prince de New York[/url], ces vastes tableaux policiers, amers et hyperréalistes, où l’urgence du combat le dispute à l’âpreté de l’état des lieux.
Thaddeus a écrit : 31 juil. 12, 18:03 Le prince de New York (Sidney Lumet, 1981)
Huit ans après Serpico, Sidney Lumet en offre une déclinaison encore plus complexe et amère, franchissant un palier supplémentaire dans le brouillage des frontières entre la loi, le crime et l’éthique individuelle. Des dizaines de personnages, une authenticité scrupuleuse, un script en béton armé qui dresse le tableau le plus dense et le plus précis de la corruption au cœur de la mégalopole américaine : il faut tout cela au cinéaste pour mettre en relief tous les aspects de son sujet, pour en dénuder les dilemmes et les tiraillements. Sur les pas d’un flic pris au piège de la délation, qui espérait trouver son salut dans la dénonciation mais ne fera que perdre ses dernières illusions, Lumet éclaire le fonctionnement d’un système gangrené par le chantage, la dissimulation, les rapports occultes entre pègre et police. Film admirable, moral, passionnant. 5/6
Thaddeus a écrit : 21 sept. 13, 12:57 Le Prince de New York – Sidney Lumet

Lumet refuse le plaidoyer, accepte la complexité du film-dossier, et fait danser à son héros piégé par les faux-semblants la valse hésitation de la justice et de la moralité. Vertigineux exercice de neutralisation des repères, ce polar en forme d’épopée urbaine est l’un des sommets filmographiques de son auteur. C’est dire à quel point il est important et à la mesure amère de ce qu’il nous montre : les grandes idées doivent survivre quand bien même quelqu’un doit en mourir, sans savoir pourquoi.
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Message par The Eye Of Doom »

Houai, c’est bien beau tout ca mais on attends toujours le CUC Carlotta !

Super job tchi-tcha!!!

Il faut que je retrouve mon exemplaire de :
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shubby
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Message par shubby »

Bravo à vous, merci. Et pour le reup et pour le traitement. Grand film, avec le poids qui va avec. Lumet, j'aime bien quand il se fait plus léger. Sur le thème des flics ripoux, Contre-enquête est ss doute plus mineur, mais je le préfère. Tout ceci préfigurant la série culte The Shield, voire même le 36 de Marchal.
Serpico est très bien, mais arrive après l'excellent Meurtre dans la 110e rue je trouve. Perso, je préfère quand la grille de lecture intello passe au 2nd plan derrière d'abord celle du divertissement, voire du bisseux. Comme le disait Michel Berger, y'a pas de honte à aimer ça, sûrement pas. J'ai l'étrange impression d'avoir déjà écrit tout ça qq part, je dois radoter.
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Watkinssien
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Message par Watkinssien »

Pour moi, une des grandes réussites de Sidney Lumet, captivante plongée et portrait d'un homme complexe, à la fois le contraire du pleutre et produit de son système.
Dernière modification par Watkinssien le 20 mai 24, 15:45, modifié 1 fois.
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Alexandre Angel
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Message par Alexandre Angel »

Watkinssien a écrit : 20 mai 24, 14:09 Pour moi, une des grandes réussites de Sidney Lumet, captivante plongée et portrait d'un homme complexe, à la fois pleutre et produit de son système.
Pleutre ? J'avais plutôt l'impression qu'il était courageux.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Watkinssien
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Message par Watkinssien »

Alexandre Angel a écrit : 20 mai 24, 15:25
Watkinssien a écrit : 20 mai 24, 14:09 Pour moi, une des grandes réussites de Sidney Lumet, captivante plongée et portrait d'un homme complexe, à la fois pleutre et produit de son système.
Pleutre ? J'avais plutôt l'impression qu'il était courageux.
Oui c'est normal, j'ai oublié d'écrire "le contraire de" devant "pleutre".

Je corrige.
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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Message par Alexandre Angel »

Ah, tout s'explique.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Prince de New York (Sidney Lumet - 1981)

Message par -magik- »

Découverte aujourd'hui de ce film de Lumet que j'ai longtemps repoussée à cause de sa durée et surtout de la présence de Treat Williams que je n'ai jamais trouvé extraordinaire. Et pourtant, quelle performance dans le rôle principal, un jeu tout en nuance même si il pousse parfois le curseur à fond (mais c'est le personnage qui veut ça), près de 3 heures que je n'ai jamais senti passer tant le scénario est dense, et une mise en scène de Lumet au service de l'histoire. Et quel plan final !
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