May December (Todd Haynes - 2023)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Kiké
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May December (Todd Haynes - 2023)

Message par Kiké »

Pour préparer son nouveau rôle, une actrice célèbre vient rencontrer celle qu’elle va incarner à l’écran, dont la vie sentimentale a enflammé la presse à scandale et passionné le pays 20 ans plus tôt...

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Todd Haynes semble revenir à ses premier succès avec une sorte de mélodrame revisité qui présente un personnage féminin bourgeois à priori très tranquille mais il y a quelque chose de caché derrière la surface ; personnage qui plus est incarné par l'actrice fétiche Julianne Moore. Je pense que du coup le film a des chances de plaire à ceux qui ont aimé Safe, Loin du Paradis ou Carol.

Pour ma part, j'ai bien aimé ce nouveal opus mais je l'ai trouvé peut-être un peu trop attendu. Dès les premières scènes, on peut deviner que tout cela est trop propre, que cela va devenir de plus en plus troublant, qu'il va y avoir une de la confusion entre l'identité des deux femmes, ect... On pense bien sûr à Persona et All About Eve, Todd Haynes joue assez bien avec ces influences mais ne s'en émancipe peut-être pas totalement. Il y a quand même un point où il m'a surpris en bien :
Spoiler (cliquez pour afficher)
sur la fin, l'émotion se détache des deux femmes pour se porter sur le personnage de Joe, c'est assez touchant


Bien sûr, l'interprétation est parfaite. Julianne Moore se fait plaisir à jouer un personnage plus fort/bourreau que dans les précédents Haynes. Natalie Portman joue très bien aussi, c'est parfois un peu limite "je veux un Oscar", mais comme son personnage est justement une actrice, ça passe. On va sans doute citer les belles scènes face au miroir, je l'ai aussi trouvé très troublante dans une scène où elle répond à une certaine question d'un adolescent pendant un cours de théâtre. Enfin, merci au film de m'avoir révélé Charles Melton, très touchant entre ces deux actrices iconiques.
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innaperfekt_
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par innaperfekt_ »

Pas méga fan du cinéma de Todd Haynes, mais j'ai trouvé celui-ci intéressant. Natalie Portman renoue effectivement avec un rôle à oscar, un rôle d'actrice pur. Son interprétation m'a beaucoup rappelé celle de Black Swan. Le scénario reste tout de même énormément convenu. Je me suis surpris à ne pas voir le film passer, pour m'étonner qu'il ne reste que 25 minutes, sans réelle ébauche de dénouement ou de réponse (ou de message) concrète à cette histoire. Les métaphores animalières sont un peu trop lourdes aussi à mon sens. Beaucoup aimé, par contre, la réécriture musicale du thème de Michel Legrand pour Le Messager (et Faites entrer l'accusé) qui accompagne des scènes importantes du film. Long-métrage finalement donc plutôt mineur, qui trouve donc une forme de logique à être distribué et produit par Netflix.

Ah et j'ignorais l'explication de l'expression du titre. Pour les curieux, cela veut dire chez les anglo-saxons, une « romance mai - décembre » pour expliquer une différence d'âge conséquente dans le couple, l'un étant dans le printemps de sa jeunesse, et l'autre dans l'hiver, à savoir le grand âge.
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Kiké
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Kiké »

D'accord avec tout ce que tu dis, sauf que je ne connaissais pas ce thème de Michel Legrand.

J'ai aussi repensé à Black Swan, sans doute la figure du double / Portman vs sa propre image. Pas de chance pour elle, pas nommée aux Oscars cette année^^
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bocina
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par bocina »

Petit HS : Loin du paradis est épuisé un peu partout depuis un moment. J'aurais aimé le revoir mais malheureusement... Y' aun import non zoné avec sub fr accessible ?
En tout cas, hate de voir son nouveau film. J'ai beaucoup aimé quasi tout ce qu'il a fait. Et en plus, avec une des mes actrices préférées...
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Joshua Baskin
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Joshua Baskin »

May December (Todd Haynes) : 7/10

J'ai parfois un peu de mal avec Todd Haynes, dont je reconnais les qualités esthétiques des films, de là où il veut en venir, mais ça a parfois tendance à me laisser un peu froid (Coucou Carol). J'avais un peu peur que ce nouveau film soit de la même trempe, et le film pourrait sembler prendre cette tangente pendant un bon moment, les enjeux ne se dévoilant que par petites touches, la mise en scène restant à distance. Et puis petit à petit, le puzzle mis en place commence à prendre forme et mon ressenti aussi. Le film repose évidemment sur le talent des 2 actrices principales, Julianne Moore est toujours au top, mais j'ai envie de dire qu'on est habitués, en revanche Nathalie Portman, qui avait souvent tendance à m'énerver à un peu trop minauder dans certains de ses derniers films trouve un rôle à sa juste mesure, elle y est non seulement sublime (je pense ne l'avoir jamais vu aussi belle) mais elle arrive à troubler.
Bonne idée aussi de recycler le thème de Michel Legrand du Messager (oui et aussi de faites entrer l'accusé).
Je comprends le prix décerné à Cannes.
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-Kaonashi-
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par -Kaonashi- »

Joshua Baskin a écrit : 25 janv. 24, 15:48 Je comprends le prix décerné à Cannes.
Euh, l'absence de prix tu veux dire non ?
(y a de l'écho non ?)
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Joshua Baskin
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Joshua Baskin »

-Kaonashi- a écrit : 25 janv. 24, 17:11
Joshua Baskin a écrit : 25 janv. 24, 15:48 Je comprends le prix décerné à Cannes.
Euh, l'absence de prix tu veux dire non ?
(y a de l'écho non ?)
Hein ? Quoi ? Je ne vois PAS DU TOUT ce que tu veux dire. :arrow:
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Kiké
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Kiké »

Joshua Baskin a écrit : 25 janv. 24, 15:48 en revanche Nathalie Portman, qui avait souvent tendance à m'énerver à un peu trop minauder dans certains de ses derniers films trouve un rôle à sa juste mesure, elle y est non seulement sublime (je pense ne l'avoir jamais vu aussi belle) mais elle arrive à troubler.
D'accord pour dire qu'elle n'avait pas eu un beau rôle troublant depuis un petit temps.

Par contre je dirais qu'elle était encore plus sublime dans Closer :oops:, voire chez Malick ou Wong Kar Waï
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Cedric Gibbons
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Cedric Gibbons »

Hello,
Petite question : comment est la photo ?
Je l’ai vu à Cannes et elle était extrêmement granuleuse.
Je crois savoir que le film a été ré-étalonné pour Netflix USA.
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Joshua Baskin
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Joshua Baskin »

Cedric Gibbons a écrit : 26 janv. 24, 07:31 Hello,
Petite question : comment est la photo ?
Je l’ai vu à Cannes et elle était extrêmement granuleuse.
Je crois savoir que le film a été ré-étalonné pour Netflix USA.
Très granuleuse également en salles. Je me suis demandé si le film n'avait pas utilisé une pellicule 16mm mais que nenni.
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Alibabass »

Interview avec Nathalie Portman & Todd Haynes dans Plan Large :

https://www.radiofrance.fr/francecultur ... es-8679908

Temps de tournage : 23 jours
Scénario par une directrice de casting.
Et à partir de là, il y a pas mal de choses à comprendre sur la lucidité du récit. C'est un film littéraire au service d'une mise en scène faite de passion, de vampirisme et de désir. C'est un film d'un autre temps, du classicisme qui déroute par sa simplicité. Tout cela relativise. Comme Carol. Un film hors du temps. Todd Haynes assume l'influence de Personna. D’où la question : le film est moins transgressif qu'il en a l'air, et est-ce que vous auriez voulu que ça soit plus folie douce ?
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Demi-Lune
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Demi-Lune »

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anne-claire a écrit : 28 janv. 24, 18:36 Servi par de grandes performances d'actrices pour Julianne Moore et Nathalie Portman et le jeu moins sophistiqué mais particulièrement touchant de Charles Melton, Todd Haynes nous offre un grand drame psychologique. La musique du Messager est remarquablement utilisée et établit une filiation avec le film de Joseph Losey, tout comme la façon de filmer la nature (les gros plans sur les plantes et les papillons font écho aux plans sur la belladone chez Losey). C'est aussi une histoire de perte de l'innocence et d'entrée dans le monde adulte, celle de Joe, qui, à 36 ans, est tiraillée entre sa loyauté à la femme qui s'est retrouvée en prison pour leur "romance" interdite (alors qu'il n'avait que 13 ans et qu'elle en avait 20 de plus) et l'aspiration de pouvoir vivre une vie qui soit la sienne. Le révélateur, c'est l'arrivée de Nathalie Portman, l'actrice hollywoodienne qui va interpréter Gracie (Julianne Moore) à l'écran et qui va troubler la quiétude apparente d'une cellule familiale pas comme les autres. Au début, j'ai trouvé le personnage de Nathalie Portman, hyper agaçante, manipulatrice et fausse, mais, à la fin du film, on ne sait plus quoi penser de Gracie, peut-être encore plus manipulatrice que son double de fiction et qui semble avoir mis en scène sa famille le temps de la visite de la star. Je trouve le film assez subtile dans sa façon d'aborder un sujet de "film à thèse", sans porter de jugement sur ses personnages. Comme le dit Nathalie Portman dans le film, ce sont les zones grises qui sont intéressantes à explorer dans une histoire. C'est assez incompréhensible pour moi qu'aucune des deux actrices n'ait reçu de nominations aux Oscars.
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par G.T.O »

Ce n’est pas avec celui-ci que je vais me réconcilier avec Todd Haynes, réalisateur d’un de mes films préférés, Safe, et d’un très beau film, Loin du paradis. Excepté le beau Dark Waters, le palindrome I’m not there et Carol, sa romance chic, m’avait éloigné de ce cinéma que je considère signifiant mais surfait.
May December, malgré un postulat intriguant, vient hélas confirmer mes craintes. L’enquête soporifique de l’actrice ( Élisabeth, Nathalie Portman, bof) pour préparer son rôle est une sorte de portrait indirect d’un personnage, Gracie (Julianne Moore, borderline comme d’hab), dont la relation sulfureuse tient à la différence d’âge qu’elle entretient d’avec son concubin ( Joe, Charles Melton, la vraie star du film); moins pour le juger de leur relation que de produire l’analyse, comme il est dit dans le film, des zones d’ombres. C’est de ce témoignage externe, œil fasciné, rivé sur leur relation asymétrique, que se situe le centre de gravité du film, tout entier du côté de l'interrogation (d’où la citation musical au Go-between de Joseph Losey). Ne sachant visiblement pas trop quoi faire de ce constat de déséquilibre relationnelle, et ne voulant pas céder à une énième enquête morale, Haynes préfère l’enjamber, en amplifiant le thème de la fascination, de la mimesis, parfois vampirique, du métier d’acteur. L’actrice, dûment fascinée, finira comme prévu à marcher et à parler comme son sujet d’étude. Et, de là, on imagine sans peine l’invitation théorique proposée par le cineaste sémiologue, à déduire de ce parcours signifiant, l’analogie adéquate d’avec le métier d’actrice. Message reçu.
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Flol
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Flol »

Bon, je dois bien l'avouer : j'ai complètement la flemme d'écrire sur ce film. :|
Pas que ce soit honteux, loin de là. Ni même mauvais ou inintéressant, encore plus loin de là. Mais voilà : ça m'est passé un peu au-dessus de la tête.

Pourtant, je vois et j'entends tous les efforts faits par Haynes pour m'émouvoir, pour me troubler, pour me provoquer quoi. Sauf que non, ça ne fonctionne pas vraiment, Todd.
C'est même l'effet inverse concernant la musique, pas qu'elle soit mauvaise en soi (c'est quand même du Legrand, même si réadapté), mais son utilisation ampoulée, presque parodique par moments, m'a fait sortir du film à plusieurs reprises. Le moment où le personnage de Julianne Moore ouvre le frigo et découvre que "OH MON DIEU ! Il n'y aura pas assez de saucisses pour le barbecue !", le tout sur un gros zoom et le thème musical à pleine blinde, c'est un drôle de choix tout de même. Ou alors Haynes voulait faire un pur soap opera, mais dans ce cas-là fallait prévenir et surtout moins se prendre au sérieux.

Pourtant, l'histoire (vraie) de base est passionnante sur le papier. Tout comme les rapports (de mimétisme, mais pas seulement) entre le personnage du film et celui de l'actrice qui l'incarnera dans un film dans le film. Mais non, toujours pas, ça ne m'émeut pas, ça ne me touche pas.
Ce qui m'a davantage touché en revanche, c'est la mise en scène feutrée de Haynes, son utilisation d'une jolie photo brumeuse, et sa façon de mettre en avant le personnage de Charles Melton, papa de 3 ados alors qu'il est lui-même à peine sorti de l'adolescence, et qui a droit à la meilleure scène du film lorsqu'il fume un gros bédo avec son fils sur un toit.
Mais le reste est un peu trop affecté, à l'image de ce cheveu sur la langue qu'a le personnage de Julianne Moore, qui sonne vraiment comme une petite coquetterie juste là pour que celui de Natalie Portman (qui n'a objectivement jamais été aussi belle que là) puisse l'utiliser à son tour et que sa copie soit évidente aux oreilles de tout le monde.

Finalement j'en ai eu des choses à dire, pour un film qui m'a mis la flemme ("pendant des heures..." réf à NTM, t'as vu ?).
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Re: May December (Todd Haynes - 2024)

Message par Kiké »

Flol a écrit : 8 févr. 24, 16:52 Le moment où le personnage de Julianne Moore ouvre le frigo et découvre que "OH MON DIEU ! Il n'y aura pas assez de saucisses pour le barbecue !", le tout sur un gros zoom et le thème musical à pleine blinde, c'est un drôle de choix tout de même. Ou alors Haynes voulait faire un pur soap opera, mais dans ce cas-là fallait prévenir et surtout moins se prendre au sérieux.
Perso je pense que cette scène est voulue comme un moment drôle. Mais je suis d'accord, dans l'ensemble le film est dans un entre-deux étrange entre comique et sérieux, qui me semble plus confus qu'autre chose.
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